Poèmes païens de Fernando Pessoa

Poèmes païens de Fernando Pessoa

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone , Théâtre et Poésie => Poésie

Critiqué par Nathafi, le 6 octobre 2013 (SAINT-SOUPLET, Inscrite le 20 avril 2011, 57 ans)
La note : 8 étoiles
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Fernando Pessoa utilisait divers hétéronymes pour écrire ses oeuvres, procédé singulier qui peut supposer de multiples facettes chez cet homme, divers points de vue qui devaient le tourmenter.

Dans "Poèmes Païens", ce sont donc Alberto Caeiro et Ricardo Reis qui entrent en scène.

On trouve dans ce recueil des poèmes retrouvés plus de cinquante ans après sa mort, dans sa fameuse valise, réunis dans la partie "Odes retrouvées".

J'ai apprécié cette lecture, et je vous avoue que j'ai préféré les écrits d'Alberto Caeiro ("Le Gardeur de troupeau", "Le Berger amoureux", "Les poèmes désassemblés").

Ricardo Reis m'a beaucoup moins plu, pourtant l'écriture est pleine de lyrisme, ce qui ne me déplaît pas à priori, mais l'esprit très terre à terre de Caeiro m'a certainement empêchée d'apprécier ces odes.

Celle d'Alberto Caeiro appelle à s'interroger sur ce qui est important. Le regard qu'il porte sur les choses les remet systématiquement à leur place, brutalement, sans ménagement. Par le biais parfois de lapalissades qui font sourire, il nous montre l'essentiel, renie toute métaphore ou signification mystique à tel ou tel élément. La nature est ce qu'elle est, garante de notre vie propre. Et nous, pauvres humains, avons bien des efforts à faire pour en prendre conscience...

"Ce que nous voyons des choses ce sont les choses.
Pourquoi verrions-nous une chose s'il en existait une autre ?
Pourquoi donc voir et entendre seraient-ils un quiproquo
Si voir et entendre sont voir et entendre ?

L'essentiel est de savoir bien voir,
Savoir bien voir sans se mettre à penser,
Savoir bien voir lorsqu'on voit, Et non penser lorsqu'on voit
Ni voir lorsqu'on pense.

Mais cela (pauvres de nous qui portons une âme habillée !)
Cela exige une étude approfondie,
Un apprentissage du désapprendre
Et une séquestration dans la liberté de ce couvent-là
Dont les poètes disent que les étoiles sont les nonnes éternelles
Et les fleurs les pénitentes convaincues d'un seul jour,
Mais au bout du compte les étoiles ne sont rien qu'étoiles
Et les fleurs rien que fleurs,
Ce pour quoi d'ailleurs nous les appelons étoiles et fleurs."

N'est-ce pas ?

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