La Fausse Suivante de Pierre de Marivaux

La Fausse Suivante de Pierre de Marivaux

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Théâtre et Poésie => Théâtre

Critiqué par Nance, le 16 novembre 2012 (Inscrite le 4 octobre 2007, - ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (40 440ème position).
Visites : 5 577 

Obscur-clair

« LE CHEVALIER. Je regarde le moment où j’ai connu Lélio comme une faveur du Ciel, dont je veux profiter, puisque je suis ma maîtresse, et que je ne dépends plus de personne. L’aventure où je me suis mise ne surprendra point ma soeur; elle sait la singularité de mes sentiments. J’ai du bien; il s’agit de le donner avec ma main et mon coeur; ce sont de grands présents, et je veux savoir à qui je les donne. »

Une jeune femme riche se déguise en chevalier pour savoir si son fiancé, dont quelqu’un l’aurait vu en présence d’une autre femme, lui est fidèle et est un homme honnête. Elle va aussi chercher à séduire cette femme pour la tester (être sa fausse suivante, le titre est un peu ambiguë).

Pièce en trois actes de 1729, elle a été modifiée en 1753 et c’est cette version que j’ai lue (découpage en plus de scènes, orthographe et ponctuation « modernisées »). J’ai dû m’habituer au parler de l’époque, mais les notes de mon édition m’ont grandement aidé (Le livre de poche, 18002, « BAC 2001 / Édition commentée »). Elle avait aussi une longue préface (que j’ai lu après pour ne pas avoir de révélations) et un court dossier (commentaires de divers auteurs/philosophes sur Marivaux), ainsi que d’autres informations pour les intéressés (chronologie, bibliographie).

C’est une pièce sombre racontée de façon joyeuse. C’est léger, mais on a l’impression qu’il y a beaucoup de drames qui se cachent derrière tout ça. Le personnage principal du faux chevalier est assez original et extravagant (et cruel), je me suis vite attaché à lui / elle, bien qu’on ne se demande si elle ne joue pas trop avec le sentiment des gens, mais elle donne ses raisons / excuses, ce qui fait qu’on lui pardonne facilement. L’auteur utilise bien le thème classique du déguisement des sexes et va être aussi utilisé dans quelques une de ses autres pièces.

Je suis contente d’avoir lu cette pièce, j’ai passé un bon moment. Je voulais la lire avant de voir l’adaptation de 2000 avec Sandrine Kiberlain dans le rôle titre. Aussi, j’ai hâte de lire d’autres oeuvres de Marivaux avec impatience.

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Ecriture de maître

8 étoiles

Critique de XueSheng (, Inscrite le 26 novembre 2012, 38 ans) - 2 février 2013

Marivaux est un auteur français dont la réputation est trompeuse. Pour beaucoup, qui ne l'ont pas lu, ou seulement partiellement et trop tôt (lors de leurs années d'études secondaires), il est vieillot, maniéré, et n'aurait écrit que des comédies sans profondeur.

Pourtant, cette pièce (et d'autres du même auteur) suscite non seulement l'admiration pour la langue parfaite, admirable, dans laquelle elle est écrite, mais elle comporte aussi sa part de noirceur, de doute, et de complexité humaines.

Les personnages ne sont pas ceux que l'on croit deviner au début, leur cheminement psychologique révèle les détours et mouvements de leurs âmes, et c'est un délice pour le lecteur.

Certes, le public est aujourd'hui accoutumé à des écritures beaucoup plus banales, simplistes et à des textes vite lus (et vite oubliés). Mais heureusement, ceux qui prennent la peine (minime) de s'intéresser aux auteurs français du passé y trouveront une grande récompense.
L'un des moyens de constater la qualité d'un livre est qu'on le reprend en main pour y relire une phrase, une page ou un chapitre (un acte pour une pièce) alors qu'un texte de "consommation courante" ne sera, en général, plus jamais ouvert.

Cette pièce fait partie de ces petits livres qu'on conserve pour toujours dans sa bibliothèque.

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