En vieillissant les hommes pleurent de Jean-Luc Seigle
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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1961
Albert, la cinquantaine, est ouvrier chez Michelin mais sa vraie vie, il la passe dans son lopin de terre hérité de ses aïeux. On est en 1961, c’est l’année du remembrement qu’Albert vit comme une rupture brutale dans une chaîne de transmission couvrant plusieurs générations. Suzanne, sa femme, rêve de rompre avec l’existence campagnarde qui est la sienne, d’acheter un appartement dans un immeuble moderne et tout confort. En attendant, elle fait entrer le formica et la télévision au village. La télé va être installée, c’est l‘évènement du jour ! Ce soir, il y a un reportage sur la vie des soldats en Algérie, elle y verra son fils aîné qui est là-bas. Quant au cadet, Gilles, il lit… et son père en est tout désemparé : qu’est-ce que lui, ouvrier et fils de paysan, pourra-t-il transmettre à ce fils si différent ?
Ce livre est une tragédie classique ; unité de lieu, de temps et d’action, il déroule la journée du 9 juin 1961 jusqu’au drame tôt pressenti. Plein d’émotion et de sensibilité, il s’interroge sur ce que transmettent les pères dans une société qui se transforme, en rupture avec le passé. Comme d’autres romans récents (tel la Grande Intrigue de Taillandier), il questionne la modernité, le passage vers cette société de consommation devant laquelle s’extasie Suzanne. « Je n’aime pas ce qu’il faudrait que je sois, je n’aime pas me réjouir de cette vie –là, je ne suis pas de cette vie, je suis d’un autre temps que je n’ai pas su retenir » dit Albert.
Les éditions
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En vieillissant les hommes pleurent [Texte imprimé], roman Jean-Luc Seigle
de Seigle, Jean-Luc
Flammarion
ISBN : 9782081257610 ; 18,00 € ; 11/01/2012 ; 246 p. ; Broché -
En vieillissant les hommes pleurent [Texte imprimé], roman Jean-Luc Seigle
de Seigle, Jean-Luc
J'ai lu / J'ai lu
ISBN : 9782290058169 ; 6,40 € ; 15/05/2013 ; 250 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (9)
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La tragédie de la modernité
Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 51 ans) - 19 mars 2016
Ce livre est aussi un hommage à la littérature, qui libère, qui élève, qui nous apprend la vie et qui nous sauve.
Peut-être un Grand roman sur ceux qui étaient au front sur la ligne Maginot
Critique de Fredericpaul (Chereng, Inscrit le 19 mai 2013, 63 ans) - 8 avril 2014
Etant né à cette époque, je me suis retrouvé plongé dans une histoire que j'ai connu : l'arrivée de la télé, la table en Formica, le goût (souvent immonde) du "moderne", les verres "précieux" en cristal d'Arques, …..
Peut-être est-ce pour cela que ce livre m'a touché; peut-être aussi que Jean-Luc Seigle est capable de tous nous émouvoir avec cette histoire qui me semble bien illustrer cette époque, même si il y aurait aussi tant d'autres choses à dire.
Il y a aussi dans ce livre une défi se illustrée de l'amour de la littérature qui est très réussie.
Le petit supplément "L'Imaginot" en fin de volume développe une thèse intéressante sur les vrais responsables de notre déroute de Juin 40. Là, je n'ai pas d'avis tranché sur cette question.
Mais je m'engage assurément pour approuver ce très bon roman où passe le souffle de l'histoire et où un merveilleux personnage nous est proposé en la personne d'Albert. Les personnages secondaires : son épouse, son fils Gilles, Antoine et les deux émouvantes vieilles veuves sont tout aussi réussis.
D’une époque à une autre
Critique de Isad (, Inscrite le 3 avril 2011, - ans) - 8 mars 2014
Le style est simple, à la fois direct et réservé. Les situations sont émouvantes car les sentiments sous-jacents sont retenus et pourtant d’une étonnante lucidité pour le personnage qui les ressent sans les exposer. Une belle peinture sur la vie et le travail dont les effets se font encore sentir de nos jours.
En 1961, Gilles, qui passe son temps à lire, doit passer l’examen d’entrer en 6e car il fait des fautes d’orthographe. Albert, son père, va demander à un nouveau voisin, instituteur récemment retraité dans ce petit village, de l’aider. Sa femme, qui est une amie de sa sœur et a 13 ans de moins de lui et qu’il voit rajeunir depuis quelques temps, lui a fait accepter un crédit pour acheter un téléviseur car leur fils aîné va passer dans un reportage sur la guerre d’Algérie dans laquelle il a été mobilisé.
IF-0314-4181
"Je ne suis pas de cette vie..."
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 13 février 2014
Mais tout doucement, Jean-Luc Seigle permet à l'émotion de s'installer.
De comprendre cet homme juste, de mesurer l'amour qu'il porte aux siens et qu'il ne dit pas.
Cet homme qui se sent dépassé par ses sentiments, par son attachement à son histoire, à ses racines et aux traces laissées par le passage des hommes, et dont le destin est mêlé aussi à l'Histoire, Histoire dont il a vécu une partie tue elle aussi.
(L'auteur nous éclairera dans le dernier chapitre).
"Comment ses fils sauront-ils que leur vie est meilleure si l'on efface toutes les traces d'avant ?"
Et avec la pleine conscience de son inadéquation au monde moderne : "Je ne suis pas de cette vie, je suis d'un autre temps que je n'ai pas su retenir."
Très touchée aussi par cet hymne magnifique à la littérature
"Il eut, dans le même temps, le pressentiment, que la vie, comme les livres, était une source infinie de rebondissements, d'imprévus, de choses secrètes enterrées sous les mots, que rien n'était immuable et que tout se transformait sans cesse."
Un portrait magnifique et bouleversant d'un homme dont les actes débordent d'amour mais en silence et en toute discrétion, humble et pudique.
Ah, les souvenirs...
Critique de Psychééé (, Inscrite le 16 avril 2012, 36 ans) - 10 février 2014
Tout ce beau monde se réunit un soir autour de la télé que les Chassaing viennent d’acheter pour regarder un reportage sur la guerre en Algérie et voir Henri apparaître à l’écran. Un événement qui va les bouleverser. Au cours de cette journée, Albert ressent une sensibilité nouvelle qui nous touche nous aussi, lecteurs, très bien traduite ici : « Les mots étaient enfermés dans sa tête et ne glissaient que très rarement jusqu’à sa bouche. Ce soir, ils sortaient abondamment de ses yeux. Jamais il n’avait autant aimé pleurer que cette nuit-là… »
Ce livre se lit très facilement et décrit de façon admirable le quotidien d’une famille, de leurs relations et de leurs émotions autour de phrases simples, en soulignant la transmission entre les générations et le poids des souvenirs.
Pas seulement qu'en vieillissant...
Critique de Ndeprez (, Inscrit le 22 décembre 2011, 48 ans) - 25 novembre 2013
Dés le début nous comprenons qu'il y aura un drame , Albert ouvrier chez Michelin fait le point sur sa vie , drôle d'enfance drôle de mariage drôle de père mais tout cela bien sûr ne l'est pas.
Son fils ainé fait la guerre en Algérie , ce fils dont il s'est si peu occupé puisqu'il est né alors qu'Albert était prisonnier de guerre.
Ce soir c'est l'évènement , son régiment fait l'objet d'un reportage dans "5 colonnes à la une" et pour fêter cela sa mère a acheté à crédit un poste de télévision et a revêtu pour l'occasion sa plus belle toilette.
Ce texte est un vibrant hommage à la France rurale et au monde ouvrier , fier d'être ce qu'ils sont et de ce qu'ils représentent.
Ce livre réhabilite aussi les combattants de la guerre 39-45 (que ma grand mère appelait 39-40) que l'on traite souvent comme des perdants à l'opposé des héros de 14 ou des courageux de l'Algérie.
Poignant...un très beau livre!
Septularisen et Saule vos critiques (et quelques messages sur le forum) m'ont emmené vers ce livre soyez-en ici remerciés.
la révolution des années 60
Critique de Ddh (Mouscron, Inscrit le 16 octobre 2005, 83 ans) - 27 juillet 2013
Jean-Luc Seigle signe ici son troisième roman. Il a écrit de nombreux scénarios de téléfilms. Pour le cinéma, il a collaboré au scénario de Les convoyeurs attendent, un film de Benoît Mariage avec comme vedette Benoît Poelvoorde. Avec ce présent roman, il a obtenu le grand prix RTL-lire 2012.
Nous sommes en 1961, Albert a des pensées sombres. Et pourtant, il a tout pour être heureux : une femme, deux enfants, une sœur qu’il adore, un travail à l’usine Michelin à Clermont-Ferrand, et ses loisirs ? le travail de la vigne, l’entretien d’une petite ferme, l’horlogerie et l’accordéon ! Mais dans les années 60 tout bascule : il ne s’y fait pas à ce monde moderne : télévision, machine à laver, le remembrement des terres alors que Suzanne, sa femme, y plonge avec délectation en rejetant le passé. Le passé d’Albert est lourd ; soldat sur la ligne Maginot, il a subi la défaite et les 5 années de déportation. De plus, en 1961, son fils aîné, Henri, promis à un brillant avenir fait son service militaire en Algérie où c’est la guerre, son cadet, Gilles, se complaît davantage dans la lecture des romans qu’il ne se soucie de l’orthographe ! Sa passion du moment Eugénie Grandet.
En de phrases simples, l’auteur fait revivre au lecteur les « golden sixties » qui pour certains n’étaient pas si enthousiasmantes ! Jean-Luc Seigle revisite l’histoire militaire, des fortifications de Vauban à la ligne Maginot en passant par la boucherie de la « der des der ».
CHRONIQUE DU TEMPS QUI PASSE
Critique de Septularisen (, Inscrit le 7 août 2004, - ans) - 17 juillet 2013
Albert est l’archétype du paysan et de l’homme luttant contre le progrès et le temps qui passe et qui finit par être complétement enseveli par celui-ci, totalement dépassé par les évènements et le un monde en perpétuel changement…Il est l'archétype du paysan dont, contrairement à ses aïeux, sa terre ne suffit plus à nourrir sa famille, et qui est obligé de "compléter" ses revenus et travaillant à l'usine 8 heures par jour pour avoir une paye régulière qui tombe à la fin du mois...
Mais pour lui tout cela n’a pas grande importance, et ce à quoi il pense c’est surtout ce qu’il va léguer et transmettre à son fils…
Je voudrais surtout dire un mot sur le livre même de M. Jean-Luc SEIGLE, qui est d’une force et d’une originalité comme j’en ai rarement lu. Il m’est toutefois très difficile de parler d’un livre comme celui-ci, tant je redoute de ne pouvoir lui rendre justice, et de ne pas en parler à sa juste valeur...
C’est un livre tout en émotions et en pudeur, et qui touche le lecteur par une puissance narratrice hors du commun. Franchement, une œuvre de toute beauté. Le style de l’auteur est simple, direct et pénétrant, bien plus complexe que l’on pourrait le croire à première vue. L’écriture est, elle, pure, sobre, sans fioritures, sans superflu. C’est une écriture qui n’est pas, par certains côtés, sans rappeler celle d’Albert CAMUS ou de Maurice GENEVOIX.
Je voudrais aussi dire aux lecteurs de surtout ne pas oublier de lire la deuxième partie de ce livre, intitulée «L’imaginot ou Essai sur un rêve du béton armé » qui est en quelques sorte la suite du livre et qui nous raconte ce qu’est devenu Gilles le plus jeune fils d’Albert. Et qui bien que se présentant de manière et de style totalement différents, avec notamment des passages très «moralisateurs», est également tout aussi originale que la première partie.
Mais surtout je voudrais dire que ce livre est beau, mais beau… Sans doute un des plus beaux que j’ai lu ces dernières années, malgré un thème des plus simples, et une histoire somme toute tragique. Un livre unique, précieux, une lecture dont on ressort changé, littéralement sonné !...
A noter que ce livre à été lauréat du Prix RTL-Lire 2012.
La fin d'une époque
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 25 août 2012
Ce roman très beau et pudique touche à de nombreux thèmes et en particulier celui de la transmission entre les générations et le drame pour le père lorsqu'un monde prend fin et que cette transmission n'est pas possible. Il est question aussi de la mort du paysannat et du passage à la société de consommation moderne, ainsi que de la drôle de guerre en mai 1940 source d'humiliation et de ridicule pour les soldats qui sont revenus de captivité cinq ans après la défaite.
Un roman habilement construit, sobre et pudique, sur une époque pas tellement lointaine mais tout à fait révolue, un beau témoignage sur la paternité et la transmission des valeurs, sur la dignité de la vie humaine.
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Jean-Luc Seigle n'est plus... | 2 | Patman | 11 mars 2020 @ 13:45 |
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