Ne pardonnez pas

[Présentation de l'éditeur]

En amour, il n'y a que les détails qui comptent : une gêne subite, une hésitation, un mensonge de trop, et c'en est fini de ce sentiment que l'on croyait indestructible, de ce désir que l'on pensait insatiable. Avec délicatesse, avec détermination, Richard Ford sonde les blessures superficielles de la vie amoureuse pour en déchiffrer le sens caché. Ce qu'il cherche ? La fêlure, l'accroc, le coup de canif. Ce qu'il découvre ? Des faiblesses, des renoncements, des lâchetés. Et parfois, derrière cette médiocrité, cette banalité, on voit surgir, en un éclair, ce qu'aurait pu être le destin de chacun, s'il avait su... Avec ces dix variations éblouissantes, Richard Ford explore en virtuose les fractures de l'intimité. Explore le malaise qui rend si difficile le fait d'être ensemble, avec des personnages qui s'interrogent sur leur responsabilité face à cette réalité cruelle.

[Mon avis]

Le crétinisme le plus aigu est parfois sensible au talent ou à la finesse; la preuve c'est que Richard Ford, cet auteur ayant tant écrit à propos de l'americana, de l'amour, (mais aussi du glamour: qu'est-ce qui l'est réellement et qu'est-ce qui n'est pas, ou en rien ?) a gagné en effet une multitude de prix littéraires tout en poursuivant avec grand succès outre-manche sa carrière de romancier. Et en fait la meilleure de ces nouvelles de ce recueil s'intitule selon moi "Abîmes" (Abyss); à l'intérieur de laquelle le protagoniste principal, fidèle aux principes et aux personnages de Richard Ford, s'interroge adroitement sur l'avenir dans une sorte de road-movie. Soit en l'occurence à son sujet: Peu de perspectives dans un travail ou les souhaits personnels ne sont que peu pris en compte, peu d'inventivité et de naturalisme qui nuit en dépit d'un confort matériel certain, un mariage vide, tout cela peut ne pas être bénéfique. Et puis ceux-là, ces autres, ne connaissent que rarement la honte de ne rien faire, ou de devoir "chercher" un job qui ne leur correspond pas... Enfin l'aventurier peut-être, bien sûr, le père, ou la mère de famille, mais également le célibataire, l'homme ou la femme sur la brèche, isolé, et sans possibilités ou d'autres questionnements plus valables que celle de ses opportunités, ou de vraie sincérité. Livré à l'immonde marée de méduses, de la plèbe ou des dragons multiples et variés et autres nemesis qui aujourd'hui se sert de ces gens-là - sans jamais l'avouer.

Et la fin détient une chute certainement cruelle et déplorable sinon sordide, car soudain la femme de cette histoire n'est plus. {En fait une agent immobilière, adultèrine certes, branchée, fan des soldes, un peu trop communautariste = l'auteur, fort critique, décrit entre autres choses son automobile, représentative selon lui d'un évident matérialisme ou d'un besoin de luxe joyeux et d'ostentatoire malgré une rébellion apparente}. A force de douter, l'on perd quelque part, et sans argent, il n'y a rien c'est sûr mais sans individu digne de ce nom il n'y a pas grand chose non plus ; c'est, sans doute, ce que veut exprimer l'auteur... Ambigu et sans appel.

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  Péchés innombrables [Texte imprimé] Richard Ford trad. de l'américain par Suzanne V. Mayoux

  de Ford, Richard Mayoux, Suzanne V. (Traducteur)
  Seuil / Points (Paris)
  ISBN : 9782020631211 ; 7,60 € ; 14/01/2004 ; 384 p. ; Poche

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