Les fidélités successives de Nicolas d' Estienne d'Orves

Les fidélités successives de Nicolas d' Estienne d'Orves

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Sciences humaines et exactes => Histoire , Littérature => Romans historiques

Critiqué par Deashelle, le 12 septembre 2012 (Tervuren, Inscrite le 22 décembre 2009, 15 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 7 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (3 331ème position).
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l'homme est duel... et la femme dualité

Fidélités successives.

« Avec le recul du temps, tout paraît aisé et confortablement évident. Mais quand vous vivez l’histoire au jour le jour, quand vous êtes plongé dedans, c’est beaucoup moins simple. » C’est ce que Nicolas d’Estienne d’Orvres tente de nous dire dans cette splendide fresque romancée de la France de la collaboration qui remue beaucoup de choses en nous. On y rencontre des artistes des écrivains qui nous ont charmés : de Cocteau à Picasso en passant par le troublant Brasillach qui fut finalement exécuté lors de l’épuration d’après-guerre malgré une pétition de cinquante écrivains signataires. « Le talent est un titre de responsabilité », faisant de ce talent une circonstance aggravante, car il accroît l'influence de l'écrivain, soutenait de Gaulle dans ses «Mémoires» en évoquant Robert Brasillach.

L’auteur s’est largement documenté sur le Paris occupé, les trafics et le marché noir, sur les collaborateurs, sur le personnage Otto Abetz qui le 8 juillet 1940, à la suite de l'armistice entre la France et l'Allemagne entra dans Paris et travailla à mettre en place la politique de collaboration. En effet, dès l'été 1940 la Liste Otto retire de la vente des ouvrages interdits par la censure allemande, organise l'expropriation des biens appartenant à des familles juives et fait main basse sur les prestigieuses collections d’œuvres d’art. Puis suivront les rafles odieuses du Veldiv’ et toutes les horreurs de l’occupation ou de la déportation. Le jour de la déclaration de guerre, un jeune anglo-normand, Guillaume Berkeley, conquérant naïf de la vie adulte, vient de débarquer à Paris chez Simon Bloch un ami de la famille pour découvrir la vie artistique parisienne et oublier une brouille mortelle avec son frère adoré suite à des ambiguïtés amoureuses avec leur demi-sœur, Pauline. On entre de plain pied dans la fiction car l’île en question ne fait que ressembler à Alderney, Sark ou Guernesey… elle est fictive et se prénomme Malderney. Malédiction? Et le voici, campé dans l’appartement parisien de son mentor, Simon Bloch qui a pris soudain la fuite comme tant de juifs, laissant derrière lui un patrimoine artistique considérable.

Très vite, Guillaume devient un familier d’Otto Abetz, écrit dans l’infâme « Je suis partout » et vit très confortablement. Il côtoie Lucien Rebatet, Céline, Sacha Guitry et une collection de grandes personnalités de l’époque. On sera happé par le récit de sa trajectoire chaotique, par l’honnêteté de ses engagements successifs, par ses doutes continuels. L’auteur se penche sur la vie de ce personnage avec l’intention de comprendre, non de juger pourquoi et comment un jeune-homme préservé par sa famille, destiné à être heureux a peu se jeter dans les maux du siècle.

D’un côté « les putes à boches, de l’autre les bonnes françaises…»? Non, tout ceci serait bien trop simple ! Le romancier campe des personnages et des situations complexes. Il a le don de susciter des renversements, de surprendre, de susciter chez le jeune Guillaume des engagements successifs en toute candeur et fidélité. Il nous raconte aussi une histoire d’amour palpitante et une guerre fratricide dans tous les sens du terme. « Racontez-moi votre vie, Guillaume Berkeley. Et aidez-moi à comprendre comment vous avez pu pousser toute ma famille dans les chambres à gaz…» Le roman, très documenté, très bien construit, est écrit avec talent, et oscille continuellement entre enfer et paradis, noir et blanc, entre collaboration et résistance? Entre histoire privée et guerre mondiale. Guillaume est sans cesse ballotté entre les deux amours de sa vie : Victor et Pauline. « Comme si comprendre était plus important que juger, comme si l’écoute était en définitive le seul remède contre la haine. »

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Vaudeville d'un trio amoureux.

4 étoiles

Critique de Homo.Libris (Paris, Inscrit le 17 avril 2011, 58 ans) - 22 mars 2023

Avis mitigé sur ce livre.
Écrire un roman dont l'action se déroule dans le Paris occupé, plus particulièrement au sein de la population interlope qui s'accommode fort bien de la présence allemande dans la capitale, pour poursuivre les quelques temps de la libération/"épuration", est une sacrée gageure. Dommage qu'en l'occurrence je n'aie pas lu le livre que j'espérais : je me suis laissé leurrer par le titre et les recensions dithyrambiques de lecteurs plus éblouis par le côté rocambolesque de l'histoire que conscients des qualités littéraire et romanesque d'un livre.

La forme. Le roman est construit en trois parties très inégales, ce qui le déséquilibre énormément. D'ailleurs, les différentes parties ne sont liées que par les retournements finaux des plus grand-guignolesques qui soient ; finalement, l'auteur aurait pu écrire deux livres totalement indépendants, c'eut été mieux venu, je pense ! Le style, d'abord facile et plutôt agréable, type "journaliste début vingt-et-unième siècle", convient aux première et troisième parties, écrites par un narrateur "extérieur", mais est absolument inapproprié à la deuxième partie censément rédigée par un jeune hobereau lettré des années quarante. L'auteur donne rapidement dans l'anachronisme verbal*, illustré par plusieurs psittacismes et tics verbaux du moment, à l'instar d'un des plus mauvais prix Goncourt qui faisait commencer des courriers de Poilus par "En même temps …" ! Pourquoi pas "du coup" à chaque phrase ou écrire en verlan ?! De plus, le parti-pris de donner la parole à un des personnages dans la très très longue deuxième partie du roman se fait au détriment de la force narrative. De fait, alors que la première partie semblait prometteuse, la deuxième partie est plate, ennuyeuse par moments, sans aucune force narrative, sans aucune puissance littéraire, et semble s'éveiller seulement vers le chapitre quarante. Malheureusement, cela ne dure pas, et finit dans une espèce d'auto-apitoiement du narrateur sur un ton geignard, en mode philosophie de bazar. Il aurait mieux valu sacrifier la quantité (713 pages) à la qualité : un peu plus de densité, de conviction, auraient été bienvenues.
Le fond. Pour accentuer la faiblesse narrative, l'auteur égrène au cours de la deuxième partie une suite de personnalités plus ou moins compromises dans une collaboration active ou passive, personnages fantoches apparaissant successivement, puis disparaissant rapidement, au gré de son énumération, sans qu'il se passe véritablement quoique ce soit. Dommage, les comportements des uns et des autres pendant cette époque trouble auraient sûrement gagné à plus de densité avec des personnages de fiction récurrents, mieux travaillés et mieux répartis au sein de la population ! Il est curieux d'ailleurs que l'auteur ait "fabriqué" le personnage de Monsieur R., étonnant sosie du fumeux Joseph Joanovici ("l'étrange Monsieur Joseph" d'Alphonse Boudard), alors qu'il fait intervenir par ailleurs des personnages réels et célèbres, comme Céline, Cocteau, Marais, etc. ! Peut-être le ton et le contenu aurait été plus judicieux si le roman avait été écrit par un spécialiste de la période ?! Car sur le fond aussi, le récit souffre de plusieurs anachronismes, et qu'il soit écrit par un auteur possédant des informations très postérieures au conflit se ressent énormément.
Ce ne sont pas les seules faiblesses du roman, deux incongruités abracadabrantesques (les retournements finaux révélant l'identité d'une part du colonel Chauvier, et d'autre part du Simon Bloch de retour des camps) tirent ce roman plus vers le coup d'édition, vaudeville d'un trio amoureux, que vers l'œuvre littéraire incontournable sur le thème la frontière entre deux choix possibles (qui aurait pu s'intituler "Les fidélités successives") ! Car, pour finir, l'auteur aurait dû mieux attacher son protagoniste principal au titre prometteur de son roman (un titre à faire blêmir de jalousie un publiciste !) ; il ne ressort de son personnage aucune fidélité pour un camp ou un clan, il nous livre un pantin balloté par les événements et les subissant, plutôt qu'un arriviste effectuant des choix successifs au gré de ses intérêts et de l'évolution de la situation.
Bref, même si ce n'est pas une mauvaise lecture, je suis fortement déçu.
A réserver pour amateur de "best-sellers" !


* À noter également quelques erreurs sémantiques. Par ex., un gousset ne permet pas de savoir l'heure. Un gousset est une bourse qui s'attache aux chausses, à la ceinture, ou au gilet ; par extension/analogie, ce terme désigne les petites poches des gilets destinées à recevoir de la menue monnaie ou une montre dit "oignon" ! Et je n'ai pas compté les "faire" pour dire", ni les "échanger" pour "parler, discuter, converser, etc.".

Que de fidélités

9 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 1 juillet 2015

Que de fidélités !


Guillaume Berkeley est une sorte de Faber (voilà qui va intéresser Stavroguine qui bondit dès qu'on prononce ce mot maudit). Pour rappel, Faber: Le destructeur de Tristan Garcia était ce drôle de garçon ambigu, un peu démon qui voguait sans choisir ses vagues. Ce qui donnait un curieux itinéraire.
Ici dans le livre de Nicolas d'Estienne d'Orves, c'est pareil. Guillaume n'est ni franchement bon, ni franchement mauvais. Ses décisions n'en sont pas et en cela on peut lui trouver un air de Madame Bovary.
Guillaume a tout voulu en même temps. La lumière et l'obscurité, le confort et le danger. Il a toujours cru pouvoir danser sur un fil entre l'enfer et le paradis. Il se croyait au dessus des lois.
Techniquement "Les fidélités successives" est un roman très prenant. Ses plus belles pages sont la débâcle.
" J'ai vu les regards, j'ai vu les sourires, j'ai vu les plaies, la rage, le plaisir de la revanche. J'ai vu les hommes suppliciés, les femmes humiliées, des gens exhibant les drapeaux de la France libre comme ils avaient brandi les croix gammées et les portraits de Pétain. Tous ces héros du dernier soir qui braillaient le chant des partisans comme ils avaient beuglé "Maréchal nous voilà". Il y avait dans leur regard une sorte de surprise béate, de joie un peu effarée : celle d'avoir échappé au pire et choisi le bon train."
" Et puis Guillaume a vu les femmes... il devrait dire le troupeau de bêtes.
Nues, protégeant leur poitrine avec des mains lacérées de coups de griffes, le corps couvert d'estafilades et de crachats, la plupart avaient le crâne rasé.
D'un côté les "putes à boches" de l'autre, les "bonnes Françaises". dans les regards de ces dernières, on lisait toute la satisfaction d'une jalousie vengée. La plupart était laides, mal fagotées, hors d'âge ; sans doute avaient-elles souffert de n'attirer aucun regard, tandis que les autres - les tondues - avaient su séduire ces beaux Allemands si forts, si mâles.
Ce n'était pas les coups qui étaient intolérables, mais les visages. Cette haine rampante, saurienne, marécageuse."

Venez rejoindre Brasillach, Céline, Cocteau, Picasso, Guitry, Giono, Sartre... ils sont aussi dans ce livre.
Réservez chez votre bouquiniste "Au château d'Argol de Julien Gracq" et regardez "Les règles du jeu de Jean Renoir".
Et puis laissez-vous aller dans cette aventure. Elle mérite votre attention

Un auteur qui ose mais qui ne s’embarrasse pas de l’histoire

9 étoiles

Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 2 mars 2015

S’il met en scène des personnages réels qui ont obscurci l’image de la France pendant la deuxième guerre mondiale, ce livre reste avant tout un excellent divertissement d’un très bon niveau littéraire.

Outre cela, il a le mérite ou la perversité de relativiser ce qu’a été ou ce que pourrait être la collaboration avec un pouvoir autoritaire et raciste, attitude motivée par l’opportunisme, la nécessité voire le hasard. Par contre, je suis moins convaincu par le fait qu'on puisse avoir été collaborateur suite à une machination.

Par ces descriptions caricaturales de certains personnages ; je pense notamment à Dodo (clin d’œil à un célèbre proxénète), ou Monsieur R. (personnage totalement improbable), l’auteur nous donne aussi des indices clairs que cet ouvrage ne doit en aucun cas être considéré comme historique.

Ce très bon roman est tout de même écartelé entre réalité et fiction ce qui peut rendre le lecteur peu à son aise et qui m’empêche de lui mettre la cote maximale. J’évoque par ailleurs la citation de Tom Clancy : "La différence entre réalité et fiction? La fiction, elle, doit être vraisemblable". Ici ce n’est malheureusement pas le cas.

Un très grand moment de lecture tout de même.

Trop long, trop girouette

6 étoiles

Critique de Yotoga (, Inscrite le 14 mai 2012, - ans) - 6 juin 2014

En fermant le livre, je pense que les personnages font sa richesse.
Le personnage de Simon Bloch essaie d’aiguiser les sens de Guillaume et l‘éduquer à la connaissance des arts, en essayant de séparer politique et artistique. Il est fascinant, intéressant et complète la première partie du roman.
Monsieur R. n’apparait pas souvent, mais son charismatisme et son influence interpellent, le lecteur comprendra à la fin du livre la vérité sur ce personnage.
Chez Pauline, le lecteur reconnaitra définitivement une ascension : de la petite adolescente joueuse avec les sentiments des autres, elle se transformera en femme qui perdra à son propre jeu.

Le protagoniste Guillaume est extrêmement difficile à cerner, il est influençable dans ses tous ses actes et maniable dans ses choix. Il passe de la collaboration à la résistance sans vraiment conviction interne, et le titre du roman retrace exactement sa vie : il suit des « fidélités successives » mais est-il fidèle à lui-même ? Est-il simple d’esprit ou joue-t-il un rôle ? Je n’ai pas pu répondre à la question jusqu’à la fin du livre.

J’ai ressenti des lenteurs dans les dialogues politiques de certains artistes dans la deuxième partie du livre.

S'ENGAGER ,ET SE PERDRE...

9 étoiles

Critique de TRIEB (BOULOGNE-BILLANCOURT, Inscrit le 18 avril 2012, 73 ans) - 23 octobre 2012

Comment expliciter les sinuosités d’un parcours de vie ? Comment les justifier, lorsque ces dernières deviennent difficilement compréhensibles ou injustifiables au final ?

C’est la méthode que semble avoir adopté Nicolas D’estienne D’Orves dans son roman Les fidélités successives. L’origine de l’intrigue du roman est familiale : deux frères, Victor et Guillaume Berkeley, vivent dans l’entre deux-guerres, une enfance paisible dans les Iles anglo-normandes, plus précisément dans l’île de Malderney , sous la férule d’une mère protectrice , passablement autoritaire Virginia Berkeley , veuve remariée avec un certain Philip qui vit sous le toit familial . Une particularité : Victor et Guillaume, tout en étant de nationalité britannique, parlent le français sans accent ...

Un homme, Simon Bloch, est un ami de la famille, à laquelle il rend visite régulièrement par bateau. Ses visites sont l’occasion pour Guillaume, qui se languit et s’ennuie de ce mode de vie trop prévisible, trop calme , de cette île où il ne se passe jamais rien , d’entrevoir une autre vie par les récits que lui fait Simon Bloch , qui est producteur de films et de pièces de théâtre à Paris . Il décide Guillaume à le suivre à Paris .

Commence alors une révélation pour Guillaume, une métamorphose inédite : il fait connaissance de la bohème littéraire et artistique de Paris, découvre les délices du libertinage, les endroits interlopes de Paris . C’est une révolution personnelle pour lui .Arrive alors l’Occupation . Guillaume est alors engagé au journal collaborationniste « Je suis partout », il y fait la connaissance des plumes les plus (tristement ?) célèbres de cette période : Robert Brasillach, Lucien Rebatet.
Nicolas D’Estienne d’Orves nous décrit , avec une minutie et une précision méritoire , le Paris de l’Occupation et de la collaboration, ses trafics , ses opportunistes ses cyniques, ses bassesses ; univers dans lequel évolue Guillaume Berkeley .L’auteur nous rappelle , à juste titre , que les choix et convictions politique peuvent être dictés et inspirés , aussi, par la rancune , la frustration, la vengeance , ou plus prosaïquement le désir d’exister plus intensément :

« l’Occupation ne faisait que commencer mais je serais bientôt amené à constater que l’antisémitisme faisait perdre leur second degré aux esprits les plus fins , aux intelligences les plus affûtées . Jusqu’où la jalousie humaine et la paranoïa pouvaient-elles aller pour dévoyer à ce point les esprits ? Ces hommes (…) étaient simplement en train de plonger dans une réalité nouvelle, où certains hommes n’avaient plus les mêmes fonctions que leurs semblables . Une humanité à deux vitesses, comme aux âges antiques. »

La construction du roman est aboutie, elle nous tient en haleine. On apprend en effet au début du livre que Guillaume Malderney est incarcéré à la prison de Clairvaux, dans l’attente de son procès pour collaboration et intelligence avec l’ennemi, ce qui rend le lecteur impatient de connaître la suite …
Les personnages sont finement décrits, leur psychologie très fouillée.

Cependant , si l’on s’en tient au cas de Guillaume Berkeley, il semble ne jamais , tout au long du roman , adopter une attitude active, et au contraire subir le cours des événements , sans justifier ses décisions par des choix vraiment personnels, porté qu’il est par l’époque , par son arrière –plan familial . Les convictions n’y jouent qu’un rôle presque subsidiaire, adventice. C’est le reproche principal que l’on peut faire à ce roman : ne jamais éclairer, ou pas suffisamment, le rôle des convictions, des valeurs, au nom desquelles pourtant beaucoup d’individus ayant traversé cette sombre époque, ont justifié leurs choix en basculant d’un côté ou de l’autre, ou en les fréquentant successivement …
Roman solide, bien construit, dont la lecture est à recommander pour obtenir un éclairage original sur cette question : comment bascule-t-on ? Au nom de quoi et pour qui ?

Un excellent roman français...c'est rare !

10 étoiles

Critique de Tanneguy (Paris, Inscrit le 21 septembre 2006, 85 ans) - 4 octobre 2012

Pourtant je n'étais guère "chaud" pour me lancer dans ce long (700 pages) roman signé par un jeune auteur au nom trop connu ( peut -être pas des jeunes générations ?) portant sur un sujet rebattu : la France sous l'occupation allemande. Et j'ai été vite séduit et les 700 pages sont passées très agréablement.

L'action débute dans une des îles anglo-normandes où vivent deux adolescents dans les années 30 une vie "de rêve" à l'écart des soucis du monde. Ils s’adorent. Ils seront rejoints par une demi-soeur, fille de leur beau-père ( leur mère, veuve, s'est remariée). Les choses vont se gâter : rivalités amoureuses. Un personnage énigmatique, Simon Bloch, marchand de tableaux à Paris les rejoint régulièrement lors des vacances d'été et les initie un peu au monde extérieur. L'intrigue est en place.

Elle va se nouer la veille de la déclaration de la guerre, lorsque le plus jeune, Guillaume, s'enfuit à Paris, la ville-lumière, alors que les Allemands s'installent. Il sera ébloui, et à 22 ans, cédera avec facilité à toutes les tentations, y compris les plus viles. C'est l'occasion pour l'auteur de nous décrire cette vie artificielle si mal connue de nos jours. De nombreuses anecdotes ponctuent le récit où interviennent des célébrités aujourd'hui parfois oubliées. Cela s'achèvera par la Libération et l'épuration à laquelle le héros n'échappera pas. Les dernières scènes auront pour cadre à nouveau les merveilleuses îles anglo-normandes.

Bravo l'auteur qui a manifestement "travaillé" la question avec soin. Il aurait pu évoquer, même brièvement, son grand-oncle Honoré mais on ne le lui reprochera pas.

Ne soyez pas effrayé par l'épaisseur du volume, vous ne le regretterez pas

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