L'homme qui aimait les chiens de Leonardo Padura
(El hombre que amaba a los perros)
Catégorie(s) : Littérature => Sud-américaine , Littérature => Romans historiques
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Des morts inutiles
Ramon Mercader se faisait appeler Jacques Mornard, quand il n’était pas Ramon Pavlovitch, que son nom n’était pas Jacson, ou qu’on ne le reconnaissait pas comme étant le soldat 13.
Il a terminé ses jours sous le pseudonyme de Lopez. Un même homme. Parti de Catalogne quand les franquistes réduisaient les républicains espagnols dans une guerre civile sans merci, il s’est retrouvé à Paris, au Mexique et en URSS. Ramon Mercader pourrait être le héros d’un livre de John Le Carré. Il avait une mission. Il l’a accomplie. Tuer Lev Davidovitch sur ordre de Staline. Ramon Mercader, militant communiste à la solde du « petit père des peuples », l’ogre géorgien, est devenu l’assassin sur commande de Trotski.
Cette histoire, qui relate le parcours chaotique de Ramon, n’est pas à proprement parler une fiction. En effet, le personnage a bien existé et est devenu un héros de la révolution soviétique en éliminant d’un coup de piolet dans le crâne le dissident Trotski en résidence surveillée au Mexique.
Le roman nous relate les différentes phases de construction du jeune militant communiste en assassin notoire. Il nous emmène de la guerre civile espagnole vers la révolution soviétique, en passant par le front populaire français, nous fait assister, impuissants, à la montée du nazisme et à la mise sous tutelle stalinienne des pays baltes, de la Pologne, nous conduit jusqu’au printemps de Prague, sans omettre la Yougoslavie de Tito. Mais c’est avant tout une traque, celle de Lev Davidovitch Bronstein dit Trotski.
D’Alma-Ata à Istanbul, de France au Mexique, la vie de Trotski fut celle, pendant de très longues années, du cerf à l’hallali. Derrière lui, Ramon, téléguidé par le Kremlin.
Ce livre de Léonardo Padura est tout simplement exceptionnel, tant par l’écriture que par le contenu. Se servant de faits historiques avérés, l’auteur réussi à nous conduire dans une histoire qui captive, celle d’un siècle pendant lequel tous les totalitarismes se seront exprimés par une extrême violence à l’encontre de peuples entiers. Le personnage central, Ramon, à l’instar de ses multiples identités, finit par se dépersonnaliser totalement et par endosser le costume de la victime comme celui de l’assassin.
L’image d’un monde qui s’est cherché idéologiquement, pour le bonheur des peuples et par l’écrasement des populations. Staline et Hitler étaient peut être des idéalistes, mais avant tout des criminels qu’il convient de ne pas minimiser.
L’élimination du vieil homme sans pouvoir qu’était devenu Trotski était une mort inutile, mais une mort commanditée par le caprice d’un homme, Staline, et perpétrée par la résignation, voire l’envoûtement de beaucoup d’autres.
L'auteur, de nationalité cubaine, n'élude pas dans ce roman la prégnance du castrisme , autre corollaire du communisme stalinien.
A méditer. Les totalitarismes ne meurent jamais, ils dorment.
Les éditions
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L'homme qui aimait les chiens [Texte imprimé] Leonardo Padura traduit de l'espagnol (Cuba) par René Solis et Elena Zayas
de Padura, Leonardo Solis, René (Traducteur) Zayas, Elena (Traducteur)
Métailié / Bibliothèque hispano-américaine
ISBN : 9782864247555 ; 8,10 € ; 06/01/2011 ; 670 p. ; Broché
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L'homme de l'ombre
Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 1 mars 2017
Donc, nous suivons les pérégrinations de Mercader, son entraînement, son changement d’identité qui fera de lui un belge provenant d’une famille aisée répondant au nom de Jacques Mornard, sa liaison avec une jeune femme admiratrice de Trotski qui lui ouvrira les portes de la maison fortifiée et gardée du révolutionnaire exilé. Nous aurons aussi l’occasion de faire la connaissance du narrateur, un écrivain raté exerçant la profession de vétérinaire à la Havane. Ivan fera la rencontre d’un homme mystérieux âgé et malade sur la plage ou il se rend régulièrement afin de décompresser. L’homme est accompagné de deux lévriers russes et, au fil de leurs rencontres, lui fera des confidences amenant Ivan à soupçonner que cet homme serait nul autre que Ramon Mercader, l’assassin de Trotski.
Bien que le sujet du livre soit captivant, je l’ai trouvé long inutilement surtout vers la fin. Par contre, lorsqu’on parvient à surmonter les passages plus arides dignes d’un traité d’histoire ennuyeux et l’apparition de nombreux personnages dont il faut connaître l’implication dans la révolution, c’est une lecture très riche et palpitante n’ayant rien à envier aux plus passionnants romans d’espionnage.
Le livre terminé, le lecteur n’ignorera plus rien de la vie de Ramon Mercader cependant il faut garder à l’esprit que ce récit reste un roman mais la structure et le contexte sont véridiques donc instructifs au plus haut point. Il est également pénible de constater à quel point l’être humain est capable de mensonge et de dissimulation en suivant les aventures de Ramon Mercader dans la peau de Jacques Mornard. Une lecture qui incite à explorer plus en profondeur les années Staline et les horreurs de ce régime totalitaire ayant causé la mort de millions de personnes.
Un vrai roman, une roman historique aussi
Critique de Le chevalier blanc (Saint Denis (La Réunion), Inscrit le 9 mars 2013, 61 ans) - 9 mars 2013
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