Les derniers jours de Stefan Zweig (version BD) de Laurent Seksik (Scénario), Guillaume Sorel (Dessin)
Catégorie(s) : Bande dessinée => Divers
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Adaptation sensible
Une adaptation est toujours un pari risqué. Ici, du roman de Laurant Seksik paru en 2010, on découvre une version bande dessinée aux allures de film lent. Ayant lu l'original, c’est avec une légère appréhension que j’ai pris place à bord des premières planches. Réalistes, aux couleurs des terres qui attendent les Zweig, elles se dévoilent avec une sorte de langueur, propre, d’une certaine façon, à l’état d’esprit des personnages.
Stefan Zweig et sa seconde épouse, Lotte, beaucoup plus jeune que lui mais si fragile. Leur nouvel exil, loin d’une patrie qui les a rejetés, de pays étrangers qui craignent leur double identité. Juifs. Autrichiens. Le questionnement sur leur futur, sur la littérature, sur l’aura d’un homme estimé et pourtant profondément accablé d’une culpabilité de vivre alors que tant d’autres meurent. Et puis, en toile de fond, un Brésil bigarré et contrasté voire contradictoire. Les Zweig cherchent un abri, un refuge. Mais ils se sentent en danger même à l’intérieur d’eux-mêmes. L’écrivain, surtout, qui entraîne dans sa longue descente mélancolique sa jeune épouse si peu charismatique. Son amour de l’ombre. Celle avec qui il est bon de quitter ce monde, en fin de compte.
Le roman de Laurent Seksik abordait avec beaucoup d’intériorité et de sensibilité ces derniers mois de la vie du célèbre auteur. Cette bande dessinée arrive quant à elle à trouver l’accent juste pour en donner une approche en touches impressionnistes, approche dont les planches finales sont le meilleur exemple. Difficile de donner un avis détaché du roman mais il reste, à la fin de cette lecture, un soupir ému et empli de compassion face à cette histoire si simple d’un désespoir si complexe…
Message de la modération : Prix CL 2015 catégorie Bande Dessinée
Les éditions
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Les derniers jours de Stefan Zweig
de Sorel, Guillaume Seksik, Laurent
Casterman
ISBN : 9782203041769 ; 16,00 € ; 22/02/2012 ; 88 p. ; Album
Les livres liés
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Les critiques éclairs (7)
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Il faut connaître
Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 7 juin 2015
« Six mois, c'est une éternité. »
Critique de Nance (, Inscrite le 4 octobre 2007, - ans) - 20 mai 2015
Juif en Europe, allemand en Angleterre, traître partout ailleurs, une vie d’exil où la guerre ne semble jamais se terminer. Comme sûrement plusieurs membres du site, Stefan Zweig est un auteur que j’admire beaucoup, alors c’est avec hâte que j’ai lu cette bande dessinée sur ses derniers jours, adaptation du roman de Laurent Seksik.
Une bande dessinée dur à lire, surtout quand on sait dans les grandes lignes comment est mort l’auteur exilé. C’était émouvant, mais j’aurais voulu qu’on montre plus et raconte moins (le « show, don’t tell »), j’avais l’impression qu’on prenait trop le lecteur par la main, il y avait trop d’insistance.
Je recommanderais la bande dessinée à ceux qui ont lu quelques livres de Zweig, parce que même si on peut se sentir sensible aux malheurs de cet homme, me semble que ça doit être plus marquant quand on connaît la grandeur des oeuvres de l’artiste.
"Toute ombre est fille de la lumière ! "
Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 19 janvier 2015
En 2011, il rencontre l'écrivain Laurent Seksik. L'album "Les derniers jours de Stefan Zweig" paraît le 22 février 2012, jour commémoratif des 70 ans de la mort de l'auteur autrichien.
Fuyant l'Autriche et les prémices des persécutions juives, Stefan Zweig retrouve le Brésil.
Il entreprend la rédaction de ses mémoires, revient sur les principales étapes de son existence, témoignant d'un monde en destruction.
Avec l’entrée en guerre des États-Unis, il perd de plus en plus espoir mais n’en continue pas moins son œuvre.
Hanté par l'inéluctabilité de la vieillesse, s'accommodant mal de l'asthme sévère de Lotte et moralement détruit par la guerre; il décide qu’il ne peut plus continuer à assister ainsi, sans recours, à l’agonie du monde. Le 22 février 1942, après avoir fait ses adieux et laissé ses affaires en ordre, Stefan Zweig met fin à ses jours en s'empoisonnant au Véronal, en compagnie de Lotte qui refuse de survivre à son compagnon.
Une magnifique (et tragique) page de la vie de l'écrivain, illustrée de main de maître par Guillaume Sorel. Les dessins collent à merveille aux situations (Clarté/ Noirceur).
Les 3 dernières pages offrent une luminosité à la hauteur du génie de l'écrivain.
Une BD complète par sa forme et sa profondeur .
Intense moment de lecture !
Bouleversant
Critique de Bafie (, Inscrite le 19 juillet 2004, 63 ans) - 3 janvier 2014
Pour ma part j'ai aussi ressenti un peu d'indignation à la voir ainsi entraînée dans la mort.
Suicide dans un monde « idyllique »
Critique de Blue Boy (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans) - 30 novembre 2013
Je dois dire que je me suis tellement laissé emporter par la magnificence du travail de Sorel que pour moi le scénario passe presque au second plan. Celui-ci est basé sur des faits réels : la retraite de l’écrivain au Brésil avec sa jeune épouse Lotte, quelques jours avant leur suicide en 1942. Bref, j’ai trouvé que Sorel rend ici un magnifique hommage à Stefan Zweig et qu’il a parfaitement compris l’état d’esprit dans lequel il pouvait se trouver à ce moment-là. C’est vrai, le récit est lent et contemplatif, et risquera de laisser en dehors ceux qui ne connaissent pas cet auteur dont les œuvres furent traversées par un humanisme inquiet et qui ressentit d’autant plus durement la folie destructrice qui s’était emparée de son pays et de l’Europe toute entière.
Car Zweig était un authentique amoureux des arts qui déprimait de voir le monde prêt à succomber au fascisme (et qui ne croyait pas à la victoire des Américains), mais il souffrait aussi d’entraîner vers un abîme inéluctable sa chère Lotte qui aspirait à la vie malgré son asthme sévère, lui qui disait ne plus pouvoir vivre avec sa « bile noire » que rien ne pouvait chasser.
Ce que l’on peut dire aussi de cette œuvre, c’est que les auteurs jouent beaucoup sur les contrastes. Tout d’abord celui entre deux mondes opposés, l’Europe en proie au chaos et le Brésil baigné d’une douceur de vivre réconfortante et hors du temps. Puis celui entre Stefan Zweig lui-même, en proie à un abattement inconsolable, lassé d’être devenu un exilé permanent considéré comme juif par les uns et ennemi allemand par les autres, et sa jeune épouse Lotte, portée par un fort désir de vivre et aspirant à l’insouciance, alors même que sa maladie lui rappelle que cela est impossible. Sorel parvient à rendre avec délicatesse tout l’amour et la tendresse qui unirent ces deux êtres jusqu’à la fin, et cela aussi est vraiment très émouvant.
Une bande dessinée de qualité
Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans) - 11 janvier 2013
Comme je n'ai pas lu le roman dont est inspirée cette bande dessinée, je ne peux aucunement faire la comparaison.
J'ai vraiment aimé cette bande dessinée et ce pour plusieurs raisons.
Le couple principal est un couple littéraire célèbre et entrer dans l'intimité de Stefan Zweig l'instant de quelques pages est tout simplement magique. Le couple est uni. Lotte tape le texte de son époux écrivain à la machine, Zweig se confie à son elle et lui parle de ses romans. Elle est à la fois la femme aimée et à la fois une aide dans la création de son oeuvre littéraire. Leur mort leur confère une immortalité romanesque.
De nombreuses oeuvres de l'auteur sont évoquées dans la BD et il est intéressant de voir dans quel contexte elles ont été rédigées, même si cela reste succinct. Et pourquoi pas ? C'est une bande dessinée, pas un texte critique.
Les dessins sont magnifiques et l'aquarelle embellit les vignettes. Le texte est subtil et certains passages sont véritablement touchants ( les dernières pages pathétiques évidemment ). Les planches concernant la Vienne à laquelle Zweig est attaché sont très belles aussi.
Le lecteur qui aime Zweig saura se délecter de cette bande dessinée.
lumière éternelle pour un monde mourant
Critique de B1p (, Inscrit le 4 janvier 2004, 51 ans) - 2 mars 2012
Les auteurs nous proposent une approche sensible (oui Bluewitch, tu choisis les bons mots) de celui-ci. Dans un Brésil qu'on devine virevoltant, les Zweig vivent à un rythme alangui le désespoir des nouvelles de la guerre et la progression de l'obscurantisme et de la mort.
Sorel donne un visage convaincant au désespoir. En ce qui me concerne, je considère qu'il est toujours au sommet de son art, sinon plus encore. Il décrivait par le passé des personnages aux physionomies monstrueuses. Il arrive maintenant à laisser voir de manière palpable la monstruosité qui est en l'Homme même.
Les Zweig, eux, et tous les exilés qui regardent avancer le monde vers sa fin ont, sur chaque planche, une lumière dans les yeux qui semble les consumer de l'intérieur. Et le lecteur avisé sait qu'elle continuera à brûler pour l'éternité même si la mort finit toujours par frapper.
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