Le dieu des petits riens de Arundhati Roy
( The god of small things)
Catégorie(s) : Littérature => Asiatique , Littérature => Anglophone
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Estha, Rahel et Sophie vont en bateau !
Estha et Rahel sont des jumeaux dizygotes de huit ans (l'un, garçon, l'autre, fille, pom pom ) qui vivent en Inde, en parallèle avec les adultes. Ils forment un petit Etat indépendant, très soudé, pom pom. Parfois ils font le plein de nourritures affectives auprès de la mère (qui les aime "pour deux", elle est "à la fois la mère et le père"), et de tout l'entourage. Ils ont des activités manuelles - avec un Intouchable comme chef des travaux, des soucis intellectuels - il faut lire à "tiordne'l"(!), et des rôles de représentation : son Excellence Elvis Pelvis, ou Mme A Miel :-). Un rôle officiel aussi : représenter l'Inde auprès de Sophie Moll, leur cousine germaine. Pensez donc ! une Anglaise de leur âge, qui débarque à l'aéroport.
Ils jouent à casser le langage et l'orthographe des adultes, sans se douter qu'à leur insu se trament des relations publiques, privées ou syndicales, qui menacent sérieusement leur domaine. C'est donc en sautant d'un pied sur l'autre, pom pom, qu'ils s'acheminent vers des drames...
Je conseille cette lecture, comme on m'a encouragé à lire cet ouvrage. Certes au début on est perdu entre les personnages et les détours du récit ; une liste des personnages serait donc utile. Mais il faut persévérer, car comme au Mont Saint-Michel, une fois gravis les escaliers, l'émotion devant la richesse architecturale du site et la beauté du panorama récompense amplement les efforts.
Les éditions
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Le dieu des petits riens [Texte imprimé], roman Arundhati Roy trad. de l'anglais par Claude Demanuelli
de Roy, Arundhati Demanuelli, Claude (Traducteur)
Gallimard / Du monde entier (Paris).
ISBN : 9782070747979 ; 22,90 € ; 23/04/1998 ; 386 p. ; Broché -
Le dieu des petits riens [Texte imprimé] Arundhati Roy trad. de l'anglais par Claude Demanuelli
de Roy, Arundhati Demanuelli, Claude (Traducteur)
Gallimard / Collection Folio.
ISBN : 9782070411726 ; 9,20 € ; 21/01/2000 ; 438 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (12)
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Petits riens et grands mystères
Critique de Millepages (Bruxelles, Inscrit le 26 mai 2010, 65 ans) - 18 décembre 2023
Le portrait est sans concession et les côtés sombres sont développés avec insistance. L’hygiène par exemple. Avec des systèmes d’égouts pas toujours efficaces, une proportion importante de la population ne disposant pas de toilettes ou encore un climat qui fait suer une bonne partie de l’année, on se doute que les effluves ne sont pas toujours agréables aux narines.
Le livre est également un plaidoyer contre le système moyenâgeux et profondément injuste des castes - l’un des freins qui empêche le pays de progresser plus rapidement - en décrivant les malheurs d’un Dalit, ou intouchable. À ce sujet, j’ai relevé une phrase qui à mon sens décrit bien le fondement qui entraîne tout type de discrimination entre individus d’origines, de races ou de castes différentes : "Si les policiers firent plus de mal à V. qu’ils n’en avaient l’intention, c’est tout simplement parce que tout lien, toute relation entre eux et lui, tout ce qui, au moins du point de vue biologique, faisait de lui un homme à leur image, avaient été depuis longtemps jugulés. Ils n’arrêtaient pas un individu, ils exorcisaient la peur".
L’accent est également mis sur le fonctionnement très patriarcal et viscéralement machiste de la société. Il se traduit non seulement dans les rapports hommes/femmes, mais aussi dans des dispositions légales qui empêchent les unes d’hériter de la même manière que les autres.
Malgré ces tares, on ressent un profond attachement pour le sous continent, L’autrice met aussi en avant les aspects démocratiques, tel que le droit de grève ou de manifester. Etant entendu qu’une démocratie est bien plus difficile à organiser dans un pays d’un milliard et demi d’habitants, de 17 langues officielles et de centaines de langues régionales, de plusieurs castes, de dizaines de races et de religions que dans un royaume de quelques millions de citoyens.
Et puis la grâce et les couleurs des saris, la magie des cours d’eau. Et cette manière de relativiser les difficultés et malheurs, cette résilience, grâce à la reconnaissance et à la contemplation de la beauté des petits riens. Qui du coup méritaient bien d’avoir leur propre dieu.
Il y a enfin une réflexion sur la gémellité, les façons d’interagir, de se distinguer, de souffrir au malheur de l’autre, de s’aimer, se détester….Les personnages principaux sont effectivement des jumeaux qui seront un jour séparés à cause d’un drame.
Le roman procède en permanence par bonds en avant ou en arrière, le temps devenant alors une valeur plus mouvante. Des personnes dont la mort semblait actée sont soudain ressuscitées au gré des sauts dans le passé ou le retour au présent. Ce qui ajoute au côté mystique de l’œuvre, sans doute l’effet recherché.
A conseiller
Critique de Emmarmelade (, Inscrite le 10 septembre 2012, 47 ans) - 18 février 2013
Bon, je ne vais pas raconter l'histoire. J'avoue que je suis passée rapidement sur certaines descriptions, assez longues pour me concentrer sur l'action et certains personnages notamment les jumeaux.
Très bon livre
Critique de Krys (France-Suisse, Inscrite le 15 mars 2010, - ans) - 2 septembre 2011
Toute l'intrigue tourne autour de cette petite phrase. L'auteur nous emmène en Inde, dans une famille aux liens particuliers, et le lecteur ne peut se défaire du livre qu'à la dernière page !
Tout le monde (je pense) se retrouve dans ce livre. Ecriture simple et belle, il est à dévorer !
Difficile contrairement aux apparences
Critique de Elya (Savoie, Inscrite le 22 février 2009, 34 ans) - 23 octobre 2010
Cette confusion apparente cache pourtant un roman agréable à parcourir, construit d'une façon particulière ; aller-retour permanent entre le présent de Rahel qui va revoir son jumeau et leur enfance particulière. Le coeur de l'histoire se situe bien dans le passé, finalement nous n'apprendrons pas grand chose de la vie d'adulte des jumeaux, contrairement à ce à quoi on s'attend au début.
Une très belle description d'une relation mère-fille distante, à défaut d'avoir décrit les paysages de l'inde, avec en arrière fond le poids d'un drame survenu pendant l'enfance.
Le coût de la vie
Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 51 ans) - 30 août 2008
De façon moins impitoyable qu’avec Mistry dans L’équilibre du monde, on découvre le poids dans la société indienne de la religion, du système de caste, de la politique, dont les effets sont aggravés par la jalousie, l’arrivisme, la vanité.
Je n’en dirai pas plus sur l’intrigue, mais je veux insister sur le talent de cette écrivain pour décrire de façon imagée et poétique les lieux et les personnages, pour rendre les ambiances, moites et lourdes dans cette Inde tropicale, les sentiments des plus bas aux plus nobles, la fraîcheur insolente de l’enfance, son mélange de lucidité et d’incompréhension, son besoin de tendresse.
Quelques mots pour finir sur les petits riens : ce sont les petites choses qui font l’étoffe de la vie, en bien ou en mal. Ce sont aussi ces petites choses qui nous occupent, monopolisent notre attention et notre conversation, et nous empêchent de nous consacrer aux grandes, aux plus importantes.
Le démarrage est un peu difficile compte tenu de la chronologie éclatée et de la multiplicité des personnages qui sont présentés en vrac dès le début. Une fois dans le bain, l’ambiance du livre vous enveloppe. Et pourtant… si de façon analytique j’ai pu tracer ses qualités, ce n’est pas le coup de foudre après avoir refermé la couverture, le livre s’efface rapidement.
Hermétique
Critique de FightingIntellectual (Montréal, Inscrit le 12 mars 2004, 42 ans) - 4 décembre 2006
Drame à la Faulkner
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 20 octobre 2006
Et Faulkner, j’y ai pensé à la lecture de ce « Dieu des petits riens ». Le Faulkner du « Bruit et la fureur », d’ »Absalon, absalon », … Et ce n’est pas faire injure à Faulkner !
La difficulté dans ce roman, c’est sans conteste sa construction : en sandwich avec l’époque ancienne et l’époque moderne (20-25 ans après) pour lesquelles A. Roy alternent les chapitres. On a donc à la fois la genèse de l’affaire et les suites modernes. Tout finit par converger puisque l’époque moderne progresse à reculons pour exploser, péter dans les dernières pages. Et c’est beau, réellement fort, à commenter tout haut dans mon lit, en finissant le bouquin, mon admiration pour la prouesse.
L’écriture est belle et non dénaturée par la traduction. Il faut dire qu’une partie significative de son intérêt réside dans l’originalité et la modernité ébouriffante des propos (Faulkner, là encore … ?).
Deux faux jumeaux indiens, leur mère, Ammu, émouvante victime désignée, Velutha, l’Intouchable, Chako, l’oncle qui écrasera tout sur son passage, Baky Kochamma, la grand-tante infâme, tous personnages qui resteront longtemps présents dans mon esprit. Et le fleuve, élément omniprésent au Kerala, héros implacable …
Pas envie de résumer l’histoire. Juste dire qu’il s’agit d’un drame. Un vrai drame, à la fois vu par des yeux d’enfant, et vécu dans leur chair par deux adultes qui s’aiment. S’aimer, voilà bien qui peut constituer le tabou majeur au pays des Castes. Quelle démonstration !
4,5* au lieu de 5 à cause de cette construction qui doit en rebuter plus d’un.
Un petit échantillon :
« Dans le lit voisin, sa nièce et son neveu dormaient dans les bras l’un de l’autre. Un jumeau fièvreux, un autre glacé. Lui et Elle. Nous. Ils dormaient, non sans une vague prescience du destin qui les attendait, de tout ce que leur réservait l’avenir.
Ils rêvaient de leur fleuve.
Des cocotiers qui, penchés sur son cours, regardaient de leurs yeux de cocotiers passer les bateaux. Remontant le courant, le matin. Le soir, le redescendant. Et du bruit sourd et mat des perches de bambou frappant la coque sombre et vernie des barques.
Elle était tiède, l’eau. D’un vert mordoré. Comme une soie plissée.
Avec des poissons dedans.
Le ciel et les arbres.
Et, la nuit, la lune jaune qui s’émiettait dans ses vagues.
Quand elles en eurent assez d’avoir attendu, les odeurs du dîner descendirent des rideaux et s’échappèrent par les fenêtres de l’hôtel pour aller danser sur la mer jusqu’au petit matin.
Il était toujours deux heures moins dix. »
Une enfance brisée
Critique de Béatrice (Paris, Inscrite le 7 décembre 2002, - ans) - 3 septembre 2006
Petits riens, grand livre
Critique de Guigomas (Valenciennes, Inscrit le 1 juillet 2005, 55 ans) - 24 août 2006
Il s'agit d'un drame qui se noue autour d'un amour impossible, interdit. La narration est très "spiralée", un peu comme un lavabo qu'on vide et dans lequel l'eau tourne avant d'arriver dans le trou... C'est une construction un peu déroutante, car on est vite informé de l'origine du drame, puis on s'en éloigne, on s'en approche à nouveau, etc...
Les trouvailles d'écriture sont éblouissantes, et (je trouve, n'ayant pas lu la VO) bien retranscrites à la traduction.
Les personnages sont aussi particulièrement bien campés, surtout les jumeaux à travers lesquels l'histoire est racontée.
Une de mes plus belles lectures de ces derniers temps !
La lecture de Patryck Froissart
Critique de FROISSART (St Paul, Inscrit le 20 février 2006, 77 ans) - 12 août 2006
Auteure : Arundhati Roy
Editeur : Gallimard 1998
Titre original : The God of Small Things
Traduction: Claude Demanuelli
Nombre de pages: 439
ISBN: 2070411729
L’histoire est vue par les yeux de deux (faux) jumeaux, Rahel la fille et Estha le garçon, d’une famille indienne chrétienne (église de Syrie).
L’action principale se déroule dans la maison familiale à Ayemenem.
La mère, Ammu, divorcée, est, comme toute la famille, une Touchable (sic).
L’oncle, Chacko, frère d’Ammu, lui aussi divorcé, d’une Anglaise, Margaret, qu’il a laissée à Londres avec leur fille Sophie Mol, s’occupe, sans grand succès, de l’entreprise de confiseries et de confitures qu’a fondée la grand-mère, Mammachi. A vrai dire, il s’occupe plutôt des ouvrières de la fabrique, qu’il fait entrer la nuit dans la grande maison par une porte privée, percée à cet effet par une Mammachi complaisante, pour qui Chacko est le fils adulé depuis qu’il l’a défendue un soir contre Pappachi, le grand-père, qui avait coutume de la battre méthodiquement chaque jour.
Dans la maison habitent aussi, omniprésentes, la grand-tante des jumeaux, Baby Kochamma, et Kochu Maria, la servante.
Or les jumeaux, de purs Touchables, ont un ami, Velutha, un Intouchable, qui vit dans les environs, et dont le père, également Intouchable, exerce quelques responsabilités dans la fabrique, au grand dam des autres employés qui, eux, sont des Touchables.
Le jour où Margaret, devenue subitement veuve, débarque avec la blonde et rose Sophie Mol à Ayamenem, alors que tout ce monde de Touchables est rassemblé sur le perron, les yeux d’Ammu rencontrent ceux de Velutha, avec qui les jumeaux sont allés jouer, au bout du jardin. Le regard d’Ammu découvre soudain le corps de Velutha, la force de Velutha, la beauté sombre, sauvage, interdite, de Velutha.
Et l’amour naît, scandaleux, violent, passionné, impossible. L’inimaginable se réalise : l’Intouchable touche la Touchable, la Touchable touche l’Intouchable. C’est le désordre, l’anarchie, le chaos qui risquent de déferler sur cette société bien réglée.
Mais l’amour sera bref, car le système trouvera le moyen de ramener l’ordre, de rappeler aux uns et aux autres qu’on ne se touche pas ainsi impunément.
En effet, durant ces quelques jours où Ammu trouve enfin le bonheur dans les bras d’un homme, les jumeaux se construisent leur « cabane » sur une île au milieu du fleuve, et entraînent Sophie Mol dans leur monde d’enfants.
Et, la nuit qui suit le jour où la honteuse liaison d’Ammu est découverte, c’est le drame.
Une victime innocente, Sophie Mol, un bouc émissaire tout trouvé, Velutha, une immolation sauvage, et l’ordre est rétabli, et tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Le montage narratif de ce roman prenant est très singulier. Il peut désarçonner au long des cinquante premières pages. Le drame ici n’est pas l’aboutissement de l’histoire, mais son acte fondateur, présenté, par bribes, dans les éclats de mémoire d’un Eshta qui a sombré peu à peu dans la folie, et d’une Rahel qui essaie de le rejoindre, de se réunir à lui, dans une union, une fois de plus, de la nature de celles qui enfreignent les lois de l’amour, celles qui disent, dans cette société carcan, qui doit être aimé et comment. Et jusqu’à quel point.
L’atmosphère est lourde, pénible, oppressante, de bout en bout, même lorsque le récit s’émaille de pensées d’enfants, de comptines, de jeux de mots, même et surtout lorsque les événements, leurs causes, leurs conséquences, sont interprétés par les jumeaux au moment où ils se produisent (ils ont alors huit ans), et, de façon alternée, quand ils sont racontés, dans un temps décalé, du point de vue du narrateur (ils sont alors adultes, et brisés).
Ce livre est difficile à lire, mais il sait venir récompenser la patience et la curiosité du lecteur, qui par ailleurs y trouve, comme dans la plupart des romans indiens contemporains, une toile de fond socio-historique des plus intéressantes de ce pays riche de toutes les beautés et de toutes les laideurs de l’homme.
Patryck Froissart, Quatre Bornes, le 11 août 2006
Un "petit rien" trompeur !
Critique de Sol54 (, Inscrite le 19 juin 2005, 70 ans) - 19 juin 2005
Ah, oui !...
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 21 février 2003
Forums: Le dieu des petits riens
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Lecture difficile... Où va le lecteur ?!! :) | 20 | Norway | 21 février 2013 @ 12:02 |