Joseph Anton, une autobiographie de Salman Rushdie

Joseph Anton, une autobiographie de Salman Rushdie
(Joseph Anton : a memoir)

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances , Littérature => Anglophone

Critiqué par Tanneguy, le 12 décembre 2012 (Paris, Inscrit le 21 septembre 2006, 84 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (39 872ème position).
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Passionnant !

Joseph Anton (souvenirs de Conrad et Tchékov) est le pseudo utilisé par Rushdie lors de sa traque par les islamistes lancés à ses trousses par Khomeiny. Il s'agit là d'une autobiographie, comme le mentionne un sous-titre en couverture.

En février 1989 tout bascule dans la vie de ce jeune indien ambitieux qui rêve de conquérir la gloire littéraire après avoir publié deux "pavés" : les Enfants de Minuit puis les Versets Sataniques qui attire l'attention des "autorités" religieuses de l'Islam en la personne de Khomeiny, alors moribond, qui va lancer une "fatwa" ordonnant à tout musulman dans le monde de mettre à mort l'écrivain qui a osé manqué de respect au Dieu des croyants. Cette situation va durer plus de dix ans durant lesquels Salman Rushdie va vivre en reclus sous la protection des services secrets britanniques.

L'auteur va tout raconter en un très long livre qui rappellera bien des souvenirs à chacun d'entre nous. Il nous parle de sa propre vie, à Bombay d'abord ( il est né quelques jours avant l'indépendance en 1947), puis en Grande-Bretagne où il poursuit ses études avant de connaître une gloire dont il se serait passé en partie...

Il nous conte ses relations avec ses "gardiens" protecteurs avec beaucoup d'humour, avec ses collègues et nous reconnaissons bien des noms évoqués ; au passage il règle quelques comptes avec ceux qui l'ont parfois accablé lors des épreuves subies : j'ai apprécié un échange de lettres vigoureuses avec John Le Carré...

Il ne nous cache rien de ses histoires de coeur et de ses multiples divorces et mariages, voire de ses aventures passagères, par exemple avec Caroline, la fille de Jack Lang !

Plus sérieusement il commente l'actualité de cette période et nous aurons ses commentaires sur le 11 septembre qui survient alors qu'il s'est établi à New-York. Il analyse dans le détail les réactions de l'Islam dans le monde moderne, une religion qu'il respecte certes mais qu'il fustige comme d'ailleurs toutes les religions...

On peut aimer ou non l'auteur, il faut lui reconnaître une grande maîtrise du récit et du style. N'hésitez pas à vous lancer mais prenez votre temps, cela vaut le coup !

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Passionnant et ennuyeux

6 étoiles

Critique de Guermantes (Bruxelles, Inscrit le 18 mars 2005, 76 ans) - 12 février 2013

La lecture de ce livre a laissé en moi des sentiments très contradictoires : admiration pour la force et le courage dont l’auteur a fait preuve dans les moments difficiles qu’il a traversés, ennui voire irritation à la lecture des dizaines –voire des centaines- de pages consacrées à la relation minutieuse des moindres événements survenus lors de ses années de quasi réclusion.
Le début du livre où se trouvent évoquées ses années de formation en Inde d’abord, en Angleterre ensuite sonnent juste et sont même captivantes. Par moments, elles m’ont fait penser à cet excellent livre en partie autobiographique de V.S. Naipaul : «La moitié d’une vie » dans lequel le grand écrivain de Trinidad raconte son dur apprentissage de la société anglaise.
Rushdie est également passionnant lorsqu’il décrit la lente mise en place du piège qui va se refermer sur lui dans les mois qui ont suivi la fatwah de l’imam Khomeiny. On ne peut qu’être admiratif face à la force de caractère dont il a témoigné pour ne pas courber la tête face à ce dictat et continuer malgré tout à écrire et à se battre contre l’arbitraire qui le frappait. La description du rôle peu glorieux joué par certains intellectuels ou par une partie des autorités britanniques qui ne semblent l’avoir soutenu qu’à contrecoeur nous interpelle.
Malheureusement la description minutieuse des multiples rencontres qu’il fit tout au long de ces années, la transcription fidèle des conversations qu’il eut avec des amis, des critiques, des éditeurs , des agents littéraires dont les noms, pour la plupart, ne disent rien au lecteur non anglophone apparaît rapidement très fastidieuse. Par ailleurs,si Rushdie est émouvant lorsqu’il évoque ses tentatives pour parvenir à jouer pleinement son rôle de père en dépit des circonstances, ses descriptions détaillées de ses déboires amoureux apparaissent à la longue lassantes.
Bref, ce livre aurait beaucoup gagné à être plus bref. Tel qu’il est, il nous offre néanmoins le témoignage d’un esprit libre qui a la force de ne pas courber la tête devant l’injustice.

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