Le héron de Guernica de Antoine Choplin

Le héron de Guernica de Antoine Choplin

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par CC.RIDER, le 23 décembre 2011 (Inscrit le 31 octobre 2005, 66 ans)
La note : 5 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (50 445ème position).
Visites : 4 856 

Plutôt décevant

En avril 1937, à Guernica, le jeune Basilio passe le plus clair de son temps dans les marécages à observer les hérons cendrés pour essayer de les peindre sur la toile qu'il veut offrir à Celestina, la jeune ouvrière dont il est amoureux. En pleine guerre civile espagnole, le jeune homme se retrouve en marge du conflit car il n'a pas pu s'enrôler dans les rangs républicains. Et pourtant, le fer et le feu vont se déchaîner autour de lui sous la forme d'un bombardement sauvage qui transformera la ville en cité martyre. Basilio tentera de témoigner en prenant de nombreuses photos et cherchera à rencontrer un certain Picasso qui va magistralement rendre compte de cette tragédie par le biais de sa célébrissime toile.
Un roman un peu étrange, vaguement historique, vaguement poétique et vaguement engagé. Il pose le problème de l'absurdité des guerres et particulièrement des guerres civiles et celui de la valeur du témoignage artistique. Malheureusement, l'auteur s'attarde trop sur son personnage lunaire et se perd trop dans des descriptions sans intérêt. L'intrigue met fort longtemps à démarrer et la rencontre avec Picasso est tout à fait décevante. Pouvait-il en être autrement d'ailleurs ? Quoi de commun entre le petit autodidacte naïf et la sommité mondialement reconnue et adulée ? Le résultat est plutôt médiocre et indigeste. Encore heureux que le pensum ne fasse que 150 pages ! Ainsi en va-t-il trop souvent de tout cet art subventionné ici, en l'occurrence par le Conseil régional Rhône-Alpes, lequel aurait certainement pu trouver meilleure utilisation de l'argent des contribuables.

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Du tableau au roman .....

6 étoiles

Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 9 avril 2012

Un ouvrage dont l’intérêt majeur me semble venir d’un jeu de miroirs entre la narration que fait Antoine Choplin des activités paisibles du village ( concert nocturne, marché ), l’évocation de ses personnages typiques à la veille du bombardement et le tableau de Picasso qui concentre en une image saisissante toute l’horreur du massacre . Le romancier complète le travail du peintre, mettant en scène en un tableau fantastique certains détails du tableau : le cheval, les taureaux enflammés, donnant vie aux victimes et situant le drame dans le contexte de la vie quotidienne en Biscaye . Un passage du récit invite aussi à réfléchir sur la différence de nature et de moyens entre la peinture et la photo, deux moyens complémentaires de rendre compte d’une réalité.

Un roman qui mérite une certaine attention, mais inégal, à mon sens . J’ai trouvé bien longs les passages sur l’observation des hérons et regretté que certaines figures attachantes du village soient trop rapidement évoquées . Il m’a toutefois donné l’occasion de revenir avec attention sur le tableau de Picasso et de relire le beau poème plein d’une indignation retenue que Paul Eluard a consacré à l’horreur de ce fait historique .

Qui dit Guernica dit … ?

7 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 8 janvier 2012

Picasso. Mais bien sûr ! Qui dit Guernica dit Picasso. Mais Picasso n’est pas THE héros ici. Il en est juste un protagoniste. Par raccroc. Le héros, c’est un autre peintre. Du dimanche (et des jours fériés, sûrement). C’est Basilio, jeune peintre autodidacte qui s’est mis en tête de peindre, au plus près de la réalité, des hérons. Les hérons de Guernica, qui chassent perchés sur leurs pattes dans les marais du bord de la Renteria, et que Basilio observe avidement et que désespérément il tente de reproduire.
Et devinez quoi ? Nous sommes en Avril 1937. Guernica, 1937. Basilio est justement sur les bords de la Renteria à croquer son héron lorsque les avions arrivent. D’abord un, en reconnaissance. Puis les autres, ceux qui viendront à basse altitude martyriser la ville, larguer leurs bombes.
« Le héron de Guernica », cela dit, n’est aucunement le récit du drame. Davantage le destin parallèle d’un Basilio, peintre non-officiel et d’un Picasso, qui, peu de temps après le drame se retrouvera dans le même abri que Basilio, en train de créer son œuvre, au coude à coude ou quasiment avec Basilio.
Le parallèle sera poussé jusqu’à Paris, où montera Basilio pour tenter de rencontrer Picasso qui expose au Pavillon Espagnol de l’Exposition Universelle, à Paris, toujours en 1937.
C’est ce parallèle indéniablement le véritable sujet de ce roman. La différence de sort, de traitement, entre le Picasso reconnu, célébré et le peintre occasionnel Basilio, qui a pu monter à Paris ses cartons de dessins de hérons sous le bras après que ses proches se soient cotisés. La fin, on la devine, elle n’est pas bien différente de ce qui se passe dans la vraie vie des vrais peintres. Des reconnus. Et des autres …
Un roman très rapide à lire, frais et original, d’une écriture sèche et qui court sans peine d’une page l’autre.

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