Magasin général, Tome 7 : Charleston de Régis Loisel (Scénario et dessin), Jean-Louis Tripp (Scénario et dessin)

Catégorie(s) : Bande dessinée => Légende, contes et histoire

Critiqué par Blue Boy, le 31 mars 2012 (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans)
La note : 8 étoiles
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Vent de folie sur Notre-Dame-des-Lacs

Après avoir été attaqué par un ours en pleine forêt, Mathurin Latulippe récupère doucement grâce aux bons soins de Marie et ses amis. Pendant ce temps, son grand frère Ernest en profitera pour goûter aux plaisirs d’un lit douillet et des bains chauds, à la douceur d’un foyer… et pourquoi pas aux transports amoureux, lui, « l’homme des bois » un peu fruste à la barbe hirsute… il faut dire que depuis son séjour montréalais, la jeune veuve timide qu’était Marie s’est littéralement transformée… et va elle-même transformer la vie tranquille de Notre-Dame-des-Lacs au rythme du Charleston…

Je ne sais pas si cette BD est une trahison de la vie québécoise de cette époque, et si les « maudits Français » que sont Tripp et Loisel devaient s’interdire d’évoquer le mythe québécois du survenant sous prétexte qu’ils sont étrangers, comme certains esprits chagrins et extrémistes de la Belle Province ont pu l’écrire dans le forum (voir tome 1). Tout ce que je peux dire, c’est que la série m’a beaucoup plu d’une manière générale. Peut-être la réalité a-t-elle été quelque peu idéalisée, mais une œuvre artistique a-t-elle pour but de reproduire à l’identique ce qui existe ou a existé ? Cette BD n’a pas de prétention documentaire, et un documentaire quel qu’il soit contient de toute façon toujours une part de subjectivité. Le Québec n’est ici que le cadre d’une histoire universelle qui pourrait se dérouler n’importe où sur Terre, ce n’est donc en vérité pas le sujet central. C’est avant tout l’histoire d’un village et ses protagonistes, l’histoire simple d’une communauté humaine avec ses peines et ses joies.

Quant à cet épisode à proprement parler, il m’a semblé y déceler tout de même un certain essoufflement, même si j’ai toujours eu du plaisir à le lire. En effet, contrairement aux tomes précédents, il n’y a pas vraiment de rebondissement, le sujet principal étant le vent de folie du Charleston qui souffle sur le village depuis le retour de Marie. C’est fort sympathique de voir les habitants prendre le moindre prétexte pour organiser un « party » improvisé, tandis que la mode vestimentaire montréalaise se répand comme une trainée de poudre parmi la gent féminine, certes le dessin et la mise en couleur me laissent toujours admiratif, mais on a l’impression que le scénario a été mis entre parenthèse pour cette fois, même s’il y a quelques scènes encore très cocasses (l’ourson sous la robe de Madame Gladu !)…

Est-ce le tome de trop ? Il me semble que la boucle aurait pu être bouclée avec le précédent, celui qui montre l’accomplissement et l’épanouissement de Marie suite à son séjour dans la grande ville. L’autre bémol, c’est l’ourson des frères Latulippe qu’on voit souvent batifoler avec les petits animaux du village, le chaton, le chiot et le caneton. Certes, c’est bien mignon, mais ces quatre animaux finissent par devenir trop présents, même s’ils n’apparaissent le plus souvent que dans un coin de l’image, comme s'ils étaient là juste pour meubler les trous scénaristiques. Cela a aussi un côté enfantin un peu agaçant à la longue. La fin laisse supposer qu’il y aura une suite. C’est donc cette suite qui permettra de savoir si les deux auteurs ont eu vraiment raison de continuer la série ou pas…

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