La dame de beauté de Jeanne Bourin

La dame de beauté de Jeanne Bourin

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Romans historiques

Critiqué par FROISSART, le 21 janvier 2011 (St Paul, Inscrit le 20 février 2006, 76 ans)
La note : 6 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (54 914ème position).
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Le commentaire de Patryck Froissart

Titre: La Dame de Beauté
Auteur: Jeanne Bourin
Editeur: La Table Ronde – Paris – 1982
ISBN: 2-7103-0093-1
243 pages



La Damoiselle de Beauté, c'est ainsi qu'était appelée Agnès Sorel, maîtresse officielle du roi Charles VII, à la fois en hommage à sa beauté remarquable et en relation avec sa propriété de Beauté-lez-Paris, un des innombrables cadeaux de son royal amant.

Dans ce roman, Jeanne Bourin raconte l'ascension d'Agnès, demoiselle de petite noblesse picarde, dont le roi Charles VII, qui vient de remporter enfin des victoires décisives dans l'entreprise, encouragée par Jeanne d'Arc, de bouter l'Anglois hors de France, tombe d'un coup de foudre définitivement amoureux du jour où elle paraît à la Cour dans la suite de la duchesse Isabelle de Lorraine, reine de Sicile, épouse du bon roi René.

Devenue très vite favorite établie et reconnue, Agnès est, tout au long de sa courte vie, comblée d'honneurs, de richesses, de titres par le roi à qui elle donne trois enfants avant de mourir en accouchant à nouveau en février 1450, âgée d'environ vingt-cinq ans.

Jeanne Bourin assure une mise en scène savante, riche d'éléments contextuels historiques, de détails intéressants sur la vie quotidienne de la noblesse et de la Cour, et fidèle à ce qu'on sait de la «carrière» d'Agnès, restée célèbre par les audaces des modes vestimentaires qu'elle a elle-même lancées et par son goût raffiné des plaisirs et des arts.

On peut regretter le caractère artificiel, qui sonne souvent faux, et froid, de l'expression de la passion que les amants eurent l'un pour l'autre.
Jeanne Bourin fait bien dans la reconstitution historique, même si, parfois, l'emploi de termes du français médiéval tombe un peu comme un cheveu sur la soupe, mais n'est pas, ici, de ces romancières qui savent faire vibrer le coeur du lecteur.

On peut passer néanmoins un bon moment à suivre l'aventure amoureuse de la Damoiselle de Beauté.

Patryck Froissart, le 21 janvier 2011

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Roman historique sur le Moyen Âge finissant

5 étoiles

Critique de Francois Sarindar (, Inscrit le 9 août 2011, 66 ans) - 16 avril 2014

Jeanne Bourin écrivit ce livre dans les années où le Moyen Âge réussit sa grande percée comme période redécouverte et approfondie par de grands auteurs comme Régine Pernoud, Jacques Le Goff, Georges Duby, puis bientôt Jean Favier et Philippe Contamine (et tant d'autres).
Jeanne Bourin s'éloigna ici du Moyen Âge lumineux du XIIIème siècle (époque de Philippe Auguste puis de Saint Louis), qui devait servir de cadre à plusieurs romans, pour nous plonger en plein XVeme siècle, durant le règne du roi Bien Servi, Charles VII le Victorieux, qui aurait été comme métamorphosé par les femmes qui l'influencèrent : Yolande d'Aragon, sa belle-mère, qui fut sa protectrice et le protégea contre les mauvais coups d'Isabeau de Bavière ; Jeanne d'Arc, dont il apprécia modérément les services parce qu'elle voulait remettre à plus tard la réconciliation avec les Bourguignons, alors que Charles en faisait la clé de toute sa politique ; Agnès Sorel, enfin, qui l'aurait fait devenir homme.
Cette dernière a-t-elle eu autant d'influence qu'on le dit ? A-t-elle installé Jacques Cœur dans la place de Grand Argentier qui fut la sienne un moment ? Et Pierre de Breze est-il entré au service du roi sur recommandation de cette jeune femme ?
On n'écrirait plus un roman historique en mettant en scène Agnès Sorel comme le fit Jeanne Bourin. On serait aujourd'hui un peu plus critique et l'on se demanderait même qui eut intérêt à mettre fin à sa façon de régner sur le cœur et l'esprit du roi, si c'est bien ce qu'elle réussit à faire. Les circonstances de la mort d'Agnès Sorel sont pour le moins étranges et soulèvent bien des questions. Derrière le beau portrait de la femme d'influence et de la maîtresse qui éveilla un homme à son métier de roi, il y a la réalité. Et elle ne va pas totalement dans ce sens : c'est un tort de présenter Charles VII comme un être qui se serait laissé modeler. Il s'était découvert beaucoup plus tôt et avait fait sa mue bien avant de rencontrer Agnès Sorel, mais il fut un habile simulateur et dissimulateur (en quoi il annonçait déjà son fils, le futur Louis XI, avec lequel il eut d'ailleurs maille à partir).
Cela dit, Jeanne Bourin, dont on ne sait si elle marqua aussi profondément et durablement le genre du Roman historique sur le thème du Moyen Âge que ne le fit Walter Scott (n'allons pas comparer ce qui ne peut l'être), aura au moins éveillé de l'intérêt pour cette époque jusque chez un public qui n'était pas forcément attiré par cette sombre période devenue un peu plus lumineuse après le passage de Jeanne la Pucelle et pendant la période de relèvement dominée par la figure d'un roi qui aurait pu ne pas être un grand roi mais qui sut le devenir : Charles VII.
François Sarindar

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