Récit de qualité pour histoire vraie

Dans la nuit du 22 au 23 juin 1977, en Oregon, deux jeunes campeuses endormies dans leur tente vont se faire rouler dessus par un véhicule. Non content de ce premier méfait, le conducteur leur assénera ensuite plusieurs coups de hache. Le livre étant écrit par l’une d’elles, on sait d’emblée qu’elles survivront. Mais au prix de quel traumatisme…

La narratrice, Terri, a décidé d’entreprendre avec une amie d’université un périple en vélo. Le but est d’aller au bout de soi, de se dépasser physiquement et de découvrir qui on est réellement. A 20 ans, on se cherche… Le guide qu’elles possèdent leur a renseigné un endroit où camper. Mais arrivées sur les lieux, elles constatent que Cline Falls Park est désormais consacré aux familles qui viennent y pique-niquer, aux jeunes qui s’y prélassent et que le camping y est à présent interdit…. Dépitées et exténuées par leur trajet, elles décident de quand même y planter leur tente. Ce choix, Terri et Shayna le regretteront amèrement.

A peine endormies, elles sont réveillées par des crissements de pneus. Sans qu’elle puisse identifier ce qui se passe, Terri sent un énorme poids sur elle. Puis le poids se retire. Dans le silence qui s’en suit, le cri de Shayna est d’autant plus terrifiant. Les coups de hache pleuvent alors, d’une violence inouïe. Malgré de graves et multiples lésions, par un effort de volonté peu commun, Terri, après le départ de l’agresseur, réussit à se traîner jusqu’à Shayna et ensuite à marcher jusqu’à une route. Une voiture s’arrêtera enfin pour conduire les jeunes femmes, presques mortes, à l’hôpital le plus proche.

Il aura fallu 15 années à Terri pour entreprendre des recherches sur ce qui lui est arrivé. Car le coupable n’a jamais été identifié… Pourquoi les a-t-il agressées ? Par hasard, parce qu’elles étaient au mauvais endroit au mauvais moment, ou a-t-il un mobile plus précis ? Pourquoi a-t-il choisi de les laisser en vie ? Que s’est-il réellement passé ? C’est à une enquête méticuleuse que va se consacrer Terri en retournant à Cline Falls pendant des années. Shayna, quant à elle, réagira différemment et ne ressentira pas le besoin de revenir sur l’agression, ni d’en discuter avec Terri. Petit à petit, elles se perdront de vue… Mais pour Terri, cette enquête est vitale, elle doit découvrir ce qui s’est réellement passé, dans les détails, pour passer au-dessus de son traumatisme. Ce livre est donc le récit méthodique des souvenirs de Terri quant au déroulement du drame et de son enquête fouillée au cours de laquelle elle sera amenée à interroger elle-même (puisque la justice ne l’a pas fait, en son temps, alors que toutes les rumeurs s’accordaient sur le coupable) les témoins directs ou indirects, liés de près ou de loin aux faits. Ce faisant, Terri Jentz dénonce les incompétences du système judiciaire de l’Oregon, où, pour ne citer qu’un exemple, dans le cas de tentative de meurtre, il y avait prescription après … 3 ans. Oui, 3 misérables petites années… En dépit de l’aspect répétitif de certains éléments, il s’agit d’un témoignage poignant (mais jamais « gore » ou larmoyant) sur la sortie d’un traumatisme, c’est comme une véritable mue où la victime se débarrasse petit à petit d’une peau blessée et se découvre sereine face aux événements.

Pour une fois, je suis bien contente de n’avoir pas évité le récit d’une histoire réelle…

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  La nuit sauvage [Texte imprimé] Terri Jentz traduit de l'anglais (États-Unis) par Alexandra Lefebvre

  de Jentz, Terri Lefebvre, Alexandra (Traducteur)
  Points / Points (Paris)
  ISBN : 9782757823903 ; 8,50 € ; 05/01/2012 ; 598 p. ; Poche

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