Génération 69 : Les trentenaires ne vous disent pas merci de Nicolas Charbonneau, Laurent Guimier

Génération 69 : Les trentenaires ne vous disent pas merci de Nicolas Charbonneau, Laurent Guimier

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances , Sciences humaines et exactes => Essais , Sciences humaines et exactes => Histoire

Critiqué par AmauryWatremez, le 24 mai 2013 (Evreux, Inscrit le 3 novembre 2011, 55 ans)
La note : 6 étoiles
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Génération désillusion

En lisant ce livre, lu au départ parce que je suis né cette année là, on se dira qu'une génération se découvre enfin, comme dans cet ouvrage, celle née après Mai 68, qui a vécu son enfance pendant les deux crises du pétrole et vu le chômage atteindre ses proportions actuelles, une génération dorlotée par une vague de permissivité et la découverte ainsi que l'expérimentation de nouvelles libertés mais aussi traumatisée par l'épidémie du SIDA.

C'est aussi la génération de la désillusion, les deux auteurs en souffrent, qui n'a pas vu les idéaux libertaires des années 60-70 s'accomplir comme on le lui avait promis, sur l'essentiel, au contraire, les aînés ont fini par rejoindre complètement la société et s'y intégrer totalement au lieu de la changer quoiqu'ils en disent et la société n'a jamais été aussi inégalitaire. La génération suivante semble même en attente de beaucoup plus de cadres et de normes, même si ceux-ci sont offerts par la télévision, l'intégrisme religieux ou un ordre moral d'où qu'il provienne. Chez les extrêmes, les plus jeunes sont souvent les plus radicaux en ce moment. On pourrait en conclure que la liberté de réfléchir par soi-même fait très peur.

Les livres de trentenaires fleurissent en ce moment, du jeune diplômé prônant un retour aux valeurs dites traditionnelles à la "célibattante" esseulée en attente du prince charmant. Ils sont toujours un peu entre deux, comme ce livre, qui ne se positionne pas réellement, ne sait pas trop quoi dire. Les auteurs s'attaquent à des figures marquantes des medias, des "soixante-huitards" ou réputés tels, maintenant d'ailleurs bien installés, qui reprocheraient aux trentenaires de ne pas assez s'impliquer. Ils voudraient dénoncer l'imposture des nouveaux bourgeois mais dans le même temps, aimeraient bien vivre les mêmes expériences. Ils ne semblent pas comprendre que l'imposture remonte plus loin : à mai 68 justement, transformé en mouvement politique de rêve, en utopie alors qu'il s'agissait au départ pour les filles de rester chez leur copain le soir. Certes, il semble y avoir plus de libertés, des progrès ont été faits au moins par la loi, mais les consciences sont loin d'avoir toutes suivies les mouvement.

Il a donc bien fallu s'adapter, ou essayer de le faire, s’intégrer à des modes de pensée étriqués. Il y en a pour se réfugier dans la nostalgie de l'adolescence, ou de l'enfance : on chante les "tubes" de Chantal Goya en boîte, on se fait des intégrales "Capitaine Flam" ou "Goldorak", on achète des bonbons comme on le faisait en primaire. Il y en a qui écrivent pour transmettre leur mal-être. D'autres dépriment, rêvent de fuguer, d'abandonner leurs responsabilités, ou ce que l'on considère comme telles, celles-ci sont souvent rappelés par la génération d'avant qui les a rarement assumées.

La plupart des gens de mon âge que je connais sont déboussolés, ne savent plus que faire. Ce que ne disent pas les auteurs de ce livre, qui ne veulent pas être "méchants", c'est que c'est aussi une génération "perdue" au niveau économique

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