14-18 Carnets de guerre, mon journal sous l'occupation dans ma maison occupée par l'ennemi de Jeanne Lefèbvre

14-18 Carnets de guerre, mon journal sous l'occupation dans ma maison occupée par l'ennemi de Jeanne Lefèbvre

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire , Littérature => Francophone , Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par JulesRomans, le 22 janvier 2014 (Nantes, Inscrit le 29 juillet 2012, 66 ans)
La note : 8 étoiles
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Les Français ont toujours eu beaucoup d'occupations entre 1814 et 1945

Si nous avons tenu à mettre le nom de la collection au-devant du titre, c’est que le titre seul renvoie évidemment spontanément à la Seconde Guerre mondiale et non à la Première. Avec "La grande guerre (1914-1918) pour les surdoués", voici deux livres qui risquent de ne pas être détrônés du titre de "deux plus mauvais titres de livre d’histoire sur la Grande Guerre parus en 2014". C’est fort dommage car "Mon journal sous l’occupation" a un très grand intérêt historique.

Saint-André-lez-Lille est une commune limitrophe de Lille qui au moment de la déclaration de la guerre dépasse de peu les 5 000 habitants et sans faire trop d’anachronisme elle serait plutôt déjà une banlieue résidentielle de la grande ville du Nord. Une phrase comme celle-ci aurait gagné à être en quatrième de couverture.

Charles Lefebvre va avoir 48 ans au moment de la déclaration de guerre, sa classe n’est appelée qu’en avril 1915 et les hommes qui la composent appartiennent à la réserve de la territoriale. Toutefois il s’est engagé, au début de la guerre, dans un régiment qui peut combattre et au milieu du livre nous avons des dessins (il est lithographe dans le civil) à l’arrière de lieux du Cher et pour la proximité du front de la Somme, l’Oise ainsi que le village de Montreux-Vieux limitrophe de l’Alsace-Lorraine et du département qui prendra le nom du Territoire de Belfort (vue de la gare et de la poste en 1916).

Il s’est marié en 1898 avec Jeanne Choquet dont le père est un vétéran de la Guerre de 1870 et ce dernier décède en 1910. Le couple a trois enfants nés entre 1899 et 1903 à savoir André, Charles et Denise.

L’ouvrage démarre alors que le 15 janvier 1915 lorsque Jeanne faute de pouvoir communiquer avec son mari, dans les armées françaises, décide de tenir un journal où elle va raconter d’abord rétrospectivement puis au jour le jour comment elle vit sous la botte allemande. Les envahisseurs arrivent le 7 octobre 1914 et resteront jusqu’au 16 octobre 1918. Il n’y a que quelques communes françaises, mises à part la totalité de celles des Ardennes, qui auront connu une si longue occupation. De plus le front sera resté pendant ce temps relativement proche puis qu’à environ 10 km, Hazebrouck restant par exemple aux mains des Français (avec présence de troupes anglaises).

Bénéficiant d'une vaste demeure, la narratrice se voit imposer de loger et nourrir un nombre variable de militaires allemands. Ils n'utilisent pas le guide de Fritz Sulzberger (traduit récemment par "Si vous mentez vous serez fusillé") mais il savent se faire comprendre. Il est difficile d’imaginer le pillage en ressources matérielles et humains que fit le Reich dans les zones occupées. On s’en fait une idée assez bonne en lisant ce récit.

« Jeudi 6 septembre 1917
(…) Que vont-ils laisser dans notre pauvre Nord ? Il est ruiné, anéanti, brisé »

« Lundi 11 juin 1917
(…) À Lille, les Allemands emmènent les hommes, mille six cents sont partis ce matin à cinq heures, et les feuilles pleuvent à n’en plus finir pour en convoquer d’autres ».
Ce ne sont d’ailleurs pas seulement des civils masculins qui sont déportées mais également des jeunes filles pour servir comme main d’œuvre en Allemagne. Pour connaître dans quelles conditions se font ces déportations, on se reportera au récit d’un civil belge, que nous avons déjà présenté, à savoir " Journal d’un déporté civil de la guerre 14-18" de Victor Goffart et Francis Balace.

En résumé voilà un ouvrage que devrait lire en particulier tout auteur, qui se pique de vouloir écrire un roman de littérature de jeunesse autour du vécu des populations occupées de la Première Guerre mondiale. Cela leur évitera de collectionner les bourdes comme "L'Horizon bleu", il est vrai que les critiques de littérature de jeunesse n’y ont vu que du bleu et que "L'Horizon bleu" revient très souvent dans les bibliographies comme l’ouvrage à faire lire aux jeunes.

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Les éditions

  • 14-18 ; journal sous l'occupation
    de Lefèbvre, Jeanne
    Jourdan / 14-18 Carnets de guerre
    ISBN : 9782874663277 ; 10,00 € ; 15/01/2014 ; 277 p. ; Broché
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