Sunset Park de Paul Auster

Sunset Park de Paul Auster
(Sunset Park)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Jules, le 23 septembre 2011 (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 79 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 9 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 247ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 7 792 

Pour moi, très bon !

Ici, n’espérez pas trouver des enfants à qui on apprendrait à voler, ni des hasards à ne plus quoi savoir en faire.

C’est à un autre Paul Auster que vous aurez à faire. Oui, un autre écrivain et, à mon goût, tout aussi bon. Ici le voilà beaucoup plus ancré dans la société.

Nous sommes en 2008 et en pleine crise économique. Personne n’y échappe… L’auteur nous présente à un jeune garçon, Miles Heller qui, à dix-neuf ans, s’est enfui de chez lui. Il est en Floride et photographie les objets abandonnés dans les maisons saisies par les banques. Son boulot c’est de vider avec son équipe et de garder ce qui a de la valeur pour également le donner aux banques.

Nous apprendrons vite qu’il est parti de chez lui sans avertir qui que ce soit. Son père, Morris Heller est éditeur à New York. Sa mère l’a abandonné, ainsi que son père, alors qu’il n’avait que deux ans. Morris Heller se remarie avec une certaine Willa qui elle-même a un fils à peine plus âgé que Miles.

Pourquoi s’est-il enfui et pourquoi sans reprendre contact ? Il s’entendait très bien avec son père comme avec sa belle-mère, ainsi qu’avec son fils, Bobby. Et au moment où nous faisons sa connaissance cela fait un peu plus de sept ans qu’il est parti et qu’il ne s’est pas manifesté.

Nous apprenons que sept ou huit ans plus tôt, il marchait avec Bobby au bord d’une route en se disputant. Il a bousculé ce dernier qui est tombé sur la route alors qu’une voiture est arrivée et l’a écrasé. Il n’a rien révélé de la dispute mais il est complètement effondré et se sent coupable.

Il rencontre une très jolie fille dans un parc. Celle-ci est justement occupée, sur le banc d’à côté, à lire le même livre que lui « Gatsby le magnifique ». Elle est d’origine mexicaine et a trois sœurs avec lesquelles elle fait bloc. Un amour fou va naître entre Pilar et lui, mais elle n’aura dix-huit ans que dans six mois. Et une de ses sœurs, Angela , sachant que Pilar habite chez lui, le menace de le dénoncer et donc de l’envoyer en prison.

Ni une ni deux il rejoint New York où un de ses grands amis, Bing Nathan, a une possibilité de logement pour lui. Pilar viendra le retrouver aux prochaines vacances. Mais il n’entend toujours pas se manifester à ses parents..

Nous apprendrons que Bing, l’ami en question, correspondait avec lui depuis son départ, aussi les parents avaient-ils des nouvelles et savaient qu’il n’était pas mort. Ils ne bougeront pas estimant qu’il aurait été très maladroit de le faire. Après tout, il avait plus de 21 ans. Le logement dont dispose son ami consiste à squatter une vieille maison en bois appartenant à la ville. Il y rencontrera un garçon et deux filles, Ellen et Alice. Alors que Bing tient une « clinique des objets » réparant tout ce qui est récupérable, Ellen est artiste et Alice écrit une thèse et travaille à mi-temps pour le « Pen Center » un organisme qui lutte pour défendre les écrivains en danger de par le monde pour s’être opposés au pouvoir en place.

Je vais m’arrêter ici quant au résumé.

Comme toujours ce livre est très bien écrit. Je trouve simplement un peu dommage toutes les pages ne parlant que de base-ball alors que ce sport est loin de nous intéresser, mais ce n’est évidemment pas vrai pour des Américains. Je les ai sautées.

Pour le reste j’ai trouvé très agréable de trouver un Paul Auster les pieds dans son époque et attaquant un système en crise avec tous ses inconvénients en ce compris l’écologie. Les jeunes présentés dans cette histoire sont tous intelligents et sympathiques. Ils lui permettent d’émettre pas mal de ses idées. La psychologie des personnages est aussi très bien faite.

Bref, à mes yeux, un excellent Paul Auster ! Il n’est pas courant qu’il s’enfonce dans le monde réel ou dans celui au sein duquel le hasard joue un grand rôle.

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Auster... tout simplement !

8 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 13 octobre 2016

Sunset Park.

Sans doute la plus inaccessible des oeuvres de Paul Auster, trop riche, trop condensée, explosant sous les descriptions de sentiments, de souffrances et de mort. La mort est omniprésente ainsi que l'abandon, la faillite et tout ce qui se perd à jamais.
Comme dit l'auteur : "Une tête qui éclate sous la seule force du noir en elle, à une vie disloquée par tous les trop et les trop peu de ce monde". Dans ce texte tout est trop, ou trop peu. Rien n'est à sa place, rien n'atteint jamais son équilibre.
Donc, si vous avez envie de rigoler, surtout changez de lecture mais ne perdez pas de vue ce "Sunset Park" quand vous serez prêt à affronter du beau et du grave.
La scène de l'enterrement de Suki - la jeune fille avec une robe rouge qui rayonnait au soleil de ces 18 ans et qui, quelques mois plus tard vomirait la vie en se suicidant pour en finir de tout - est à mon avis le condensé des plus belles phrases d'Auster.
Une littérature mature et triomphante. Même quand c'est ennuyeux à en bailler la puissance du texte fait le reste.

personnages superficiels

6 étoiles

Critique de Darius (Bruxelles, Inscrite le 16 mars 2001, - ans) - 17 novembre 2012

La construction des chapitres est intéressante et Paul Auster sait capter l'attention du lecteur.
Pour moi, les personnages du livre manquent d'épaisseur et le héros n'est pas vraiment sympathique.
On ignore pourquoi il a quitté famille et études - pour une bête conversation entendue entre son père et sa belle-mère ? - l'excuse me parait mince... Et on ignore aussi pourquoi, lui, le solitaire s'amourache d'une gamine au corps d'enfant, jusqu'à devoir fuir pour éviter une dénonciation pour abus de mineure...
Et une fin qui n'en est pas vraiment une, comme si l'auteur n'avait plus rien à raconter.. Le héros a renoué avec son père et sa mère, son amoureuse est enfin devenue majeure.. et son père est là pour lui fournir logement et argent..

7 ans de réflexion pour faire l’éloge du temps présent

6 étoiles

Critique de Isad (, Inscrite le 3 avril 2011, - ans) - 30 juillet 2012

En de longs paragraphes, le narrateur qui surplombe l’histoire raconte l’histoire de plusieurs personnages reliés à Miles Heller. Ce dernier, brillant étudiant New-yorkais, n’arrive pas à dépasser l’accident mortel qui a occasionné la mort de son demi-frère aîné qu’il a bousculé sur une route de campagne. Il part pour essayer de déterminer s’il l’a poussé volontairement ou pas, trouvant de petits boulots pour survivre, aimant le travail physique qui estompe ses pensées. Il lui faudra longtemps pour se réconcilier avec lui-même et renouer avec ses parents.

Des noms de joueurs de base-ball et leur histoire avec leurs blessures malheureuses ponctuent le livre car le sport est un sujet de conversation neutre entre un père et son fils. La littérature et le théâtre sont assez présents puisque les proches du personnage principal sont issus de ces milieux.

IF-0712-3920

Paul Auster sans surprise...

7 étoiles

Critique de Tanneguy (Paris, Inscrit le 21 septembre 2006, 84 ans) - 4 janvier 2012

Sa maîtrise du récit, ou plutôt de la narration, est toujours éblouissante. Les faits sont souvent banals mais on est curieux de savoir où il va nous mener.

C'est une certaine image de l'Amérique qu'il nous propose, certes un peu tronquée car on parle beaucoup du milieu intellectuel new-yorkais. Les bons sentiments abondent (le malheur des pauvres, les droits de l'homme) mais l'auteur a pris de l'âge et ceci explique peut-être cela.

J'ai pourtant passé un bon moment, même s'il m'a été difficile de déterminer le "message" de l'auteur en refermant le livre.

Les plus belles années de notre vie !

8 étoiles

Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 58 ans) - 22 décembre 2011

Pour ne pas m’attirer les foudres d’Aria , je ne me lancerai pas sur le sentier du … résumé.
Quelques lignes néanmoins pour « donner la tonalité générale » du roman.
Miles Heller – 28 ans – porte un fardeau trop lourd pour lui. Sa vie a été sectionnée et ne sera jamais complètement réparée .
Il souffre de la culpabilité du survivant. Culpabilité qui va le faire errer en Floride , se coupant de sa famille et ses amis.
C’est une histoire d’amour qui va le faire revenir près des siens à New York… mais je ne vous en dirai pas plus.

Paul AUSTER brosse un portrait assez sombre de l’Amérique d’Obama.
« Le concept connu sous le nom d’Amérique a fait long feu ! »
« Miles Heller s’occupait d’objets abandonnés en Floride ( Crise des Subprimes ) , il côtoie désormais des personnes abandonnées à Brooklyn »
La guerre en Irak est rapidement abordée.

Il est tristement lucide sur l’avenir de la littérature aux Etats-Unis :
« Comment publier de la littérature dans un pays ou les gens détestent les livres ? »
Et souligne pourtant l’impact du livre ( les combats de Salman Rushdie et Liu Xiaobo )
Un vibrant hommage à de grands romanciers ( Miles et Pilar se rencontrent par le livre « Gatsby le magnifique » F. Scott Fitzgerald )

Pessimiste sur les perspectives d’une génération :
« Est-ce la peine d’espérer à un avenir alors qu’il n’y a pas d’avenir ? »
Beaucoup d’amertume , de mélancolie dans le devenir d’une grande nation .
La mise en perspective avec le film de William Wyler (1946) « Les plus belles années de notre vie » est remarquable ( je vous laisse le soin de trouver le lien )

Un roman sur l’émancipation ( couper le cordon et grandir ) dans des environnements familiaux et sociaux de plus en plus mouvants ( familles recomposées , petits boulots… )
Renouer le lien familial pour retrouver une fonction sociale , vivre le moment présent… ; telles semblent être les recommandations de l’auteur .

Une œuvre forte malgré la sinistrose ambiante.

Hésitations

6 étoiles

Critique de Bluewitch (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 44 ans) - 17 décembre 2011

Paul Auster avait déjà changé un peu son approche du récit avec Invisible, multipliant les genres narratifs, où il gardait néanmoins comme point d’accroche le hasard d’une rencontre qui devait bouleverser toute une vie – même plusieurs.

Avec Sunset Park, ce qu’il multiplie, c’est avant tout l’orientation du regard, offrant à notre lecture plusieurs personnages dont les points communs sont surtout la maison abandonnée de Sunset Park, à Brooklyn, et Miles Heller, le héros de notre histoire ou, en tout cas, son fil conducteur.

Double génération, maux de ce début de siècle : récession économique, perte de repères, évolution fragilisée du monde du livre, faiblesses des familles recomposées, culpabilité. Fondamentalement, le thème de ce livre, quoique pas des plus innovants, est intéressant et pertinent. Auster se veut sans doute, dans ce roman, le reflet d’une époque. En observateur distant, il offre un terrain d’expression à des personnages en quête d’identité, mais sans jamais aller trop loin.

C’est d’ailleurs mon regret principal quant à ce roman prometteur : un manque de jusqu’au-boutisme. On s’éparpille entre des individus qu’on n’a pas vraiment le temps de connaître à fond (et qui semblent parfois être avant tout un prétexte permettant à l’auteur de transmettre ses propres opinions sur la société, ce dont on ne devrait pas s’apercevoir) et la structure du livre ne les rend pas proches du lecteur, donnant à l’ellipse le ton du raccourci plutôt que celui d’un allègement judicieux de l’histoire. Alors que cette dernière débute sur une facette intéressante de la personnalité de Miles (son goût obsessionnel pour la photo d’objets abandonnés par les familles ruinées par les subprimes et dont il doit « vider » le domicile), on a la sensation que cette personnalité s’éloigne, se lisse au fil du livre, alors qu’on s’imaginait face à un caractère marquant et marqué. Tous les protagonistes de Sunset Park sont intrigants, mais il m’aurait plu, vraiment, de sentir plus qu’une impression d’ébauche à leur égard. Etaient-ils trop nombreux ? La place qui leur était donnée mal répartie ?

Ce qui m’a toujours plu, chez Auster, c’est cette capacité à créer des personnages mémorables vivant des situations denses, malmenés par le hasard mais laissant derrière eux un sentiment de fascination. Sunset Park a pour moi les ingrédients d’un très bon Auster et est écrit dans un style sobre mais accrocheur. Comme toujours, on lit avec plaisir et impatience. Pourtant, reste au final un goût de trop peu et une ombre de tristesse. L’espoir ne faisant pas partie des héros de Sunset Park…

destins croisés

10 étoiles

Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 75 ans) - 26 novembre 2011

Sunset Park, une maison abandonnée où vont se retrouver quelques garçons et filles dont les destins vont se croiser. Un squat? Mieux que ça, une résidence collective, bien tenue, sans problèmes avec le voisinage, en toute illégalité. On y retrouve Miles Heller, un new-yorkais ayant abandonné de brillantes études quinze ans auparavant, parti vivre de petits boulots dans divers coins des Etats-Unis. Il va finir par se poser en Floride, où il fait la connaissance, et tombe follement amoureux, de Pilar Sanchez, une orpheline tout aussi brillante que lui mais ayant le malheur d'être... mineure! C'est le début des ennuis, qui vont l'obliger à revenir à la case-départ, à deux pas de la maison de ses parents, en attendant de rêver d'une vie meilleure avec la belle et intelligente Pilar, lorsqu'elle aura enfin atteint sa majorité et pourra échapper à l'emprise de sa soeur aînée, la terrible Angela. Chacun des occupants de cette petite colonie très californienne au coeur de la grosse pomme (New York City) tente de faire quelque chose de sa vie, loin du bruit et de la fureur d'une société minée par la course effrénée au profit. Dans ce roman, amer, Paul Auster délivre un message humaniste, malheureusement peu porteur d'espoir. On y retrouve tout ce qui fait le charme de cet écrivain amoureux des belles lettres, attentif aux petits hasards qui font basculer toute une vie, au temps qui n'efface jamais les blessures, et à mille et un petits détails d'écriture qui savent capter l'attention du lecteur. D'une construction moins complexe que la plupart de ses romans précédents, "Sunset Park" se lit comme un moderne roman d’aventures, qui ravira tant les jeunes que les moins jeunes. Une réussite...

L'homme qui ne voulait plus être un enfant

8 étoiles

Critique de Traffic (Marseille, Inscrit le 21 septembre 2010, 55 ans) - 26 septembre 2011

Miles Heller, le personnage central de ce roman, s'occupe de débarrasser les maisons saisies suite à la déplorable affaire des subprimes. Il a vingt huit ans, semble être un de ces personnages à la Paul Auster issu de nulle part et ce roman choral va s'attacher à nous expliquer comment il en est arrivé là tout en nous contant ce qu'il pourrait ou non devenir. Pour cela, toute une galerie de personnages va s'employer à exister autour de lui sous la plume magistrale de l'auteur. Comme dans son précédent roman, Paul Auster choisit de rester dans un univers contemporain sans faire appel à son imaginaire foisonnant pour sunset park.

Ce roman est l'histoire d'un homme qui a refusé d'être l'enfant qu'il était devenu pour cause de destin désastreux. Le chemin tortueux du héros et de ses proches nous amène à nous poser bon nombre de questions sur l'individu et la société américaine dans laquelle il vit. C'est loin d'être rose, d'autant plus que ce livre est écrit sous le gouvernement Obama qui aurait pu adoucir l'aigreur de Paul Auster.

Très beau texte toujours est-il. Grand fan de l'auteur, je n'ai pas été déçu.

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  Sunset Park/SPOILER 14 Aria 4 janvier 2012 @ 12:10

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