La leçon interrompue de Hermann Hesse

La leçon interrompue de Hermann Hesse

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone , Littérature => Nouvelles

Critiqué par TRIEB, le 30 septembre 2012 (BOULOGNE-BILLANCOURT, Inscrit le 18 avril 2012, 73 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (23 249ème position).
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SOUVENIRS D'ENFANCE

Pour ceux dont la fréquentation de l’œuvre d’Hermann Hesse est familière, ou renvoie aux années soixante ou soixante-dix, périodes qui correspondent au sommet de sa popularité littéraire parmi les publics d’Europe et d’Amérique du Nord, la lecture du recueil de nouvelles intitulé : « La leçon interrompue » sera le prétexte d’un ressourcement.

On y découvre au long des cinq nouvelles composant le recueil les fils conducteurs et obsessions de Hermann Hesse : Mon enfance , L’histoire de mon Novalis , Le mendiant, Mon camarade Martin , La leçon interrompue , décrivent des souvenirs personnels relatifs à des tranches de vie bien précises de l’auteur : des traces laissées par une édition précise des œuvres de l’écrivain Novalis, une rencontre fortuite entre son père et un mendiant, la description d’un camarade de classe , Martin, et pour finir une leçon interrompue par un professeur qui charge Hermann Hesse de lui révéler une imitation de signature par l’un de ses condisciples sur son carnet scolaire .

Certes, le style des récits pourra paraître suranné à des lecteurs contemporains, excessivement guindé. Pourtant, l’auteur nous émerveille, comme il l’a fait dans toute son œuvre avec simplicité, fraîcheur, curiosité. Hermann Hesse souligne dans ces récits la puissance du souvenir comme source de création littéraire, la déformation de ce matériau, lorsque nous le soumettons à l’épreuve de la confrontation, à la vérification de sa véracité. L’auteur du Loup des steppes dénonce aussi, même si c’est entre les lignes , l’éducation autoritaire génératrice de peur et de conformisme qui régnait alors dans les établissements scolaires allemands :

« Je sais qu’il faut tenir compte du comportement particulier des garçons à un moment particulier de leur existence (…) néanmoins, je ne puis m’abstenir de m’affliger et de dénoncer certaines choses ( …) Toute ma vie, j’ai conservé une vive prédilection pour les petits écoliers et j’ai retrouvé sur leur visage rougissant l’expression de mes angoisse d’autrefois . »

Il s’inscrit parfaitement dans la tradition de la littérature allemande, des Bildungsromane, ces romans d’apprentissage popularisés par Goethe, Jean Paul. Il revendique l’influence de ce courant littéraire ; l’actualité de son œuvre est intacte : comment vivre sa vie avec spiritualité sans se noyer dans le matérialisme ? Quelles sont les clés de la tolérance, comment trouver son alter ego amoureux ? Comment découvrir les autres pleinement ? Toutes ces questions sont évoquées avec beauté dans ses œuvres. Un grand auteur à découvrir, ou à relire avec un plaisir inentamé.

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Des nouvelles qui permettent de découvrir cet auteur

7 étoiles

Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans) - 3 septembre 2023

Ce recueil de 5 nouvelles a de quoi séduire le lecteur par ses récits empreints de réflexions sur le travail de la mémoire. Dans "mon enfance", Hermann Hesse décrit des paysages de son enfance, sa communion avec la nature et le ciel et un épisode marquant avec un ami. Dans "L'Histoire de mon Novalis", il s'intéresse à la destinée de son livre et est passionné par le fait qu'il soit passé de main en main. Le livre est donc plus que son contenu, son vécu contribue au charme de l'ouvrage. Dans "La leçon interrompue", l'auteur évoque un épisode embarrassant suite à une mission confiée par son enseignant. Dans "Le mendiant", c'est une peinture intéressante de la figure paternelle qui est faite à partir d'un épisode où il a fait preuve de générosité alors que dans "Mon camarade Martin", l'amitié occupera une place centrale. Les nouvelles contiennent aussi des réflexions intéressantes sur la mémoire et sur le travail de l'écrivain. Il reconnaît la difficulté que rencontre l'écrivain à dépeindre le réel. Il rejoint ainsi de nombreux auteurs célèbres qui ont abordé la question.

Ces textes sont des plongées dans des souvenirs de l'auteur. Il les narre à un rythme personnel. Il campe des atmosphères, évoque ses sensations face à ce qu'il vit, célèbre aussi le monde à sa façon. Les pages qui concernent le monde sont belles. Elles soulignent combien l'enfant qu'il était a su regarder le monde en conservant sa capacité à s'émerveiller. Il ne tombe pas pour autant dans l'angélisme. Il valorise ses parents, comme l'a fait Colette dans "Sido", mais il s'autorise aussi à évoquer parfois les punitions paternelles. Il n'empêche que l'on perçoit ses parents malgré tout comme des figures tutélaires.
L'écriture de Hemann Hesse ne repose donc pas sur des récits qui multiplient les rebondissements. Il y a une certaine lenteur en accord avec ses propos. L'écriture est assez classique, certains diront datées mais elle m'a plu comme me plaît celle de Proust. Ses récits ont un caractère universel car ils ne reposent pas sur des péripéties exceptionnelles. Même au XXIème siècle, on peut y retrouver des expériences avec lesquelles on peut entrer en résonance. Je ne connais pas bien l'oeuvre de cet écrivain, mais je compte bien m'attaquer à ses textes les plus connus.

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