Trop de bonheur de Alice Munro
(Too much happiness)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Littérature => Nouvelles
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La Vie n'est pas un jardin de roses
Alice Munro vient de remporter le prix Nobel 2013 de la littérature. C’est une Canadienne anglais de l’Ontario. J’en profite pour lui rendre hommage en commentant de toute vitesse sa dernière œuvre.
Son recueil de nouvelles branché sur la psychologie ne met pas le bonheur en exergue. La cruauté humaine compose l’ensemble de l’œuvre. Une œuvre sans complaisances qui s’attache à l’insignifiance du geste et aux contradictions humaines. La vie est remplie de mille actes inoffensifs qui, par contre, transgressent tout de même la direction du destin. Surtout quand le quotidien est une volée de mauvais sorts qui véhiculent des infirmités, des maladies incurables. Comme l’écrivait Jean Rostand, la nature est belle, mais elle est malveillante. Elle peut causer la perte. On peut se noyer, mourir de froid…
Ce qui se dégage de ce recueil est inspiré des drames auxquels font face des personnages dont le quotidien est transformé par l’inattendu qui les laisse sans défenses tels que cette femme dont le mari est en prison après avoir tué leurs trois enfants ou cette veuve qui accueille un criminel à son insu.
Bref, la vie n’est pas un jardin de roses. Et l’écriture d’Alice Munro le laisse savoir sans ménagement. Les douillets, s’abstenir.
Les éditions
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Trop de bonheur [Texte imprimé] Alice Munro traduit de l'anglais (Canada) par Jacqueline Huet et Jean-Pierre Carasso
de Munro, Alice Huet, Jacqueline (Traducteur) Carasso, Jean-Pierre (Traducteur)
Editions de l'Olivier
ISBN : 9782879297293 ; 24,00 € ; 11/04/2013 ; 315 p. ; Broché -
Trop de bonheur [Texte imprimé] Alice Munro traduit de l'anglais (Canada) par Jacqueline Huet et Jean-Pierre Carasso
de Munro, Alice Huet, Jacqueline (Traducteur) Carasso, Jean-Pierre (Traducteur)
Points / Points (Paris)
ISBN : 9782757843284 ; EUR 7,80 ; 26/06/2014 ; 408 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (3)
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Vraiment ?
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 2 août 2015
Le chapitre "Fiction" est lui aussi remarquable (d'ailleurs, lequel ne l'est pas avec cette auteure, qui maîtrise son art à la perfection, en même temps que l'auto-dérision).
Quand une femme découvre qu'elle est l'héroïne d'une nouvelle, elle ne peut que rencontrer l'auteure.
"Elle a une ou deux bonnes biographies entre les mains en ce moment dont elle est sûre qu'elles sont plus à sont goût que ce truc là. "Comment faire pour vivre" est donc le titre du livre. Un recueil de nouvelles, pas un roman. Voilà qui est déjà en soi une déception. L'autorité du livre en paraît diminuée, cela fait passer l'auteur pour quelqu'un qui s'attarde à l'entrée de la littérature, au lieu d'être assurément installé à l'intérieur. "
Et bien, ce n'est vraiment pas le cas de Me Munro. Elle travaille la psychologie de ses personnages à la manière d'une habile dentellière, tout en finesse et en petits points. Même si j'ai préféré "Fugitives", je reste admirative devant la qualité de cette écriture.
Totale déconvenue...
Critique de Myrco (village de l'Orne, Inscrite le 11 juin 2011, 75 ans) - 1 janvier 2014
Certes, elle a une patte bien à elle, moins dans une prose finalement sans grand relief que dans la manière dont elle bâtit ses histoires, ce qu'elle choisit de taire ou de raconter. Je ne sais si Alice Munro est une reine de la nouvelle, mais elle l'est sans conteste du non-dit !
Ici, ces nouvelles tournent le plus souvent autour d'évènements plus ou moins dramatiques, d'épreuves de la vie, de la tragédie la plus horrible à des comportements peu glorieux voire d'une grande noirceur qui ressurgissent parfois de la mémoire où l'on avait voulu les enfouir, à la faveur de certaines circonstances. L'intérêt peut venir de ce que le propos même de la nouvelle peut quelquefois paraître décalé par rapport à ces situations.
Le ton se veut distancié, sans émotion, l'auteur ayant pris le parti de demeurer toujours à la surface de ses personnages, décrivant leurs comportements sans les pénétrer, sans en expliciter les ressorts, laissant le lecteur se perdre en conjectures livré à des interrogations dont il n'aura jamais la réponse avec certitude.
Il en est résulté pour moi un sentiment de frustration voire de malaise devant ce que j'ai ressenti comme un certain jeu pervers de l'auteur avec son lecteur, également un total désintérêt pour ces personnages avec lesquels on ne peut avoir aucune empathie (seule la petite fille de "Visage" m'a néanmoins touchée).
Quant à la dernière nouvelle "Trop de bonheur", je ne peux là encore qu'appuyer la critique de Pieronnelle. J'oserai dire que la vie de cette femme, Sofia Kovalevskaïa- personnage ayant réellement existé- valait mieux, à mon humble avis, que ce traitement biographique estampillé Alice Munro !
Bref, pour moi, une totale déconvenue qui ne m'incite pas, pour l'heure, à poursuivre plus avant dans la découverte de l'œuvre.
P. S: Je rappelle que ma note, comme le veut la "charte" de C. L ne prétend aucunement refléter la qualité de l'ouvrage qui pourra rencontrer la sensibilité d'autres lecteurs mais le peu de plaisir que j'ai éprouvé personnellement à sa lecture.
Un regard aiguisé sur la nature humaine
Critique de Pieronnelle (Dans le nord et le sud...Belgique/France, Inscrite le 7 mai 2010, 76 ans) - 26 novembre 2013
Il est clair qu’Alice Munro recherche avant tout l’efficacité et qu’elle ne veut surtout pas juger ; son regard plonge dans l’humain avec curiosité mais sans humanité. Ce n’est pas pour moi forcément un reproche mais l’absence d’émotion que l’on ressent à la lecture m’a gênée et même parfois glacée. Cela est dû principalement au refus de s’enfoncer dans la psychologie ou plutôt les états d'âmes des personnages afin de résister à la tentation de cette émotion. Ce sont des constats de vie avant tout.
Il faut préciser que le thème choisi pour ces nouvelles montre plutôt le côté sombre, voire noir, des personnages. Ce que j’ai aimé c’est le contraste entre la banalité et la marginalité ; la bascule d’un personnage ordinaire dans un comportement hors norme , la révélation d’une chose ou d’un événement enfoui ou imaginé au fond de soi, d’un aspect de la personnalité jusque là inconnu ; parfois l’horreur est banalisée, toujours pour ne pas juger !
L’auteure « déshabille » mais avec une sorte d’indifférence dans ce que j’appellerai une « absence » d’écriture » afin d’affûter un regard sans concession. L'écriture ne devient qu'un moyen au profit de l'efficacité.
Il y a beaucoup de détails, de descriptions, qui «enveloppent» ces personnages déshabillés tout en laissant une sorte de halo de vide. C’est ce qui crée ce sentiment de malaise que j’ai éprouvé et qui est peut-être voulu compte tenu du thème. Il y a parfois beaucoup de cruauté dans la banalité de certains comportements ("jeu d'enfant").
Pourquoi ce titre « trop de bonheur » ?
Il vient de la dernière nouvelle qui, elle, m’a vraiment laissée dans l’insatisfaction. Cette sorte de mini biographie de l’écrivain, mathématicienne, Sofia Kovaleskaïa , femme au demeurant extrêmement intéressante et qui aurait mérité à mon avis plus qu’une nouvelle trop chargée afin d’évoquer le maximum de choses sur sa vie, en un minimum de mots ; même si la construction était bien vue avec les retours en arrière sur la route de son dernier chemin. De plus la longueur de cette nouvelle déséquilibre un peu le recueil et le rapport avec les autres est resté pour moi un mystère…
Certaines nouvelles aussi sont restées mystérieuses, ce qui n’est pas forcément désagréable et nous permet une implication plus grande mais j’avoue que parfois, même avec le sentiment d’avoir « compris » je suis restée dubitative sur leur intérêt . Refus, recherche, incapacité à saisir le bonheur ? « Trop » parce qu’insupportable ou insoupçonnable ?
Il reste de cette lecture, pour moi, un sentiment d’insatisfaction même si bien sûr la qualité de l’auteur ne peut être mise en cause . C’est une façon de voir les êtres humains dans leurs décors souvent extrêmement banals et qui nous laisse la possibilité de rechercher en soi les rebondissements possibles...
Les nouvelles que j’ai préférées sont :
« Visage » concernant l'handicap d’un homme (plutôt étonnant car Alice Munro s’occupe plutôt de femmes) bien vu en profondeur avec ses répercussions étonnantes sur les personnes qui l’entourent ;
« Dimensions » à cause de la fin que je trouve belle et fine, c’est la seule nouvelle où j’ai ressenti une émotion ;
« radicaux libres », par le mystère qui reste sur le récit de la femme face au meurtrier ;
et « Bois » par sa description approfondie et assez originale d’une prise de conscience ;
Mais il y a pour moi cette absence de style, de belle écriture. Cette incapacité (voulue) à faire ressentir l’émotion qui laisse une sorte de vide en moi…
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voir forum | 4 | Myrco | 23 février 2014 @ 18:07 |