Le roman de Bergen : 1900 L'aube tome 2 de Gunnar Staalesen
(1900 Morgenrød)
Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone
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Bergen, mon amour
N’ayant pas lu au préalable la critique de Sentinelle sur le premier livre, j’ai d’abord cru m’être trompé. Je pensais m’être embarqué dans une saga et je lisais en fait un roman policier, certes de bonne facture et original en ce qu’il débute par un meurtre après un bal masqué, le 31 décembre 1899. J’ai compris, un peu tard, que ce crime allait être le fil rouge d’une œuvre autrement plus importante que la résolution d’une énigme policière, aussi captivante soit-elle.
Gunnar Staalesen était surtout connu pour ses romans policiers, d’où peut-être ma confusion originelle. La cinquantaine venant, il a pensé avoir le souffle, la matière, la créativité, la ténacité, la puissance, la méthode, l’expérience littéraire, l’imagination pour dire son amour à sa ville et plus encore à ses habitants d’hier, aujourd’hui ou demain. Auteur de romans policiers, il sait parfaitement raconter une histoire, intriguer ses lecteurs, suivant ainsi le conseil que Wilkie Collins, l’inventeur du genre policier au milieu du dix-neuvième siècle, donnait à ses confrères : « Faites les (vos lecteurs) rire, faites les pleurer, mais surtout tenez les en haleine ». Staalesen sait très bien faire et on comprend très vite qu’il faudra attendre la fin de la troisième partie pour connaître la ou une vérité. En France, ce sera au sixième livre puisque l’éditeur présente chaque phase en deux tomes.
Dans cette première partie au titre bien choisi, «1900, L’aube », nous faisons connaissance des protagonistes venant de milieux différents mais avec souvent des liens familiaux ou amicaux. Le décor c’est cette ville qui se transforme sous nos yeux, se modernise, s’ouvre par une voie ferrée qui la relie à la capitale, Kirstiana qui deviendra Oslo. L’auteur sait bien montrer le dynamisme, l’optimisme de ce port actif, protégé des glaces de l’hiver par son climat, de cette ville commerçante qui attire les jeunes de la campagne fuyant une vie misérable pour se faire embaucher comme ouvrier - le progrès donne du travail - ou se placer comme gens de maison chez des bourgeois exigeants. Il montre aussi la ferveur quand le pays recouvre son indépendance, la liesse qui envahit la ville quand la rumeur monte, « le roi arrive ». Ce dynamisme, ce bonheur un peu factice cachent mal la différence et la réalité des conditions. Ainsi le ton n’est pas le même quand les policiers interrogent; déférent avec les maîtres, brutal avec les domestiques. Le pouvoir s’exprime pour certains par l’arrogance et l’abus allant jusqu’au viol, pour les autres par la soumission et la honte.
L’incendie qui ravage la ville en 1916, la guerre de 14-18, la révolution d’octobre ont de grandes conséquences sur la ville, sa population. Le monde est en désordre, les conflits s’enveniment, " L’aube" s’achève sur un jour incertain.
Tout ceci est raconté en un style efficace mais certes pas flamboyant. Ainsi la description de l’incendie de 1916 (qui fut réel) est plus celle d’un journaliste factuel que d’un amoureux désespéré par ce désastre. Quand Staalesen écrit : « les sommets autour de lui étaient couverts des premières neiges de l’hiver, comme si le ciel étoilé »…on s’attend à une métaphore poétique. Eh bien non, Staalesen achève ainsi sa phrase : « comme si le ciel étoilé les avait saupoudrés de farine » !! (page 126 du tome 2).
La lecture est un peu difficile car il n’y a pas, comme dans certains romans russes, d’arbres généalogiques et crayon et papier peuvent être utiles au début. Par ailleurs on peut reprocher et à l’auteur d’être exhaustif, dans tous les sens du terme, lorsqu’il décrit les trajets de ses personnages et à l’éditeur d’avoir joint des cartes qui, dans l’édition de poche, ne sont pas très lisibles et explicites. Certes nous comprenons bien que les rues de Bergen sont un des personnages-clé du roman mais on aurait pu faire plus simple et plus efficace (la carte au début du deuxième livre n’a pas grand intérêt au cours de la lecture).
Mais que ceci ne vous empêche pas de lire cette histoire qui est fidèle au conseil de Collins : on est tenu en haleine et on a hâte de connaître la suite.
Les éditions
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1900 l'aube [Texte imprimé], roman Gunnar Staalesen traduit du norvégien par Alexis Fouillet
de Staalesen, Gunnar Fouillet, Alex (Traducteur)
Points / Points (Paris)
ISBN : 9782757823712 ; 7,50 € ; 09/06/2011 ; 338 p. ; Poche
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