L'homme ralenti de J. M. Coetzee
(Slow man)
Catégorie(s) : Littérature => Africaine , Littérature => Anglophone
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Un homme ralenti en vaut deux
L'homme ralenti est un livre écrit par John Maxwell Coetzee en 2005, deux ans après avoir été récompensé du prix Nobel de littérature par ses pairs .
Le héros de ce roman Paul Rayment est victime d'un accident de la route et doit donc être amputé. Il vivra désormais sans sa jambe droite. A dater de ce jour rien ne sera plus pareil pour Paul: pour lui comme pour les autres, il est devenu un homme ralenti. Cet accident agit cependant comme un révélateur pour le héros: il s'aperçoit que sa vie n'était alors constituée que de solitude et de temps passé à ne rien faire. Désormais il souhaite trouver un nouveau but à son existence, et celui-ci va se matérialiser en Marijana, son infirmière. En effet il tombe progressivement sous le charme de cette femme d'origine croate qui lui apporte un certain réconfort. Peu à peu une relation ambiguë va s'établir entre les deux personnages, relation particulièrement décryptée par une certaine Elisabeth Costello. Cette femme n'est connue de personne et fait pourtant office de seconde conscience de Paul pour élaborer des réflexions et l'aider à résoudre ses problèmes (ou à les complexifier). Se pose également le problème de la descendance: Paul n'a jamais eu d'enfant et son accident l'oblige à regarder cette vérité en face pour sa plus grande douleur. Il essaiera maladroitement de réparer cette erreur, mais l'argent ne peut pas racheter le temps et celui-ci coule, coule...
Cet ouvrage est le siège de nombreuses réflexions sur le temps qui passe et tous ses dérivés. La solitude, l'importance d'une descendance comme but de l'existence, le handicap et ses difficultés, tout est abordé avec soin et précision comme sait le faire Coetzee. L'auteur arrive à rendre le désarroi de son héros avec un réalisme rare, les épreuves que traverse ce nouvel handicapé étant particulièrement bien restituées. Alliant des thèmes triviaux à certains plus complexes, Coetzee rend ici une œuvre plutôt dense malgré des dialogues quelque peu faciles. L'importance ou non du destin est également mise en avant avec la restitution du passé des personnages et leur parcours mais aussi le dialogue, réussi celui-là, entre Paul et le jeune responsable de l'accident, Wayne, qui résume selon-moi la vision de l'auteur concernant l'existence.
Nos vies ne seraient ainsi que des successions de hasards et l'être humain doit être plus considéré comme une victime du temps que comme un acteur important. On subit plus la vie qu'on ne la contrôle. Un pessimisme ici exacerbé qui fait mouche pour ma part, bien que ce ne soit pas la référence du genre.
Une citation pour conclure:
"Un accident: quelque chose qui vous arrive, quelque chose d'involontaire, d'inattendu. Selon cette définition, lui, Paul Rayment, a bien eu un accident. Mais qu'en est-il de Wayne Blight ?
Est-ce qu'il a eu un accident lui aussi? Qu'a ressenti Wayne, l'esprit brouillé par la musique à plein tubes, quand le bolide qu'il pilotait a plongé dans l'exquise mollesse de la chair humaine ? Une impression de surprise sans aucun doute, d'imprévu, d'involontaire; mais pas désagréable d'une certaine manière. Est ce qu'on peut dire que ce qui s'est passé au funeste croisement est arrivé à Wayne? Si quelque chose est arrivé, lui semble-t-il, c'est à lui à cause de Wayne."
A lire pour mieux comprendre l'œuvre de Coetzee, mais pas en premier livre de l'auteur.
Les éditions
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L'homme ralenti [Texte imprimé], roman J. M. Coetzee,... traduit de l'anglais par Catherine Lauga du Plessis
de Coetzee, J. M. Lauga du Plessis, Catherine (Traducteur)
Points / Points (Paris)
ISBN : 9782757806265 ; 7,20 € ; 31/10/2007 ; 310 p. ; Poche
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Pas de sentimentalisme
Critique de Paofaia (Moorea, Inscrite le 14 mai 2010, - ans) - 5 novembre 2013
- "Disgrâce" : constat sans appel sur les retours de bâton de l'apartheid, une vision très désespérée ( mais sans aucun doute réaliste hélas) de l'humanité
-"Elisabeth Costello", assez surprenantes réflexions sur la littérature,dans lequel une vieille romancière ne cessait de fracasser les idées reçues et les certitudes.
On va la retrouver ici, cette Elisabeth Costello.
Un australien sexagénaire, Paul Rayment, sans famille , se retrouve brutalement amputé d'un membre inférieur à la suite d'un accident. Refusant obstinément le port d'une prothèse qui lui permettrait le retour à une certaine indépendance, incapable de se débrouiller seul donc, il nécessite des soins quotidiens. Qui lui sont prodigués par une infirmière d'origine croate, récemment immigrée avec sa famille.
Et notre sexagénaire qui , jusqu'à l'accident, assumait parfaitement sa solitude, va s'apercevoir qu'une prothèse affective, une famille, fût-elle d'adoption, est encore le meilleur rempart contre les affres de la vieillesse et du handicap physique.
Arrêt sur image. La lectrice se dit: " Voyons...... Mais il va devenir presque sentimental, notre Sud-africain ! "
Erreur. C'est à ce moment du récit que débarque dans le roman -fiction dans la fiction- Elisabeth Costello, double de l'auteur. Et celle-ci, à son habitude, va remettre les pendules à l'heure. Plus précisément à l'âge.
Froide observatrice et analyste de la réalité, incisive, Elisabeth Costello met peu de temps à briser rêves et espoir......
Coetzee n'a pas changé, ses romans sont toujours aussi noirs. On les referme avec soulagement. Et pourtant, leurs personnages ne nous quittent jamais tout à fait. C'est peut-être ce qui prouve que J. M. Coetzee est un grand écrivain.
"SLOW MAN": Une réflexion intéressante !!!
Critique de Mandarine (, Inscrite le 2 juillet 2010, 52 ans) - 4 mars 2012
C'est un vrai livre de réflexion, et je ne vais pas vous refaire un résumé : Rafiki l'a très bien fait. Alors oui, c'est vrai ce n'est pas un livre avec beaucoup d'actions mais loin d'être ennuyeux, on navigue dans les sentiments et le questionnement. Paul Rayment veut donner un sens à sa vie et avec la meilleure volonté du monde il va avoir besoin de beaucoup de temps pour comprendre certaines choses et pouvoir sortir de sa coquille. Le plus grand vide autour de lui, ce sont les enfants qu'il n'a pas eu et qu'il n'aura jamais. Il essaye de combler ce vide de façon maladroite et attendrissante.
Le langage de Coetzee est intéressant, simple et clair. Le vocabulaire n'est pas compliqué (j'avoue que lire un prix nobel de littérature m'a toujours fait peur...) ; et là aussi de ce côté c'est une agréable surprise.
Pour finir, je l'ai lu donc, en Anglais en version originale. Un peu d'appréhension, certes et un peu de vocabulaire m'a manqué (j'ai été obligé d'aller dans le dictionnaire de temps en temps). Mais je ne regrette pas même si cela m'a un peu ralenti la lecture. Et j'en garde quelques passages que j'ai particulièrement aimés.
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