Le pouvoir du chien de Thomas Savage
( The power of the dog)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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Le Montana, mais pas un western !
Thomas Savage est né en 1915 et a publié ce livre en 1967. Sans aucune intention de créer une « école » quelconque il est l'un des premiers écrivains de ce que l'on appelle aujourd’hui « l’école du Montana ».
Ce roman est d’une excellente intensité psychologique et dramatique.
L'histoire se passe essentiellement dans le ranch de la famille Burbank près d’un bled du Montana. Il n'y a que quatre personnages principaux, dont le premier est Phil Burbank. Puis il y a Georges, son jeune frère, plus effacé, placide et taciturne. Viennent ensuite la femme de celui-ci, Rose, et Peter, le fils qu'elle a eu de son premier mariage avec un jeune médecin dénommé John Gordon.
Au départ, les deux frères sont seuls à habiter le ranch, à part les cow-boys, et contrôlent toute l'exploitation. Alors que Phil a déjà quarante ans, et son frère seulement deux de moins, ils logent toujours dans la même chambre. Phil est de loin le plus intelligent. A la différence de son frère il a fait des études universitaires, alors que Georges les a ratées.
C'est Phil qui communique le mieux avec les hommes, alors qu’il est, de loin, le plus exigeant et le plus dur. Mais il a aussi tous les talents. Il nous est cependant décrit comme un homme fuyant le monde et n'ayant que du mépris pour tout ce qu'il présente comme futilités. Il apparaît aussi comme rejetant très vite les autres et n'ayant que du mépris pour les femmes et le monde par trop léger qu'elles représentent. Il ne rentrait jamais dans la chambre de sa mère et y était « …bizarrement mal à l’aise à cause des affaires (de celle-ci)…La pièce avait l'odeur déplaisante des femmes et ni le plat à barbe du Vieux Monsieur ni ses rasoirs à main n’avaient de pouvoir fumigène suffisant pour la chasser. Phil était tout secoué quand il tombait sur quelque vêtement léger et transparent pendu sur un séchoir. »
Tout va très bien entre les deux frères jusqu'au jour où Georges annonce qu'il s’est marié avec la veuve du jeune médecin de la petite ville de Beech. Elle a un fils qui passe pour différent des autres, légèrement efféminé, mais terriblement intelligent. Georges s’installe sur le ranch avec sa femme alors que Peter reste à la ville, en pension, pour continuer ses études. Son obsession est de devenir un très grand chirurgien. La vie va totalement changer sur le ranch et Phil s’arrangera pour créer un véritable enfer pour Rose.
Ce roman est aussi l'étude de l’incapacité de communiquer dans un milieu donné, en plus des aspects psychologiques et d’un certain racisme, surtout chez Phil. Savage nous dit que, dans les milieux de propriétaires, les sujets de conversation étaient très limités par la crainte constante que l’un d'entre eux aurait pu évoquer ou glisser vers l'idée du sexe et alors « le monde devait soupçonner leur faute », car le sexe en est une pour ces gens. D’autre part « ils étaient sans instruction, discuter leur semblait un exercice périlleux. » Quant à Georges, voici ce qu’il en pense : « Il avait trouvé la soirée pénible, mais s’il l'avouait, il risquait de révéler ce qu'il croyait, à savoir que la plupart des gens ne s'associent que par ennui ou par envie du profit. » Et enfin Savage écrit : « Dans cette maison en rondins, le discours humain était répugnant, un bavardage d’imbéciles et un babil d’idiots. »
En ce qui concerne les idées sur la religion, celles de Phil sont simples et directes : « Il voyait davantage que les créatures naturelles. Dans la nature elle-même & dans la façon qu'on veut croire aléatoire et innocente qu’elle a de se disposer et de s’organiser - il voyait le surnaturel. »
Alors que Georges est souvent absent et ne semble pas voir l'attitude de son frère vis à vis de Rose, ni les effets que celle-ci a sur elle, le suspense ne cessera de monter. Surtout quand Peter s'installe sur le ranch pour la durée des vacances scolaires…
A l’époque de sa sortie, malgré des avis de presse très favorables, ce livre ne connu pas un grand succès. Aujourd'hui, à sa réédition, il en va tout autrement. Etait-ce à cause de l'homosexualité latente mais refoulée de Phil ? Elle se devine à peine, mais sa mère s’est, pendant un court instant, posé la question de la « normalité » de son fils. Je crois cependant que c’est davantage à cause de la dureté des personnages et des situations.
Un excellent livre !
Les éditions
-
Le pouvoir du chien [Texte imprimé] Thomas Savage trad. de l'américain par Pierre Furlan [postf. par Annie Proulx]
de Savage, Thomas Proulx, Annie (Postface) Furlan, Pierre (Traducteur)
Belfond / Littératures étrangères (Paris)
ISBN : 9782714438638 ; 2,00 € ; 08/08/2002 ; 364 p. ; Broché -
Le pouvoir du chien [Texte imprimé] par Thomas Savage trad. de l'américain par Pierre Furlan postf. par Annie Proulx
de Savage, Thomas Proulx, Annie (Postface) Furlan, Pierre (Traducteur)
10-18 / 10-18. Série Domaine étranger
ISBN : 9782264037213 ; 1,79 € ; 01/02/2004 ; 363 p. ; Poche -
Le pouvoir du chien [Texte imprimé] Thomas Savage traduit de l'américain par Pierre Furlan [postface d'Annie Proulx]
de Savage, Thomas Proulx, Annie (Postface) Furlan, Pierre (Traducteur)
Belfond / [Vintage] (Paris. 2012)
ISBN : 9782714457806 ; 19,00 € ; 06/11/2014 ; 384 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (12)
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Avis mitigé
Critique de Homo.Libris (Paris, Inscrit le 17 avril 2011, 58 ans) - 12 mars 2022
Rose élève alors seule Peter, élève brillant, "différent", l'aidant à suivre les traces de son père dans des études de médecine.
Non loin de la bourgade, les frères Burbank ont hérité de leurs parents, des pionniers, un immense et rentable ranch où on pratique l'élevage bovin. Phil, l'ainé (37 ans en 1924), célibataire endurci, est beau, svelte, adroit de ses mains, parfait vacher, bon cavalier, meneur d'hommes, brillant en société, mais globalement misanthrope et misogyne en particulier, raciste et homophobe. Tout le contraire de George, son cadet de deux ans, petit, trapu, lent, maladroit, peu brillant en société, mais foncièrement bon et altruiste, généreux et bienveillant, et parfait gestionnaire et administrateur de génie.
George rencontre Rose qu'il épouse, au grand dam de Phil dont la malveillance à l'encontre de la mère de Peter va croissante. Rose d'abord heureuse de ce mariage, sombre bientôt dans l'alcool pour tenter de se protéger du mépris et des humiliations de Phil. Peter vient passer des vacances dans le ranch. Les personnages du drame sont en place.
* Pas vraiment précisé dans le roman, mais divers indices permettent de situer l'action dans un de ces deux Etats ! Dans la postface de l'édition Belfont (2014), A. Proulx (auteur de Brokeback mountains) situe le ranch Burbank dans l'Utah !
** L'action "du drame" se déroule en 1924, mais de nombreux retours en arrière ramènent le lecteur jusqu'au début du siècle.
Mon avis :
Pas facile de résumer ce roman sans déflorer l'intrigue (ce que fait Annie Proulx dans sa postface qu'il faut donc lire a posteriori). J'ai dégagé positivement ce qui me semble être la substantifique moelle du récit. Vu comme cela, ça paraît intéressant et tentant.
Effectivement, l'idée maîtresse aurait pu donner un livre éblouissant, à classer parmi les meilleurs, si sa construction avait été maîtrisée. Hélas, la narration manque d'homogénéité et de fluidité, le style est hésitant : c'est long, lent, ennuyeux. L'auteur hésite souvent entre l'histoire de fond (proche du huis-clos) et une approche naturaliste d'un microcosme de familles fortunées, descendant de pionniers, dans un environnement farwest du début vingtième siècle, période de transition entre la conquête de l'Ouest et l'éclosion d'un pays industriel. Ainsi, la trame principale du roman est noyée dans de nombreuses digressions oiseuses auxquelles d'aucuns trouveront peut-être un intérêt socio-historique, mais qui ne font que diluer le propos. A côté de cela, l'auteur laisse en plan certaines séquences (ex. l'histoire de l'indien et son fils), libre au lecteur de combler les manques et faire le lien avec le récit principal. Savage (dont je n'ai rien lu d'autre) fait ici un trop grand usage du flou et du non-dit : effet de style, retenue d'époque (publication en 1967), ou censure sociale (Amérique puritaine) ?
Ce roman aurait gagné à plus de concentration et de développement du thème principal, et à plus d'implication de la part de l'auteur.
Le thème de l'homosexualité.
Dans la postface de l'édition que j'ai lue, Annie Proulx (auteur de "Brokebake mountains") fait allusion à l'homosexualité refoulée de Phil, et à son désir pour Peter. Personnellement, cette face cachée de Phil ne m'avait pas sauté aux yeux au cours de la lecture. A mon avis, cela reste très hypothétique. Si tel était le propos de l'auteur, pourquoi ne l'a-t-il pas plus explicité ?!
D'autre part, Peter est un adolescent dont on comprend qu'il est "différent", mais en quoi ?! Cela n'apparaît pas clairement. On pourrait avancer qu'il souffre d'une forme d'autisme, qu'il est homosexuel, ou qu'il est laid, mais rien ne vient étayer formellement l'une ou l'autre de ces hypothèses !
Le titre
Ce titre m'a beaucoup intrigué, lecture faite. Dans le roman, un détail du paysage résultant de la combinaison d'une pente et d'un rocher que seuls peuvent distinguer les gens intelligents possédant une perception affutée (d'après Phil). Phil et Peter voient la silhouette canidée, alors que George ne voit rien qu'un amoncellement de cailloux.
D'après A. Proulx, outre cette silhouette de chien dans le paysage, et sa signification pour Phil, le titre est tiré d'un psaume de l'Église Anglicane "sauve ma vie de l'épée et ma bien-aimée du pouvoir du chien". Je dois avouer que le rapport entre cette phrase et le contenu du livre m'échappe !
Les apparences sont souvent trompeuses !
Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 23 juin 2018
George et Phil Burbank sont 2 frères inséparables, riches éleveurs de bétail, dirigeant d'une main ferme et expérimentée un vaste ranch.
2 frères très différents. Georges est un taiseux, lent maladroit mais foncièrement bon.
Phil est la tête pensante, instruit, bricoleur mais cruel et calculateur.
Lorsque George rencontre, puis épouse Rose, veuve et mère du jeune Peter, tout bascule.
Phil n'accepte pas la situation et met en place une stratégie machiavélique pour envenimer les relations.
Un western "d'ambiance", une tragédie puissante.
Le couple "Phil/ Peter" aux intelligences supérieures aiguise le mélodrame inévitable.
Un Grand roman mais qui me laisse sur ma faim.
L'écriture est addictive et on peine à en deviner le dénouement qui ne peut être que mortel.
Un western psychologique.
Sauve ma vie de l'épée !
Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 27 avril 2016
- Phil Burbank : Le frère ainé, grand mince, taciturne, intelligent, possédant une prestance innée, une parole tranchante. Il déteste la ville, l'apparence, les femmes (homosexuel refoulé ?). Sa vie c'est le ranch et parfois il s'isole pour jouer du banjo. Sans conteste, il est celui des deux frères qui domine.
- Georges Burbank : Le frère un peu pataud, celui dont on se moque. Trop gentil, un peu fade. Il est celui qui ne brille pas. Aussi taciturne que son ainé, il est silencieux par dépit.
- Rose. Elle épousera Johnny, un jeune médecin avec qui elle aura un fils. Ils s'installeront dans cette bourgade du Montana où il n'y a que vent sécheresse et pauvreté. Seuls les gros propriétaires des ranchs qui possèdent les terres bordant le cours de la rivière parviennent à s'enrichir. Ici, l'or c'est l'eau. Rose verra son mari sombrer dans l'alcool. Un jour, un peu ivre, il se fera ridiculiser par - devinez qui ?... Phil Burbank, celui qui déteste tout mais surtout les gens ivres. Cette humiliation sera sans doute la raison première du suicide de ce mari si faible.
- Peter. Le fils efféminé de Rose. Ce fils qui verra sa mère épouser Georges en seconde noce. Reconnaît-il cet oncle par alliance qui a humilié son père ?
Tout est prêt maintenant pour que le drame prenne forme. Quatre acteurs réunis dans ce ranch immense. La haine comme moteur masque à peine le bruit du vent.
John Savage fait monter la tension dans un roman puissant et nerveux.
Pas facile d'entrer dans ce monde mais une fois l'étape des premières pages franchie, l'expérience est vraiment exceptionnelle.
Superbe !
Une œuvre d’avant-garde sur un thème moins actuel
Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 16 novembre 2015
Rangez vos clichés de duel au soleil et posez vos fesses dans un fauteuil au coin du feu pour savourer ce roman dur, dense et à l’épilogue surprenant. Ce n’est d’ailleurs peut-être pas une première lecture qui vous permettra d’en tirer immédiatement sa pleine substance tant il est parfois difficile de s’accrocher au récit.
Cette réédition d’un livre sorti fin des années soixante permet au 21ème siècle une approche plus critique qu’à l’époque où il était paru. Le thème principal, soit celui de l’homosexualité, pourtant subtilement abordé, n'était sans doute aux Etats-Unis pas assez politiquement correct pour pouvoir espérer une large diffusion malgré le niveau littéraire de l’ouvrage.
On reste cependant plus dans la profondeur stylistique que dans une œuvre offrant un plaisir intense de lecture.
Une bonne surprise
Critique de Sundernono (Nice, Inscrit le 21 février 2011, 41 ans) - 27 janvier 2015
Tout d’abord pour les amateurs de grands romanciers américains, Thomas Savage sera assurément à votre goût. Puissance narrative, style fluide, agréable avec cette faculté d’aller droit au but sans tomber dans la longueur et la monotonie. Les personnages sont bien « fouillés », et le récit vous fera passer par tous les sentiments tant la palette de caractères est riche et profonde.
L’univers du roman m’a également beaucoup plu, notamment le côté sauvage, rustique. Les grands espaces américains avec ses cow-boys, bref l’univers du Western, sont fidèlement retranscrits.
Quant au dénouement, je n’en dirai pas plus mais il valait le coup d’attendre.
Bref une bonne lecture.
Le drame du quotidien
Critique de Elya (Savoie, Inscrite le 22 février 2009, 34 ans) - 8 octobre 2011
"De même que ses mains nues détectaient la partie pourrie au coeur du bois - la faiblesse cachée-, de même ses yeux avaient la capacité de voir alentour et au-delà, et jusqu'à l’intérieur. Son oeil transperçait la pitoyable supercherie naturelle qu'on appelle mimétisme, il décelait le contour vague de la biche immobile comme une souche qui se camoufle ou se presse contre des branches sèches et épaisses, contre les feuilles, contre la terre ; et, en souriant, il tirait pour la tuer."
Il ne me semble pas important pour moi de connaitre les grandes lignes de l'histoire avant de débuter cette lecture ; au contraire, je trouve que la lecture du résumé de quatrième de couverture ainsi que des critiques précédentes dessert plutôt l'intérêt que l'on peut avoir à découvrir les différents éléments narratifs selon la chronicité et le rythme qu'a prévu initialement Thomas Savage. Savoir qu'il s'agit de l'histoire de deux frères au caractère totalement opposé qui vivent dans un ranch isolé de manière assez rude malgré leur héritage me semble suffisant.
D'autre part un résumé n'est pas non plus nécessaire grâce à la qualité narrative de l'écrivain, maniant à la perfection les allers-retours dans le temps ; au détour d'un chapitre, on est revenus quelques décennies en arrière sans jamais perdre le fil.
Qu'importe, ce roman arrive à susciter un flot d'émotions, d'indignation, de honte, relativement fort. Notamment par l'intermédiaire de ces scènes de malaise dans lesquels certains personnages interviennent, ces scènes qui pourraient paraître anodines d'un regard extérieur, mais que le narrateur sait très bien retransmettre pour qu'elles aient un écho tout particulier chez nous, qu'elles réveillent des moments de gêne qu'on aurait préféré laisser enfouis au fond de notre être.
Il ne s'agit pas forcément d'évoquer des drames pour toucher au plus profond de lui-même le lecteur, mais de simples scènes du quotidien peuvent suffire quand un écrivain sait jouer avec les émotions aussi bien qu'un enfant jouerait avec un hochet : d'une manière naturelle, sans artifices.
Quand le héros est aussi brillant qu’odieux
Critique de Ori (Kraainem, Inscrit le 27 décembre 2004, 89 ans) - 15 mars 2011
Les paysages, les mœurs locales, les protagonistes de ce roman sont décrits avec une minutie telle qu’elle pourrait lasser si l’on n’y était préparé. Les décors sont multiples : prairies à perte de vue, avec tour du propriétaire qui ne peut se faire qu’à cheval, mais aussi, saloon et boutiques du village avoisinant.
Thomas Savage nous présente Phil, célibataire et solitaire, aux prises avec George son puîné, lequel a pris femme (Rose) et adopté son fils (Peter).
Tout au long du roman, l’on sent monter la tension dans ce ranch qui abrite également des travailleurs journaliers et des animaux plus ou moins domestiques (chiens, rats, pies, lapins, couleuvres, coyotes). L’on y pressent un drame final, dont l’objet ou l’issue ne se devinent pas encore, mais dont les ingrédients sont déjà réunis : violente disparité des caractères et des situations de fortune, manières ‘citadines’ de la nouvelle arrivante et de son fils, opposées à celles, campagnardes, des propriétaires et des garçons vachers (cow-boys).
Ce ‘thriller psychologique’ extrêmement bien documenté et dont l’atmosphère nous est restituée avec talent se lit avec beaucoup de plaisir, sans compter le magistral rebondissement final …
Haute tension
Critique de Nance (, Inscrite le 4 octobre 2007, - ans) - 9 avril 2010
« C'était quelque chose de tout à fait contre nature, de vivre, elle et George, dans la même maison que le frère ! Ça ne pouvait pas marcher ; on le lisait partout, et partout on voyait le résultat. Mais comment contester l'affection de George pour son frère, pour sa famille ? »
Peut-être pas mon genre d’histoire, d’ambiance, mais les personnages sont bien travaillés et j’ai passé un intéressant moment de lecture. On se demande comment toute cette histoire va se terminer jusqu’à la dernière page.
Le cow boy au coeur tendre
Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 5 avril 2008
La solitude et l’isolement ne favorisent pas l’éveil sexuel au milieu de ces grandes plaines et l’amitié et la fraternité viennent souvent pallier les carences affectives. Phil a perdu George mais pourra-t-il conquérir Peter ? Mais avant il devra s’avouer son penchant homosexuel et l’accepter.
Un récit fort comme la nature sauvage du Montana, des personnages taillés à la hache des pionniers mais une sensibilité d’une grande finesse et un art de l’écriture consommé font de ce roman un livre magnifique.
Étonnant
Critique de Janiejones (Montmagny, Inscrite le 20 avril 2006, 39 ans) - 15 mai 2007
Sur le fil du rasoir
Critique de Jlc (, Inscrit le 6 décembre 2004, 81 ans) - 28 mars 2007
Je ne reviendrai pas sur l’histoire que les deux critiques de CL ont très bien évoquée si ce n’est pour vous recommander de ne surtout pas lire la dernière page du livre, ce que je fais souvent quand je feuillette en librairie, mais pas cette fois ci, par chance.
Ce roman est d’une intensité rare et Savage a le don de raconter bien sûr mais aussi de ponctuer son récit de notations d’une très grande finesse et d’une subtilité révélant un homme qui a réfléchi sur la nature humaine et probablement souffert avant d’écrire. « Johnny n’avait rien dit car il avait le sentiment qu’en donnant le nom de quelqu’un on lui donne aussi un visage, et son humiliation était plus facile à supporter si cet homme était sans visage, si ce n’était qu’une force semblable au destin ».
Ses personnages sont constamment sur le fil du rasoir qu’il s’agisse de Phil, de Rose ou du jeune Peter. Pourquoi cette tragédie alors qu’il aurait suffi d’un mot ? Pourquoi ce refoulement imposé par une société rigoriste qui engendre la haine des autres pour mieux masquer la haine de soi ? Pourquoi cette volonté d’humilier alors qu’un simple regard aurait été le début d’une autre histoire et non le renvoi cinglant à une domination impitoyable ?
Tout ceci servi par une écriture frémissante qui parfois rejoint une poésie du paysage : « Il parla du pays de l’été, de champs couverts de lupins violets qui ondoyaient et se soulevaient dans la brise comme de l’eau ; il parla du cri mouillé des pluviers à la tombée de la nuit, des nuages de tempête gris foncé qui s’élevaient bien au dessus des montagnes et, chargés d’eau, traversaient le ciel avec une lourdeur de grizzly. »
Un superbe roman, un écrivain à découvrir ou redécouvrir.
Drame psychologique à la tension toute Hitchcockienne
Critique de Heyrike (Eure, Inscrit le 19 septembre 2002, 57 ans) - 21 septembre 2004
Phil est très habile de ses mains qu'il ne protége jamais lorsqu'il manipule les cordes qui entravent le bétail, provoquant l'admiration de ses ouvriers. Instruit et doté d'une acuité visuelle et d'esprit hors du commun, il prend souvent plaisir à transpercer ses congénères de ses propos acerbes et sans appel. Ce n'est qu'en compagnie de ses ouvriers qu'il se sent réellement à l'aise et à sa place. Il voue une haine féroce aux indiens, des maudits sauvages tous des voleurs, aux juifs, ces profiteurs qui s'enrichissent sur le dos des autres, mais par-dessus tout il abhorre les chochottes, ces types à la préciosité ridicule.
Non à vrai dire-il n'y a pas grand monde qu'il aime, même pas son frère qu'il surnomme Gras-double. Non personne, hormis un homme qu'il a connu et admiré autrefois…
Aussi, le jour où George se marie avec Rose et l'amène au ranch, accompagnée de son fils Peter, âgé de 18 ans, Phil voit-il son monde s'écrouler soudainement. Dès lors il va fourbir ses armes et mettre un plan implacable pour éliminer cette femme qu'il déteste, comme toutes les autres du reste. Il décide d'utiliser le fils pour arriver à ses fins. Mais ce fils réservé et taciturne a très vite compris la situation désespérée dans laquelle sa mère se trouve prise au piège. Il entreprend de sauver sa mère des mains lacérées de cet homme machiavélique.
Un très bon roman dans lequel l'écriture, tel un scalpel, dissèque les relations au sein d'une famille de riche propriétaire terrien de l'ouest, fouille dans les tréfonds les plus intimes des individus, pour en dévoiler les penchants naturels qui pourrissent sous le carcan des interdits sociaux qui jugent abjecte toute marque d'altération des mœurs puritaines. Ce mensonge, que Phil s'est infligé afin de se soustraire à la vindicte morale d'une société conformiste, est devenu, au fil du temps, le ferment de sa frustration et de toute sa haine.
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Le pouvoir du chien | 7 | Débézed | 20 juin 2018 @ 22:35 |