Une histoire de la lecture de Alberto Manguel
( A history of reading)
Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Critiques et histoire littéraire
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C'est un beau roman...
Je suis tombé sur ce livre un peu par hasard, en fouinant dans une librairie, et j’ai tout de suite été charmé par la couverture (si, si, c'est important et on ne le dit pas assez !). Mieux encore, son contenu m'a ravi. Il s’agit véritablement d'un parcours du lecteur, de l’Antiquité à nos jours.
Quel bonheur de constater que notre passion s'exerce partout dans le monde, depuis des siècles, et de tant de façons différentes ! L’auteur a divisé son étude (et je tiens à signaler que cette dernière n'est pas du tout élitiste mais s'adresse vraiment au plus grand nombre) en plusieurs petits chapitres très clairs (Lire en silence, écouter lire, la forme du livre…), agrémentés de nombreux exemples savoureux.
Par exemple, savez-vous pourquoi un fameux cigare se nomme le Monte-Cristo ? Et bien cela remonte à la fin du XIXème siècle, époque où les cigares étaient roulés par des hommes qui, pour passer le temps pendant leur activité, payaient quelqu'un de leur poche pour leur faire la lecture. Ces lectures « comprenaient des tracts et récits politiques aussi bien que des romans et des recueils de poésie moderne et classique [et parmi les favoris, il y avait] Le Comte de Monte-Cristo, d’Alexandre Dumas [qui] devint si populaire qu'un groupe d'ouvriers écrivit à l’auteur peu avant sa mort en 1870 pour lui demander l'autorisation de donner le nom de son héros à l’un de leurs cigares, et Dumas y consentit. »
C’est ce genre de petites anecdotes que l’on découvre tout au long de ce merveilleux livre qui transforme complètement notre point de vue sur la lecture, en nous apprenant que le fait de balayer du regard de gauche à droite des caractères noirs sur fond blanc est beaucoup plus complexe que ce que l’on pourrait croire, et que la lecture a elle-aussi une histoire, passionnante, haletante, et infinie. C’est cette histoire de la lecture que se propose de nous raconter Alberto Manguel, dans un livre admirablement illustré, très complet (Cf l'index et les notes), à posséder ABSOLUMENT !!! Je ne résiste pas au plaisir de vous citer le dernier paragraphe : « L'Histoire de la lecture, heureusement, n'a pas de fin. Après le dernier chapitre et avant le copieux index déjà mentionné, notre auteur a laissé quelques pages blanches où le lecteur pourra noter ses réflexions complémentaires sur la lecture, les sujets dont l'absence le frappe, des citations opportunes, des événements et personnages encore à venir. Il y a là quelque consolation. Je m’imagine posant le livre à mon chevet, je m'imagine l'ouvrant ce soir, ou demain soir, ou le lendemain soir, et me disant : "Ce n'est pas fini". »
Allez, bonne lecture à vous Scriptof
Ps : L’excellente traduction est, une fois de plus, l'œuvre de Christine Le Boeuf
Les éditions
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Une histoire de la lecture [Texte imprimé] Alberto Manguel essai trad. de l'anglais par Christine Le Boeuf
de Manguel, Alberto Le Bœuf, Christine (Traducteur)
Actes Sud
ISBN : 9782742715435 ; 4,53 € ; 04/01/1999 ; 428 p. ; Broché -
Une histoire de la lecture
de Manguel, Alberto
Actes Sud
ISBN : 9782742723997 ; 9,70 € ; 29/02/2000 ; 432 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (7)
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Très beau livre
Critique de Falgo (Lentilly, Inscrit le 30 mai 2008, 85 ans) - 7 mars 2014
En passant, il propose de nombreuses définitions de l'acte de lire et se penche sur la nature de la lecture elle-même. Comme ceci, pp.253/4: "...nous lisons intellectuellement à un niveau superficiel, en saisissant certaines significations, et prenant conscience de certains faits, mais en même temps, de manière invisible, inconsciente, le texte et le lecteur s'entremêlent, créant d'autres niveaux de sens, de sorte que chaque fois que nous obtenons du texte qu'il nous cède quelque chose que nous ingérons, une autre chose naît simultanément en dessous, que nous n'avons pas encore saisie." Voici une manière très pertinente d'expliquer à la fois le lien qui s'établit entre un lecteur et le texte et les différences portées sur le même texte par différents lecteurs.
Un livre fantastique à lire de manière décousue ou continue en fonction de ses humeurs. Merveilleux.
une gourmandise
Critique de LFC (, Inscrit le 11 juillet 2005, 39 ans) - 2 mai 2013
J'ajouterai pour ma part que Manguel propose une balade personnelle, subjective de la lecture qui n'en est pas moins érudite, mais qui n'est pas écrasée sous le poids d'une quelconque orthodoxie universitaire.
C'est un vrai régal, page après page
UNE histoire, LA merveille
Critique de Elya (Savoie, Inscrite le 22 février 2009, 34 ans) - 22 août 2010
Allez, je me force un peu, et précise que quelques passages, surtout dans les premiers chapitres, seront peut-être parcourus un peu en diagonale, quand A. Manguel énumère des listes entières d'écrit des derniers siècles, dont on n'a pour la plupart jamais entendu parler (en tout cas moi). Mais quel gâchis ce serait de se laisser submerger par ce lot de références. A propos de référence, la précision et la densité de la bibliographie de cette Histoire de la lecture me fait louer une confiance aveugle concernant l'ensemble des propos relatés.
Les thèmes et titres de chaque chapitre, comme dans La bibliothèque, la nuit du même auteur, sont scrupuleusement choisis, et font rêver déjà avant même d'entamer leur lecture : "lire en silence", "lire en lieu clos", "l'auteur en lecteur", "lectures interdites", "le fou de livres"... Quand à leur conclusion! Un émerveillement, à chaque fois, même quand on commence à s'y attendre, ces dernières phrases qui viennent donner à l'argumentation un ton plus poétique. Et nous laissent rêveurs et pressés d'entamer un nouveau chapitre à la dénomination toujours plus envoûtante. Ici recommence le flot d'érudition, jamais lassant car écrit comme on raconte un conte à un enfant, agrémenté d'anecdotes tantôt amusantes, tantôt révoltantes.
Je me suis raisonnée à ne relever que 2 passages, car de toute manière ce livre est à conserver dans son ensemble, à lire et relire sans qu'aucune lassitude ne puisse apparaitre.
Celui-ci nous apprend que les métaphores culinaires que nous faisons au sujet de nos lectures, quand nous en parlons ou les commentons par écrit (le genre de remarque que je n'aurai jamais relevé moi-même mais qui, quand on la voit évoquée, sonne comme une évidence), étaient déjà employées en 593 avant notre ère !
"La lecture - nous l'avons vu - sert de véhicule métaphorique, mais afin d'être comprise elle doit être reconnue, elle aussi, à travers des métaphores. Exactement comme des écrivains parlent de concocter une histoire, de remâcher un texte, de laisser mijoter une idée, d'épicer une scène ou de garnir la carcasse d'un argument, d'assaisonner une tranche de vie d'allusions offrant aux lecteurs quelque chose à se mettre sous la dent, nous parlons, nous, les lecteurs, de savourer un livre, de le trouver nourrissant, de le dévorer d'une traite, d'en ruminer un passage, de se rouler sur la langue les vers d'un poète, de faire festin de poésie ou de suivre un régime de romans policiers. (...) Avec le temps, à mesure que la lecture se développait et se répandait, la métaphore gastronomique devint une rhétorique commune".
Et un autre pour nous rassurer un peu (bien que cet essai ait été écrit il y a une dizaine d'années) : "Il est intéressant d'observer que bien souvent une découverte technologique - comme celle de Gutenberg - fait progresser et non disparaitre ce qu'elle est censée remplacer, en nous donnant conscience des vertus anciennes que nous aurions pu, sinon, négliger ou importer comme de peu d'importance. A notre époque, l'informatique et la prolifération des livres sur CD-rom n'ont pas affecté - les statistiques en témoignent - la production et la vente de livres sous leur forme traditionnelle. Ceux qui considèrent le développement de l'informatique comme le diable incarné laissent la nostalgie prendre le pas sur l'expérience."
Ah, qu'il est bon de lire des relativistes intemporels, faisant de l'essor matérialiste un point fort pour l'émergence de nouvelles connaissances et la perpétuation des valeurs anciennes. Histoire d'arriver à nous déculpabiliser, le temps d'une lecture, d'être né à une époque assommante.
Un festin de gourmet
Critique de Sibylline (Normandie, Inscrite le 31 mai 2004, 74 ans) - 9 novembre 2005
Il nous parle de la lecture, de notre passion commune, de notre péché mignon, de notre délice égoïste. Il nous parle de nous dans ce que nous avons de meilleur. Y a-t-il quoi que ce soit qui puisse nous être plus agréable ?
Et c’est pourquoi nous le lisons toujours avec le plus grand des plaisirs. Ce faisant, d’ailleurs, nous nous cultivons, et toujours en nous régalant. Car, une fois compris que nous adorons qu’on nous parle de la lecture, les portes s’ouvrent sur un sujet tout de même bien vaste et tellement riche pour l’intellect ! Toutes ses facettes sont bonnes, du rôle du cerveau dans l’acte de lire à celui des lunettes et de leur inventeur (fin XIIème), de l’histoire de l’écriture à travers les âges à celle des lectures publiques du 19ème, du rôle politique de la lecture (arme de libération des esclaves) à son rôle privé et même intime. Tout, tout nous plaît et nous captive sur ce thème d’autant que toujours, dans ces récits le lecteur, c'est-à-dire nous-même ou un frère auquel il nous est si facile de nous identifier, a le plus beau rôle.
Et puis, dire aussi que j'ai aimé que ce livre s'intitule "une" histoire de la lecture et non « L »’ histoire de la lecture assumant et mieux, revendiquant ainsi tout ce que cet ouvrage avait de personnel et de subjectif, pour ne pas dire sentimental. Une finesse à laquelle tous les amateurs auront été sensibles.
Ah vraiment, Manguel sait à qui il parle et pourquoi et, se faisant plaisir à lui-même, il nous ravit tous par la même occasion.
Allez, je vous cite un tout beau passage, il faut choisir et ce n’est pas aisé car j’en ai tout de même coché un assez grand nombre, mais celui-là vraiment, parle à mon âme : « Les livres rangés sur mes étagères ne me connaissent pas avant que je les ouvre, et pourtant je suis certain qu’ils s’adressent à moi en m’appelant par mon nom : ils attendent mes commentaires et mes opinions. Je suis pressenti dans Platon comme je le suis dans tous les livres, même dans ceux que je ne lirai jamais. »
Riche et passionnant
Critique de Sallygap (, Inscrite le 18 mai 2004, 47 ans) - 28 mars 2005
Un essai qui plaira sûrement à tout lecteur, amoureux des livres et de leur histoire…
Une et toutes les autres : les vôtres, la mienne
Critique de Ulrich (avignon, Inscrit le 29 septembre 2004, 49 ans) - 27 mars 2005
Quel livre, quel érudition sans jamais de prétention. Juste le plaisir de partager ce bonheur de lire, la magie des mots.
Alors, à vous :
- Où lisez vous ?
- lisez vous à voix haute en silence ?
- Et les traductions ?
- Votre apprentissage de la lecture ?
- Votre Bibliothèque ?
- l'auteur en lecteur ?
et vous qui êtes sur ce site, pourquoi critiquez-vous ?
Autant de questions, plus quelques milliers d'autres et des réponses, celles d'Alberto Manguel, des pistes, des anecdotes, des histoires..
Ce livre est jubilatoire !
Un grand plaisir, facile à lire, fourmillante d'anecdotes comme le dit scriptof et comme le dit cuné, à lire, à relire, vous découvrirez toujours quelque chose et ça nous parlera toujours de nous, de notre histoire de la lecture.
Une histoire de la lecture, toutes les autres, les vôtres et la mienne : tous plongeant de bonheur dans la magie des mots.
Jubilatoire !
LE livre à relire encore et encore...
Critique de Cuné (, Inscrite le 16 février 2004, 57 ans) - 30 juillet 2004
Ne l'est pas moins la fluidité de son essai, qui nous pousse à tourner les pages encore et encore tant on veut "savoir la suite", comme dans un roman de grande qualité.
Bref c'est un essai savant mais non pédant, instructif mais non rébarbatif, une mine d'or remplie de trésors.
(ouais c'est des rimes )
Lisez et relisez une histoire de la lecture, par petits bouts, d'une traite, au hasard d'une page, toute votre vie. Vous apprendrez toujours quelque chose, ça vous parlera toujours de vous.
J'ai relevé énormément de passages. Au prix d'un effort surhumain, je ne vous en livre qu'un, parmi les plus doux à mon coeur :
"Virginia Woolf, dans une rédaction lue en classe, a fait écho à [...] Richard de Bury :
J'ai quelque fois rêvé, écrivait-elle, qu'à l'aube du jugement dernier, quand les grands conquérants, les juristes et les hommes d'Etat viendront recevoir leurs récompenses _ leurs couronnes, leurs lauriers, leurs noms gravés, indélébiles, sur le marbre impérissable _
le Tout-Puissant se tournera vers Pierre et dira, non sans une certaine envie, quand il nous verra venir avec nos livres sous le bras :
Vois, ceux-là n'ont pas besoin de récompense. Nous n'avons rien ici à leur donner. Ils ont aimé la lecture."
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