Et devant moi, le monde de Joyce Maynard

Et devant moi, le monde de Joyce Maynard
(At home in the world : a memoir)

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances , Littérature => Anglophone

Critiqué par Paquerette01, le 17 février 2011 (Chambly, Inscrite le 11 juillet 2008, 53 ans)
La note : 5 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (50 528ème position).
Visites : 4 356 

Salinger à fleur de peau

(quatrième de couverture)
Printemps 1972 : le New York Times Magazine publie un long article qui connaît un immense succès. La signataire de ce discours original sur la jeunesse, Joyce Maynard, dix-huit dans, en première année d'université à Yale, reçoit des centaines de lettres enthousiastes, parmi lesquelles celle de J.D Salinger, cinquante-trois ans, (dont elle n'a jamais lu une ligne). S'ensuit une correspondance soutenue entre la jeune étudiante et l'auteur culte de L'attrappe-coeurs. Très vite, sur les instances de celui-ci, Joyce abandonne Yale et ses études pour aller partager avec son admirateur une vie faite d'un splendide isolement et d'ascétisme alimentaire. Mais, au fil des mois, les problèmes se multiplient au sain de ce couple improbable. Acupuncture et homéopathie n'y pourront rien : laissée en proie à un désarroi total, Joyce est congédiée d'une manière aussi cruelle qu'inattendue.
Vingt-cinq années plus tard, divorcée et mère de trois enfants, devenue elle-même écrivain confirmé, elle tente de raconter cette histoire et d'y trouver une explication. Elle décrit son adolescence entre un père poète alcoolique et une mère décidée à faire de sa fille un prodige littéraire, mais surtout, avec un franchise parfois jugée choquante, elle analyse son combat désespéré pour retrouver son équilibre après que Salinger a mis fin à leur liaison. Une liaison étrange et dévastatrice dont le récit porte un éclairage peu banal sur l'idole des lettres américaines.

Ce récit est aussi plaisant que tout autre biographie. On y passe un bon moment mais c'est sans prétention.

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Les éditions

  • Et devant moi, le monde [Texte imprimé], récit Joyce Maynard traduit de l'anglais (États-Unis) par Pascale Haas
    de Maynard, Joyce Haas, Pascale (Traducteur)
    Philippe Rey
    ISBN : 9782848761787 ; 22,00 € ; 06/01/2011 ; 462 p. ; Broché
  • Et devant moi, le monde [Texte imprimé] Joyce Maynard traduit de l'anglais (États-Unis) par Pascale Haas
    de Maynard, Joyce Haas, Pascale (Traducteur)
    10-18 / 10-18
    ISBN : 9782264055422 ; 9,10 € ; 05/01/2012 ; 501 p. ; Poche
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Biographie ?

6 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 16 novembre 2022

Tout d'abord je tiens à exprimer ma profonde admiration vis-à-vis de cette auteure.
Son roman de 2021 "Où vivaient les gens heureux" est un véritable chef d’œuvre, l'aboutissement à sa perfection, mais d'autres romans furent aussi de grande qualité.
Ici, nous tombons sur une autobiographie et je dois avouer que rien n'est plus ennuyeux qu'un écrivain qui écrit sur lui-même !
Le fait qu'elle vécut quelques mois comme l'amante de Salinger est évoqué tout le long du récit. Certes le personnage était une célébrité (quoique que je suis toujours resté très critique devant ses textes ravageurs). Etait-il bien utile de nous raconter certains détails aussi intimes qui finalement ne nous regardent pas ?
Dans ce livre j'ai décelé une foule d'indices qui ont servi à la construction de cette perle précitée "OU VIVAIENT LES GENS HEUREUX". Comme quoi un roman a souvent des racines.
Bref, pour revenir au sujet du roman présenté, Joyce Maynard a le talent pour tenir le lecteur en haleine, mais tout compte fait je la préfère en romancière qu'en biographe.
A lire si vraiment vous aimez la personnalité de JM... Dans la négative, mieux vaut parfois oublier certains titres

Dans la tête des jeunes filles sages

7 étoiles

Critique de AmauryWatremez (Evreux, Inscrit le 3 novembre 2011, 55 ans) - 6 février 2017

Le sujet de ce texte n'est plus tellement d'actualité. Les jeunes filles sages ne lisent plus, elles rêvent plus en parcourant les « tweets » des « pipeaules » et autres « statuts » facebook mais ne se passionnent plus du tout pour la littérature et les auteurs. Elles ne peuvent donc pas vivre de grandes passions qui risqueront de les mener au bord du gouffre dont elles sortiront par l'écriture telle Joyce Maynard. J'avais bien aimé « une adolescence américaine » de cet auteur dans lequel la jeune fille qu'elle était se racontait et racontait sa génération des années 60 un peu à la manière d'une Holden Caufield au féminin. Ce roman faisait suite et développait un article du « Times » dans lequel elle avait esquissé ce portrait en creux des jeunes de juste avant la « parenthèse enchantée ».



Elle était de ces jeunes filles sages capables de passion, capables de brûler et se brûler pour un amour sans y réfléchir aucunement avant...



Les femmes y sont plus hardies quoique les petits garçons sages également partagent cette qualité ou ce défaut jusqu'à risquer d'en mourir.



Il demeurait quelques scories dues à son immaturité mais j'avais largement préféré ce livre à « l'Attrape Coeurs ». Dans « Et devant moi le monde », elle a quarante-quatre ans et raconte l'amour à sens unique qu'elle a vécu avec le père d'Holden Caufield, la rupture brutale s'en étant ensuivi et les années qu'elle a passé à se reconstruire. Elle avait dix-neuf ans. Elle aborde tout crûment et de front, sans aucune vulgarité, y compris la sexualité avec un homme à l'époque de trente-cinq ans son aîné. Elle était une de ces adolescentes inadaptées brûlant d'un feu intérieur que personne ne voyait ou ne voulait voir, déjà passionnée par les lettres comme tous les gosses qui ont du mal à s'adapter à la société des êtres humains. Elle avait des parents très artistes et largement excentriques dont le couple était déséquilibré, un père peintre raté et une mère flamboyante mais frustrée de reconnaissance envers ses dons.



Juste après l'article qui la rendit célèbre, Joyce Maynard commença à recevoir des lettres de Salinger. D'abord légèrement paternalistes, ces lettres se contentent de donner des conseils de travail à l'écrivain en herbe qu'elle était tout en affirmant s'en abstenir. Puis elles prennent un tour de plus en plus intime. Flattée qu'un homme plus âgé que son père, qui plus est célèbre et talentueux, s'intéresse à elle, elle finit par tomber amoureuse de lui. Ce qui devait arriver arriva, elle le rejoint dans le New Hampshire et vit avec lui pendant une année une relation de couple. Il s'avère que Salinger s'est pris de passion pour la nourriture appelée plus tard macrobiotique et l'homéopathie. On comprend même en la lisant qu'il est devenu fou, une folie acceptable pour un auteur mais folie quand même.



Il la modèle à son idée progressivement sous le regard de ses deux enfants faussement indifférents. Il finit par la congédier durement excédé de ne pouvoir avoir de relations sexuelles régulières avec elle. Elle découvre plus tard qu'il a déjà pour habitude de correspondre avec des jeunes filles sans que cela ne soit forcément suivi d'amour physique. Lisant certaines de ces lettres elle s'aperçoit qu'il utilise les mêmes procédés rhétoriques à chaque fois pour leur plaire. Elle essaiera de comprendre ce qui l'a mené à cette appétence pour les adolescentes, quelle blessure intime, quelle souffrance ? Pourquoi pas ce qu'il a vécu pendant la Seconde Guerre Mondiale ? Elle découvrira qu'aucune de ses hypothèses ne s'avèrera satisfaisante. Elle se dira qu'il imagine peut-être que ces jeunes personnes sont comme la petite danseuse d'une de ses nouvelles...



Elle retrouvera l'amour pour un homme. Elle aura des enfants avec lui et pendant un temps croira pouvoir mener une vie de famille comme tout le monde, sans aucun regard sur le passé. Salinger continuera tout ce temps d'exercer son emprise sur elle. Elle fera tout pour rechercher encore son approbation, mangeant en « vegan » comme lui et se faisant méthodiquement vomir pour rester le plus mince possible. Elle continuera à lui écrire aussi. Et puis un matin, elle se réveillera et prendra conscience de sa propre valeur, que les lubies de Salinger étaient juste des lubies d'un auteur qui n'a commis qu'un seul chef d'oeuvre qui était peut-être un accident heureux et rien d'autres. Elle fera preuve de plus d'humilité que lui face à différents travaux d'écriture dont la rédaction d'articles de fond.



Et elle ira même le revoir afin de tourner définitivement la page, et goûter une certaine revanche en le retrouvant vieux et aigri, et seul...

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