Dans la gueule de la bête de Armel Job
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Chasse ouverte !
Volko, un jeune Liégeois, a épousé Fannia. Tous deux sont Juifs. Et par les temps qui courent – nous sommes au début des années ’40 -, il vaut mieux les appeler par leur noms d’emprunt : ce sera donc Grégoire Demarteau et Nicole Piedboeuf. Ils ont une fille, Hanna – oups, pardon Annette – qu’ils ont confié à un orphelinat, tenu par des bonnes sœurs. Grégoire est tailleur et habite chez Mme veuve Guignard, rue Ste-Marguerite où elle tenait jadis une épicerie. Nicole est femme d’ouvrage chez maître Desnoyer, un notaire.
La chasse aux Juifs peut commencer …
Armel Job semble apprécier écrire des romans aux multiples personnages qui s’entremêlent, se côtoient. Aussi – et comme il faut de tout pour faire un monde – nous faisons, au fil des pages, la connaissance d’Angèle la fille de madame Guignard, l’avocat Vandenbergh, José Kaiser et son épouse Laja, Oscar clerc chez le maître Desnoyer, Pierre Baumann un collabo, etc… (si vous vous méfiez de votre mémoire, prenez des notes, c’est plus mieux ). Tout ce beau monde se croise, chacun assurant son rôle.
Un roman sacrément bien ficelé par un des auteurs belges francophones les plus réputés, qui vous tiendra en haleine jusqu’au bout.
S’il s’agit d’une œuvre de fiction, certains personnages ont réellement existé comme l’avocat Max-Albert van den Berg, l’évêque de Liège Mgr Kerkhofs, le bourgmestre de Liège Joseph Bologne,etc.
Extrait :
- Dans sa loge, la sœur portière tripote son trousseau de clés. Elle s’ennuie. C’est très mal. Une sœur doit toujours s’occuper. Le diable peut mettre à profit le moindre instant d’oisiveté pour s’insinuer dans le cœur.
- Ancien séminariste, c’est pire que défroqué. Le défroqué inspire de la répugnance. Même s’il a jeté sa soutane aux orties, il n’en est pas moins prêtre. Sacerdos in aeternum. Sa puissance est toujours là. Il fait peur. Tandis que l’ancien séminariste est un avorton. Il excite la moquerie. C’est le canard boiteux qui n’a pu supporter l’eau bénite et que les poules becquettent sur la terre ferme.
- A la campagne, les curés s’ennuient comme des rats morts. Ils n’ont pas d’autre choix que de finir apiculteurs, sourciers ou ivrognes.
Les éditions
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Dans la gueule de la bête [Texte imprimé], roman Armel Job
de Job, Armel
R. Laffont
ISBN : 9782221140918 ; 19,50 € ; 06/02/2014 ; 312 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (4)
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Liége et Liège
Critique de Ardeo (Flémalle, Inscrit le 29 juin 2012, 77 ans) - 20 juin 2023
Ce roman aurait donc dû me plaire d’autant plus qu’il se déroule à Liège, c’est-à-dire dans « ma » ville et Job situe son roman dans des quartiers et des rues que je connais parfaitement et que j’ai fréquentés jusqu’il y a peu. Il raconte un épisode de la seconde guerre mondiale en 1942 -sous l’occupation donc- où des citoyens wallons s’investissent et parfois se compromettent pour la protection et le sauvetage de leurs compatriotes juifs mais aussi des exilés. Des intrigues se développent à partir de différents personnages, des liens se nouent, des amitiés et des amours voient le jour, des trahisons, des déchirements, des actes de bravoure …
Tout cela aurait dû me plaire mais j’avoue que je n’ai pas marché « à fond » et je ne sais pas trop pourquoi ! Peut-être parce que le sujet (la persécution des juifs, l’holocauste etc.) a déjà été traité maintes et maintes fois ? Peut-être !
Et pourtant !!!
Liège sous l'occupation
Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 27 novembre 2017
Des acteurs et personnages d’une humanité toujours très présente comme dans tous les récits de l’auteur mais le scénario ressemble davantage à une ambiance qui colle à une époque plus qu’à un récit construit sur des personnages.
Certains d’entre eux ne participent d’ailleurs que très peu ou sont à peine décrits, comme Jean, le fiancé d’Angèle, comme si l’auteur le maintenait en réserve pour lui laisser le soin de donner le ton final.
Certes le lecteur reste en haleine, mais il n’est jamais réellement maintenu dans une continuité provoquée par un manque de fluidité de la narration.
Ceux qui apprécient le style d’Armel Job s’y retrouveront sûrement, mais il a écrit des romans plus construits que celui-ci.
Un enchaînement infernal
Critique de Ddh (Mouscron, Inscrit le 16 octobre 2005, 83 ans) - 8 mars 2015
Durant la 2ème guerre mondiale, Liège connaît, comme partout, les affres de la délation, de la chasse aux Juifs. Mais il y a aussi des gens qui résistent. Ils sont héroïques sans le savoir. On s’attache à Mme Guignard, Me Desnoyer, le patron de bistro et d’autres ; des responsables de réseaux mais aussi des personnes lambda qui veulent simplement aider pour éviter le pire. C’est tout ça Liège durant la guerre. Un exemple parmi d’autres qui font la fierté d’autres villes martyres.
Les caractères des personnages sont bien typés : le collabo, les tortionnaires gestapistes, les juifs persécutés. Chaque fin de chapitre nous fait aspirer à la suite car la vie durant ces années de guerre n’est pas comme les autres et un fait qui peut paraître anodin engendre pourtant des conséquences dramatiques. Beaucoup de retenue toutefois pour ne pas verser dans le pathos.
Un tout bon, un excellent Armel Job !
Critique de Pascale Ew. (, Inscrite le 8 septembre 2006, 57 ans) - 17 avril 2014
Volko est marié à Fannia et ils ont une petite fille, Hanna. Le premier est caché chez une veuve, Mme Guignard ; la deuxième s’occupe des enfants d’un avocat, Me Desnoyer et la troisième est réfugiée dans un couvent de religieuses. Une amie de Fannia, Laja, qui a épousé un catholique, commet une imprudence et va faire du coup basculer son destin ainsi que celui de bien d’autres, comme un effet de dominos.
Or, les plus lâches ou les plus braves ne sont pas toujours ceux qu’on pense… Rien ni personne n’est tout blanc ni tout noir dans cette histoire (- « Ce qu’il y a de terrible dans la guerre, c’est qu’il ne s’agit plus du bien et du mal, comme on se l’imagine, mais seulement de différentes sortes de mal entre lesquelles il faut se décider. La guerre est l’empire de satan. »)
A la fin, l’auteur ne révèle pas le destin des personnages, bien que certains ne fassent malheureusement que peu de doute.
Cette histoire est menée avec brio, avec une tension qui va crescendo. On y retrouve les éléments qui caractérisent les romans d’Armel Job, les décors et mots typiquement belges, mais j’ai trouvé celui-ci un des meilleurs de cet écrivain.
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