Au Sahel les cochons n'ont pas chaud de Kaar Kaas Sonn
Catégorie(s) : Littérature => Africaine , Littérature => Francophone
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Brut de décoffrage
Quelque part en Afrique sub-saharienne, dans un pays appelé Médiocropolie, vit un personnage peu recommandable, Malik Moktar Al Mahdi, un des nombreux fils d'un roitelet local. Dans les années cinquante, la vie dans un petit village de brousse n'est pas facile. Les femmes travaillent beaucoup et les hommes tentent de profiter au maximum du système colonialiste quitte à y « perdre leurs couilles » (expression favorite de l'auteur). Le jeune Malik, peu doué pour les études (il est encore en 6ème à l'âge de 18 ans), surprend un jour un camarade dans les bras de M. Breton, un prof expatrié pédophile qui note ses élèves en fonction des privautés que ceux-ci lui accordent. Malik tue le giton en le lardant d'une quarantaine de coups de couteau et prend peu après sa place dans le lit de l'enseignant. Ainsi débute la carrière d'une sorte de psychopathe qui, profitant des soubresauts politiques et de l'ambiance de violence infernale du pays, parviendra jusqu'aux plus hautes responsabilités.
Ce premier roman assez brut de décoffrage se présente de façon paradoxale. Son sujet, l'histoire douloureusement typique des trente années suivant l'indépendance d'un pays d'Afrique, en l'occurrence le Tchad, aurait pu présenter un intérêt véritable si l'auteur avait su choisir un genre et n'avait pas navigué entre le témoignage, le conte faussement philosophique et la fantasmagorie pure et simple, ce qui nuit grandement à la vraisemblance et à la crédibilité. Des personnages hauts en couleurs et un tantinet caricaturaux comme le surdiplômé passionné de Mozart qui passe sa vie à étudier en France ou Alphonse Garrido, l'intello qui analyse avec brio les réalités socio-politiques devant un parterre d'étudiants et de poivrots rassemblés dans un bar, sans oublier l'instituteur érudit, le prof pédophile ou le journaliste qui n'a qu'une idée : quitter le pays. Mais le pire se niche dans la forme. Kaar Kaas Sonn aurait pu relire ou faire relire un manuscrit qui regorge de coquilles, de fautes de français, de barbarismes, d'erreurs de syntaxe ou de conjugaison de toutes sortes. Un tel festival de médiocrité rend la lecture du bouquin aussi laborieuse que pénible. C'est bien dommage, car les bons passages ne manquent pas. Le lecteur se prend même à imaginer ce qu'un écrivain chevronné aurait pu tirer d'un brouillon aussi mal corrigé.
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