Le blé en herbe de Colette
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Un livre plein de charme, bien écrit, très psychologique
Depuis des années, Vinca et Phil passent leurs vacances avec leurs parents respectifs en Bretagne, plus exactement à côté de Cancale. Monsieur et Madame Audebert, parents de Phil louent une maison pour moitié avec Monsieur et Madame Ferret pour l’autre moitié, parents de Vinca. Celle-ci n’a que quinze ans et demie et Phil, depuis quelques mois a furieusement tendance à la toiser du haut de ses seize ans et demi.
Or, Vinca est amoureuse de Phil, amoureuse comme on peut l'être à cet âge, totalement, inaltérablement. Phil, quant à lui, estime que Vinca lui appartient sans discussion aucune, mais ne se considère nullement lié à elle pour autant, autrement que par une très grande amitié.
Un jour, tout à fait par hasard, Phil se trouve face à une très jolie femme d'une trentaine d'années qui lui demande le chemin. Vinca le surprend lui parlant et, instinctivement, se hérisse. Elle n'a pas tort, puisque Phil et cette femme se reverront et qu’elle deviendra même sa toute première maîtresse. Malgré tout il n’oublie pas Vinca, mais la comparaison est difficile quand d’un côté il y a le corps rude et ascétique d’une jeune fille, alors que de l’autre il y a un parfum envoûtant, une chair chaude, accueillante et tout en courbes douces. La découverte d’un vrai corps de femme et de l'amour physique ne se fait pas sans laisser de traces…
J'ai aimé ce livre qui, par ailleurs, se lit très facilement, comme tous les livres de Colette.
Tout d'abord il convient de rendre hommage à la beauté de l’écriture de Colette. Sa langue coule délicatement, souple et déliée.
Mais elle nous donne aussi ici de très belles études psychologiques. Tout d’abord celle de l'adolescence, que ce soit pour Vinca ou pour Phil. « - Patienter, patienter. (répond Phil à Vinca)… Un mot détesté venait d'empoisonner sa sieste heureuse de lycéen en vacances, dont les seize ans vigoureux s’accommodaient d’oisiveté, de langueur immobile, mais que l'idée d’attente, de patiente évolution exaspérait. » Les deux adolescents sont très différents, mais très crédibles. Phil est plus égoïste, plus léger, volage et trouve normal de l'être. Il se voit bien prolongeant sa nonchalance quelques bonnes années encore, n'ayant aucune idée de ce qu’il voudrait devenir. Il n’a qu'une certitude : en aucun cas il ne fera le métier de son père ! Il ne peut résister à l'attirance que représente « la femme », mais à la fois il entend bien conserver ses droits sur Vinca.
Quant à elle, elle devinera ce qui se passe en Phil et le mènera à tout lui avouer. Alors qu’il est convaincu qu’il l'a perdue, elle reste inébranlable : c'est elle qu'il épousera et personne d'autre. Elle fera ce qu’il faudra et ira même loin. Vinca sait ce qu'elle veut, c’est déjà une petite femme, quand lui n'est qu’un jeune homme assez pataud et empêtré. Et puis, il y a la petite sœur de Vinca et les parents. Ces derniers ne voient rien et ne se mêlent quasiment de rien. D'ailleurs, Phil et Vinca les appellent des « Ombres », ce qui est assez conforme à ce que des adolescents pensent de leurs parents à cet âge. ( « .et quelque Ombre s’arrêta de remuer », « - Laissez donc, dit une Ombre indulgente. » etc.)
Et enfin il y a cette phrase superbe « . Il est peu d'heures dans la vie d’un homme où le corps content, les yeux récompensés et le coeur léger, retentissant, presque vide, reçoivent en un moment tout ce qu'ils peuvent contenir, et je me souviendrai de celle-ci. »
Je ne peux m’empêcher de la mettre en parallèle avec la phrase de Camus qui écrira quelques années plus tard dans « Noces », lui aussi adolescent : « Le visage mouillé de sueur mais le corps frais dans la légère toile qui nous habille, nous étalons tous l'heureuse lassitude d’un jour de noces avec le monde. »
Lui a pu sentir ce moment de plénitude d’un instant magique.
Ce livre, à l'époque où il a été publié, a du en choquer plus d'un, plus d’une !… Un autre parallèle à faire, mais avec Raymond Radiguet et son « Diable au corps » !
Les éditions
-
Le Blé en herbe de Colette
de Colette,
Flammarion
ISBN : 9782080702180 ; 0,40 € ; 04/01/1999 ; 249 p. ; Poche -
Le blé en herbe [Texte imprimé] Colette présentation, notes et dossier par Frédéric Maget,...
de Colette, Maget, Frédéric (Editeur scientifique)
Flammarion / Étonnants classiques (Paris)
ISBN : 9782080722577 ; 3,30 € ; 15/09/2006 ; 168 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (14)
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plus d'herbe que de blé
Critique de Krapouto (Angouleme Charente, Inscrit le 4 mars 2008, 79 ans) - 21 août 2017
Le blé sans l'ivraie
Critique de Lison (, Inscrite le 6 février 2014, 74 ans) - 6 septembre 2014
La libération des mœurs étant passée par là, que reste-t-il du roman ? Plus rien de choquant ni de subversif mais incontestablement, une prose magnifique dans un récit où chaque passage évoque une aquarelle ou une photo d’art.
Seulement, voilà : je n’ai pas été véritablement touchée par ces amours adolescentes, par cet adieu à l’enfance. Peut-être la perfection de l’écriture, son esthétisme poussé au paroxysme ne laissent-ils pas assez de place à l’émotion, à la passion ? Le récit est contenu avec des arrêts sur – belles – images, les dialogues mesurés : j’ai eu l’impression que Colette ne lâchait pas la bride à son élan créatif. Qu’on est loin de la joyeuse exubérance de "Claudine à l’école" ! Et comme ils sont raisonnables, Phil et Vinca, bien éloignés de la fougue de l’adolescence ! Et pas seulement dans leur relation : songez que la seule ambition de cette toute jeune fille de quinze ans est de seconder sa mère dans les soins du ménage ! Je l’aurais aimée plus insoumise… Bref, il manque à ce blé quelques herbes folles…
Jules a rapproché avec raison "Le blé en herbe" du "Diable au corps" pour leur thème similaire et pour ma part, je préfère le second qui, selon moi, a mieux traversé le temps.
Superflu mais nécessaire.
Critique de 1971 (, Inscrit le 27 novembre 2011, 53 ans) - 4 novembre 2012
Mais j'ai été déçu par ce livre.
Je n'ai jamais accroché au rythme, il faut reprendre son souffle pour conserver la cadence de la lecture, ça ne coule pas de source.
Les puristes apprécieront cette prose au millimètre, cette éternelle histoire d'amours adolescents mâtinés de coquineries bien sages.
Mis à part le grand talent de Colette , je n'ai pas cru à cette histoire de jeunes gens qui se prennent pour des grands, même si le roman fait la part belle à ce moment où tout bascule dans la vie des êtres, en l’occurrence ici la découverte de l'amour.
Petit plus, comment ne pas voir planer le fantôme de Colette derrière le visage de l'initiatrice ?
un jeune homme
Critique de Cyclo (Bordeaux, Inscrit le 18 avril 2008, 78 ans) - 25 juin 2012
Le blé en herbe n'échappe pas à cette règle, ce n'est pas un roman d'aventure (quoique) ni un roman psychologique (encore que), mais un roman sur la découverte du corps. Je l'avais lu à vingt ans, après avoir vu le beau film d'Autant-Lara (Edwige Feuillère y est merveilleuse dans le rôle de la dame en blanc), et en tant qu'adolescent j'avais été conquis, retrouvé mes sentiments et mes pulsions... Je l'ai relu récemment, je le trouve encore meilleur, fin, délicat. Les personnages féminins sont particulièrement bien menés comme toujours chez Colette, excellente connaisseuse de l'âme féminine.
Bravo
Critique de Lecteur fou (, Inscrit le 27 novembre 2011, 29 ans) - 28 novembre 2011
Colette écrit très bien. Elle nous fait comprendre le passage de la jeunesse à l'adulte.
J'ai savouré chaque page.
Bravo
Déception!
Critique de Lalie2548 (, Inscrite le 7 avril 2010, 39 ans) - 17 août 2011
Catastrophe!
Critique de Edlitolc (, Inscrite le 13 mars 2011, 28 ans) - 13 mars 2011
Si vous voulez le lire (ce que je vous déconseille fortement) prévoyez un oreiller!
Le blé en [fines] herbes...
Critique de Le Cerveau-Lent (, Inscrit le 4 avril 2010, 31 ans) - 14 avril 2010
Comment ne pas succomber aux délices que nous offre cette littérature finement dosée, aromatisée à souhait, avec laquelle elle nous montre la beauté d'une enfance trop vite révolue, et d'une adolescence trop vite arrivée...
D'ailleurs, le titre caractérise en lui-même les deux personnages que sont Philippe et Vinca : deux jeunes pousses attendant l'âge mur [pour le peu qu'il existe...], mais encore fragiles et sensibles tels des bourgeons fraîchement éclos...
C'est sans doute parce que je traverse cette période délicate que ce livre m'a séduit, mais aussi par le style frais et doux avec lequel Colette sème des mots, et très peu de mauvaises herbes...
Adolescents du début du siècle
Critique de Smokey (Zone 51, Lille, Inscrite le 12 août 2008, 38 ans) - 5 janvier 2009
Donc, je dirais que c'est pas mal, court et intéressant (même si ça reste un peu mièvre, je suis d'accord avec ça).
Le blé s’est noyé, dilué par une pluie de mièvreries…
Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 24 août 2005
La découverte de l'amour...
Critique de Le petit K.V.Q. (Paris, Inscrit le 8 juillet 2004, 31 ans) - 22 janvier 2005
A lire !
L'histoire douce-amère de deux jeunes amoureux
Critique de Kreen78 (Limours, Inscrite le 11 septembre 2004, 46 ans) - 13 décembre 2004
Par cet écrit, je viens de découvrir le style de Colette. Il est doux, attachant, très bien construit et très réfléchi. Elle nous permet de connaître la psychologie des personnages, et tout auteur n'est pas forcément en mesure de le faire.
Elle a une subtilité dans sa plume qui m'émerveille, et même si l'histoire est simple au final, elle en est toute aussi touchante dans la description vraie des sentiments de Phil et Vinca.
Un classique !
Critique de Clarabel (, Inscrite le 25 février 2004, 48 ans) - 7 octobre 2004
Initiation amoureuse sous le signe de la mélancolie
Critique de Fee carabine (, Inscrite le 5 juin 2004, 50 ans) - 9 août 2004
C'est très joliment écrit. Colette a des accents d'une sensualité frémissante pour décrire le trouble naissant entre Phil et Vinca, les couleurs changeantes de la mer et la caresse du vent sur la peau des baigneurs. C'est magnifique bien sûr, mais cela me laisse sur ma faim... Je me prends à penser que, compte tenu des sentiments en jeux, ce livre aurait dû brûler de toute l'intransigeance passionnée de l'adolescence... Et puis, non... "Le blé en herbe" m'a procuré deux jours de lecture très agréables, mais il ne m'a pas fait vibrer. D'où une cote éminemment subjective et qui peut paraître sévère pour un livre aux qualités indéniables.
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