Nous avons toujours habité le château / Nous avons toujours vécu au château de Shirley Jackson
(We have always lived in the castle)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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Une ambiance particulière
Le dernier roman de l’auteure, aux allures prophétiques ou aux forts accents d’autofiction, car elle va vivre ses dernières années repliée sur elle-même, agoraphobe.
« Je m'appelle Mary Katherine Blackwood. J'ai dix-huit ans et je vis avec ma soeur Constance. Je me suis souvent dit que j'aurais fort bien pu être un loup-garou, car l'index et le majeur de mes deux mains sont de la même longueur, mais il a fallu que je me contente de mon sort. J'ai horreur de me laver, je déteste les chiens et le bruit. J'aime bien ma soeur Constance, Richard Plantagenet et l'amanite phalloïde. Tous les autres membres de ma famille sont morts. »
Depuis que des membres de leur famille sont morts dans des circonstances obscures, Mary Katherine (la narratrice), sa soeur Constance et leur oncle habitent dans une grande maison, isolés des habitants du village qui les trouvent étranges et les détestent.
Shirley Jackson est pour moi une grande auteure (je recommande aussi sa nouvelle La loterie). J’ai lu ce roman avec fièvre, plusieurs phrases m’ont pris par surprise, c’est une lecture où plus on avance plus on se demande ce qui se passe (un peu comme La loterie). On nous introduit et peu à peu on nous donne des informations, mais au lieu de nous éclairer, des fois c’est l’inverse et on doit faire des conjonctures par nous-même. On s’attache tout de suite à la narratrice qui se fait persécuter par les villageois, mais on en vient à vouloir chercher d’autres angles à l’histoire, à remettre en question ce qu’on nous dit ou à se demander si il n’y pas d’autres sens à ce qu’elle nous dit... Un suspense atypique d’une atmosphère étouffante où on veut savoir ce qui se passe, ce qui s’est passé et ce qui va arriver.
« Les gens du village nous ont toujours détestés. »
Les éditions
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Nous avons toujours habité le château [Texte imprimé] Shirley Jackson [trad. par Françoise Maleval et Irène de Cambeur]
de Jackson, Shirley Maleval, Françoise (Traducteur) Cambeur, Irène de (Traducteur)
Pocket / Presses pocket (Paris).
ISBN : 9782266091015 ; 5,93 € ; 13/01/1999 ; 284 p. ; Poche -
Nous avons toujours vécu au château [Texte imprimé] Shirley Jackson traduit de l'anglais (États-Unis) par Jean-Paul Gratias
de Jackson, Shirley Gratias, Jean-Paul (Traducteur)
Payot & Rivages / Rivages noir
ISBN : 9782743623982 ; 8,65 € ; 19/09/2012 ; 240 p. ; Broché
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Coup de coeur en littérature d'horreur !
Critique de Dervla3012 (, Inscrite le 7 décembre 2019, 18 ans) - 19 juin 2022
Mary Katherine Blackwood – Merricat pour les intimes – aime sa soeur Constance, son chat et certaines plantes empoisonnées. Elle déteste se laver, les cris et le bruit en général, ainsi que les intrus qui menacent de briser l'harmonie régnant entre sa soeur et elle. Elle rêve d'habiter sur la lune ou de se transformer en loup-garou.
Toute sa famille est morte empoisonnée alors qu'elle n'était qu'une petite fille, et les deux soeurs vivent désormais cloîtrées dans la maison Blackwood – la plus grande et la plus belle du village –, complètement ostracisées. Seul leur oncle Julian demeure, trop vieux pour être autonome.
Constance a beau avoir été disculpée des meurtres de sa famille, des années plus tôt, le monde extérieur refuse de les laisser en paix. Et quand le cousin Charles s'immisce dans la maison, cherchant sécurité et confort financier, Merricat sent que sa bulle de vie est menacée. Que ne ferait-elle pas pour Constance ? Mais surtout, que ne ferait pas une soeur pour sa cadette chérie ?
Mon avis :
Voici voici… mon premier vrai coup de coeur en littérature d'horreur (et ça rime en plus) ! J'ai été éblouie par ma découverte de l'oeuvre de Shirley Jackson, autrice que je ne suis pas prête de lâcher… Preuve irréfutable : à la dernière page j'ai souhaité ardemment pouvoir en tourner 100 de plus. Mais soyons méthodiques.
Les personnages sont frappants de singularité. Et, comme dans les textes suivants que j'ai lus de cette plume, on remarque que nul n'est sympathique, ou même admirable, bien au contraire. Toutefois, tout est recouvert d'un glaçage de normalité et les vices ne se dévoilent qu'à mots couverts. À côté de cela, la personnalité de Merricat est si loufoque et incongrue que tout revêt l'aspect d'un rêve ; impression d'autant plus renforcée que la jeune femme est la narratrice, et que l'on s'interroge constamment sur la vérité et l'objectivité des faits rapportés.
Ceci m'amène tout naturellement à évoquer l'atmosphère du roman : une atmosphère en or ! Même si elle est rendue inquiétante par une protagoniste principale pour le moins étrange, le lecteur est néanmoins incapable de déceler exactement ce qui cloche. Tout passe par des courants souterrains : les émotions, les névroses, les menaces. Nous avançons ainsi à tâtons et devons nous laisser guider par nos intuitions. Par ailleurs, Merricat n'étant pas le seul personnage décalé, chacun contribue, à sa façon, à nourrir l'ambiance anxiogène qui pèse sur le récit. Cela s'exprime au travers de pensées aussi simples qu'incongrues – susceptibles de jaillir dans le cerveau de tout un chacun, mais normalement passées sous silence. Ici, au contraire, elles sont étendues, agrandies et développées jusqu'à envahir tout l'espace.
Enfin, pour parfaire ce brillant récit, vient s'ajouter un dénouement grandiose qui prend le lecteur à contre-pied. C'est une résolution que je dirais « en entonnoir », c'est-à-dire que, loin de proposer un final abrupt et définitif, le récit s'éteint sans ultime grand éclat, en douceur.
En conclusion, voilà un ouvrage que je ne suis pas prête d'oublier, et qui m'a démontré que la sous-branche de « l'horreur existentielle » est vraiment celle que je préfère dans le genre de l'horreur.
Juste prétention
Critique de Antihuman (Paris, Inscrit le 5 octobre 2011, 41 ans) - 22 août 2013
En ce cas, c'est donc l'inverse qui règne sur l'ambiance, et c'est aussi ce pourquoi l'angoisse tient bon sur toute la ligne. De fait si on voulait absolument désarçonner le lecteur on pourrait également lui signifier que pas un seul des personnages n'a l'air réel, ce qui est horrifiant de manière plus intrinsèque. Dés lors il est évident que d'aucuns vont ranger cette histoire rayon trouble psychologique inexpliqué tandis que d'autres se laisseront peu à peu happer par le trou noir du mystère...
Au choix, génial ou dément.
Consternant
Critique de Ayor (, Inscrit le 31 janvier 2005, 52 ans) - 22 août 2013
Malheureusement c'est à partir de là que l'ensemble dérape. Car dans l'espoir d'en apprendre plus au fur et à mesure de la lecture, l'on se retrouve avec une histoire qui n'avance pas, qui tourne en rond, qui se répète quasiment mot pour mot dans les situations et les dialogues. Au passage, ces derniers sont d'une niaiserie consternante et ne font que confirmer la pauvreté du scénario.
Je n'ai donc pas été touché par ce roman, pire je me suis ennuyé ferme et ce fut un soulagement d'en terminer. Un livre que je vais m'empresser d'oublier, et dont je vais me séparer auprès de la bibliothèque du village sans aucun regret. Au moins aura-t-il le mérite d'être lu par d'autres, et pourquoi pas d'être apprécié.
Etranges soeurs
Critique de Aliénor (, Inscrite le 14 avril 2005, 56 ans) - 13 avril 2013
Petit à petit, l’intrigue se dévoile et le voile se lève, mais tout le récit demeure étrange. Etrange, mais pas inquiétant. Car ces deux sœurs, et leur vieil oncle dont l’esprit est resté bloqué sur le jour terrible qui a vu la disparition de toute une famille, sont emplies d’amour. Et cet amour est à l’épreuve des agressions extérieures lorsqu’elles se retranchent derrière les murs de leur grande maison.
Les circonstances du drame seront révélées peu à peu, en grande partie par l’oncle, même si ses propos ne sont pas toujours très clairs. Révélées mais pas expliquées, et c’est sans doute ce qui donne tout son charme et son plaisir à cette lecture. Ce qui importe, c’est le lien indestructible unissant ces deux sœurs, dont on devine qu’il est la cause de tout plutôt que le résultat du drame. Et lorsque la menace extérieure finit par les atteindre, ce lien n’en est que renforcé davantage. La maison, pourtant presque détruite, se fait château fort et cocon protecteur pour ces deux jeunes femmes liées par un destin étonnant et tragique, que je vous invite fortement à découvrir.
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Mérite mieux... | 9 | Talondachille | 29 octobre 2010 @ 19:29 |