L'An premier du siècle: (1919) de John Dos Passos
(Nineteen nineteen)
Catégorie(s) : Littérature => Romans historiques
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Chronique des USA
Suite du 42e parallèle, 1919 se concentre plus particulièrement sur les années de guerre et sur les changements profonds qui en découleront. Dos Passos garde le même procédé qu’auparavant en suivant quelques personnes qui vivent pour nous cette période historique et on a vraiment l’impression d’être avec eux au cœur de cette époque. Une façon très naturelle et très humaine d’aborder la grande histoire. D’autant plus que loin d’être des héros, les personnages de ce livre sont hésitants, inconstants, souvent jeunes et immatures et leurs erreurs nous les rendent très proches. Brosser des portraits très vivants est d'ailleurs pour moi le point fort de cet écrivain. Par contre, l’action se passant principalement en Europe, première guerre oblige, l’Amérique en pleine mutation est moins présente que dans le premier tome et j’ai été moins intéressé par les aventures de ces jeunes gens engagés dans la Croix-Rouge. Au final, j’ai donc un peu moins aimé cette suite pourtant nécessaire dans le grand projet que s’était fixé Dos Passos. Dernière chose, je ne suis toujours pas convaincu par les actualités et l’œil caméra qui ponctuent les chapitres. J’ai eu parfois envie de zapper ces passages.
Les éditions
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L'an premier du siècle [Texte imprimé], (1919) John Dos Passos trad. de l'anglais par Yves Malartic
de Dos Passos, John Malartic, Yves (Traducteur)
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070372089 ; 1,77 € ; 03/09/1980 ; 544 p. ; Poche
Les livres liés
- 42e parallèle
- L'An premier du siècle: (1919)
- La grosse galette
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Second roman de la Trilogie : « U.S.A. »
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 5 décembre 2014
Des prémices de la guerre européenne de 1914 – 1918 à celle-ci, que les USA regarderont d’abord de loin, se frottant les mains des affaires de ventes d’équipements faites aux divers belligérants - alors les « rois du monde » - et prenant très vite conscience que cette guerre est leur chance de passer devant, de s’imposer économiquement dans le monde. Puis l’après-guerre, les casinos boursiers où des fortunes se font et se défont plus vite que le temps de le dire. C’est tout cet ensemble que nous raconte John Dos Passos avec une prescience que, pour ma part, je trouve étonnante.
Sur la forme, c’est là encore d’une inventivité et d’un modernisme étonnants. John Dos Passos cherche – et parvient – à créer l’illusion de la vitesse et du tournis donnés par des informations télévisuelles par la forme qu’il adopte. Les trois romans sont construits de la même manière. Un peu – si j’ose la comparaison – un pâté en croûte dans lequel on aurait inséré des morceaux de foie gras. Le pâté lui-même ce sont les chroniques, d’une trentaine de pages, consacrées à un personnage ciblé qu’on va suivre sur un évènement court ou sur une période plus longue, qui pourra revenir plus tard, ou croiser, encore plus loin, un autre personnage dans une autre chronique. Ces chroniques – littéralement la chair de ces trois romans - sont titrées du nom du personnage.
La croûte, ce serait les « Actualités », qui enrobent chacune des chroniques, sur 2 – 3 pages, écrites de manière déstructurée ; des gros titres en caractères d’imprimerie, des commentaires, en italique, qui n’ont pas, ou lointain alors, rapport avec le titre précédent. John Dos Passos a sans conteste voulu recréer l’impression de survol qu’on peut avoir en survolant un journal et ses gros titres. Mais l’effet de « zapping » généré par ces passages du coq à l’âne évoque terriblement la télévision et des propres « actualités ».
Et les morceaux de foie gras alors, ce seraient les passages intitulés « L’œil-caméra » (là, l’intention est clairement affichée !), pour le coup complètement déstructurés, commençant au milieu d’une phrase, se terminant en cours de ligne par un blanc et continuant sur un autre sujet, apparemment du moins car, en fait, l’impression finale générée a du sens. Comme un sens poétique. Ca fait penser à certaines techniques d’Apollinaire, me semble-t-il, mais je n’irai pas plus loin n’ayant jamais approfondi Apollinaire.
« 1919 », la préface le présente comme « Un adieu aux armes du militant Dos Passos ». Le roman court entre l’entrée en guerre des USA (1917) et le « banco » raflé par les Américains l’Armistice signé. John Dos Passos nous présente, toujours à coup de personnages « kaléidoscopiques » des jeunes gens, hommes comme femmes, ayant connu l’Europe en tant que volontaires, ou soldats, prendre du galon la guerre terminée, trouver l’occasion de valoriser leur investissement.
Certains personnages ont traversé le premier roman (« 42ème Parallèle ») et se retrouvent à nouveau ici (on en retrouvera encore dans le troisième).
L’entrée en guerre des USA a donné l’impression que ceux-ci en ont profité pour « solder les comptes », mettre au pas, ou au clair, les ouvriers aux velléités « socialistes », ceux considérés comme « racaille ».
Apparaissent de plus en plus évident avec ce second roman de la trilogie les ravages de l’alcoolisme, mondain ou non. Une grande partie des préoccupations des jeunes gens débarqués en Europe consistant, à en croire Dos Passos, à draguer les femmes et boire d’abondance. On comprend mieux le principe de base de la Prohibition, lancée en 1919, mais qui semblait aisément détournable, selon Dos Passos.
Remarque incidente par ailleurs : l’importance dont on n’a plus conscience du transport maritime en ce début de XXème siècle où il n’y avait pas d’avion. On a l’impression qu’une partie très significative de la vie des personnages concernés se déroulent en passages transatlantiques, plus ou moins confortables …
La fin de la guerre prépare le troisième roman de la Trilogie (« La grosse galette »). La galette à ramasser, c’est celle de la Bourse, bien entendu.
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