Fabrice de Pierre Benoit
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Vie sous l'occupation, vie après l'occupation
Après trois ans et demi de captivité dans un camp d'où il a tenté à trois reprises de s'évader, Fabrice Hersent , 47 ans, revient dans sa propriété landaise au cours du mois de janvier 1944. Las des deux Guerres mondiales, pour lesquelles il estime avoir largement rempli son devoir de patriote, il aspire désormais à une vie calme dans sa demeure auprès de sa jeune femme, Aydée. Oui, mais voilà, celle-ci s'est volatilisée, semble t-il à Londres, avec un camarade de camp qui avait lui réussi son évasion, et qu'il avait prestement mandaté pour porter nouvelles à son épouse.
Cruel enchaînement pour Fabrice, qui doit néanmoins reprendre le cours de son existence. Celle-ci est rythmée par ses rencontres avec d'anciennes connaissances, telles Noémie, sa servante, Madame du Pradia, sa belle-mère, mais aussi Garbay, étrange individu refaisant surface on ne sait trop pour quelles raisons.
Naviguant entre tous ces personnages, pétri de regrets puis de colère envers sa femme, il agit de façon circonstancielle, en rendant parfois des services, sans calcul. Cependant, si dans sa tête la Guerre est finie, elle ne l'est pas pour les résistants qui luttent. Faisant fi de l'occupation allemande, naviguant entre la zone libre de celle occupée, il ne pressent pas le danger qui le guette à ne pas paraître aux yeux des autres comme étant quelqu'un ayant un positionnement exempt d’ambiguïtés.
Un livre agréable à lire. La tension réside dans le déroulement même de l'histoire des personnages : que va-t-il leur arriver au final ? Elle renvoie aussi à un questionnement identitaire : sommes nous seulement la somme de nos actes ? Ces derniers ne dépendent t-ils pas à la fois du contexte et des raisons pour lesquelles ils ont été réalisés ? Alors comment les juger, sans passion ?
Les éditions
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Fabrice [Texte imprimé], roman Pierre Benoit,...
de Benoit, Pierre
le Livre de poche / Le Livre de poche
ISBN : 9782253001669 ; 3,74 € ; 01/01/1974 ; 253 p. ; Broché
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Non éloge de la fuite
Critique de Antinea (anefera@laposte.net, Inscrite le 27 août 2005, 45 ans) - 17 mars 2016
C’est un roman qui se lit vite, bien écrit, comme toujours pour Pierre Benoît. On s’étonne un peu de la naïveté du personnage, puis on comprend qu’après ce qu’il a vécu il a laissé tomber toute foi dans la nature humaine. Cependant d’autres tireront profit de cet abandon, sans se soucier de mettre cet homme en danger. Période complexe que cette fin de seconde guerre mondiale, à l’aube de l’épuration dont finalement on parle peu.
A lire pour comprendre une période et un romancier...
Critique de Shelton (Chalon-sur-Saône, Inscrit le 15 février 2005, 68 ans) - 24 avril 2012
Fabrice est un officier français qui fut prisonnier au début de la guerre par les Allemands. Comme beaucoup de patriotes, il n’a qu’une idée alors, s’échapper ! L’affaire n’est pas si simple à mener et il est repris à chaque fois, avec, bien sûr, des conditions de détention qui s’aggravent et rendent plus délicate la tentative suivante…
A quelques mois de la libération il est libéré, enfin, sur insistance du gouvernement de Vichy, du moins d’un de ses membres. C’est alors que Fabrice retrouve la France, une France qu’il a beaucoup de mal à comprendre avec ses collaborateurs, ses passifs, ses résistants, ses gaullistes… Il n’est pas préparé à vivre cette période et c’est celle que Pierre Benoît a choisi de prendre pour nous faire découvrir son personnage… C’est là le début du roman !
Fabrice est accompagné d’une servante dévouée, d’une belle-mère qui fricote quelque peu avec l’occupant militaire, sa femme, elle, a rejoint les forces de France Libre où elle tient un rôle courageux, tandis que quelques-uns de ses proches ou amis sont visiblement dans un des maquis, auprès du Maréchal ou dans un rôle ambigu proche de la trahison potentielle… Comment peut-il y voir clair quand on lui présente le Maréchal, quand on lui demande d’œuvrer pour la libération rapide d’un proche de la famille, quand il faut donner les premiers soins à un résistant gravement blessé dans un accrochage nocturne, quand il faut honorer l’invitation à manger d’un officier occupant…
Fabrice est l’ami fidèle, le gentil qui n’imagine jamais le pire, celui qui veut toujours améliorer le présent, qui ne veut jamais trahir… Oui, sous cet angle, Fabrice est bien Pierre Benoît !
Quand j’ai lu ce roman la première fois, j’ai pensé à Lacombe Lucien, ce film qui m’avait marqué dans ma jeunesse. En effet, quand on sort de la salle on a deux idées en tête : qu’aurais-je fait à cette époque, qu’est-ce qui me distingue de Lucien ? Quand on referme « Fabrice », on se pose quelques questions aussi : aurais-je tenté de m’échapper ainsi, combien de fois, aurais-je ensuite rejoint la résistance, aurais-je eu la lucidité de me tenir à l’écart des forces occupantes, y compris pour obtenir la libération d’un ami ? Ma comparaison s’arrêtait là, sans faire un lien entre les auteurs.
Aujourd’hui, quelques années plus tard, à la relecture du roman, je reste avec une stupeur majeure, celle qui est dans la dernière phrase du roman… Un condamné à mort qui se fait bander les yeux avant l’exécution et qui dit : « Autant, n’est-ce pas, ne pas voir que ce sont des Français ! ». Oui, on a tendance à l’oublier, cette période fut bien une guerre civile française. Alors, quand il nous arrive de vouloir donner des leçons au reste du monde secoué par des guerres intestines et civiles, il conviendrait de se souvenir… juste un instant !
Un très bon roman…
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