Daisy Miller de Henry James

Daisy Miller de Henry James
( Daisy Miller)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Littérature => Nouvelles

Critiqué par Kinbote, le 22 avril 2002 (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 8 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (2 100ème position).
Visites : 8 671  (depuis Novembre 2007)

Un exquis portrait de femme

Winterbourne, un Américain, fait la connaissance dans un hôtel de Vevey, en Suisse, d'une jeune compatriote, Daisy Miller, accompagnée de sa mère et de son jeune frère, « étonnamment, admirablement belle » (il ne cessera à chaque rencontre de la trouver plus belle, signe d'une indéniable attirance) à qui il porte immédiatement beaucoup de respect, malgré sa condition inférieure à la sienne et la conduite parfois effrontée qu’elle affiche. Ensemble ils visiteront un château; visiblement ils se plairont mais devront être séparés quelques mois.
Winterbourne retrouve Daisy Miller à Rome cette fois mais accompagnée d'un soupirant « décoratif » qui semble fort intéresser la jeune femme et qu’elle trimballe partout, en faisant jaser.
Cependant Winterbourne continue malgré cette liaison de lui témoigner son amitié. Enfin il les découvre à la tombée du soir au sein du Colisée.
En passant de la Suisse à l'Italie, l'auteur varie les points de vue de son alter ego sur la jeune femme. Proche de conclure, du moins un flirt, dans la première partie, l'Américain est contraint ensuite de jouer les seconds rôles (il y a « Du côté de chez Swann » avant la lettre dans la seconde partie), de défendre malgré tout l'honneur de Daisy Miller contre les tenants d’une convention stricte en matière de moeurs. On a apprend par exemple qu’il était extrêmement indécent à cette époque de se promener en compagnie d'une jeune femme dans les rues de Rome. C'est le récit (paru en 1878) d'une drague avec ses rapprochements mesurés, ses espoirs déçus par un obstacle soudain, qu’on sait temporel, mais qui va produire des atermoiements somme toute nuisibles à l'entreprise poursuivie.
Dans les dernières lignes, on sent que l'auteur se démarque de Wintebourne qui, apprend-on, détournera vite son esprit de Daisy Miller mais pas le lecteur car, par le sort qui lui est réservé, elle incarnera pour toujours la figure de la jeune femme qui met son plaisir au-dessus des règles sociales, ce qu'on pourrait appeler une jeune femme légère si ce qualificatif n'était pas dépréciatif.
Daisy Miller est aussi bien une jeune femme d'aujourd'hui. Qui sait d'ailleurs si vous ne l'avez pas déjà rencontrée !

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La chandelle par les deux bouts

8 étoiles

Critique de Nathafi (SAINT-SOUPLET, Inscrite le 20 avril 2011, 57 ans) - 18 octobre 2014

Il est de certaines personnes cette envie de vivre intensément, de brûler la chandelle par les deux bouts, faisant fi des convenances et du "Qu'en dira-t-on ?". Daisy Miller est une d'entre elles, cette jeune fille est animée par une envie de liberté déroutante, facétieuse, capricieuse, égoïste au plus haut point, rien n'est trop bon pour elle que ce dont elle a envie... Alors, bien sûr, son entourage en pâtit, les conflits se multiplient, mais cet électron libre semble dépourvu de toute raison...

Cette nouvelle est joliment écrite, j'aime beaucoup l'écriture d'Henry James, dont je continue à découvrir l'oeuvre.

Le vilain petit canard !

8 étoiles

Critique de THYSBE (, Inscrite le 10 avril 2004, 67 ans) - 28 février 2005

Un beau cortège de carcans de convenances, qui ne sont jamais les mêmes selon les cultures. Chacun restera engoncé dans ses préjugés en dénonçant ceux qui ne s’y tiennent pas. Ce sera d’ailleurs leur chemin de bataille pendant que celle qui déroge aux conventions laissera libre court à son instinct simple et sain et ne se préoccupera pas des « qu’en dira-t-on ». Un portrait d’époque, mais qui perdure d’une façon plus subtile mais néanmoins plus fourbe entre une Amérique puritaine et une Europe « dite » plus volage. Le vilain petit canard ne sera pas reconnu.
Winterbourne décrira Miss Daisy Miller en « friche ». Une belle façon d’interpréter son indépendance. Qui a raison ? Le jardinier à l’Anglaise ou le jardinier à la Française ?
C’est toute la question. Qui traque le mieux la mauvaise herbe ?
Je découvre les oeuvres de Henri James. Cette nouvelle écrite au début de sa production littéraire, est assez simple tout en étant du style de l’époque ou l’on s’adresse au lecteur pour lui rappeler certains détails cités plus en avant. On est pris par le récit.

Une étrange et séduisant petite chose

8 étoiles

Critique de Fee carabine (, Inscrite le 5 juin 2004, 50 ans) - 26 juin 2004

"Daisy Miller" est un étrange et séduisant petit livre. Aussi étrange et séduisante que son héroïne, l'irrévérencieuse, l'impertinente mais si littéralement ravissante Daisy. Et tout comme Mr Winterbourne, nous nous trouvons condamnés à retourner dans notre esprit la question suivante: "Mais qu'est-ce qui lui passe par la tête?". Dans "Daisy Miller", Henry James recrée de façon magistrale une jeunesse impétueuse, ses errements, ses erreurs et son irrésistible pouvoir de séduction....

Je partage donc l'avis des lecteurs précédents, à ceci près que la discussion entre Saule et Jules à propos des styles d'Edith Wharton et d'Henry James me laisse sur ma faim... Si l'on veut vraiment comparer ces 2 auteurs, il me semble qu'une 1ère difficulté réside dans l'ampleur de leurs oeuvres. Tant Henry James qu'Edith Wharton nous ont laissé une oeuvre abondante, et de qualité variable. Dans le cas d'Henry James, on peut de plus noter une évolution stylistique très marquée entre "Daisy Miller" (1878, le 1er roman publié), et les grands romans de la fin de sa vie (Les ailes de la colombe (1902), Les ambassadeurs (1903)). Il faudrait donc se mettre d'accord sur ce que l'on compare: les oeuvres de jeunesse ou les oeuvres de la maturité, les chefs-d'oeuvre ou les ratages (dans cette dernière catégorie, la palme revient à mon avis à Henry James: il n'y a vraiment rien à sauver dans "L'Américain" qui n'est qu'un catalogue de clichés d'un manichéisme primaire). Et pour finir, je dois dire que la remarque de Jules qui qualifie l'écriture de Henry James de "plus directe" me laisse perplexe (mais encore une fois, peut-être que nous n'avons pas lu les mêmes livres). Le qualificatif "direct" est bien le dernier qui me viendrait à l'esprit pour décrire le style d'Henry James dans ses derniers grands romans: des phrases très longues, coupées par des incises, et qu'il faut parfois lire 2 fois avant d'en enregistrer le sens, alors que les relations entre les personnages sont littéralement décrites entre les lignes et qu'il faut une sorte de 6ème sens perpétuellement en éveil pour ne rien rater des savantes manoeuvres, des tentatives de manipulation et des relations de domination-soumission qui sont au coeur des intrigues de ces romans. A mon avis, c'est tout sauf direct. Et c'est d'ailleurs ce qui rend ces romans si fascinants: un monde de turpitudes, de calculs sordides, l'horreur de la lutte pour le pouvoir, tout cela dissimulés sous des dehors si policés...

grain de poivre

8 étoiles

Critique de Rotko (Avrillé, Inscrit le 22 septembre 2002, 50 ans) - 11 octobre 2003

poivre d'arvor s'est souvenu de Daisy dans "les enfants de l'aube". je n'en dirai rien, par charité chrétienne :-)mais des gens avertis s'y sont laissé prendre. Dommage pour eux !

A Jules

9 étoiles

Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 10 octobre 2003

Jules, pour juger de l'écriture de Wharton je ne peux que te conseiller de lire Xingu, une nouvelle disponible en ligne à http://www.sas.upenn.edu/~rsyed/xingu/. Cette fabuleuse nouvelle représente la quintescence de son art. Vanité, standard social, pseudo-culture, .. elle décortique brillament et avec humour ses thèmes habituels. C'est clair, je suis conquis par Edith Wharton. Ceci dit je donne 4 étoiles et demi à Daisy Miller et je compte bien lire d'autres Henry James en m'inspirant de tes recommandations.

Oui, je préfère Henry James

8 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 10 octobre 2003

Je lui trouve une écriture plus précise, plus directe, dont Hemingway s'inspirera fortement. Il a quelque chose de plus fort dans ses histoires et il me semble fouiller plus loin dans l'âme humaine. Je pense surtout, à ce qui pour moi est son chef-d'oeuvre, "Le tour d'écrou", mais aussi "Les dépouilles de Poynton", "Le dernier des Valerii", "L'élève","La bête dans la jungle" et "Les secrets de Jeffrey Aspern". Ces trois derniers livres sont parus dans un beau coffret noir avec de belles couvertures noires et un très beau papier chez "Criterion" en 1993. Cela ajoute un zeste au plaisir de la lecture....

Daisy Miller, belle et ingénue jeune américaine

9 étoiles

Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 9 octobre 2003

Winterbourne, un jeune américain de 27 ans, rend visite à sa tante dans un lieu de villégiature en Suisse. Au bord du lac il rencontre Daisy Miller, une jeune compatriote peu banale. C'est une jeune femme craquante : belle, ingénue et surtout spontanée. Voila une très belle scène de flirt, au pouvoir évocateur enivrant et le lecteur sent très bien poindre l'attirance réciproque entre les deux jeunes gens.
Mais Miss Miller n'a pas bonne réputation, sans que l'on sache dans quelle mesure cette mauvaise réputation est méritée. A cette époque la limite entre être spontanée et être délurée était très fine. Il suffisait pour une jeune fille de se balader seule avec un homme pour se brûler auprès de la bonne société.
Malgré cette fâcheuse réputation, Winterbourne défend la jeune femme. Mais ses atermoiements font que celle-ci se trouve un autre chevalier servant, un bellâtre italien avec lequel elle ose s'afficher en rue. Et notre jeune Winterbourne ne sait plus quoi penser quant à l'innocence de cette jolie flirteuse... Il n'empêche que le lecteur se forgera sa propre opinion et que celle-ci ne manquera pas d'être favorable à Daisy Miller.
Cette nouvelle est disponible dans la collection bilingue ce qui est très agréable pour lire dans le texte sans passer trop de temps dans le dictionnaire. Au départ je me suis intéressé à Henry James parce que j'ai appris qu'il était très proche d'Edith Wharton qui est ma grande découverte du moment. Contrairement à Jules qui, dans sa critique de "Les metteurs en scène" d'Edith Wharton, disait préférer le style d'Henry James, je trouve chez Edith Wharton un petit quelque chose de plus, au niveau du style, de l'humour et de la finesse. Mais il n'empêche que cette nouvelle est très réussie et que l'auteur réussi un portrait drôlement attachant d'une jeune américaine craquante.

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