Les fantômes du chapelier de Georges Simenon
Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Policiers et thrillers
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L'horreur sous la respectabilité
J'avais vu ce film, magnifiquement interprêté par Michel serrault et Charles Aznavour, alors que j'étais encore enfant. J'en gardais depuis lors le souvenir d'un très beau film qui m'avait captivée mais aussi un peu choquée (je n'avais alors que 10 ans). Je me suis donc enfin décidée à lire le roman de Simenon qui l'a inspiré. Pas de meilleur moment que cette année 2003, année Simenon, pour le faire.
Pour une fois, j'estime que le film a été à la hauteur du livre. Critiquer un roman de Simenon n'est pas chose facile, après les excellentes critiques déjà publiées sur ce site. Mais tant pis, je me lance.
Encore une fois, Simenon nous plonge dans la routine de quelques notables d'une petite ville de province, secouée par une vague de meurtres. En quelques jours plusieurs dames d'âge mûr sont retrouvées étranglées. Dès le début du livre, on connaît le coupable : Léon Labbé, le chapelier. L'intérêt du roman ne réside pas la, mais plutôt dans l'étude psychologique de ce notable, devenu meurtrier un peu par hasard. Dès les premières pages, il nous apparaît comme un homme sur de lui, qui aime à défier la police, en entretenant une correspondance avec un jeune journaliste au travers des colonnes de "L'écho des Charentes". Même lorsque son voisin, Monsieur Kachoudas, le tailleur, le confond, il ne perd pas sa belle assurance. En effet, qui irait croire un étranger qui ne se lie à personne plutôt que lui originaire de la ville? Mais peu à peu, on voit le chapelier douter, son comportement devient de moins en moins assuré et il commence à avoir peur. Cette modification du comportement et de l'état d'âme du coupable nous entraîne au plus profond de son âme. On partage véritablement ses pensées et ses craintes et ses frustrations : le quotidien d'une femme malade devenue méchante et irascible, être appelé le chapelier par ses amis plutôt que par son nom,... L'analyse psychologique représente la véritable force de ce roman, dans lequel une fois encore chez Simenon, la façade de respectabilité masque les instincts les plus noirs.
Je n'avais plu lu de romans de Simenon depuis "Le bourgmestre de Furnes" lors de mes études secondaires, mais la lecture de ce dernier m'a donné l'envie d'en lire d'autres.
Les éditions
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Les fantômes du chapelier [Texte imprimé] Georges Simenon
de Simenon, Georges
le Livre de poche / Le Livre de poche.
ISBN : 9782253148807 ; 5,60 € ; 01/01/2000 ; 187 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (5)
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Le chapelier fou et le pas très vaillant petit tailleur
Critique de Bookivore (MENUCOURT, Inscrit le 25 juin 2006, 42 ans) - 26 septembre 2024
Le roman est excellent, moins grandiose que le film selon moi, mais cette histoire de chapelier de province tueur fou de dames et de son voisin le tailleur juif timide, effacé, qui a compris quels infâmes actes commet le chapelier, est remarquable. Encore une fois, le génie de Simenon pour installer une atmosphère est total. Chabrol saura magnifiquement sublimer cette atmosphère.
Un sérial killer ( avant la lettre)
Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans) - 7 mai 2016
Signalons un leitmotiv lors de la description des personnages ( une expression qui d’ailleurs revient souvent dans les romans de Simenon) - pour faire court - : « C’était un pauvre type ! « - « C’était un imbécile ! » - « Un solennel imbécile ! – « C’était un raté ! ».
Fantastique description des personnages, signée, je vous le donne en mille : Georges Simenon.
Extraits :
* « - La vie n’est pas drôle ! »
« - Pourquoi serait-elle drôle ? »
* Il était petit, malingre. Il serait mauvais et il le savait ; il le savait si bien qu’il évitait de se tenir près des autres. C’était une odeur qui n’appartenait qu’à lui et aux siens, qu’on aurait appeler l’odeur Kachoudas, mélange d’ail de leur cuisine et du suint des étoffes. Ici, on ne disait rien, on feignait poliment de ne pas le remarquer mais, à l’école, des filles, moins discrètes, protestaient lorsqu’elles étaient placées à côté des gamines Kachoudas.
Exceptionnel
Critique de Frantz (, Inscrit le 18 mai 2011, 74 ans) - 12 décembre 2011
Les deux sont en effet des chefs d’œuvre, à mon avis. Le roman est d'une écriture soigneuse, précise et profondément humaine, comme presque toujours chez Simenon ; en effet, comme indiqué ci-dessus le livre est fondé sur la psychologie du criminel, et tout tourne autour de sa vision du monde, folle, sans doute (qui ne l'est pas un peu ?) mais à laquelle on finit presque par partager du moins en partie... Simenon montre comment le monde étouffant de la bourgeoisie des notables, où chacun a sa place, épié par les autres, où la moindre déviation sera sue, disséquée, jugée, peut être en soi générateur de crimes, comme un pouvoir totalitaire engendre la résistance et la transgression.
La dérive mentale du chapelier est finement éclairée, avec des fulgurances de folie - qui sont d'ailleurs parfaitement restituée dans le film, tâche difficile.
On peut ranger ce roman "policier" au sens large comme l'un des meilleurs de cet auteur.
De la vase dans les rue de la Rochelle.
Critique de Hexagone (, Inscrit le 22 juillet 2006, 53 ans) - 17 avril 2011
Ce qui semble être une constante dans les livres de Simenon, c'est la simplicité. Simplicité de l'histoire, des mots employés, des vies. Et puis derrière cette apparence de la simplicité, il y a la psychologie qui amène ses difficultés.
Les livres de Simenon me font penser à une mare à l'eau claire,et puis il prend un bâton et commence à remuer, tout doucement, sans à-coups, et puis on commence à voir des choses remonter, qui se marient bien avec la limpidité, c'est même joli. Et puis ça prend de l'ampleur, ça salit tout.
On a envie de dire eh Monsieur arrêtez de salir la mare, pourquoi faire remonter tout ça à la surface.
Mais au fond de nous ça nous plait ce qu'il fait, c'est excitant et tellement bien fait.
Simenon m'a subjugué par ce livre.
J'adore ce genre de littérature grand public d'une extrême grande qualité.
Polar psychologique
Critique de Coutal (, Inscrit le 11 juin 2007, 37 ans) - 18 août 2010
Un roman à lire.
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