Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke
( Briefe an einen jungen Dichter)
Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Critiques et histoire littéraire , Littérature => Européenne non-francophone
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L'Art poétique de Rainer Maria Rilke
Franz Xaver Kappus (1883-1966), 19 ans, cadet dans une école militaire autrichienne, découvre que Rainer Maria Rilke (1875-1926) a fréquenté la même institution que lui quelques années auparavant. Ayant écrit quelques poèmes, il décide de les envoyer au maître. Quelque mois plus tard, Rilke lui répond. S'en suivra une correspondance de quelques années. Kappus fera publier en 1929, trois ans après le décès de Rilke, les dix lettres que celui-ci lui avait écrites entre 1903 et 1908. Ainsi sont nées les Lettres à un jeune poète, traité ou mieux « art poétique », que tous les apprentis écrivains ont potassé, du moins dans les cours de création littéraire.
Comment expliquer que Rilke ait pu répondre avec autant de sérieux à ce jeune apprenti officier complètement inconnu? Malheureusement, l'histoire n’a pas conservé les lettres de Kappus et, même si Rilke y fait souvent allusion, on ne peut s'en faire une opinion claire. Toujours est-il qu'au travers de ces lettres, l’auteur explore avec beaucoup de profondeur le phénomène de la création. Ici, point de trucs littéraires, de cours de rhétorique, mais plutôt une série de questionnements sur le phénomène de la création. Comment sait-on qu’on est véritablement poète? « Cherchez en vous-mêmes. Explorez la raison qui vous commande d'écrire; examinez si elle plonge ses racines au plus profond de votre cœur; faites-vous cet aveu : devriez-vous mourir s'il vous était interdit d'écrire. Ceci surtout : demandez-vous à l'heure la plus silencieuse de votre nuit; me faut-il écrire ? Creusez en vous-mêmes à la recherche d'une réponse profonde. Et si celle-ci devait être affirmative, s'il vous était donné d'aller à la rencontre de cette grave question avec un fort et simple « il le faut », alors bâtissez votre vie selon cette nécessité; votre vie, jusqu'en son heure la plus indifférente et la plus infime, doit être le signe et le témoignage de cette impulsion. »
Comment faire pour que la puissance de la créativité puisse s’épanouir? « Une seule chose est nécessaire: la solitude. La grande solitude intérieure. Aller en soi-même, et ne rencontrer, des heures durant, personne - c'est à cela qu'il faut parvenir. »
En fait, Rilke explique qu'il faut, comme on le dirait aujourd'hui, « travailler sur soi », « cultiver son jardin secret », garder une certaine distance avec les autres, ne jamais sacrifier à l’ironie, se maintenir à une certaine hauteur qui n’est pas hautaine. « L’art n’est, lui aussi, qu'un mode de vie. »
Les éditions
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Lettres à un jeune poète [Texte imprimé] Rainer Maria Rilke trad. et présentation de Marc B. de Launay
de Rilke, Rainer Maria Buhot de Launay, Marc (Traducteur)
Gallimard / Collection Poésie (Paris. 1966).
ISBN : 9782070327881 ; 7,50 € ; 24/05/1993 ; 177 p. ; Poche -
Lettres à un jeune poète [Texte imprimé], et autres lettres Rainer Maria Rilke traduction, avant-propos, notes, chronologie et bibliographie de Claude Porcell
de Rilke, Rainer Maria Porcell, Claude (Traducteur)
Flammarion / G.F.
ISBN : 9782081506084 ; 4,50 € ; 08/01/2020 ; 176 p. ; Poche -
Lettres à un jeune poète
de Rilke, Rainer Maria
B. Grasset / Les Cahiers Rouges
ISBN : 9782246639718 ; 7,50 € ; 18/09/2002 ; 150 p. ; Broché -
Lettres à un jeune poète
de Rilke, Rainer Maria
le Livre de poche / Biblio
ISBN : 9782253055396 ; 5,20 € ; 01/03/1991 ; 216 p. ; Poche -
Lettres à un jeune poète... [Texte imprimé] Rainer Maria Rilke traduites par Claude Porcell
de Rilke, Rainer Maria Porcell, Claude (Traducteur)
Librio / Librio
ISBN : 9782290376850 ; 3,00 € ; 01/06/2022 ; 80 p. ; Poche -
Lettres à un jeune poëte... [Texte imprimé] Rainer Maria Rilke traduit de l'allemand par Gustave Roud
de Rilke, Rainer Maria Roud, Gustave (Traducteur)
Allia
ISBN : 9791030418668 ; 6,50 € ; 17/05/2024 ; 128 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (8)
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Une oeuvre incontournable
Critique de Saumar (Montréal, Inscrite le 15 août 2009, 91 ans) - 5 août 2011
La dominante de son œuvre est la solitude qui est l’ultime difficulté : « Une seule chose est nécessaire, la grande solitude intérieure. Aller en soi même, et ne rencontrer durant des heures personne, c’est à cela qu’il faut parvenir. (…) Il est bon d’être seul parce que la solitude est difficile. Il est bon aussi d’aimer, car l’amour est difficile. L’amour d’un être humain pour un autre, c’est peut-être l’épreuve la plus difficile pour chacun de nous, c’est le plus haut témoignage de nous-mêmes; l’œuvre suprême dont toutes les autres ne sont que les préparations ». En plus de la solitude et de l’amour, Rilke mentionne d’autres valeurs à considérer pour l’inspiration de l’écrivant : Dieu, la sexualité, la vie et la mort, mais surtout la patience en soi même dans l’attente de l’inspiration. Si la contrainte de créer persiste, il restera toujours l’enfance dit le poète : cette précieuse richesse, ce trésor des souvenirs: « Tout ce qu’il vous advient de penser quand vous vous reportez à votre enfance est bon. Vous éprouvez angoisses et tourments en évoquant votre enfance dans tout ce qu’elle a de simple et de secret, tournez là votre esprit ». Suivre ce petit guide de Rainer-Maria Rilke qui dit d’entrer en soi et découvrir en soi, c'est-à-dire percevoir les choses vraies, qu’à travers ce qu’on est ou ce qu’on est devenu, qu'à travers ses connaissances et ses expériences.C’est ainsi qu’émanera des idées nouvelles pour une oeuvre créatrice et assurera un résultat unique et personnel.
Un peu déçu de l'ouvrage
Critique de Calepin (Québec, Inscrit le 11 décembre 2006, 43 ans) - 28 novembre 2007
Toujours est-il que j’ai l’impression de ne pas avoir retiré tout ce que ce livre peut offrir. Une deuxième lecture, peut-être ?
Je n'ai pas accroché.
Critique de Fa (La Louvière, Inscrit le 9 décembre 2004, 49 ans) - 25 août 2006
Cela dit, je doix avouer n'avoir jamais ressenti ce que d'autres lecteurs ont ressenti sur ce site. Je ne pense simplement pas que ma personnalité colle avec cette oeuvre trop introspective à mon goût.
Une force créatrice
Critique de FightingIntellectual (Montréal, Inscrit le 12 mars 2004, 42 ans) - 3 janvier 2006
à tous ceux qui doutent
Critique de Desdemona (, Inscrite le 20 octobre 2005, 47 ans) - 5 novembre 2005
Réflexion sur la création poètique
Critique de Krystelle (Région Parisienne, Inscrite le 10 juin 2004, 44 ans) - 25 juillet 2005
Ces textes sur la vocation du poète et l’acte créateur ont bouleversé l’idée de que je pouvais me faire de la production littéraire mais, a posteriori, je me dis que ces lettres ne sont qu’une forme de réponse, celle de Rilke, et que la portée de sa réflexion n’est peut-être pas universelle.
Un chemin initiatique
Critique de Monito (, Inscrit le 22 juin 2004, 52 ans) - 25 juillet 2005
Une correspondance univoque où l’absence de Kappus (du moins de ses lettres) donne encore plus de puissance et de force aux perspectives esquissées par Rilke. Un vraiment moment de poésie en prose…
Aplanissez ses chemins ...
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 21 janvier 2004
Mais il aborde d'autres sujets. Les oeuvres d'art. Comment savoir si on est destiné à en créer ? La réponse est à rechercher au plus profond de soi (lisez la citation reprise dans la critique principale). Comment les comprendre ? Il convient avant tout d'ignorer les critiques et de ne faire confiance qu'à ses propres sentiments. Il recommande aussi la patience. "Le temps, ici, ne sert pas de mesure, une année, ici, est sans valeur et dix années ne sont rien; être un artiste ce n'est pas calculer ni compter, c'est mûrir comme l'arbre qui ne presse pas sa sève et affronte tranquillement les tourmentes printanières sans craindre qu'ensuite un été puisse ne pas venir".
Il parle des démons enfouis en nous : "Comment pourrions-nous oublier ces mythes antiques à l'origine de tout les peuples, ces mythes où des dragons, à l'ultime moment se changent en princesses; peut-être tous les dragons de notre vie sont-ils des princesses qui n'attendent que le moment de nous voir un jour beaux et courageux ?".
Et quand les grandes tristesses s'abattent sur vous, restez à l'écart et cherchez la solitude pour vous laisser transpercer pas ces tristesses qui transforment. Un autre conseil que je trouve merveilleux : "Essayer d'être proche des choses qui, elles, ne vous abandonneront pas; il y aura toujours des nuits et les vents qui font frissonner les arbres et parcourent tant de pays". Là il me fait penser à Etty Hillesum qui avait une relation presque sensuelle avec un après-midi printanier et le contact de la caresse de l'air sur ses bras.
Un dernier conseil : "Ne prêter attention qu'à ce qui se lève en vous et placez le au-dessus de tout ce que vous observez autour de vous".
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