Le grand Coeur de Jean-Christophe Rufin

Le grand Coeur de Jean-Christophe Rufin

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Romans historiques

Critiqué par Elya, le 31 mai 2012 (Savoie, Inscrite le 22 février 2009, 34 ans)
La note : 6 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 10 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (3 508ème position).
Visites : 9 441 

Le Moyen-Age et son commerce

Le grand cœur vient de paraître en 2012. C’est le dernier roman en date de JC Rufin, mieux connu pour son Rouge brésil qui lui a valu le prix Goncourt il y a quelques années. L’écrivain revient sur un style qui lui a apporté le succès ; le roman historique. On est peut-être encore plus dans le vrai qu’avec Rouge brésil, puisqu’ici c’est la vie de Jacques Cœur de Bourges, marchand français du 14ème siècle, qui nous est contée. On quitte le monde maritime pour le monde terrestre, mais on retrouvera bien quelques éléments de Rouge brésil : des personnages hauts en couleurs, une narration simple mais divertissante, quelques longueurs aussi.

Nous découvrirons donc la France de la guerre de cent-ans, et celle des années qui ont suivi. Les différentes classes de la société de l’époque nous sont commentées, même si on se consacre surtout au monde de la bourgeoisie et de l’aristocratie. L’histoire qui se crée, faite d’amour, d’argent, de labeur et d’idées ingénieuses mais périlleuses, n’est là que pour révéler les mœurs d’une époque. C’est la principale qualité que j’ai trouvé à ce livre, qualité que l’on peut sans doute accorder à bon nombre de romans de ce type ; enrichir nos connaissances historiques sans en avoir l’air. Si tant est que JC Rufin soit fidèle à l’histoire, mais on n’en attend pas moins d’un Académicien.

Malheureusement pour moi, c’est un genre de roman qui me lasse vite. Je dois cependant reconnaître le talent de JC Ruffin d’arriver à nous faire briser les images d’Epinal que nous avons en tête à propos du Moyen-âge ; on ne résume pas ici le Moyen-Age à des banquets gargantuesques, des affronts entre chevaliers ou encore à de belles robes de gentes dames.

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Une page d'histoire

7 étoiles

Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 16 novembre 2023

Ou comment un fils de pelletier (traiteur de fourrure) de Bourges est devenu Argentier du roi.
Le destin de Jacques Coeur paraissait tracé. Travailler avec son père Pierre, prendre sa relève, épouser Macé Léodepart, élever ses enfants.
Mais lui n’a qu’une ambition, quitter la France et ses guerres fratricides pour découvrir l’Orient, sa civilisation, sa culture, sa richesse.
Il quitte alors sa ville, son épouse et ses enfants pour faire le voyage dont il rêvait.
Il constate que la France n’est pas le centre du monde et que c’est en Orient que se passent les échanges commerciaux les plus riches et variés, que les différentes cultures se croisent, se mêlent, impressionné par leurs progrès dans tous les domaines, par l’art, et la tolérance.
Ce qui l’intéresse, lui, le fils de marchand, ce sont "les commerçants agents de l’échange et non de la conquête".
Ses découvertes vont transformer sa vie, commerçant dans l’âme, il entrevoit le potentiel d’enrichissement dans ce commerce avec l’Orient, une ouverture et une façon de renflouer les caisses de l’état français et les siennes. Mais pour cela, il faut une France pacifiée à défaut d’être unie.
Sa volonté le mènera jusqu’au roi, où il deviendra un personnage influent et très riche. Mais cette situation attire les jalousies, et peu d’amis résistent à la corruption, au profit de leurs intérêts personnels, surtout quand cet homme est leur créancier.
"J’usais avec mes interlocuteurs de la nouvelle langue universelle, qui avait ,hélas remplacé les codes de la chevalerie, à savoir, l’argent."

Des aventures impressionnantes que la vie de cet homme, fils d’artisans à Bourges, qui devient le plus riche et l’un des plus influents du pays.
On apprend beaucoup sur la vie quotidienne de cette époque, des classes sociales définies mais fluctuantes au travers de la vie d’un héros remarquable à défaut d’être sympathique par ses pratiques d’usurier.
Un remarquable roman, comme l’auteur nous y a habitués, avec toujours une écriture travaillée, au vocabulaire raffiné, aux sources historiques indéniables ; mais j’avoue avoir trouvé souvent longue cette lecture de presque 500 pages.

Un homme au coeur de l'Histoire

8 étoiles

Critique de Elko (Niort, Inscrit le 23 mars 2010, 48 ans) - 13 janvier 2015

Cette lecture m'a procuré un double plaisir. Celui de retrouver le talent narratif de Jean-Christophe Rufin et celui de suivre le parcours exceptionnel de Jacques Cœur. Cet homme sut s'élever aux plus hautes responsabilités, amasser une des plus grandes fortunes et rencontrer les plus grandes figures du XVème siècle. Il vécu et compris la fin d'une époque et participa à cet élan qu'est la Renaissance.

Ce roman à la manière d'une autobiographie offre un récit vivant et intime tout en permettant un parti pris plus acceptable. Car Jean-Christophe Rufin admire son sujet, et ça se ressent, ce qu'il assume complètement.

Le quotidien, dans la France du 15è siècle

7 étoiles

Critique de Ori (Kraainem, Inscrit le 27 décembre 2004, 89 ans) - 10 octobre 2013

Encore un très bon roman du si talentueux Rufin : il nous fait connaitre et comprendre l’Histoire, dont les convulsions ne sont au final que la résultante des comportements humains.

Ici, c’est le grand Argentier du roi Charles VII, Jacques Cœur, qui nous raconte son quotidien dans la France du 15è siècle, nous apportant un témoignage éclairant sur cette époque charnière, à la veille de la Renaissance.

Si, en seconde partie, l’ouvrage m’est apparu un peu long, il n’en constitue pas moins une somme de repères sur les relations troubles entre la finance et la monarchie, mais aussi entre les nobles et les marchands.

Infiniment instructif …

Un peu d'histoire de France

7 étoiles

Critique de Yeaker (Blace (69), Inscrit le 10 mars 2010, 51 ans) - 8 août 2013

Rufin nous raconte comment un homme a aidé un Roi à devenir indépendant des grands seigneurs et faire de la France un pays uni et prospère. C’est le destin magnifié d’un fils d’artisan de la ville de Bourges (la ville de Rufin également) : Jacques Cœur. Tout d’abord monnayeur, puis marchand avant de devenir également le grand argentier du royaume, il aura compris avant tout le monde que le commerce sert davantage que la guerre les intérêts de son roi. Au milieu des intrigues et des trahisons de la cour vivez le passage de l’âge médiéval à celui du monde moderne et au fondement de l’économie libérale : l'argent c'est le pouvoir.

Je n’aime pas personnellement l’écriture de Rufin que je trouve « trop formatée » et si peu musicale. Le personnage est assez agaçant également. Le style est néanmoins efficace et les mœurs de l’époque semblent bien reproduites.
Pour info, le Palais de Jacques Cœur à Bourges se visite bien qu'il ne l'ai jamais réellement habité.

Bonne lecture

Un destin hors du commun

6 étoiles

Critique de Kabuto (Craponne, Inscrit le 10 août 2010, 64 ans) - 1 décembre 2012

Rouge Brésil et l’Abyssin sont sans doute les deux romans de Rufin que j’ai préférés et c’est pour cela que je me suis laissé tenter par ce livre qui semblait être du même style. J’ai retrouvé en partie ce qui m’avait tant plu chez cet auteur. Une belle écriture qui vous transporte directement dans une époque lointaine et un éclairage vivant et agréable sur une période charnière de notre histoire. Tout l’intérêt vient d’ailleurs de ce décor où l’on croise quantité de personnages historiques et qui m’a permis d’en apprendre un peu plus sur Charles VII et la fin de la guerre de cent ans.
Ensuite, j’ai découvert le destin de Jacques Cœur que je ne connaissais absolument pas. Un homme hors du commun certes, mais qui n’a pas réussi à me séduire vraiment. Malgré les efforts de l’écrivain pour rendre humaine cette figure historique, j’ai rarement été touché par l’homme et je n’ai pas trouvé le souffle épique que j’avais apprécié dans les autres romans cités plus haut. Ceci dit, c’était une lecture agréable et même si le grand argentier du roi ne m’a pas touché comme l’aventureux Jean-Baptiste Poncet, c’est un bon Rufin.

Bravo Monsieur Rufin

9 étoiles

Critique de Tanneguy (Paris, Inscrit le 21 septembre 2006, 85 ans) - 20 juillet 2012

Oui, Monsieur Rufin est un conteur-né, mais c'est aussi un chercheur efficace et son imagination fait le reste. Il a été séduit par un homme illustre (originaire comme lui de Bourges) et souvent négligé par notre pauvre Education Nationale... Apprend-on encore ce personnage dans nos écoles ? Pourtant il a révolutionné les circuits commerciaux à une époque où le Royaume de France cherchait à sortir de longues années de guerres (les Anglais, les Bourguignons, les Armagnacs...). Je ne sais s'il aurait eu l'heur de plaire à notre responsable du "Redressement Productif" mais il pourrait peut-être s'en inspirer.

Les relations entre Jacques Coeur et Agnès Sorel sont sans doute imaginées par l'auteur, elles sont la marque d'un romancier véritable et appréciées comme tel. Vous pouvez réserver ce long récit pour éclairer cet été pluvieux, vous ne serez pas déçu.

Jean-Christophe Rufin est un conteur né !

9 étoiles

Critique de Papyrus (Montperreux, Inscrite le 13 octobre 2006, 64 ans) - 30 juin 2012

Tout l'art de Rufin est là. A mon sens, Jean-Christophe Rufin est un conteur né ! J'ai adoré le lire dans l'Abyssin, et Rouge Brésil. J'ai moins aimé ses romans d'anticipation. Sans doute ai-je besoin de rêves et de personnages romantiques qui les portent ? Dans ce genre, Rufin excelle, faisant surgir du passé des personnages qui ont marqué l'histoire mais qui sous sa plume, ont un cœur qui palpite et du sang dans les veines.
Jacques cœur, grand argentier du roi, est au départ un simple marchand qui va peu à peu construire une véritable fortune, visionnaire dans la construction de son réseau d'échanges commerciaux entre nord de l'Europe et Orient. C'est donc cette fortune qui va lui permettre, dans une France ravagée par la guerre de cent ans, de s'imposer à la cour royale au titre de pourvoyeur de fonds du roi qui tente de reconquérir son rang.
L'écriture est à la fois simple et belle, claire et riche, sensuelle et précise.
J'aime.

Plaisir de lecture

9 étoiles

Critique de Lilas_92 (, Inscrite le 12 juin 2012, 32 ans) - 12 juin 2012

En voyant l'auteur et le sujet du livre, je l'ai tout de suite acheté. J'étais très pressée de le lire et je n'ai pas été déçue !
A la manière des grandes fresques historiques, Rufin nous fait voyager dans l'univers du Moyen-Age que je connaissais assez mal, et qui maintenant me donne envie d'en savoir plus.
J'ai beaucoup aimé le personnage de Jacques Coeur et celui d'Agnès Sorel, même si celle-ci est représentée comme femme parfaite, ce qui peut parfois agacer.
De même, le contexte historique est bien peint, mais sans trop de détails, ce qui permet de se concentrer très largement sur le côté romanesque.

Tous les ingrédients du roman historique sont là, et les adeptes de ce genre, ne seront pas déçus, je le pense sincèrement. Même ceux qui ne lisent pas ce genre de roman d'habitude peuvent apprécier, car la vie du personnage est tellement riche, qu'elle lui réserve bien des surprises et permet au lecteur de ne jamais s'ennuyer. D'autant plus que Jacques Coeur est un personnage tout à fait moderne.

On est déçu quand ça se termine, comme tout bon roman qui tient en haleine, et on voudrait pouvoir ramener Jacques Coeur dans nos temps modernes, qu'il ne meure jamais...
Un grand merci à Jean-Christophe Rufin d'avoir fait vivre ce personnage que l'on connaît si mal !
En résumé, je conseille vivement ce roman !

Coup de coeur

8 étoiles

Critique de Hamilcar (PARIS, Inscrit le 1 septembre 2010, 69 ans) - 8 juin 2012

Quel bonheur de retrouver Rufin, celui qui nous avait quitté quelque part sur les rivages du Brésil ou dans la torpeur d’Ispahan ! Jean-Christophe Rufin revient avec ce génie qui lui est propre, celui de conter, avec une écriture qui séduit, sans complications et tellement belle !
Et quel challenge aussi de faire de l’histoire de Jacques Cœur un roman qui passionne alors que le personnage, tout intéressant qu’il fut, n’en restât pas plus qu’un arriviste financier, inventeur du commerce avec l’Orient, ce qui l’amena à devenir grand argentier du roi de France. De quoi ne pas avoir d’argument suffisant pour la chevauchée picaresque ou l’assaut qui emporte le lecteur !
Mais Rufin n’est pas n’importe quel narrateur. Il arrive, sans désobliger de la réalité, à faire de cet honnête fils de pelletier un héros qui ne démérite jamais dans ce rôle. Celui qui se créa sa fortune et rétablit les comptes du petit roi de Bourges devient, dans ce roman, un aventurier, avide de liberté et cœur tendre, chevaleresque et imprévisible. Ce qu’il fut sans doute, mais tellement cantonné dans sa mission financière qu’il reste, aujourd’hui encore, l’infortuné qui donna au roi sa puissance financière, et qui subi le bannissement par jalousie.
Outre son système commercial établi et son goût pour les choses culturelles, J. Cœur reste un inconnu pour bon nombre. C’est tout l’art de l’auteur de nous débarrasser le personnage de son austérité supposée en lui donnant toute la grâce nécessaire à la reconnaissance. Humaniste avéré, visionnaire dans l’esprit, amoureux raisonnable (Ah ! Cette amitié amoureuse avec la favorite du roi, Agnès Sorel !), et tourmenté aussi, jusqu’à sa fuite après tortures et incarcération. En fait, J.C Rufin nous livre Jacques Cœur comme on ne s’y attend pas, en véritable personnage de roman, en héros de chevalerie.
Sa postface avoue quelques infidélités avec la vérité. Tant mieux. Dès lors où le fond reste solide et crédible, la forme ne peut qu’emporter l’adhésion du lecteur. Sur ce, pour les puristes de l’histoire, ce Jacques Cœur là est bien plus proche de la réalité que ce que nous en ont montré certains historiens. L’homme ne fut pas que comptable de sa fortune et de celle du roi. Il fut aussi un homme qui aspira à autre chose, au libre échange quand d’autres montaient des croisades, à l’humanité quand elle sait être respectueuse des arts et des hommes.
Ce grand Cœur là nous manque peut être aujourd’hui.
Mais j'ai retrouvé J.C Rufin.

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