L'arrière-saison de Philippe Besson
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Un exercice de style réussi
La couverture du roman est une reproduction du très beau tableau de Edouard Hopper ('NightHawk') qui représente une jeune femme en rouge accoudée dans un bar, entourée de deux hommes, et du serveur dans un bar typiquement américain. Etant donné que j'ai une reproduction de ce tableau chez moi, je n'ai pas manqué d'être attiré par le livre.
L'auteur s'est inspiré de ce tableau et a imaginé qui pourraient être ces personnages : la femme en rouge, c'est Louise, une artiste à succès, 35 ans. Elle sirote un Martini en discutant le coup avec Ben, le fidèle barman, en attendant son amant Norman.
Mais à la place de Norman c'est un revenant qui entre dans le bar; Stephen, l'homme qui avait disparu pendant 5 ans, avec lequel Louise avait vécu un amour passionnel avant une séparation douloureuse. C'est amusant de voir les personnages du tableau qui s'animent, un peu comme dans la vieille publicité pour Perrier si vous vous souvenez.
Le livre est bien écrit, l'auteur parvient à donner une réelle consistance aux personnages. Le cadre et l'atmosphère de ce genre d'endroit est bien rendu. Alors du coup on s'intéresse à cette femme attachante et on suit avec intérêt ses retrouvailles avec celui qu'on soupçonne être l'homme de sa vie.
Les éditions
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L'arrière-saison [Texte imprimé], roman Philippe Besson
de Besson, Philippe
Julliard
ISBN : 9782260016106 ; 17,50 € ; 26/08/2002 ; 198 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (12)
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Le murmure des étangs
Critique de Homo.Libris (Paris, Inscrit le 17 avril 2011, 58 ans) - 18 février 2023
Résumé : Au commencement, il y a cette peinture d'Edward Hopper. "Les rôdeurs de la nuit". Intérieur d'un bar de la Nouvelle Angleterre (?), "Chez Phillies". Le serveur, derrière son bar, proche d'un couple. Elle robe rouge, cheveux blond vénitien, lui costume années 30, Borsalino sur la tête. Elle semble dubitative ou rêveuse, lui écoute le serveur qui semble parler. Un troisième homme, dans l'angle du comptoir, de dos, bras croisés, costume et Borsalino, semble extérieur à la scène.
Alors Besson fantasme sur cette scène. Elle, Louise, et Lui, Stephen, sont d'anciens amants. Il l'a laissée tomber, comme ça, subitement, il y a 5 ans, pour épouser une autre, Rachel, qui n'apparaîtra jamais réellement tout au long du roman, seulement sujet de conversations, de réflexions, ou de pensées. Mais voilà, le mariage ne colle pas. Divorce. Louise et Stephen ont ce bar comme d'autres couples ont leur chanson. Ils l'ont connu le soir où Ben, le serveur, a pris son premier service, et l'ont fréquenté tout au long de leur longue liaison. Ca crée des liens. Elle est restée fidèle au bar, Lui a déserté. Alors, évidemment, c'est là qu'il revient lors de sa dérive et retrouve la familiarité des lieux. Mais les choses ont évolué : elle attend Norman, son amant, qui s'englue entre sa maîtresse et sa femme, Norman qui n'apparaîtra dans le roman que sous la forme d'appels téléphoniques. Le décor est planté, la représentation peut commencer, en huis clos, mais pas un huis clos linéaire comme un roman de R. Merle, non, un huis clos de retours en arrière, de souvenirs, d'introspections, de réflexions, et puis d'espérances futures, un huis clos dans lequel le non-dit est plus profond que dans les Menez Du.
Avis : Philippe Besson nous livre un 3ème roman très différent des 2 précédents. D'apparence plus statique. On y retrouve des constantes de l'auteur : un couple (jeunes amants gays - "En l'Absence des Hommes"- , frères - "Son Frère" - , anciens amants -"L'Arrière-Saison"), un témoin privilégié, catalyseur de l'action (une mère, un vieil homme, un barman), des personnages satellites, qui induisent, focalisent, exacerbent, révèlent les sentiments, les réflexions, et les actes des précédents, ou relancent l'action, l'intrigue, ou le propos de Besson. Mais là où les 2 précédents romans étaient dynamiques dans le temps, l'espace, l'action, et les sentiments, "L'Arrière-Saison" semble avancer plus mollement dans son huis-clos intimiste d'un soir, comme une feuille morte langoureusement emportée par une légère brise d'automne. Et puis, Besson nous avait habitués à des fins brutales, sans espoir, là, une lueur brille dans le lointain orage attendu, mais qui ne viendra pas.
Comme toujours chez Besson, l'écriture du roman est parfaitement maîtrisée, chaque mot prend sa place dans le texte comme une note dans une partition mozartienne. La construction de "L'Arrière-Saison" fait penser à une pièce du théâtre grec antique (unité de temps, unité d'action), dans laquelle le dialogue serait réduit à une portion congrue pour faire la part belle au Chœur, qui dissèque alors chaque réplique, chaque geste, invitant le lecteur dans l'introspection, tour à tour, des trois personnages. D'ailleurs, le ton du roman a quelque chose du "Antigone" de Jean Anouilh. Pourquoi aussi m'a-t-il fait penser à certaines chansons de J. Brel ("Orly" - pourtant sur le thème opposé de la séparation - ou "Le Prochain Amour") ?
Et puis qui est le 3ème personnage du tableau de Hopper ? Il n'apparaît pas dans le roman. La seule personne à entrer dans le bar durant cette courte soirée est Carter, un pêcheur qui débarque de son bateau pour prendre un verre avant de rentrer chez lui. On ne revient pas de la pêche en costume 3 pièces et Borsalino !!!! Alors qui ???? Le Chœur ? L'auteur ? Le lecteur ?
"L'Arrière-Saison" est un livre très "littéraire", à lire d'une seule traite quand on est disponible, et très réceptif. Philippe Besson est vraiment un grand de la littérature contemporaine.
Un goût de trop peu
Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 22 juillet 2014
Il était une fois un café à Cape Cod...
Critique de Nomade (, Inscrite le 14 février 2005, 13 ans) - 12 octobre 2011
L’exercice de style pour lequel l’écrivain français a usé est plutôt remarquable. A partir d’un personnage du tableau de Edward Hopper -Nighthawks- il raconte ce qui pourrait être l’histoire de cette femme et des autres (des hommes) qui l’entourent chez Phillies. Le style est loin d’être alambiqué. Les phrases s’enchaînent facilement même si j’avoue ne pas être entrée dans le tableau de Besson si facilement que cela aurait pu l’être. (Utiliser le mot parasite « donc » en tête de l’incipit n’est pas si courant). Il a fallu attendre d’en savoir plus sur Louise Cooper pour me rendre finalement compte que je connaissais cette femme sans le savoir. « Elle a tout abandonné du jour au lendemain. Elle a vécu cet abandon comme une reddition. Pour donner le change aux autres comme à elle-même sans doute, elle a expliqué que ce métier était celui qui avait le plus fort taux de chômage et qu’elle ne pouvait se permettre plus longtemps une telle précarité, que la chance n’avait pas voulu lui sourire. Cependant, dans sa reddition, il entrait une part non négligeable d’amertume. On ne renonce pas si facilement à l’enfance, aux rêves de l’enfance. » A partir de là, j’étais dans le Phillies, assise à une table imaginaire afin d’assister à cette scène entre les différents protagonistes.
La lecture est agréable et l’histoire de Besson est plaisante bien que l’on sache comment s’achèveront ces 190 pages si l’on prend en considération la citation de Marguerite Duras. Un bémol toutefois. Un petit détail me diriez-vous. Le téléphone portable de Louise m’a gênée. A aucun moment, je n’ai pu concevoir cette histoire se déroulant à notre époque puisque le tableau date des années 40. Et puis, les feutres ne sont plus portés aujourd’hui par des hommes jeunes. Non et non. Mais à chacun son histoire à créer. A chacun sa sensibilité. Un bon exercice de style vous dis-je auquel se sont prêtés certains de nos camarades il y a quelques semaines en prenant comme support deux photographies d'illustres inconnus (enfin je crois).
3 personnages, une seule histoire
Critique de Tyty2410 (paris, Inscrite le 1 août 2005, 38 ans) - 21 mai 2006
Je mets 4.5 étoiles simplement parce que 30 pages cette introspection m'a lassée j'ai trouvé ça lourd , étouffant
Décevant
Critique de Jemangeleslivres (, Inscrite le 25 mai 2004, 51 ans) - 10 octobre 2005
Bien amer
Critique de Clarabel (, Inscrite le 25 février 2004, 48 ans) - 17 février 2005
Observateur silencieux de ces retrouvailles, le barman, Ben, est le juge impartial, tout aussi nostalgique d'un passé à jamais perdu. Car c'est souvent le lien des trois personnages, l'amertume d'un passé qui s'est enfui, qui laisse des traces sur les corps, les visages de chacun. A 35 ans, ils sont rendus aigris, ne s'excusent pas du mal fait mais regrettent juste d'avoir été engloutis par le sablier du temps.
Un roman, donc, assez implacable, sensible et très amer. Des personnages soudainement réels, touchants et agaçants. L'auteur a réussi un joli coup, qui peine toutefois à séduire complétement, l'âpreté du roman étant un point très délicat.
Travail de remplissage
Critique de Kinbote (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans) - 29 janvier 2005
Philippe Besson remplit les blancs de son texte (qui flirte avec le théâtre sans jamais l’étreindre), avec application. Et à mesure qu’on retourne à la reproduction, on se dit que Besson a bien travaillé: il a tout noirci, ça colle, il a même atteint une sorte d’universalité. Mais ça colle si bien que c’en devient encombrant, trop cousu de fil blanc, et que nous vient l’envie de se débarrasser de la glu de cette fiction inutile. Et on y parvient sans mal ; comme de ce qui nous embarrasse, on finit par l'oublier complètement. On retourne au tableau et on se dit qu’on ne sait plus rien ces désœuvrés qu’on vient de lire et que c’est bien car il ne servait pas à grand chose au fond de se laisser tenter, de leur inventer une existence, sauf à très vite à s’ennuyer avec ces vies rapportées.
Banal
Critique de Béatrice (Paris, Inscrite le 7 décembre 2002, - ans) - 26 octobre 2004
La banalité n’est pas le seul reproche. Le romancier dit trop, alors qu’il devrait suggérer. A mon avis, son style verbeux étouffe l’imagination et l’émotion.
Sur les traces d'Edward Hopper
Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 2 août 2004
Sur le tableau, on dirait que la femme en rouge esquisse un sourire. Alors Besson imagine qu’elle sourit et raconte pourquoi. Louise est auteur de théâtre, elle termine souvent ses journées de travail dans ce troquet, à l’ombre de Ben le serveur, qui lui sert chaque fois invariablement et silencieusement le Martini qu’elle commande. Nous voici plongés dans l’univers des habitués du Phillies pénétrant leurs pensées les plus secrètes, devinant leurs silences, imaginant leurs vies.
Besson permet à chaque esprit de travailler le tableau de Hopper comme il entend. Il nous donne les pistes, à nous de les emprunter.
Avec la légèreté d'une bulle de savon
Critique de Fee carabine (, Inscrite le 5 juin 2004, 50 ans) - 31 juillet 2004
Pour tout dire, j'ai aussi une reproduction des "Nighthawks" chez moi, mais j'avais découvert le livre de Philippe Besson avant de voir le tableau d'Edward Hopper au Art Institute de Chicago en avril dernier, et d'en acheter le poster. Et maintenant, j'ai beau savoir que Phillie's est en réalité un bar à New York et que la femme en rouge est en fait Jo, l'épouse d'Edward Hopper, pour moi, les "Nighthawks" continuent toujours à évoquer irrésistiblement une nuit d'été à Cape Cod et la femme en rouge est et restera Louise....
Merveilleux
Critique de Lolia (, Inscrite le 18 mars 2004, 51 ans) - 19 mars 2004
Une femme et deux hommes
Critique de Darius (Bruxelles, Inscrite le 16 mars 2001, - ans) - 26 juin 2003
Dans un couple par exemple, les hommes sont plus forts que les femmes. « Quand ils décident de jouer avec leur désir, à elles, quand il leur prend l'idée de les obliger à l'assumer, ce désir, à l’énoncer, il n’y a pas plus fort qu'eux. C’est une puissance inégalable la puissance des hommes dans ces cas-là. Ils adorent çà, les hommes : forcer les femmes à avouer leur désir d'eux, à les dévoiler ». Autre exemple, l'ivresse « c'est une honte inouïe, beaucoup plus que pour les hommes. La femme ne récolte que l’opprobre, elle fait se détourner les regards, elle provoque des mines dégoûtées. A l'homme, on pardonne le plus souvent et d'ailleurs injustement une telle condition ou alors on s’y habitue. La femme, elle, n'a droit à aucune mansuétude » Par la bouche de Ben, le garçon de café, l’auteur nous donne « sa » vision de la femme. Il l'aime « forte, indépendante, résolue ». Par contre, la femme « captive, domestiquée, obéissante » le rend profondément triste. Après avoir refermé le livre, mon impression se confirme que l'auteur exprime ses idées par les pensées de Ben, le garçon de café silencieux qui médite mais ne s'exprime pas. Il se contente d’observer, de servir le client, d'échanger avec lui quelques mots sur le temps qu'il fait, mais il voudrait tellement que ses clients et surtout « sa » cliente soit gâtée par la vie. Plus le roman avance, plus on pressent qu’il se terminera bien car l'affection de Ben pour Louise et à travers elle, toutes les femmes, est trop forte pour qu'elle n’ait pas une fin heureuse.
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En marge de L'arrière-saison: Edward Hopper | 3 | Fee carabine | 1 août 2004 @ 05:02 |