Le vent sombre de Tony Hillerman

Le vent sombre de Tony Hillerman
( Dark wind)

Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers

Critiqué par Folfaerie, le 9 mars 2003 (Inscrite le 4 novembre 2002, 56 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 465ème position).
Visites : 6 018  (depuis Novembre 2007)

Enquête en territoire indien

Cela fait un moment que j'avais envie envie de présenter Tony Hillerman, mais mes lectures étaient trop anciennes pour une critique actualisée, et puis je suis tombée sur ce titre il y a quelques jours, chez un bouquiniste... Hillerman est un des piliers du roman policier américain (plus d'une vingtaine de titres à son actif) et possède une particularité intéressante à mes yeux : c'est un Indien Navajo. Autant l'avouer tout de suite, je ne suis pas fan des polars en général, et si je fais une exception pour Hillerman c'est en raison de ses origines, et parce que le point de vue Amérindien m'intéresse toujours.
En effet, l'intrigue de ce roman n'a rien de bien original : un mort non identifié sur fond de trafic de drogue. Mais voilà, cela se passe en réserve indienne (en territoire Hopi) et le flic chargé de l'enquête, Jim Chee, appartient à la police tribale Navajo.
Avec une grande érudition, Hillerman en profite pour nous distiller des informations sur le fonctionnement des réserves, sur les différences culturelles et religieuses entre les deux tribus, et surtout, nous révèle que le gouvernement américain a déplacé des familles entières de Navajos pour y installer des Hopis, ce qui fut la source de bien des conflits. Un pan de l'histoire contemporaine de ces tribus qui n'est que rarement évoqué.
Je me souviens n'avoir guère apprécié le roman de James Doss, La rivière des âmes perdues, (voir la critique de Heyrike) justement parce que cet auteur utilisait les légendes indiennes comme ingrédient folklorique de l'enquête (je crois d'ailleurs que Doss n'est pas d'origine indienne, peut-être Heyrike pourrait-il me donner confirmation). Chez Hillerman, au contraire, on apprend à connaître la spiritualité indienne, mais son héros, Jim Chee, résout l'enquête grâce à son bon sens et à ses qualités, et non parce des "esprits" l'ont aidé.
J'aime donc beaucoup Tony Hillerman, son style (il y a un peu du poète en lui) et son érudition, et j'ai d'ailleurs fini par m'attacher à Jim Chee au fil des années. Je conseille donc ce polar à tous ceux que la culture amérindienne captive. A noter qu'un film a été tiré de ce livre, il y a quelques années, avec l'excellent Lou Diamond Phillips.

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  Trilogie Jim Chee

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Cocaïne et terres ancestrales

9 étoiles

Critique de Kostog (, Inscrit le 31 juillet 2018, 52 ans) - 23 septembre 2021

Proposer à ses lecteurs de se retrouver dans la tête d'un inspecteur navajo, c'est le pari un peu fou que s'est donné Tony Hillerman et qu'il réussit avec brio. Jim Chee; son héros principal, a les pieds bien sur terre, ancrés dans une tradition qu'il entend prolonger. Le prisme par lequel il aborde les trois affaires auxquelles il est confronté, constitue une grande part de la saveur de ce roman.

Dans cet univers dans lequel la nature et l'homme forment un tout, chaque indice prend une autre signification et doit, petit à petit, venir compléter le puzzle de son enquête, où tout est censé faire sens. Autant dire que les chemins de traverse de Chee et la lenteur qu'il met pour résoudre les investigations les plus insignifiantes laissent songeur son supérieur hiérarchique, ce qui n'est pas sans introduire un élément humoristique dans la narration.

Mais inexorablement, le puzzle se résout, pièce par pièce, et ce cheminement est si bien amené qu'il est impossible de ne pas tirer son couvre-chef (de cowboy, bien sûr), pour saluer tout le savoir-faire de Tony Hillerman. Prendre ainsi le lecteur par la main en le trimbalant de ci, de là; en le séduisant avec le récit des coutumes et des légendes de ces peuples, avec les beautés de la nature aride de ces régions, sans avoir l'air de rien y toucher, et tout en conduisant parfaitement son intrigue, ce n'est pas du travail d'amateur et Hillerman mérite bien d'être inclus parmi les grands noms du roman policier américain.

Un roman qui devrait plaire très largement au delà des seuls aficionados de polars.

P.S.:Je me permets de rectifier une erreur mentionnée plus haut. Tony Hillerman, en dépit de son immense intérêt pour les cultures autochtones, n'est en rien un Indien navajo, mais est censé avoir des ascendants allemands et britanniques, ce que ne démentent ni son patronyme, ni les quelques photos de sa personne que l'on peut trouver sur internet.

5ème ouvrage de Tony Hillerman et second de la trilogie Jim Chee

9 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 1 mars 2021

Tony Hillerman est un auteur de polar ethnique, centré sur les Navajos et les Hopis (Sud-Ouest des USA, entre Nouveau-Mexique et Arizona), qui, entre 1970 et 2006 a publié 18 ouvrages qui constituent un tout, une suite, avec pour protagonistes principaux Joe Leaphorn, puis Jim Chee, tous deux de la Police Tribale Navajo.
Les trois premiers ouvrages constituent la trilogie Joe Leaphorn, les trois suivants la trilogie Jim Chee. Les romans de Tony Hillerman se distinguent par une volonté quasi ethnographique d’informer le lecteur des us et coutumes navajos, des paysages dans lesquels Hopis et Navajos évoluent. Une intrigue policière soutient le corps du roman et Joe Leaphorn comme Jim Chee sont là pour la résoudre.
Pour qui a pu voyager dans ces déserts de la région des « Four corners », la lecture de Tony Hillerman résonne terriblement. Pour ceux qui prépareraient un voyage par là-bas, sa lecture est des plus profitables.
Le vent sombre date de 1982 et Tony Hillerman y traite de la dichotomie pour un policier navajo de raisonner en policier basique, type « blanc », rationnel, et en policier navajo, sensible aux croyances et raisonnements navajos, pas franchement rationnels dans le sens « rationalité occidentale ».
Jim Chee marche sur des œufs. A l’occasion d’une banale enquête sur des dégradations d’une éolienne située en territoire qui vient de passer des Navajos aux Hopis – et lui est Navajo, pas franchement bien perçu par les Hopis ! – il assiste en plein désert au crash sauvage d’un petit bimoteur qui venait selon toute probabilité livrer de la cocaïne à des trafiquants et retrouve à cette occasion du cadavre. Problème ; l’enquête sur le trafic de drogue et le crash est du ressort du FBI, pas franchement à sa place dans ce milieu désertique et tribal, et lui doit se concentrer sur … les dégradations de l’éolienne. Bien entendu son enquête va déborder et loucher largement sur le crash, les meurtres, tout ceci à rebours des consignes de sa hiérarchie et quasiment contre le FBI.
Pas de Joe Leaphorn dans cet épisode, leur collaboration ne s’avèrera qu’après la fin de la trilogie Jim Chee, mais toujours autant d’amour et d’intérêt dans cet opus de la part de Tony Hillerman pour les cultures amérindiennes et le milieu hostile dans lequel ces peuples évoluent.
Un polar qui instruit, ce n’est pas si courant ?

Choc des civilisations

8 étoiles

Critique de Vda (, Inscrite le 11 janvier 2006, 49 ans) - 14 juillet 2007

Sans doute l'un des mes préférés dans la série des policiers navajos d'Hillerman. Se confrontent deux préceptes de vie, celui de l'homme occidental où le chaos et l'immédiateté prédominent, et celui du peuple navajo où la recherche de l'harmonie passe par l'adaptabilité et le pardon.

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