Racines de Alex Haley
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Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Littérature => Romans historiques
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"L’Histoire n'est pas toujours contée par des vainqueurs"
« Racines ». Un récit d'injustice, de liens, d'amour, de vérité et de tradition orale. Alex Haley s'est un jour donné pour but de retracer l’histoire de sa famille et, après de nombreuses années de recherches à la découverte de ses origines, il en a tiré un extraordinaire roman…
Printemps 1750, dans un petit village de Gambie, naît Kounta Kinté, fils d’Omoro et de Binta, et petit-fils d'un célèbre marabout dont il porte le nom. Au sein de cette Afrique profonde, Kounta grandit. Il apprendra les règles d’une vie d’homme, le respect d’autrui et de ses ancêtres, la foi en Allah, l’agriculture et la chasse. Et surtout, la méfiance envers les toubabs, ces étranges hommes à peau blanche dont l’odeur nauséabonde se détecte à longue distance. Pires que le plus féroce des animaux, ils vous enlèvent sans espoir de retour…
Atteignant ses dix-sept pluies, Kounta a depuis longtemps subit l'épreuve de l’initiation, qui a fait de lui un homme, et acquis un statut respecté dans le village. Après une longue nuit de garde, l’esprit empli de nombreux projets de voyage, il se décide à aller couper du bois pour confectionner un tambour. Il ne reverra jamais les siens. Kidnappé par les toubabs, enchaîné, battu, il sera marqué au fer rouge et embarqué avec le reste du « bétail » dans un cargo à destination de l'Amérique. Trois longs mois de traversée dans les plus inhumaines conditions. Allongés sur le bois, baignant dans leurs déjections, le corps meurtri de tous côtés par les coups de fouets et les escarres, les noirs destinés à l'esclavage ne sont qu’amas de chair sanguinolentes, saleté et maladie. Un grand nombre ne survivra pas à l'atroce transport…
Est-ce un mal ou un bien, Kounta échappera à la mort et sera vendu à un dénommé John Waller. Mais la souffrance et l’humiliation ne seront pas venues à bout de « l'Africain », qui tentera à quatre reprises de se sauver, dont la dernière lui vaudra d'avoir le pied coupé et d’être racheté par le frère de John Waller, William. S'il sait que son âme ne se soumettra jamais, Kounta se voit bien obligé d’accepter sa vie d’esclave. Après de nombreuses années de travail à la plantation, il épousera Bell, la cuisinière, dont les croyances païennes et le mauvais caractère l'avaient jusque là exaspéré. Ils auront une fille Kizzy. Même si cela lui est interdit, Kounta tiendra à ce que sa fille connaisse l'histoire de sa famille et de ses origines. Qui elle-même racontera son histoire à son fils George qui le transmettra à ses nombreux enfants dont Tom, le père de Cynthia, elle-même maman à nombreuses reprises, dont la fille Bertha mettra au monde Alex, Alex Haley.
C'est par ce respect des liens que survivra la longue tradition orale qui se transmettra de génération en génération… Celle de cet aïeul africain qui fut enlevé d’Afrique alors qu'il voulait confectionner un tambour. Qui appelait une guitare « ko » et un fleuve « kamby bolongo ». Qui se sauva quatre fois de chez son premier maître, etc etc.
Ce livre est magnifique. Si une majeure partie est consacrée à Kounta Kinté, à la culture de l’Afrique, à sa beauté, à son hommage, Alex Haley n’a pas négligé la dure vie d’esclave que traversèrent ses enfants, petits-enfants et les générations qui suivirent. Des soulèvements de Noirs à la déclaration d’émancipation de 1865, ce seront des existences faites d’humiliation, brimades, séparations, mais aussi bonheur et amour des leurs. C'est l'unité d'une famille autour d’une histoire commune. Une famille qui finalement se créera hors de l'esclavage, libre et toujours respectueuse de ses racines…
Je ne pouvais pas mettre moins de 5 étoiles à ce roman qui restera pour moi inoubliable. Ecrit avec beaucoup de sincérité, il dépeint la cruauté et la bêtise humaine, mais aussi le respect et l'importance de son identité pour pouvoir exister. Superbe !
Les éditions
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Racines [Texte imprimé] Alex Haley trad. de l'américain par Maud Sissung
de Haley, Alex Sissung, Maud (Traducteur)
J'ai lu / Roman
ISBN : 9782290053935 ; 10,50 € ; 15/03/2000 ; 750 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (15)
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Un hommage magnifique
Critique de JoshWB (, Inscrit le 13 décembre 2010, 35 ans) - 15 avril 2020
L’auteur prend le temps de nous faire découvrir la vie de Kounta avant de devenir esclave. On découvre le jeune Kounta qui avait une vie, une famille. Ainsi, on nous rappelle que Kounta était quelqu’un avant de devenir propriété d’un colon.
Pendant ces 200 premières pages, on est ainsi baigné dans cette contrée lointaine aux paysages magnifiques, aux coutumes en fusion avec la nature, on fait connaissance avec un village et des gens touchants. Mais on ne peut qu’être bouleversé pendant cette immersion quand on sait que le destin de Kounta le séparera de tout ça.
Ensuite, vient la capture. Attendue certes, mais tout de même angoissante, violente.
C'est à partir de ce moment que l'on bascule dans l'horreur. La beauté des 200 premières pages contraste immédiatement avec l’enfer de la traversée, de la vente d’esclaves, du traitement qui leur est infligé dans les champs.
Mais cette horreur met en valeur une force incroyable propre à la race humaine dont ces noirs ont fait merveilleusement preuve : le pouvoir de résilience. À travers les chapitres, on découvre qu’au milieu de cet enfer ce peuple a tout de même réussi à apprendre, à développer des liens, à aimer.
Ce livre est un merveilleux hommage aux ancêtres d’Alex, et à la volonté de son ancêtre Kounta de rappeler à sa descendance leurs origines. Finalement, il aura réussi non seulement à transmettre son héritage à sa descendance, mais également au monde entier. Bravo.
Racines: un livre d'actualité
Critique de Bamb10000 (, Inscrit le 28 février 2016, 41 ans) - 29 février 2016
Racines retrace les conditions inhumaines de transport des esclaves, traités comme un vulgaire bétail, depuis les côtes africaines jusqu’aux Amériques, où ils sont vendus, et servent de main-d’œuvre gratuite dans les plantations de leurs maîtres. Kounta Kinté, qui a vainement tenté de s’affranchir à plusieurs reprises, finira par se résoudre à sa vie d’esclave, une vie identique à celle des aïeuls des afro-américains d’aujourd’hui, qui ne doivent jamais oublier d’où ils viennent, et ce que leurs ancêtres ont vécu.
L’auteur de Racines souligne, dans son ouvrage, les grands traits du véritable visage de ce qu’il convient d’appeler la traite des Noirs, dans toute sa barbarie et sa cruauté. Un commerce crapuleux qui a fait souffrir dans leurs âmes et dans leurs chairs, et même, qui a coûté la vie à des millions d’êtres humains de race noire, issus de l’Afrique toute entière, pendant des siècles. Cela montre bien que, comme le disait fort opportunément l’auteur du livre « les niches d’investissement en terres africaines », l’Afrique a toujours suscité beaucoup de convoitises, depuis des siècles. Si aujourd’hui l’esclavage est aboli, du moins de façon officielle, et le commerce des hommes est devenu illégal, ce sont à présent les nombreuses ressources naturelles du continent, qui suscitent de l’attrait. Comme cela a été le cas avec le commerce des esclaves, cette exploitation des ressources naturelles de l’Afrique se fait très souvent au détriment des Africains eux-mêmes.
A mon avis, lire Racines, c’est s’immerger au cœur des réalités qui perdurent encore aujourd’hui en Afrique sous une autre forme. Le livre est donc encore d’actualité.
Un roman et une série TV passionnants!
Critique de Pierrequiroule (Paris, Inscrite le 13 avril 2006, 43 ans) - 14 août 2012
Racines
Critique de Exarkun1979 (Montréal, Inscrit le 8 septembre 2008, 45 ans) - 8 août 2011
C'est sûrement le livre qui m'a le plus bouleversé dans toute ma vie. Je me suis souvent senti croche en lisant les histoires de torture ou de viol qu'ont dû subir certains esclaves noirs de cette période.
De plus, ce livre a renforcé mes convictions par rapport au mépris que j'ai face au racisme. Ce qui est le plus difficile par rapport à ce livre c'est que cette histoire peut s'appliquer à des millions d'esclaves américains. Ce qui est fait est fait et on ne peut malheureusement rien y changer. Cependant, il faut se faire un devoir de ne jamais oublier ces horreurs.
Un livre essentiel
Critique de Elko (Niort, Inscrit le 23 mars 2010, 48 ans) - 19 novembre 2010
Le style est simple et direct, donc facile à lire, mais peut-être au détriment de l'attachement que l'on pourrait éprouver pour cette famille. Quelques passages n'en demeurent pas moins émouvants (notamment la nostalgie pour l'Afrique et le travail d'enquête de l'auteur).
Ce livre devrait se trouver dans toute bibliothèque qui se veut humaniste, probablement plus pour son témoignage essentiel que pour sa qualité littéraire.
Une saga afro-américaine
Critique de Oburoni (Waltham Cross, Inscrit le 14 septembre 2008, 41 ans) - 31 mai 2009
"Oui, papa" dit-elle, obéissante; mais il savait qu'elle ne comprenait pas. "
"Racines" est un livre puissant, bourré d'émotions fortes qui vous prennent à la gorge, au coeur, à l'âme. Un livre qui vous bouleversera, vous laissera marqué à jamais d'un souvenir indélébile comme l'est l'esclavage pour l'histoire de l'humanité.
Alex Haley établit sa généalogie et narre les vies de ses ancêtres en les romançant. Griot afro-américain, son histoire raconte l'Histoire.
Oui, le livre est très déséquilibré, c'est vrai. Il fait environ 700 pages, 400 sont consacrées à Kounta Kinté; le Mandingue arraché aux siens et à sa terre natale, la Gambie, pour être vendu comme esclave en Virginie. Mais c'est là le fondement même de toute une histoire, celle de ces millions d'afro-américains dont le passé, au fond, est semblable à celui de la famille Haley : l'esclavage forme leur acte de naissance. Impossible, dès lors, de ne pas s'attarder plus que sur toute autre période sur ce déchirement Afrique-Amérique.
L'inhumanité du commerce triangulaire -le récit du voyage à travers l'Atlantique est épouvantable. La mise à nu de l'institution esclavagiste dans toute son horreur -d'autres critiqueurs parlent des viols et des violences, je citerais pour ma part les ventes aux enchères dont les descriptions égrènent le récit : humiliantes, elles étalent tout le côté dégradant aussi bien pour les noirs que les blancs d'un tel système. L'incompréhension mêlée de rage et de dégoût qui vous gagne page après page. La lâcheté, le mépris, la cruauté mais aussi l'espoir, la force, le courage... "Racines" est un chef-d'oeuvre, un de ces rares livres que l'on referme en sentant une boule se serrer au fond de la gorge.
"La plupart des mots toubabs que Kounta entendait le laissaient confus. Mais derrière son masque inexpressif, il s'efforçait de leur donner sens, et doucement il commença à associer divers sons avec divers objets et actions. Mais un mot en particulier le laissait extrêmement perplexe, bien qu'il l'entendait exclamé ici et là presque tous les jours aussi bien par les toubabs que par les noirs. Qu'est-ce que pouvait bien être, se demandait-il, un "nègre" ? "
Défile alors l'histoire d'un long combat, sur plus de cinq générations, pour rester digne, ne pas se laisser briser par une société hostile. Un combat qu'incarnent Kounta Kinté, Kizzie, George, Tom et tant d'autres jusqu'à l'auteur lui-même. Un combat qui, au fond, nous en dit long sur la nature humaine et ce qu'est être humain.
Poignant.
adoré
Critique de Fanofbook (, Inscrite le 11 mars 2009, 29 ans) - 11 mars 2009
Emouvant!
Critique de Kafk-athée. (Besançon, Inscrit le 10 avril 2005, 37 ans) - 30 avril 2005
C'est donc un excellent livre que je recommande à tout le monde, même les plus réticents.. j'en faisais partie!
D'accord avec nanouille
Critique de Jacana (liege, Inscrit le 27 février 2005, 34 ans) - 28 février 2005
Tout ceux qui veulent en discuter, mon adresse est pirotte28@hotmail.com, je ne suis pas méchant.
Pardon à tous ces gens qui ont tant souffert...
Critique de Maudichon (, Inscrite le 16 janvier 2004, 46 ans) - 16 février 2005
Un très beau livre, un peu inégal cependant dans la répartition du temps (à mon goût), ce qui explique les 4* et demie...
Beurk
Critique de Nanouille (, Inscrite le 26 janvier 2005, 34 ans) - 26 janvier 2005
Ce n'est pas mon livre préféré mais je l'ai lu sans trop de difficultées.
Des racines et des chaînes
Critique de Heyrike (Eure, Inscrit le 19 septembre 2002, 57 ans) - 2 août 2004
Je me souviens d'une prise de conscience (peut être la première ?), conscience que ce monde n'offrait pas à tous les mêmes chances, uniquement parce que certains n'étaient pas nés au "bon endroit", avec la " bonne religion" ou tout plus simplement pas avec la "bonne couleur". Consterné dans un premier temps, je sentis une immense colère m'envahir devant toutes ces injustices qui scellent le sort de millions d'individus en anéantissant en eux la plus infime parcelle de dignité.
Plus tard c'est les larmes aux yeux que je vis les images insupportables des camps de concentrations libérés. Et plus récemment je me suis intéressé au génocide des Indiens d'Amérique du Nord (une autre période sombre de l'histoire d'une Amérique amnésique de son passé).
La première partie du roman qui se situe en Afrique raconte l'initiation du jeune Kounta Kinté aux traditions ancestrales des Mandingues, les nombreux rites de passage sont rudes pour parvenir à être un homme au sein de cette société qui lutte en permanence contre les éléments naturels pour subvenir à ses besoins, l'intrusion des terribles Toubabs sur leur territoire apportant une nouvelle menace dans l'équilibre précaire de la tribu. Capturé par les Toubabs, meurtri de coups, lacéré par le fouet et enchaîné, Kounta est jeté à fond de cale d'un bateau négrier. Pendant plusieurs semaines il va survivre dans la puanteur de la merde séchée sur les corps, de la bile verdâtre que les estomacs rendent dès que les enchaînés tentent d'absorber l'espèce de nourriture immonde distribuée par les geôliers. Et il y aussi les rares sorties sur le pont à la lumière aveuglante, le nettoyage des dos sanguinolents à l'eau de mer qui arrache des hurlements épouvantables aux suppliciés, et le pus jaunâtre qui s'écoule des plaies à vif. Un passage du roman extrêmement éprouvant qui fait voler en éclat les valeurs civilisatrices de l'occident plus enclin à répandre le sang et la souffrance sous les toutes les latitudes, que d'exporter les bienfaits de sa culture "raffinée et idéaliste". Après l'horreur de la traversée de l'atlantique, survient la vente inéluctable sur le marché aux esclaves en Amérique, la résistance à la soumission totale de Kounta qui tente de fuir à plusieurs reprises pour finir par avoir le pied tranché par les chasseurs de nègres. Mutilé et brisé, Kounta parvient tout de même à conserver toute sa fierté et la mémoire de ses racines qu'il entend bien transmettre à sa fille.
La deuxième partie du roman, qui est entièrement consacrée à la saga des six générations qui se succèdent jusqu'à la naissance de l'auteur, aborde trop brièvement l'histoire des descendants de Kounta. Bien entendu l'auteur n'avait pas trop d'autre choix, car sinon c'est deux ou trois volumes qu'il aurait fallu pour raconter en détail l'histoire de tous les membres de sa famille directe. Mais le début du roman est tellement intense que la seconde partie parait un peu moins ambitieuse. Un roman qu'il faut avoir lu de toute manière pour saisir l'ampleur du malheur des déracinés du continent africain qui luttent encore de nos jours pour faire valoir leurs droits et tenter d'intégrer une société hostile envers sa propre histoire et encore plus à un quelconque devoir de mémoire visant à la réconciliation.