Malefica, Tome 1 : La voie du livre de Hervé Gagnon

Malefica, Tome 1 : La voie du livre de Hervé Gagnon

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Romans historiques

Critiqué par JulesRomans, le 19 avril 2014 (Nantes, Inscrit le 29 juillet 2012, 65 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (49 970ème position).
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Quand j'entends le mot "sorcière" je sors mon Richelieu (le village et le cardinal)

"Malefica" est un roman historique qui aborde deux sujets qui alimentent nombre de conflits dans la moitié nord de la France sous le règne de Louis XIII, à savoir premièrement la gabelle qui est un impôt qui frappe essentiellement les provinces appartenant au Bassin parisien (du Berry et Bourbonnais au sud à la Picardie au nord) et entraîne des violences tant de la part des gabelous (ou gabeleurs) que des contrebandiers. La seconde question est celle de la chasse aux sorcières qui fut la plus intense en Europe entre 1580 et 1630.

Choisir comme lieu d‘action le Berry (le village de Richelieu n'en est pas éloigné) est très pertinent dans la mesure où la sorcellerie est fortement liée à cette ancienne province et ensuite parce que cette région est en contact avec le Poitou et le Limousin où le prix du sel échappait à l’impôt.

Des guérisseuses sont accusées de sorcellerie par le nouveau curé de leur village et elles vont être tirées d’un mauvais pas par un homme qu’elles avaient soigné, hors-la-loi qui a basculé dans le meurtre afin de venger sa femme et sa fille tuées par un chef de gabelous. Ces trois personnages se retrouvent par ailleurs en possession d’un vieux grimoire de l’époque mérovingienne qui suscite le plus grand intérêt de la part du cardinal de Richelieu, prêt à susciter un procès en sorcellerie. L'on sait d'ailleurs que la condamnation d'Urbain Grandier (curé de Loudun, ville du Saumurois non loin de Richelieu) comme sorcier en 1634 fut le fruit de sombres agissements de l'évêque de Luçon (en Poitou) à savoir Richelieu.

Voilà donc le premier tome d’un roman historique qui approche un univers historique à travers la vie de deux êtres marginaux. L’auteur choisit de mettre le premier dans des difficultés dues aux pouvoirs des fonctionnaires de la gabelle au-delà du plausible et met aux mains des sorcières un pouvoir qui se transmet de mère en fille depuis environ 1 000 ans. L’historien perçoit combien la fiction peut forcer le trait pour créer une intrigue qui puisse captiver un lecteur. Nul doute que cette dernière est bien menée et l’écriture fluide.

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4 étoiles

Critique de Goupilpm (La Baronnie, Inscrit le 23 juin 2017, 67 ans) - 27 juillet 2017

Après Damné, un thriller ésotérique médiéviste, teinté d'ésotérisme, sur fond de Croisade des Albigeois et mettant en scène des Templiers, l'auteur canadien plus connu pour son cycle jeunesse Le Talisman de Nergal, nous entraîne une fois de plus, avec Maléfica, dans un thriller historique.

Avec le premier tome de Maléfica, l'auteur propulse le lecteur en plein XVIIème siècle, sous le règne de Louis XIII. Une époque où le peuple était soumis à une Église toute puissante, où les curés étaient des fanatiques, où l’Inquisition, au nom de la croyance, commettait les pires exactions. On retrouve, avec l'Inquisition, un thème cher à l'auteur, puisqu'elle figurait déjà dans sa précédente tétralogie.

Le roman débute sur un accouchement. Huit ans après la naissance de la petite Jeanne, la lignée de guérisseuses, accusées d'hérésie et de sorcellerie par le nouveau curé du village, les femmes doivent fuir. Leur chemin va croiser celui d'un ancien soldat qui s'est vengé des meurtres de sa femme et de sa fille, par un collecteur d’impôts et de ses sbires en les assassinant. Unissant leurs destins, ils vont tenter d'échapper à la prévôté, aux mousquetaires, à l'Inquisition et à un amoureux éconduit.

Dans leur fuite, les deux femmes emmènent un grimoire familial de près de mille ans, où sont consignées, de générations en générations, les recettes des guérisseuses, mais aussi une révélation qui pourrait mettre en péril la légitimité du trône de France.

Comme dans tout tome introductif, l'auteur nous fait découvrir ses protagonistes principaux, situe son récit dans le temps et petit à petit nous place le contexte de son intrigue.

Avec une histoire au schéma trop classique, un secret pseudo-mystique qui ferait trembler les institutions en place et avec les mêmes thèmes émergents que dans sa précédente tétralogie, l'emprise de la religion, la convoitise et le pouvoir, une sauvagerie sans pitié,... l'auteur n'apporte rien au genre. Depuis le Da Vinci Code de nombreux auteurs se sont engouffrés dans le genre avec toujours la même recette.

Si l'intrigue est banale, le récit est bien mené et l'auteur nous entraîne dans une histoire, qui à défaut d'être intéressante, s'avère plutôt bien rythmée : bagarres, fuites, complots, sexe, amour, violence, religion. L'auteur n'hésite pas à malmener ses lecteurs en décrivant avec précision des scènes de tortures commises sur de pauvres femmes parce qu'elles avaient un certain savoir.

L'auteur nous décrit à merveille l’atmosphère de cette époque : la misère du peuple, la famine, les révoltes, et la christianisation des campagnes par le clergé dans une époque où l'on voit le mal partout, et où la chasse aux sorcières atteint son apogée. La formation d'historien de l'auteur a fortement orienté l'écriture de ce premier tome, la reconstitution de la vie à cette époque est très bien documentée.
Dans ce monde un peu étrange et violent de l'Inquisition, l'auteur apporte une note de douceur avec la romance entre les deux protagonistes principaux. Une note de romance, toutefois quelque peu gâchée par les scènes de sexe par trop imagées et qui n'étaient pas nécessaires au récit.

Malgré une très bonne dynamique et la justesse des scènes en toute circonstances, Maléfica s'avère d'une lecture assez peu prenante par rapport à sa tétralogie précédente qui présentait un meilleur attrait pour le lecteur. En espérant que le tome deux présentera plus de profondeur.

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