Les trois lumières de Claire Keegan
(Foster)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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Un petit bijou.
Voici un si charmant petit roman d'éducation! Il met en scène une pré-adolescente qui raconte, à la manière d'un journal, son séjour de vacances chez les Kinsella, un couple parent sans enfant -enfin, paraît-il. C'est sur la côte est de l'Irlande, dans une campagne qui a un petit goût de bonheur. Ecrit tout entier au présent, ce récit intimiste, vivant, plein de mystère et de poésie, est d'une simplicité -ô paradoxe!- quasi énigmatique. C'est que, malgré la transparence de la narration et la bénignité de ses péripéties telles que les perçoit l'héroïne, un secret plane sur ce couple attachant qui accueille la fillette, secret qui ne nous est dévoilé qu'à demi. La fin, laconique et puissante en même temps, à l'image de la sobriété des ruraux irlandais, est bouleversante. Si, lecteur, on s'interroge sur son sens, la petite "pétale", comme la surnomme le père Kinsella, elle, a compris quelque chose d'important. Quelque chose qui l'éloigne de sa famille mais qui la rapproche de ce couple épatant, quoique malchanceux, chez qui elle passe un si champêtre séjour. Profond est ce petit roman, mine de rien. C'est une véritable lucarne ouverte sur des subtilités psychologiques auxquelles accède l'adolescente. Evitant les analyses psychologiques ennuyeuses, le récit progresse par touches délicates, progressives, jusqu'à la "révélation" finale, véritable petit bijou de subtilité et de pathétique, un morceau de bravoure.
Le tout aux couleurs de l'Irlande.
Les éditions
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Les trois lumières [Texte imprimé], récit Claire Keegan traduit de l'anglais (Irlande) par Jacqueline Odin
de Keegan, Claire Odin, Jacqueline (Traducteur)
S. Wespieser
ISBN : 9782848050959 ; 14,20 € ; 07/04/2011 ; 108 p. ; Broché -
Les trois lumières [Texte imprimé], récit Claire Keegan traduit de l'anglais (Irlande) par Jacqueline Odin
de Keegan, Claire Odin, Jacqueline (Traducteur)
10-18 / 10-18
ISBN : 9782264056139 ; 6,10 € ; 16/08/2012 ; 87 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (12)
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La troisième lumière
Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 18 septembre 2014
La fillette qui n’est pas encore pubère au début de l’été, débarque dans cette famille comme un potache entre pour la première fois dans un pensionnat. Elle est très intriguée, elle découvre un confort qu’elle ne connait pas, elle essaie de ne pas mal faire pour ne pas déranger, pour être acceptée et pour ne pas infliger la honte à ses parents. Elle est surtout surprise de l’amabilité et de l’affection qu’elle reçoit de la part de ses hôtes, on comprend bien qu’elle n’est pas habituée à un tel traitement chez elle. Mais progressivement, ses sens s’éveillent, sa gêne et son appréhension s’effilochent, elle perçoit mieux se qui se trame autour d’elle, ce que personne ne dit ou ce qu’on évoque qu’à demi-mots sans jamais l’exposer réellement. Elle comprend, et nous avec elle, que cette famille en apparence si équilibrée, si attentive, si affectueuse, a elle aussi ses failles et ses secrets même si elle refuse de l’avouer. Quand viendra la fin de l’été, elle aura fait un grand pas vers la maturité, elle n’aura pas tout compris ce qui est tu dans cette famille mais elle aura découvert des sentiments et des comportements qu’elle ne connaissait pas jusqu’alors.
C’est un tout petit livre que nous propose Claire Keegan, un roman pour l’éditeur, une grande nouvelle pour certains lecteurs, peu importe, c’est un joli texte que j’ai bien aimé car l’auteur s’est contenté de n’écrire que ce que la fillette ressent et c’est au lecteur, à partir de ce matériau, de reconstituer l’histoire qu’elle a vécue au cours de cet été qui l’a vue sortir de l’enfance pour devenir une adolescente. Il y a une grande finesse dans la manière dont l’auteur conduit son récit, il nous donne juste ce qu’il faut, juste ce que la fillette peut comprendre, pour que nous construisions l’histoire qu’on pense avoir devinée. Nous n’aurons certainement pas tous bâti la même histoire mais peu importe ce qui compte c’est ce que la fillette a ressenti et ce qu’elle est devenue.
La meilleure famille
Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 13 avril 2014
Une parenthèse heureuse mais éphémère...
Critique de Myrco (village de l'Orne, Inscrite le 11 juin 2011, 75 ans) - 25 février 2014
L'espace d'un court séjour, cette fillette (dont on ne connait pas l'âge : 8, 10 ans ?) issue de ce genre de familles où les enfants, nombreux, poussent un peu comme des herbes sauvages et où chacun d'entre eux est d'abord une bouche à nourrir qui doit gagner son pain, aura pris conscience que la relation parents /enfants peut être amour et non cette sorte d'abandon qu'elle considérait jusque-là comme la normalité. Son retour brutal à une triste réalité sonnera le glas d'une parenthèse heureuse à jamais inscrite dans sa mémoire. Celle-ci aura fait naître en elle la perspective d'un bonheur possible, perspective d'autant plus douloureuse qu'elle n'y accèdera peut-être plus jamais.
Si le sujet ne s'avère effectivement, hélas, pas spécialement original, son traitement donne, par contre, à ce texte tout son intérêt. L'écriture de Claire Keegan, toute en sobriété, en effleurements, parfois métaphorique (à ce propos, le titre choisi par la traductrice se révèle infiniment plus en harmonie avec le texte que ne l'est le titre original "Accueil") nous en dit beaucoup avec peu de mots et nous invite à une lecture en creux. Je ne peux qu'adhérer aux qualificatifs appliqués par les précédents lecteurs : pudique, sensible, délicate... à l'image des comportements de ce couple (j'ai beaucoup apprécié le passage où la femme découvre l'énurésie de la petite ) .
Néanmoins, je m'interroge sur l'engouement suscité sur la toile par ce petit ouvrage dont je ne nie pas les qualités. Ce texte, qualifié de récit dans la première édition de la traduction française ne saurait constituer un roman. Sa concision (dans l'expression et pas seulement par le nombre de pages ), le fait que l'auteure se soit concentrée sur un épisode marquant de la vie de cette enfant, un épisode contenu dans un espace temps restreint, l'ambiguïté de la chute lui confèrent plutôt le statut d'une longue nouvelle, une novella comme on dirait peut-être aujourd'hui ? Serait-ce la concentration de l'effet sur le lecteur, obtenue par le choix de cette forme, qui aurait engendré un tel enthousiasme, disproportionné à mon sens ?
Quant à moi, cette lecture aura été un moment agréable conclu par une fin poignante mais dont je doute qu'elle me laisse un souvenir impérissable, un moment éphémère ...aussi. Mais, sans doute, l'auteure n'avait-elle pas d'autre ambition non plus.
Besoin d’affection
Critique de Isad (, Inscrite le 3 avril 2011, - ans) - 22 février 2014
Les informations sur les différents protagonistes et leurs conditions de vie nous sont données par petites touches. La lecture est très agréable avec un brin d’étrangeté.
IF-0214-4166
Née quelque part
Critique de Paofaia (Moorea, Inscrite le 14 mai 2010, - ans) - 22 janvier 2014
Plein de finesse, de non-dits, de douleur, de découverte de ce qui aurait pu exister. De révolte silencieuse. D'émotions tues et de larmes ravalées. De pudeur. De part et d'autre. De la part de l'enfant, et du couple.
Et puis d'acceptation. Mais tout a changé, elle a grandi, il faut quelquefois très peu de temps.
Assez déchirant et très beau.
Je bois six louchées d'eau et souhaite, dans l'immédiat, que cette maison sans honte ni secrets puisse être chez moi...
De retour par le sentier et à travers champs, la tenant par la main, je sens que je lui fais contrepoids. Sans moi, je suis convaincue, elle perdrait l'équilibre. Je me demande comment elle y arrive quand je ne suis pas là, et conclus qu'elle doit, d'ordinaire, aller chercher deux seaux. J'essaie de me souvenir d'une autre occasion où j'ai eu cette sensation et je suis triste parce que je n'en trouve aucune et heureuse, à la fois, de ne pas en trouver.
Une gentille balade irlandaise
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 19 janvier 2014
"Tu n'es pas toujours obligée de dire quelque chose, reprend-il. Pense que la parole n'est une nécessité en aucune circonstance. Nombre de gens ont beaucoup perdu pour la seule raison qu'ils ont manqué une belle occasion de se taire."
Une courte et jolie balade irlandaise, avec émotion et retenue mais manquant peut-être un peu de force.
Plus ombres que lumières
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 13 janvier 2014
Irlande. Milieu rural du Sud-Est de l’île. L’Irlande comme il y a encore trente ans, frustre et authentique à la fois. La narratrice, une petite – jeune fille d’une douzaine d’années est amenée par son père chez un couple de fermiers sans enfants. On ne sait pas bien pourquoi, ni pour combien de temps … C’est normal puisque c’est la petite fille, qu’on finira par appeler Pétale, qui nous raconte et qu’on ne lui a rien expliqué. Les Kinsella – c’est le nom de ce couple de fermiers – ont une vie plus rangée, organisée, sensée, que celle de ses parents, débordés à l’excès et qui, surtout, sont sur le point d’accueillir un petit frère ou une petite sœur. La vie des Kinsella surprend Pétale, et elle nous fait partager ses surprises, mais en creux, elle se met à comprendre des incohérences dans la vie de sa famille aussi. Par les yeux d’une enfant de douze ans, toujours.
Et puis, courant au fil des lignes, il y a une discrète fêlure sous-jacente que l’on pressent, que l’on devine peu à peu et dont le fin mot sera asséné brutalement à Pétale via une voisine des Kinsella indélicate …
Et puis on l’avait bien compris, nous, du haut de nos vies d’adultes, que Pétale n’était pas là pour l’éternité mais le temps des vacances, le temps que sa mère accouche. Il faut revenir. Revenir à la maison familiale, toute bruissante, désordonnée, loin du confort et de la sagesse de la maison Kinsella. Je ne sais pas si ce moment final fait écho pour chacun d’entre nous, mais en ce qui me concerne ça a remué des choses enfouies, des choses de quand j’avais six ans et Claire Keegan expose tout ceci magnifiquement. Tout en sensibilité, délicatesse et tendresse.
Et la belle Irlande est là, en arrière-plan, tout aussi indomptée que ses îliens d’habitants.
C’est très court à lire et on en reprendrait bien un peu mais non, Pétale est rentrée chez elle, les Kinsella ont refermé derrière eux la barrière …
« Je n’hésite pas mais continue à courir vers lui et le temps que je le rejoigne la barrière est ouverte et je me jette contre lui et il me soulève de terre. Longtemps, il me tient serrée. Je sens les martèlements de mon cœur, ma respiration précipitée, puis mon coeur et ma respiration prendre des rythmes différents. Un certain moment, beaucoup plus tard je crois, une bourrasque souffle dans les arbres et projette sur nous de grosses gouttes de pluie. J’ai les yeux fermés et le sens lui, je sens sa chaleur à lui passer au travers de ses beaux habits. Quand je rouvre enfin les yeux et regarde par-dessus son épaule, c’est mon père que je vois, qui s’approche d’un pas résolu et régulier, son bâton à la main. Je me cramponne comme si j’allais me noyer si je lâchais prise, et j’écoute la femme qui semble, au fond de sa gorge, sangloter et pleurer tour à tour, comme si elle pleurait non pas pour un, mais pour deux. Je n’ose pas garder les yeux ouverts et pourtant je ne les ferme pas, observant le chemin, derrière l’épaule de Kinsella, voyant ce qu’il ne peut pas voir. Si une partie de moi veut de tout cœur descendre et dire à la femme qui s’est tellement bien occupée de moi que je n’en parlerai jamais, absolument jamais, quelque chose de plus profond me maintient là dans les bras de Kinsella, toujours cramponnée.
« Papa », je l’appelle sans relâche, je l’avertis sans relâche. « Papa. » »
Et à taper cet extrait des « Trois lumières », une comparaison me vient spontanément à l’esprit ; Claire Keegan, c’est l’Hubert Mingarelli irlandais, avec des petites filles au lieu des petits garçons.
Une chose encore m’a intrigué, dans les remerciements :
« L’auteur voudrait remercier Richard Ford pour toute sa gentillesse … » Claire Keegan a de belles fréquentations !
Entre obscurité et lumière
Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 45 ans) - 23 décembre 2013
Le lecteur suit cette héroïne, qui est la narratrice de ce court roman, dans la campagne irlandaise. Tout est vu par le regard de cette jeune fille, avec sa simplicité, sa spontanéité et ses interrogations. L'histoire est prenante, sans être pour autant d'une grande originalité. Le style simple entraîne une lecture rapide, mais plaisante. L'on se plaît à suivre l'héroïne dans ce cocon familial de substitution. On s'interroge sur ce couple, sur les véritables géniteurs ...
C'est la vie à la campagne qui m'a le plus plu, avec ces détails évocateurs, ce quotidien ancré dans la simplicité et dans la vérité, comme cette eau du puits qui semble mystérieuse.
A savourer en toute humilité
Critique de Oops (Bordeaux, Inscrite le 30 juillet 2011, 58 ans) - 22 septembre 2011
Tout est dans le non dit
Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 9 septembre 2011
Un récit touchant, juste, sobre où le lecteur partage le vécu de l’enfant qui observe sans toujours savoir interpréter, où il perçoit ses craintes, ses interrogations, mais aussi ses moments de petits riens heureux et éphémères.
D’une plume douce et sensible, sur le mode mineur, Claire Keegan compose un récit juste et sobre, qui parle plus de sensations, d’émotions que de sentiments, tout en pudeur et en non-dit .
Si l’enfant s’épanouit, se sentant enfin exister dans le regard des époux Kinsella, ceux-ci grâce à sa présence, émergent du drame où ils étaient murés . Une brève mais intense histoire de don mutuel , de renaissance , où chacun des personnages, au contact de l’autre, accède à un univers plus lumineux .
Clair et frais
Critique de Aliénor (, Inscrite le 14 avril 2005, 56 ans) - 27 août 2011
Ce court roman est aussi clair et lumineux que l'été durant lequel il se déroule. Cette histoire, qui rappelle fortement le film “le grand chemin”, nous attache très rapidement à ses trois personnages principaux. Plus encore à la famille Kinsella qu'à cette petite fille, car on sait qu'après son départ ils retrouveront leur solitude, et qu'elle sera peut-être devenue plus lourde après ces quelques semaines qui auront éclairé leur vie. Mon seul bémol tient à la brièveté du récit, qui aurait à mon sens gagné à être déroulé plus longuement.
Lumineux
Critique de Ulrich (avignon, Inscrit le 29 septembre 2004, 50 ans) - 3 juillet 2011
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une fin ambiguë ?Réponse à LesieG. | 16 | Myrco | 20 août 2024 @ 18:20 |