Magasin général, tome 1 : Marie de Régis Loisel (Scénario et dessin), Jean-Louis Tripp (Scénario et dessin)
Catégorie(s) : Bande dessinée => Légende, contes et histoire
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Chronique villageoise au Québec
Quand deux grands auteurs de bédé se mettent à scénariser et dessiner ensemble, ça ne peut donner qu'un chef d'oeuvre. Félix était commerçant dans un petit village du Québec dans les années 20, et la mort le prend un jour, après une longue et pénible maladie. Sa femme, Marie est devenue indispensable à tous, c'est elle qui va à la ville avec le "char" qu'elle sait à peine "chauffer" pour s'approvisionner en marchandises. Elle a un coeur grand comme ça, Marie, mais qui parmi ces gens frustes prend le temps de l'écouter? Il y a des gens comme ça, qui n'intéressent les autres que tant qu'ils donnent, et d'ailleurs, Marie ne sait faire que ça, donner sans même attendre un merci.
Il ne se passe quasi rien dans cet album, sauf l'écoulement du temps, les passages des saisons, la vie, les naissances et la mort, l'ambiance du village, les mauvais coups des garnements, les beuveries, les bagarres suivies de réconciliations fracassantes.
Le dessin est une merveille de précision et de coloris, expressif et poétique à la fois. Les auteurs ont gardé dans les dialogues juste ce qu'il fallait de dialecte québecquois pour être compréhensibles des deux côtés de l'Atlantique, et cette histoire d'un temps que les moins de quatre-vingts ans ne peuvent pas connaître est reconstituée avec efficacité.
Les éditions
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Marie [Texte imprimé] sur un thème de Régis Loisel scénario et dialogues, Régis Loisel & Jean-Louis Tripp dessin, Régis Loisel & Jean-Louis Tripp adaptation des dialogues en québecois, Jimmy Beaulieu...
de Loisel, Régis (Scénariste) Tripp, Jean-Louis (Scénariste)
Casterman / LOISEL
ISBN : 9782203370111 ; 15,50 € ; 14/03/2006 ; 80 p. ; Album -
Magasin général [Texte imprimé] Loisel, Tripp
de Loisel, Régis Tripp, Jean-Louis
Casterman
ISBN : 9782203020061 ; 137,06 € ; 19/11/2008 ; 240 p. ; Cartonné
Les livres liés
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Un Québec court-circuité
Critique de Libris québécis (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans) - 22 juin 2012
http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/10079
http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/21757
Magasin général baigne dans une atmosphère qui rappelle les films de Luc Picard, lequel a porté à l'écran deux œuvres de Fred Pellerin, plus riches que le scénario de Régis Loisel et Jean-Louis Tripp. Mais tout de même, le curé et Marie, la propriétaire du magasin général sont des personnages assez étoffés. Marie est une femme généreuse autant que le curé qui délaisse le bréviaire pour le marteau afin d'aider le mouton noir de sa paroisse à se construire un bateau. L'esprit d'entraide caractérise le scénario.
Ce tissage serré est au centre de la BD comme il en est des contes de Fred Pellerin. L'amour d'un prochain que l'on aime tapocher (en venir aux coups), mais avec lequel on se réconcilie à la première heure. En somme, on s'accorde comme larrons en foire parce que c'est si beau l'accordéon. Ce n'est pas sans rappeler les Irlandais du Titanic qui dansent des sets callés sur des reels endiablés (quadrille dansé sur un air de rigodon). La BD reproduit habilement la version de cette scène, qui rappelle l'amour des Québécois pour cette musique.
La BD plonge dans « le bon vieux temps », expression qui soulevait la fureur de ma grand'mère. Le bon temps de faire le lavage à la rivière ? Un bon vieux temps que les auteurs idéalisent et modernisent. À la campagne, on n'allait pas chez le médecin pour un os fracturé. On recourait à l'expérience du rebouteux (guérisseur), lequel avait l'art de remettre les os en place. Et qu'une femme chauffe (conduise) un camion relève de l'incongruité. Et au Québec, rares sont ceux qui disent camion. C'est un truck. Et le chauffeur de truck ne peut être une chaufferette, une femme au volant. Ma mère refusait de chauffer le char (auto) de mon « pére » pour ne pas passer pour une dévergondée. C'est sans compter le bécycle (vélo) du curé. Un autre incongruité. Il se déplaçait en voiture à cheval pour porter le sacrement des malades aux moribonds.
Et que dire des jurons ? Cette habitude de jurer remonte aux films québécois des années 1960. Les humoristes l’ont propagé chez les branchouillards, des mangeux de marde (gens peu appréciés) qui en ont fait une mode. J'ai passé mon enfance et mon adolescence sans entendre un seul juron, devenu notre marque de commerce. J'en calicerais une tabarnaque (administrer une raclée) aux hosties (mal famés) qui nourrissent le phénomène.
La Bd est réductrice de nos us et coutumes. On a oublié, par exemple, les bécosses (déformation de back house) qui apparaissent pourtant sur les images. Ce terme désigne les v.c. extérieurs. On n’a pas non plus laissé une place importante à la forge, où l’on ferrait les chevaux, qui formaient le principal moyen de locomotion. En parcourant cette œuvre de 80 pages, on a l’impression de visiter une reconstitution des villages d’autrefois. Tout est concentré sur un terrain étroit. Quand j’examine les dessins, je ne peux croire qu’il me fallait vingt minutes de marche pour fréquenter l’école ou quinze pour me rendre à l’église. Cette dernière apparaît sur les dessins, mais on a oublié de préciser que c’était un lieu de rassemblement indispensable. Le parvis servait de plate-forme pour discuter de politique, surtout en temps d’élection.
C’est une œuvre intéressante, mais peu révélatrice de nos beaux villages composés de jolies maisons. C'était beau chez nous, et ce l'était jusqu'au bout du rang (route de campagne). Et ce l'est toujours. Rien n'a changé dans mon village natal. Certes le magasin général occupait une place importante, mais pas plus que la forge et moins que l’église, qui tenait le rôle du journal d’aujourd’hui. Ça, on ne le sent pas. On dirait un épisode de La Petite Maison dans la prairie dans lequel le rôle de Michael Landon serait tenu par la Marie de la BD. Bref, voici comment se pratique la désinformation.
Une balade dans le Québec des années 20
Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans) - 15 février 2012
Félix Ducharme est mort et laisse à sa pauvre épouse Marie la responsabilité du Magasin général. Autour de ce magasin, gravitent enfants, adultes et vieilles femmes aigries et Marie semble être le lien entre ces diverses humanités. Le lecteur suit avec plaisir ces petits événements du quotidien à la fois banals et intimistes qui font la richesse de cette BD : une jambe cassée pour un ado, l'arrivée du nouveau curé, un vieux bonhomme qui construit un navire ... Lorsque j'ai commencé la BD, je n'ai pu m'empêcher au célèbre feuilleton "La Petite maison dans la prairie", mais très vite la singularité et la richesse de cette oeuvre ont émergé ...Ouf ! Etant donné la multitude d'individus et le cadre décrit, on sent tout le potentiel de cette bande dessinée. Plus qu'une photographie d'une réalité, c'est la vie dans sa simplicté qui est peinte.
Les dessins sont beaux et les personnages expressifs. De plus, les vignettes sont riches et regorgent de détails comme tous ces animaux qui parcourent la BD. Le lecteur a le sentiment de bien connaître ces individus auxquels on s'attache, ce qui est plutôt rare dans les BD de ce format.
Une bande dessinée dont la qualité repose sur sa capacité à reconstruire un microcosme pittoresque et touchant.
Une caricature navrante du Québec rural des années 20
Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 17 janvier 2012
Et la soirée de la Saint-Jean qui se termine en bataille. Franchement, j'avais l'impression de me retrouver dans Astérix ! Non, vraiment, que ces deux auteurs français laissent donc le Québec traditionnel en dehors de leur oeuvre car ils ne font que le ridiculiser. Ce n'est pas en émaillant les dialogues de jurons comme "hostie" et "tabarnac" qu'on arrive à rendre le parler québécois et surtout pas sa saveur unique.
L'âme du Québec est étonnamment absente de cette bande dessinée. Ce n'est qu'une grossière caricature à donner la nausée.
La jeune veuve aux beaux yeux tristes
Critique de Blue Boy (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans) - 10 janvier 2012
Mon seul bémol, tout au long des six tomes, est la présence de ces phylactères (de Loisel sans aucun doute) quelque peu envahissants qui parasitent parfois le plaisir qu’on a à admirer les dessins. Il me semble que dans une BD, une bulle doit être élégante et savoir se faire oublier. Celles-ci sont trop stylées, trop pointues, trop nerveuses, et ne vont pas avec le style du dessin. Si cela fonctionnait dans Peter Pan et La Quête de l’Oiseau du temps, c’est devenu presque gênant ici, un peu comme un gravier dans une chaussure.
Cela étant, le démarrage est plutôt réussi pour cette fresque champêtre très attachante, qui laisse bien augurer de la suite. C’est vivant, vibrant, chatoyant, chaleureux, cocasse, sensible, émouvant… une BD qui se lira volontiers en dégustant une « queue de castor ». Moi qui ai toujours trippé sur le Québec depuis les chansons de Beau Dommage et Robert Charlebois, cette histoire correspond assez bien aux fantasmes que je peux avoir sur ce pays.
plaisant
Critique de Magda (, Inscrite le 23 juillet 2011, 59 ans) - 23 juillet 2011
Une bonne découverte
Critique de Anou (, Inscrite le 25 octobre 2010, 37 ans) - 25 octobre 2010
J'ai tout de suite accroché à l'univers du village de Marie (j'aime particulièrement revenir au plan du village dessiné sur la 1ère page à chaque fois qu'un personnage est mentionné), à leur façon de parler, et puis j'aime aussi beaucoup cette époque alors j'ai trouvé ça très facile et agréable à lire.
J'ai aimé la plupart des personnages. Ils sont tous un peu nigauds, mais ça ne les rend que plus attachants.
Je suis partagée sur le fait qu'il ne s'y passe pas grand chose. Je pense que c'est ça qui fait le charme de la BD, mais en même temps j'aurais peut-être aimé être un peu plus emportée dans une réelle intrigue.
Mais globalement, je suis très satisfaite, c'est vraiment une BD à découvrir!
Grosse claque
Critique de MEISATSUKI (, Inscrite le 2 octobre 2009, 48 ans) - 2 octobre 2009
Il faut dire que la jolie couverture de Marie me faisait de l'œil depuis un bon moment. Un jour de passage à la bibliothèque municipale, la voilà qui me rattrape ! Qu'à cela ne tienne, l'histoire n'a pas l'air trop folichonne mais pour le plaisir des yeux, je l'emprunte.
Et là... quelle merveille !!! Les dessins sont non seulement magnifiques de par leurs traits et leurs couleurs mais aussi de par ce qu'ils nous racontent. Car chez Loisel et Tripp, l'émotion n'est pas que dans les dialogues des personnages, mais, pour la plus grande partie dans cette succession de magnifique dessins, bien souvent "silencieux", les angles et les sujets choisis nous émeuvent. Avec Magasin Général, on se trouve un village, des voisins, on s'y attache, on rit, on pleure, on vit... nous voici transporté au Québec dans les années 20.
Tout simplement splendide !!!
A suivre !
Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 28 juillet 2009
Le graphisme apporte beaucoup à cet album, car il en fait ressortir la torpeur, l'impression que le temps s'écoule lentement (impression étrange et palpable qui s'empare du lecteur!). Les tons sombres donnent un côté intime au récit, ils le colorent d'une autre époque, celle du passé. Un passé prometteur et ce premier album laisse présager de suites agréables à découvrir.
Bonne découverte
Critique de Nance (, Inscrite le 4 octobre 2007, - ans) - 1 juillet 2009
Québec, mon amour
Critique de Miss teigne (, Inscrite le 6 mars 2008, 43 ans) - 5 mars 2009
Ce qu’on sait, c’est que Marie est aussi seule pour gérer les affaires, qu’elle s’échine à satisfaire toutes les demandes et que les villageois profitent outrageusement de sa générosité. Marie s’épuise à la tâche et récolte trop souvent les réclamations d’éternels insatisfaits. Bien sûr et heureusement, il y aussi les personnes aimantes, amicales ou simplement solidaires qui l’assistent comme elles peuvent mais elles-aussi ont leurs préoccupations.
Il flotte tout de même comme un parfum de changement dans cette petite communauté. Un nouveau curé a débarqué au village. Cet original qui ne se montre pas assez rigide avec ses ouailles au goût de certains, et qui va même jusqu’à sympathiser avec une brebis égarée paraît suspect aux médisants. Et cet homme que Marie prend en stop aura-t-il un rôle dans les prochains tomes ? Et si oui, sera-t-il un élément perturbateur ou amène-t-il un peu de bonheur sur son porte-bagages ?
Les auteurs plantent tranquillement le décor d’un Québec rural des années 20. Outre la graphisme, j’ai beaucoup aimé le calme qui règne dans cette BD et la finesse de la narration en images de la vie quotidienne des villageois. Marie est attachante et on plongerait bien dans cet univers graphique à l’esthétisme indiscutable pour lui donner un petit coup de main, ne serait-ce que pour chauffer son char et l’emmener en ville se réapprovisionner. Ce premier volume me semble être la longue mais plaisante amorce d'une histoire passionnante. A suivre.
Richesse du parler québécois
Critique de Norway (Entre le Rhin, la Méditerranée et les Alpes !, Inscrite le 7 septembre 2004, 49 ans) - 13 janvier 2009
Cependant le scénario m'a guère enthousiasmée. Je reste un peu sur ma faim quant à la description du personnage de Marie. De plus, l'histoire me paraît assez banale et sans grand intérêt. Disons que je ne me suis pas sentie émue par la situation de ces gens des campagnes.
Toutefois j'ai été touchée par le langage québécois rural. Je dirais que pour moi cette bande dessinée vaut surtout le détour pour la raison linguistique.
Terre humaine
Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 14 décembre 2008
La grande force de cette bédé est évidemment la qualité du trait et les images vivantes. Mais également, un souci pour le détail historique qui meuble les menus recoins avec des clins d’œil. Vraiment, une belle réussite !
simple et beau !
Critique de Laure256 (, Inscrite le 23 mai 2004, 52 ans) - 2 février 2007
Forums: Magasin général, tome 1 : Marie
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Magasin général... des réserves. | 140 | Dirlandaise | 24 juin 2012 @ 17:47 |
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