Le blé en herbe
de Colette

critiqué par Jules, le 7 janvier 2003
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
Un livre plein de charme, bien écrit, très psychologique
Depuis des années, Vinca et Phil passent leurs vacances avec leurs parents respectifs en Bretagne, plus exactement à côté de Cancale. Monsieur et Madame Audebert, parents de Phil louent une maison pour moitié avec Monsieur et Madame Ferret pour l’autre moitié, parents de Vinca. Celle-ci n’a que quinze ans et demie et Phil, depuis quelques mois a furieusement tendance à la toiser du haut de ses seize ans et demi.
Or, Vinca est amoureuse de Phil, amoureuse comme on peut l'être à cet âge, totalement, inaltérablement. Phil, quant à lui, estime que Vinca lui appartient sans discussion aucune, mais ne se considère nullement lié à elle pour autant, autrement que par une très grande amitié.
Un jour, tout à fait par hasard, Phil se trouve face à une très jolie femme d'une trentaine d'années qui lui demande le chemin. Vinca le surprend lui parlant et, instinctivement, se hérisse. Elle n'a pas tort, puisque Phil et cette femme se reverront et qu’elle deviendra même sa toute première maîtresse. Malgré tout il n’oublie pas Vinca, mais la comparaison est difficile quand d’un côté il y a le corps rude et ascétique d’une jeune fille, alors que de l’autre il y a un parfum envoûtant, une chair chaude, accueillante et tout en courbes douces. La découverte d’un vrai corps de femme et de l'amour physique ne se fait pas sans laisser de traces…
J'ai aimé ce livre qui, par ailleurs, se lit très facilement, comme tous les livres de Colette.
Tout d'abord il convient de rendre hommage à la beauté de l’écriture de Colette. Sa langue coule délicatement, souple et déliée.
Mais elle nous donne aussi ici de très belles études psychologiques. Tout d’abord celle de l'adolescence, que ce soit pour Vinca ou pour Phil. « - Patienter, patienter. (répond Phil à Vinca)… Un mot détesté venait d'empoisonner sa sieste heureuse de lycéen en vacances, dont les seize ans vigoureux s’accommodaient d’oisiveté, de langueur immobile, mais que l'idée d’attente, de patiente évolution exaspérait. » Les deux adolescents sont très différents, mais très crédibles. Phil est plus égoïste, plus léger, volage et trouve normal de l'être. Il se voit bien prolongeant sa nonchalance quelques bonnes années encore, n'ayant aucune idée de ce qu’il voudrait devenir. Il n’a qu'une certitude : en aucun cas il ne fera le métier de son père ! Il ne peut résister à l'attirance que représente « la femme », mais à la fois il entend bien conserver ses droits sur Vinca.
Quant à elle, elle devinera ce qui se passe en Phil et le mènera à tout lui avouer. Alors qu’il est convaincu qu’il l'a perdue, elle reste inébranlable : c'est elle qu'il épousera et personne d'autre. Elle fera ce qu’il faudra et ira même loin. Vinca sait ce qu'elle veut, c’est déjà une petite femme, quand lui n'est qu’un jeune homme assez pataud et empêtré. Et puis, il y a la petite sœur de Vinca et les parents. Ces derniers ne voient rien et ne se mêlent quasiment de rien. D'ailleurs, Phil et Vinca les appellent des « Ombres », ce qui est assez conforme à ce que des adolescents pensent de leurs parents à cet âge. ( « .et quelque Ombre s’arrêta de remuer », « - Laissez donc, dit une Ombre indulgente. » etc.)
Et enfin il y a cette phrase superbe « . Il est peu d'heures dans la vie d’un homme où le corps content, les yeux récompensés et le coeur léger, retentissant, presque vide, reçoivent en un moment tout ce qu'ils peuvent contenir, et je me souviendrai de celle-ci. »
Je ne peux m’empêcher de la mettre en parallèle avec la phrase de Camus qui écrira quelques années plus tard dans « Noces », lui aussi adolescent : « Le visage mouillé de sueur mais le corps frais dans la légère toile qui nous habille, nous étalons tous l'heureuse lassitude d’un jour de noces avec le monde. »
Lui a pu sentir ce moment de plénitude d’un instant magique.
Ce livre, à l'époque où il a été publié, a du en choquer plus d'un, plus d’une !… Un autre parallèle à faire, mais avec Raymond Radiguet et son « Diable au corps » !
plus d'herbe que de blé 3 étoiles

pas besoin de deux jours, deux heures suffisent. Au début on lit tout, puis les paragraphes en diagonales, descriptions et états d'âme, se succèdent. C'est ce qu'on appelle la littérature de gare. Pauvre Colette, c'est son oeuvre la plus connue ! Les ados ont des pensées qui, traduites par Colette, ressemblent à une thèse de psychologue en mal de décrocher son diplôme. Mais quand va-t-il se passer quelque chose ?? Tiens, c'est fini ? Le champ est envahi par l'herbe, le blé a du mal à pousser. C'est pas pour demain la moisson.

Krapouto - Angouleme Charente - 78 ans - 21 août 2017


Le blé sans l'ivraie 7 étoiles

Nul doute que ce roman audacieux dut choquer un public bien-pensant puisque Colette osa y parler de l’initiation sexuelle d’un tout jeune homme, presque un enfant, par une femme mûre, et plus généralement de la sexualité des adolescents, sujets sulfureux au début du XXe siècle.
La libération des mœurs étant passée par là, que reste-t-il du roman ? Plus rien de choquant ni de subversif mais incontestablement, une prose magnifique dans un récit où chaque passage évoque une aquarelle ou une photo d’art.

Seulement, voilà : je n’ai pas été véritablement touchée par ces amours adolescentes, par cet adieu à l’enfance. Peut-être la perfection de l’écriture, son esthétisme poussé au paroxysme ne laissent-ils pas assez de place à l’émotion, à la passion ? Le récit est contenu avec des arrêts sur – belles – images, les dialogues mesurés : j’ai eu l’impression que Colette ne lâchait pas la bride à son élan créatif. Qu’on est loin de la joyeuse exubérance de "Claudine à l’école" ! Et comme ils sont raisonnables, Phil et Vinca, bien éloignés de la fougue de l’adolescence ! Et pas seulement dans leur relation : songez que la seule ambition de cette toute jeune fille de quinze ans est de seconder sa mère dans les soins du ménage ! Je l’aurais aimée plus insoumise… Bref, il manque à ce blé quelques herbes folles…

Jules a rapproché avec raison "Le blé en herbe" du "Diable au corps" pour leur thème similaire et pour ma part, je préfère le second qui, selon moi, a mieux traversé le temps.

Lison - - 73 ans - 6 septembre 2014


Superflu mais nécessaire. 6 étoiles

Colette est un grand auteur, elle sait manier les mots, décrire des paysages, des états d'âmes et fouiller subtilement les êtres qu'elle anime dans ses romans, mais .
Mais j'ai été déçu par ce livre.
Je n'ai jamais accroché au rythme, il faut reprendre son souffle pour conserver la cadence de la lecture, ça ne coule pas de source.
Les puristes apprécieront cette prose au millimètre, cette éternelle histoire d'amours adolescents mâtinés de coquineries bien sages.
Mis à part le grand talent de Colette , je n'ai pas cru à cette histoire de jeunes gens qui se prennent pour des grands, même si le roman fait la part belle à ce moment où tout bascule dans la vie des êtres, en l’occurrence ici la découverte de l'amour.
Petit plus, comment ne pas voir planer le fantôme de Colette derrière le visage de l'initiatrice ?

1971 - - 53 ans - 4 novembre 2012


un jeune homme 10 étoiles

On constate bien ici à lire les critiques éclair combien il est ridicule de vouloir lire Colette à 15-16 ans... Colette est vraiment un auteur pour gens matures, qui ont vécu, et réfléchi sur la vie.
Le blé en herbe n'échappe pas à cette règle, ce n'est pas un roman d'aventure (quoique) ni un roman psychologique (encore que), mais un roman sur la découverte du corps. Je l'avais lu à vingt ans, après avoir vu le beau film d'Autant-Lara (Edwige Feuillère y est merveilleuse dans le rôle de la dame en blanc), et en tant qu'adolescent j'avais été conquis, retrouvé mes sentiments et mes pulsions... Je l'ai relu récemment, je le trouve encore meilleur, fin, délicat. Les personnages féminins sont particulièrement bien menés comme toujours chez Colette, excellente connaisseuse de l'âme féminine.

Cyclo - Bordeaux - 78 ans - 25 juin 2012


Bravo 10 étoiles

J'ai adoré ce livre.

Colette écrit très bien. Elle nous fait comprendre le passage de la jeunesse à l'adulte.
J'ai savouré chaque page.
Bravo

Lecteur fou - - 28 ans - 28 novembre 2011


Déception! 5 étoiles

Je n'ai pas accroché du tout à ce livre. Je me suis ennuyée et j'ai ramé pour le finir. L'histoire ne m'a pas captivée et je suis déçue car j'attendais un livre qui me transporte. J'ai trouvé que les personnages n'étaient pas très crédibles et que leur histoire était un peu difficile à suivre. Je m'y suis perdue et je ne sais si c'est parce qu'il ne se passe pas grand-chose ou parce que l'écriture fait que je me suis embrouillée. Je reconnais que c'est bien rédigé mais je n'ai pas été prise dans l'histoire. Je le conseille néanmoins car c'est peut-être moi qui suis complètement passée à côté et je vais peut-être, d'ailleurs, le relire un jour pour voir si mon avis change.

Lalie2548 - - 39 ans - 17 août 2011


Catastrophe! 1 étoiles

Oh mon Dieu, comment est-il possible de faire un livre aussi nul!? Durant chaque moment, on s'ennuie, il ne se passe rien. J'ai été obligé de le lire et cela n'a pas été une très grande réussite. Colette répète sans arrêt leur âge!!
Si vous voulez le lire (ce que je vous déconseille fortement) prévoyez un oreiller!

Edlitolc - - 27 ans - 13 mars 2011


Le blé en [fines] herbes... 8 étoiles

Ahhh Colette... encore une heureuse découverte...
Comment ne pas succomber aux délices que nous offre cette littérature finement dosée, aromatisée à souhait, avec laquelle elle nous montre la beauté d'une enfance trop vite révolue, et d'une adolescence trop vite arrivée...
D'ailleurs, le titre caractérise en lui-même les deux personnages que sont Philippe et Vinca : deux jeunes pousses attendant l'âge mur [pour le peu qu'il existe...], mais encore fragiles et sensibles tels des bourgeons fraîchement éclos...
C'est sans doute parce que je traverse cette période délicate que ce livre m'a séduit, mais aussi par le style frais et doux avec lequel Colette sème des mots, et très peu de mauvaises herbes...

Le Cerveau-Lent - - 31 ans - 14 avril 2010


Adolescents du début du siècle 6 étoiles

Bon, c'est vrai, je n'aime pas du tout Colette...Je ne peux pas dire que j'ai adoré ce livre, il n'est pas très compliqué mais il met bien en valeur la construction de l'identité féminine. On y voit la main mise de la mère sur la fille, les premières amours, bref, les états de la femme de l'enfance (Lisette) à l'adolescence (Vinca), l'amante de l'entre-deux âges (la Dame en blanc) et la mère de famille. Colette met également en valeur le poids des conventions et des institutions de l'époque sur les jeunes filles.

Donc, je dirais que c'est pas mal, court et intéressant (même si ça reste un peu mièvre, je suis d'accord avec ça).

Smokey - Zone 51, Lille - 38 ans - 5 janvier 2009


Le blé s’est noyé, dilué par une pluie de mièvreries… 4 étoiles

Pour ma part, je n’ai pas été sensible à cette histoire d’amour (un bien grand mot en l’occurrence) entre deux adolescents, perturbée par une autre histoire d’amour entre l’adolescent en question et une femme plus âgée. « Le blé en herbe » est archi-connu, et je me demande pourquoi. Ce n’est pas que le livre soit mauvais, il est simplement mièvre. D’autre part, je n’ai pas cru une seule seconde à cette histoire, peut-être parce que Colette met dans la bouche d’adolescents des phrases d’adultes. Je me suis même énervée à un moment, me disant : « bon sang, il arrive quand, le moment intense ; il commence quand, le livre ? ». Page après page, du convenu, de l’attendu… Un brin de sensualité, tout de même, mais à nouveau, du remâché… Sorry, je classe ce livre dans les jolies historiettes pour adolescents…

Saint-Germain-des-Prés - Liernu - 56 ans - 24 août 2005


La découverte de l'amour... 9 étoiles

Un été. Une villa. Un superbe paysage. Deux adolescents qui s'aiment, résolument tournés vers l'avenir. Et puis Phil, qui s'éprend d'une plus âgée que lui. Cette histoire d'amour, brûlante, nous est décrite avec une sensualité et une musicalité que Colette manie à merveille. Sous l'apparente désinvolture de cette histoire saganienne, se cache un thème plus profond : la découverte de l'amour. Colette est vraiment un gigantesque écrivain. Une femme libre, passionnée, une des femmes féministes les plus admirables...

A lire !

Le petit K.V.Q. - Paris - 31 ans - 22 janvier 2005


L'histoire douce-amère de deux jeunes amoureux 7 étoiles

Jules a fait une superbe critique. Je préfère donc m'abstenir de tout long commentaire sur cette oeuvre.

Par cet écrit, je viens de découvrir le style de Colette. Il est doux, attachant, très bien construit et très réfléchi. Elle nous permet de connaître la psychologie des personnages, et tout auteur n'est pas forcément en mesure de le faire.

Elle a une subtilité dans sa plume qui m'émerveille, et même si l'histoire est simple au final, elle en est toute aussi touchante dans la description vraie des sentiments de Phil et Vinca.

Kreen78 - Limours - 45 ans - 13 décembre 2004


Un classique ! 7 étoiles

Plonger dans "Le blé en herbe" nous entraîne sur les côtes bretonnes, sur les plages et dans les herbes folles, au cours de parties de pêche ou de baignades, sous un soleil qui s'éteint en cette fin de vacances répétitives ... Depuis leur enfance, Philippe et Vinca louent une villa avec leurs familles et y passent six semaines d'insouciance et de gaieté. Mais cette année, les choses sont différentes: Philippe a seize ans et demie, Vinca un an de moins. Pas encore adultes, plus totalement des enfants. Ils sont dans cette antichambre où les corps changent, les troubles apparaissent, les sentiments s'aigrissent, accompagnés des déceptions, des amertumes et des jalousies. Peut-être est-ce de l'amour entre ces deux-là qui ne s'avouent rien mais se disputent, s'en veulent et se le reprochent. Ou bien c'est le démarrage d'une nouvelle vie ?.. Car Philippe va rencontrer la Dame Blanche, une élégante et belle femme de trente ans qui vient d'habiter une villa voisine. Troublé, le garçon ira vers elle, se laissera séduire et partira en escapades nocturnes la retrouver et s'enivrer de cette nouvelle aventure. Mais secrets, trahisons, mensonges et défaillances vont former le dialogue muet des deux amis d'enfance. Ils s'éloignent, en souffrent : lui de quitter l'enfance, elle de ne pas être cette première et unique, d'être écartée ... "Le blé en herbe" parle de la douloureuse initiation à l'amour et à la vie. Des premiers émois amoureux et adolescents. Une lecture a priori mièvre et désuète, mais ce roman devient exceptionnel par l'extraordinaire plume de l'auteur. Colette avait un don inégalable de tourner ses lettres sensuellement, poétiquement et de rendre son roman sensoriel. On ne lit pas, on sent !.. Le parfum des fleurs, de la terre, de la mer ... On entend le bruit des abeilles, le battement des fléaux, le vent dans les herbes ... On goûte le sucre des poires, on ressent la brûlure du soleil sur la peau, et la douceur d'une paume de main contre le bras nu ... C'est palpable, délicatement amené, dramatique et nécessaire, c'est une ivresse littéraire.

Clarabel - - 48 ans - 7 octobre 2004


Initiation amoureuse sous le signe de la mélancolie 6 étoiles

Une villa au bord de la côte cancalaise, où deux familles liées par l'amitié se retrouvent chaque année pour les vacances d'été. Les "enfants": Phil (16 ans) et Vinca (15 ans), aux yeux de pervenche. "L'amour, grandi avant eux, avait enchanté leur enfance et gardé leur adolescence des amitiés équivoques. Moins ignorant que Daphnis, Philippe révérait et rudoyait Vinca en frère, mais la chérissait comme si on les eût, à la manière orientale, mariés dès le berceau..." Et puis, Phil rencontre inopinément, dans les dunes, la mystérieuse "dame en blanc", locataire d'une villa voisine qui ne tarde pas à l'envoûter... Suit le récit d'une double initiation amoureuse qui est aussi un adieu à l'enfance - sa pureté ou son inconscience, une initiation amoureuse marquée du sceau de la mélancolie et qui laisse un arrière-goût un peu amer: "un peu de douleur... un peu de plaisir..." Ce n'est que cela...

C'est très joliment écrit. Colette a des accents d'une sensualité frémissante pour décrire le trouble naissant entre Phil et Vinca, les couleurs changeantes de la mer et la caresse du vent sur la peau des baigneurs. C'est magnifique bien sûr, mais cela me laisse sur ma faim... Je me prends à penser que, compte tenu des sentiments en jeux, ce livre aurait dû brûler de toute l'intransigeance passionnée de l'adolescence... Et puis, non... "Le blé en herbe" m'a procuré deux jours de lecture très agréables, mais il ne m'a pas fait vibrer. D'où une cote éminemment subjective et qui peut paraître sévère pour un livre aux qualités indéniables.

Fee carabine - - 50 ans - 9 août 2004