Les dimanches de Monsieur Ushioda de Yasushi Inoue
( Keyaki no ki)
Catégorie(s) : Littérature => Asiatique
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Un livre qui ne manque pas d'humour, et bien écrit
Monsieur Ushioda a cinquante-sept ans et est le P.D.G d’une très grosse société japonaise. Nous sommes dimanche et il s’apprête à jouir pleinement de cette journée en se reposant. Mais voilà que le téléphone sonne et sa femme se fait un malin plaisir de venir le déranger. Son interlocuteur, un de ses anciens professeurs, lui demande s'il ne veut pas être le témoin de mariage de son neveu, le week-end prochain. La politesse l'empêche de refuser, malgré ce que représente cet " honneur " pour lui-même et pour sa femme, avant le mariage, le jour du mariage et même après le mariage ! La conversation à peine terminée c'est la sonnette qui retentit… À nouveau son épouse introduit une jolie jeune femme qui compte sur lui pour trouver un nom au nouveau bar qu'elle va ouvrir et lui demande également de parrainer celui-ci. En effet, il paraît que tout ce à quoi il touche marche, alors. Au nom de la politesse, il ne peut que dire oui à nouveau ! Son dimanche est déjà foutu, rien qu'à l'idée d’avoir dû accepter ces corvées.
Monsieur Ushioda écrit également de petits articles pour un journal et son dernier porte sur la défense de l'arbre dénommé le " keyakis " qui, selon lui, est l’arbre symbolique de Tokyo. Il voudrait que l'on n’en coupe plus un seul… Il a mis là les pieds dans un engrenage qu’il ne soupçonnait pas ! Un homme l'appelle et lui propose de lui montrer les plus beaux spécimens de keyakis encore existant à Tokyo. Il dit qu’il n'en a pas le temps, mais l'autre lui propose de faire cette tournée en week-end. D'abord pour se moquer de lui, sa femme le pousse à accepter et dit que cela l’intéresse aussi. Les voilà partis le samedi après-midi suivant avec ce fanatique des " keyakis " à travers Tokyo. Sa femme s'emballe pour ce problème et accepte de remettre cela le week-end suivant…
L’histoire prend des proportions qui finissent par complètement déborder Monsieur Ushioda. Nous découvrons, qu'au Japon, un grand PDG peut être mis à toutes les sauces et que la politesse ne lui permet que très difficilement d'échapper à des tas de corvées.
Un livre bien écrit, comme toujours avec Inoué, et ne manquant pas d’humour.
Les éditions
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Les dimanches de Monsieur Ushioda [Texte imprimé], roman Yasushi Inoué trad. par Jean-François Laffont et Tadahiro Oku
de Inoue, Yasushi Laffont, Jean-François (Traducteur) Oku, Tadahiro (Traducteur)
Stock / La Cosmopolite (Paris).
ISBN : 9782234051959 ; 19,50 € ; 16/02/2000 ; 317 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (3)
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Ecologiste avant l’heure …
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 30 janvier 2021
Monsieur Ushioda est le Président d’une grande entreprise japonaise. Il est sur le dernier versant de sa vie et de son activité professionnelle et se montre naturellement plus apaisé, plus « philosophe ».
Comme l’indique le titre du roman, le « dimanche » est un concept important pour lui puisque c’est le jour où il peut avoir une illusion de temps libre :
»Après le petit déjeuner, Ki-itchiro Ushioda se retira dans son bureau. Il s’y enferma, prétextant un travail d’écriture urgent. En réalité, rien ne le pressait. Il voulait simplement se reposer au calme un moment et profiter de son dimanche.
Ki-itchiro avait cinquante-sept ans depuis peu, ce qui lui laissait un répit jusqu’à la soixantaine. Pourtant, ces deux ou trois dernières années, penser à son âge l’agaçait.
…/…
Ce moment passé le dimanche matin, seul, dans son fauteuil de rotin, Ki-itchiro le préférait à tout autre. Il restait là, sans penser à rien, l’esprit dans le vague, mais cet état de langueur ne se prolongeait pas indéfiniment. Une pensée quelconque arrivait toujours à percer au milieu du brouillard. »
Une pensée quelconque … ou sa femme, ou ses enfants, ou un coup de téléphone …
De fait les dimanches ne sont pas toujours jours tranquilles et diverses sollicitations vont venir bousculer les espoirs de dimanches sereins du sieur Ushioda. Dont un intérêt tout à coup qui va s’avérer démesuré pour les keyakis.
Quid des keyakis me direz-vous ? Eh bien c’est une variété d’arbre, qui poussent naturellement à Tokyo et dans sa région, notamment, à longue durée de vie et particulièrement sensibles à la pollution.
Et après avoir écrit une chronique dans un journal auquel il participe de manière occasionnelle, à propos des keyakis qu’il ne faudrait absolument plus abattre, le voilà entrainé – de manière consentante – dans une occupation somme toute chronophage.
L’intérêt de ce roman réside en grande partie dans les petits à-côtés et petits riens qui mettent en lumière l’abysse culturel existant entre le Japon et l’Europe, par exemple. C’est un véritable régal, dans ce roman où il ne se passe pas grand-chose, de ressentir ce décalage. Alors oui, Monsieur Ushioda va participer à la croisade pour les keyakis, il va y sacrifier ses fameux dimanches, mais surtout son lecteur européen va pouvoir toucher du doigt certaines particularités ténues de la civilisation japonaise.
Finesse et délicatesse sont les maitres-mots de ce roman.
A l’ombre des keyakis en pleurs
Critique de Pierrequiroule (Paris, Inscrite le 13 avril 2006, 43 ans) - 25 avril 2015
Ce roman à la fois psychologique et écologique nous plonge dans un esprit en proie aux doutes existentiels. Inoué y déploie une écriture toute simple, au charme subtil. C’est une ode à la fragilité de la vie où esthétisme et nostalgie se conjuguent à merveille. Saisir la beauté de l’instant à l’ombre d’un keyaki centenaire, penser aux morts qui ne reviendront jamais pour admirer la montagne, profiter de la douceur du foyer tandis que « six ennemis t’attendent dehors », ce sont là des joies éphémères mais d’autant plus précieuses à celui qui cherche la plénitude. Bien qu’écrit en 1970, c’est un livre très actuel car il pose la question du bonheur dans un monde livré au consumérisme et ravagé par une modernité effrénée. Ce constat, qui alarmait Inoué dans le Japon des Trente Glorieuses, trouve de puissants échos dans la société du XXIème siècle, une société où les rapports humains se distendent, tandis que le chaos urbain fait rêver au développement durable.
Cela dit, l'humour tant vanté dans la quatrième de couverture (et par les autres critiques) ne m'a pas sauté aux yeux! Il y a certes quelques situations amusantes, mais pour moi c'est un livre à la tonalité des plus mélancoliques.
Un portrait ironique de la vie sociale au Japon
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 20 juin 2001
Grace à un article écrit dans un journal national, et dans lequel il propose de sauvegarder les Keyakis, une espèce d'orme de Sibérie (arbre typique au Japon, aussi pour faire des bonsaïs), Monsieur Ushioda va finalement parvenir à redécouvrir l'importance de la nature et donner un nouveau sens à sa vie.
Un livre amusant et agréable à lire, avec quelque descriptions somptueuses d'arbres et de paysages japonais, et des personnages foncièrement sympathiques.
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