Oeuvres complètes de Louis Pergaud
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
Un grand parmi les grands...
Louis Pergaud avait tout pour devenir un des plus grands écrivains du XXème siècle et son début de carrière d’auteur fût tonitruant (le Goncourt dès sa première publication !) ; malheureusement la grande boucherie de 1914 en décida autrement comme pour d’autres auteurs talentueux de cette génération. Il restera malgré tout de sa brève carrière d’écrivain une œuvre magnifique et qui reste toujours très agréable à lire près de 100 ans après sa disparition dans les combats de la Woëvre en avril 1915. En 1970, les éditions Mercure de France eurent la bonne idée de publier une intégrale de l’œuvre de Pergaud, on y trouve la quasi-totalité de ses écrits, il n’y manque que les carnets de guerre qui eux viennent d’être publiés pour la première fois en 2011.
Louis Pergaud est né le 22 janvier 1882 à Belmont dans le Doubs. Fils d’instituteur, il suit la même voie et devient lui aussi instituteur en 1901. Marié à une institutrice en 1903, puis muté à Landresse (toujours dans le Doubs) en 1905, l’année de la séparation de l’Eglise et de l’Etat (Jules Ferry …). Socialiste et anticlérical, il s’y attire quelques démêlées avec ses élèves et les parents de ceux-ci, le village étant comme il l’écrit à un de ses amis « ultra-chouan » ! Il servira en partie de modèle aux villages rivaux décrits dans « La guerre des boutons ». En 1907, Louis abandonne sa femme et Landresse pour « monter » à Paris (avec sa maîtresse) et tenter sa chance d’écrivain. En 1910, Le Mercure de France publie « De Goupil à Margot , histoires de bêtes », un recueil de contes animaliers qui obtient un joli succès et, cerise sur le gâteau, le prix Goncourt ! Cette même année 1910, il se remarie.
De Goupil à Margot est un recueil de 8 contes. Les « héros » en sont différents animaux des forêts de Franche-Comté. Goupil le renard dans le premier, Margot la pie dans le 8ème et entre ces deux là, Guerriot l’écureuil, Roussard le lièvre, Rana la grenouille, Fuseline la fouine, sans oublier la taupe Nyctalette. L’écriture est magnifique, et Pergaud s’impose comme un très grand écrivain animalier. Fort du succès de ce premier ouvrage, Pergaud revint en 1911 avec « La Revanche du corbeau , nouvelles histoires de bêtes. », 8 nouvelles animalières où nous découvrons de nouveaux compères : Chantegrave, Maupatu, Jacquot, Clopinard, etc…Si comme moi vous avez aimé « De Goupil à Margot », vous aimerez celui là aussi.
En 1912 et 1913, Louis Pergaud publie deux autres romans, deux bijoux dont l’un le rendra définitivement célèbre. « Le Roman de Miraut » nous raconte la vie d’un chien de chasse, de sa naissance jusqu’à sa mort. Le Miraut du roman est peut être celui que l’on a croisé au hasard des pages de « Goupil à Margot » ou de « La revanche du corbeau ». Son maître en tout les cas s’appelle Lisée (comme dans la nouvelle « la tragique aventure de Goupil ») et il vit dans le village de… Longeverne ! Ce même village qui abrite les petits héros de « La guerre des boutons », Grangibus, Tigibus, Lebrac, Camus, La Crique et les autres, ennemis jurés des Velrans, le village voisin. La Guerre des boutons : on ne présente plus ce chef d’œuvre plusieurs fois adapté au cinéma (deux fois même en 2011 !) et qui narre les aventures des gamins de Longeverne et ceux de Velrans qui se livrent une guerre sans merci depuis la nuit des temps ; querelles de clocher ancestrales et stupides, réplique miniature des guerres des adultes. Pergaud se montre sans le savoir visionnaire de ce qui se prépare en Europe et qui éclatera deux ans plus tard ! je tiens à préciser que l’action de ce roman se situe dans les années 1890 (et non pas 1950 comme j’ai pu le voir dans la critique postée sur CL !!!! ).
Dans cette édition, on trouvera également d’autres écrits souvent de très bonne qualité et beaucoup plus méconnus : « Le Miracle de Saint Hubert », « Dernières Histoires de bêtes » recueil de sept nouveaux contes animaliers (on ne change pas une formule qui gagne !) « Lebrac bûcheron » , un roman inachevé reprenant le personnage principal de « La guerre des boutons », ce roman devait en être la suite, malheureusement la guerre, la vraie, survint et seuls 8 chapitres ont été écrits. « Les Petits Gars des champs » est le texte d’une conférence donnée par Louis Pergaud en février 1914 et organisée par la revue « Les Œuvres Nouvelles », « Les Rustiques » est un recueil de 19 courtes nouvelles dites « villageoises », « Nouvelles villageoises posthumes » sont 4 nouvelles sur lesquelles Louis Pergaud travaillait au moment de la déclaration de guerre en août 1914 , « La Vie des bêtes » quelques courts textes et récits animaliers (personnellement je les trouve extraordinaire) , « Léon Deubel » texte publié en 1913 en hommage à son ami Leon Deubel, poète lui aussi originaire de la région de Belfort et qui se suicida en se jetant dans la Marne, « Ébauches et choix de poèmes » clôture ce magnifique livre. Pergaud publia de son vivant deux recueils de poèmes : « L’Aube » en 1904 et « L’Herbe d’Avril » en 1908, quelques extraits choisis et quelques inédits sont présentés ici.
Le 7 avril 1915, le sous-lieutenant Louis Pergaud du 166ème régiment d’infanterie montait à l’assaut à la tête de ses hommes quelque part dans la Meuse, près du village de Marchéville-en-Woëvre. Grièvement blessé, vraisemblablement capturé par les Allemands et transporté dans un hôpital de campagne à Fresnes-en Woëvre il y décédera le 8 avril, victime d’un bombardement français. On n’a jamais retrouvé son corps. Heureusement pour nous, il nous reste son œuvre, sublime et universelle qui n’est pas sans rappeler à bien des égards l’œuvre d’un autre grand écrivain qui fût son contemporain : Maurice Genevoix.
Les éditions
-
Oeuvres complètes [Texte imprimé] Louis Pergaud préf. de Pierre Gascar
de Pergaud, Louis Gascar, Pierre (Préfacier)
Mercure de France / Mille pages.
ISBN : 9782715215030 ; 17,27 € ; 13/11/1987 ; 1133 p. ; Broché
Les livres liés
Pas de série ou de livres liés. Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série