Le roman de Bergen : 1999 Le crépuscule : Tome 1 de Gunnar Staalesen

Le roman de Bergen : 1999 Le crépuscule : Tome 1 de Gunnar Staalesen
(1999 aftensang)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Jlc, le 15 novembre 2012 (Inscrit le 6 décembre 2004, 80 ans)
La note : 7 étoiles
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Bergen, ta mémoire

Cette critique rend compte globalement de la troisième partie du "Roman de Bergen" publié en France en deux tomes.


Je connais enfin, en refermant le sixième livre de cette « saga », les circonstances dans lesquelles le consul Frimann a disparu le 31 décembre 1899. Jusqu’aux toutes dernières pages, Gunnar Staalesen a su nous tenir en haleine et nous surprendre.

« Le roman de Bergen -1999 Le Crépuscule » est la chronique de la ville norvégienne de 1962 à 1999. Comme dans les deux parties précédentes, « l’Aube puis le Zénith », l’auteur mélange fiction et réalité et arrive à la vérité par le mensonge qu’est tout roman. Ainsi du reportage radiophonique sur le 10000 mètres hommes aux Jeux Olympiques de Melbourne, en 1956. Tout est vrai : la date, les péripéties de l’épreuve, le classement, le nom de tous les participants, sauf un qui serait ensuite devenu inspecteur de police, pure invention de l’auteur. Et on marche (si on peut dire), allant jusqu’à vérifier dans Wikipédia.

« Le Crépuscule » nous fait découvrir une nouvelle génération qui va vivre des événements qui vont la façonner. Ceci va de l’épopée de Martin Luther King, prix Nobel de la paix en 1964 à la lutte pour la cause féministe, des premiers pas sur la lune à l’effondrement du mur de Berlin, de l’Albanie, « phare du socialisme en Europe » selon Mao, à la découverte de gisements de pétrole et à la rente qu’elle induit mais aussi des accidents dramatiques qu'elle engendra, de l’enquête sur les violences commises par la police locale à la guerre du Vietnam. Après l’assassinat de John Kennedy à Dallas en 1963, son porte-parole avait prédit que tout le monde pourrait, bien des années plus tard, répondre à la question : « Où étiez vous quand vous avez appris l’assassinat du Président Kennedy ? » Cette prédiction s’est bien souvent vérifiée et Gunnar Staalesen l’utilise pour faire vivre cet instant à ses personnages. Mais il va trop employer ce moyen qui tourne dès lors au procédé en liant chaque événement romancé à une circonstance historique. On a le sentiment que le temps romanesque est dépendant du temps historique ce qui affaiblit le récit.

Par ailleurs, ce roman fondé sur des retrouvailles, des hasards manque d’une épine dorsale. Il n’y a pas assez de Passion dans ces six volumes, à l'inverse de ce qu'écrit la quatrième de couverture : l’amour est devenu une hygiène corporelle plus qu’une révélation éblouie, bouleversante et troublante ; la vengeance qui aurait pu être un fil rouge n’est pas un thème assez constant malgré quelques très belles scènes ; l’engagement politique, illustré par un beau portrait de femme, reste dispersé. Les personnages sont trop à distance, probablement parce que trop nombreux. L’arbre généalogique qui est en tête du premier tome de « 1900 - Le Crépuscule » est très utile et l’aurait été davantage si chaque tome en avait disposé, quitte à ne le dévoiler que livre par livre pour éviter de savoir trop vite qui est qui, qui meurt quand, etc…

Les notes du traducteur sont une aide précieuse pour le lecteur peu familier des affaires norvégiennes. Les deux derniers livres sont imprimés sur du papier rose. Si c’est pour améliorer le confort de lecture, l’argument ne m’a pas paru probant. Si c’est pour démontrer qu’on peut réduire l’usage du chlore dans le blanchiment du papier, on ne peut qu’y être favorable.

Le récit change à la page 189 du dernier livre. Jusque là, l’histoire nous avait été racontée par un personnage extérieur qui manipulait ses personnages au point même d’écrire : « A l’instant de sa mort, Torleif Nesbo revit en l’espace d’une seule seconde tous les moments importants de sa vie » (page 306 du tome 1 de « 1999 – Le Crépuscule »). Mais comment le sait il ? Et là, jolie pirouette, le narrateur devient « je » et plus précisément Varg Veum, le principal héros des romans policiers de Gunnar Staalesen qui est ainsi devenu le mémorialiste de Bergen.

Mais il ne savait pas que douze ans plus tard, la Norvège, et donc Bergen, serait victime d’un cataclysme effroyable avant, comme le raconte « Le Roman de Bergen », de réapprendre à vivre.

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Les éditions

  • 1999 le crépuscule [Texte imprimé], roman Gunnar Staalesen traduit du norvégien par Alexis Fouillet
    de Staalesen, Gunnar Fouillet, Alex (Traducteur)
    Gaïa
    ISBN : 9782847201079 ; 21,30 € ; 07/11/2007 ; 388 p. ; Broché
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