Picasso. Mais bien sûr ! Qui dit Guernica dit Picasso. Mais Picasso n’est pas THE héros ici. Il en est juste un protagoniste. Par raccroc. Le héros, c’est un autre peintre. Du dimanche (et des jours fériés, sûrement). C’est Basilio, jeune peintre autodidacte qui s’est mis en tête de peindre, au plus près de la réalité, des hérons. Les hérons de Guernica, qui chassent perchés sur leurs pattes dans les marais du bord de la Renteria, et que Basilio observe avidement et que désespérément il tente de reproduire.
Et devinez quoi ? Nous sommes en Avril 1937. Guernica, 1937. Basilio est justement sur les bords de la Renteria à croquer son héron lorsque les avions arrivent. D’abord un, en reconnaissance. Puis les autres, ceux qui viendront à basse altitude martyriser la ville, larguer leurs bombes.
« Le héron de Guernica », cela dit, n’est aucunement le récit du drame. Davantage le destin parallèle d’un Basilio, peintre non-officiel et d’un Picasso, qui, peu de temps après le drame se retrouvera dans le même abri que Basilio, en train de créer son œuvre, au coude à coude ou quasiment avec Basilio.
Le parallèle sera poussé jusqu’à Paris, où montera Basilio pour tenter de rencontrer Picasso qui expose au Pavillon Espagnol de l’Exposition Universelle, à Paris, toujours en 1937.
C’est ce parallèle indéniablement le véritable sujet de ce roman. La différence de sort, de traitement, entre le Picasso reconnu, célébré et le peintre occasionnel Basilio, qui a pu monter à Paris ses cartons de dessins de hérons sous le bras après que ses proches se soient cotisés. La fin, on la devine, elle n’est pas bien différente de ce qui se passe dans la vraie vie des vrais peintres. Des reconnus. Et des autres …
Un roman très rapide à lire, frais et original, d’une écriture sèche et qui court sans peine d’une page l’autre.
Tistou - - 68 ans - 8 janvier 2012 |