Les Enfants terribles de Jean Cocteau

Les Enfants terribles de Jean Cocteau

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Arts, loisir, vie pratique => Arts (peinture, sculpture, etc...)

Critiqué par Jules, le 2 mars 2002 (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 15 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (2 954ème position).
Visites : 9 221  (depuis Novembre 2007)

Une très belle illustration de livre !

Ce livre est un fac-similé de l'édition originale qui date de 1935. Il a été réalisé par les éditions Grasset pour « Le mois des Cahiers Rouges 2000 » et était offert par les libraires.
Dans sa préface de 1935, Jean Cocteau explique à quel point le mot « Fin » peut être frustrant pour un lecteur. Celui-ci se voit obligé de fermer son livre et a l'impression qu'on lui vole ses personnages et leurs vies qui continueront sans lui. Comme il le dit pour « Les Trois Mousquetaires » il aurait mieux valu « apprendre que les mousquetaires d’Alexandre Dumas, se séparaient, se gasconnaient, se trompaient et menaient des intrigues égoïstes, que de les devoir perdre après cet atroce mot de fin. »
Or, il nous raconte que « Les enfants terribles » ont poursuivi leurs vies et se sont mythifiés dans l’esprit d'une certaine jeunesse. Il écrit : « Il serait fou de nier que cette œuvre exerce un charme, provoque un malaise que la jeunesse recherche et repousse à la fois. »
Ces personnages l'habitaient lui-même tellement qu’un matin, il n'a pas pu s’empêcher de « dessiner un grand nombre de scènes qui le composent, d'une plume rapide et mue par une force analogue à celle qui se ruait à travers moi en 1929, me dictant chaque jour dix-huit pages, pleines de fautes de syntaxe, d'enchevêtrements d'intrigues que je me sentirais incapable d'écrire sans l'entremise d'une espèce de sommeil dormi debout. »
Dans ses très nombreux dessins, nous retrouvons la fameuse technique du trait dépouillé utilisée par Cocteau quand il dessinait. Ce dépouillement a pour effet de suggérer bien davantage que ce que les yeux voient. Il y a beaucoup de symbolique et de sensualité dans son trait de crayon…
Un livre hors commerce, mais qu’il doit y avoir moyen de trouver chez des revendeurs.
Pour qui aime Cocteau, ses dessins ou « Les Enfants Terribles », il vaut la peine de faire les recherches !

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Les éditions

  • Les Enfants terribles [Texte imprimé] Jean Cocteau
    de Cocteau, Jean
    B. Grasset / Les Cahiers rouges (Paris. 1983)
    ISBN : 9782246112525 ; 1,96 € ; 06/05/1999 ; 129 p. ; Poche
  • Les Enfants terribles [Texte imprimé] Jean Cocteau,...
    de Cocteau, Jean
    le Livre de poche / Le Livre de poche
    ISBN : 9782253010258 ; 4,20 € ; 01/01/1994 ; 121 p. ; Poche
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Les dérives de l'enfance

6 étoiles

Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans) - 27 janvier 2024

Ce roman court, cette quasi-nouvelle, relate des sentiments envieux, d'une forme de cupidité et de la violence que peuvent adopter les enfants entre eux. Ces sentiments sont multipliés par une forme de monde en vase clos infantile, qui en rend l'atmosphère presque festive. La description et l'analyse de ces mauvais instincts sont assez bien vus, mais mettent assez vite mal à l'aise, au point que j'espérais qu'un peu plus de positif apparût.

un "huis clos" toxique

6 étoiles

Critique de Eoliah (, Inscrite le 27 septembre 2010, 73 ans) - 27 mars 2022

Que dire de ce livre? il nous présente l'évolution de deux adolescents sans interaction éducative avec des adultes. Les besoins quotidiens sont assumés par les adultes mais aucun cadre n'est posé. Ils se cristallisent dans une dépendance, interactions permanentes de provocation, de désordre, de monde imaginaire, de jeux de rôle. La grande soeur en développe un besoin d'exclusivité qui la pousse à détruire l'entourage y compris l'objet de son "amour".
Si on voulait comparer avec une situation actuelle (besoins couverts par l'état, déscolarisation et refus éducatif) on remarquerait qu'Elisabeth et Paul n'ont à aucun moment une rage de consommation, ni de haine envers la société, les autres etc... ils ne font de mal qu'à eux-même.
La société contenante et structurante, et l'éducation normalisée de l'époque pose forcement des limites dans l'imaginaire de l'auteur, ce qui apporte à postériori une dimension psycho-sociologique à ce roman.

Trop intense, peu lisible

5 étoiles

Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 29 octobre 2016

Paul et Elisabeth sont frère et sœur orphelins. Suite à l’envoi d’une boule de neige par Dargelos, le caïd de l’école, Paul tombe malade et ne quitte plus la chambre.

Assisté par sa sœur et un de ses camarades, Gérard, lequel reporte bientôt son affection vers Elisabeth. Un jeu à trois se met bientôt en place entre Paul, Elisabeth et Gérard, bientôt rejoints par Agathe, orpheline ramenée par Elisabeth.

Un univers clos, fantasque, lieu où les amours fraternels ou non se font et se défont, donnent lieu à quelque chose de malsain, et finalement tournent au drame.

Les désillusions des personnages entrainent la fin de leur innocence. Ce huis-clos de la chambre perd vite de ses couleurs et apparait bientôt une atmosphère morbide.

Une œuvre qui a mal vieilli et qui reste sans intérêt autre que d’être un classique d’un auteur qui s’est surtout illustré dans l’art dramatique. Ce roman aurait pu être plus lisible et plus parlant sous forme d'une pièce de théâtre.

Le pouvoir d'une chambre

9 étoiles

Critique de Martin1 (Chavagnes-en-Paillers (Vendée), Inscrit le 2 mars 2011, - ans) - 3 juillet 2014

Les enfants terribles est un roman noir et pessimiste sur l'âme des enfants. Personnellement, je l'ai trouvé brillant et magnifique.

Les liens qui unissent les quatre locataires de la "chambre" sont très forts : Paul aime Agathe, Agathe aime Paul, Gérard aime Elisabeth, etc. Mais il est un lien qui est plus fort que tous les autres : le lien fraternel entre Paul et Elisabeth. Ce sont des enfants terribles : ils ont gardé l'âme joueuse, taquine, provocatrice de leur adolescence.
Elisabeth, parce que c'est une enfant terrible, parce qu'elle a peur de voir son frère "quitter la chambre", ment et conspire un amour artificiel entre Agathe et Gérard. En effet, en intrigant ce mariage, elle les exclut ainsi de la chambre des jeux qu'elle ne veut pas quitter. Cette chambre a un pouvoir très fort : c'est la chambre des choses inutiles et curieuses, des passions irraisonnées, des insolences, la chambre où rien n'est sérieux, rien n'a de conséquences, rien n'est dangereux, la chambre où l'on possède un revolver pour posséder un revolver, où l'on mijote des poisons pour le plaisir de mijoter des poisons, simplement. C'est peut-être le pouvoir de cette chambre qui a tué le mari d'Elisabeth.

Elisabeth est l'enfant terrible par excellence. Elle est à la fois veuve et enfant, paradoxe étrange et déconcertant. Paul, lui, est un enfant terrible qu'un amour passionné va amener bientôt à l'âge adulte : Elisabeth redoute cet instant. Gérard et Agathe, eux, sont bel et bien des adultes. C'est déjà un miracle qu'ils aient été acceptés dans la chambre. C'est pourquoi ces deux adultes aiment et adulent avec ardeur les deux enfants qui ont daigné les accueillir dans leur demeure exquise...
Le passage à l'âge adulte, pour Cocteau, cela ressemble au passage d'un amour insolent et coriace à un amour respectueux et courtois, qui redoute la violence et la douleur. Avant, l'amour est profane ; après, il est sacré. Pour Elisabeth, l'amour des autres est un jouet, amusant de surcroît, un jouet que l'on peut jeter ou empoisonner simplement pour rire. Mais les enfants terribles sont trop âgés, et la chambre des jeux, son charme puéril, même s'ils s'y accrochent de toutes leurs forces, vont fatalement disparaître. Alors, pour ceux qui n'ont pas su devenir adultes, il ne reste qu'à mourir.

Etrange histoire, magnifique.

La trouble relation entre un frère et sa soeur

8 étoiles

Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans) - 3 septembre 2012

Paul est alité et ne doit pas quitter sa chambre suite à une boule de neige contenant une pierre qui l'a blessé. Il partage sa chambre avec Elizabeth, sa soeur aînée. Cette chambre devient le théâtre de jeux, de vifs échanges de paroles, de manifestations émotionnelles parfois complexes à analyser. Amour incestueux ? Jeux dangereux ? Haine ?

Ce duo fait corps. Peu de personnes peuvent s'immiscer dans cette chambre marquée par le sceau de l'intimité. L'ambiguité est le maître-mot de Cocteau. Que symbolise ce Dargelos ? Les personnages semblent pris dans une machine infernale que nul ne peut freiner et la fin n'en est que plus frappante.

Un roman court, mais marquant !

Un pur régal.

10 étoiles

Critique de Bert4566 (, Inscrit le 18 juillet 2007, 37 ans) - 30 novembre 2011

C'est l'histoire de deux enfants inséparables qui évoluent dans le Paris du début du siècle dernier.

Au fil des pages, on rit, on frémit parfois... mais à la fin, on en ressort bouleversé!!!

En résumé, une lecture indispensable.

Chapeau, M. Cocteau!

j'ai pas du tout accroché :(

2 étoiles

Critique de Prince jean (PARIS, Inscrit le 10 février 2006, 51 ans) - 28 juillet 2011

Je pensais y retrouver le charme, l'éclat de ' Thomas l'imposteur' et je suis déçu.
le livre est fort court, mais parfois fort ennuyeux. On y retrouve le défaut de Cocteau : ne jamais aller au fond des choses, bâcler la fin.
On ressort un peu comme un surfeur.. à la surface de la vague.

Les enfants sans parents

8 étoiles

Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 51 ans) - 21 février 2011

Paul et sa soeur Elisabeth vivent seuls avec leur mère, malade et impotente qui les laisse livrés à eux même. Un soir à la sortie de l’école Paul reçoit une pierre enrobée de neige dans la poitrine et perd brièvement connaissance. Son ami Gérard le ramène. Le médecin lui impose le repos dans sa chambre car sa santé est trop fragile pour qu'il continue ses études.
La mère meurt peu après et les enfants restent livrés à eux-mêmes et à une vie oisive, entretenus par l’oncle de Gérard, nourris par une vieille servante, soignés par le médecin, construisant dans leur chambre un monde en dehors du monde, loin des adultes, dans un huis clos à la fois gai, bohème et oppressant. Le sentiment trouble, mélange d’amour et de haine possessive, entre Paul et Elisabeth s’épanouit devant ces amis (Gaspard auquel vient ensuite s’ajouter Agathe) qui ne sont tolérés et accueillis que dans la mesure où ils servent de faire valoir et témoins.
Le passage à l’âge adulte ne bouleverse pas fondamentalement leurs habitudes et leurs rituels. Mais les sentiments se compliquent, la cruauté et l’égoïsme deviennent moins anodins. La mécanique psychologique implacable est digne des tragédies grecques où les mortels sont condamnés par les Dieux à suivre leur passion jusqu’au drame final.

Cette histoire surprenante est servie par un style superbe, ésotérique et imagé.
A lire, ne serait-ce que par curiosité pour cette œuvre originale et dérangeante.

Amours (?) tragiques

9 étoiles

Critique de Garance62 (, Inscrite le 22 mars 2009, 62 ans) - 30 mars 2009

Un écrit époustouflant

Une histoire dramatique où il est question d'un monde hermétique, imaginaire où se retrouvent les deux héros, frére et soeur, Paul et Elizabeth.
Gérard et Agathe les y rejoindront et ces quatre personnages orphelins vont vivre dans un univers en quasi vase clos.
L'amour peut rendre fou... mais est-ce vraiment de l'amour... ou le contraire de l'amour, celui qui consiste à enfermer l'autre dans son monde, jusqu'à la destruction finale.
Une écriture sublime, des morceaux d'anthologie.
Une lecture "indispensable".
A relire !

Étrange et froid

7 étoiles

Critique de Nance (, Inscrite le 4 octobre 2007, - ans) - 7 janvier 2008

J’ai trouvé le récit étrange et froid, mais je suppose que c’était l’effet désiré.

J’ai voulu lire ce livre après d’avoir écouté le triptyque de Philip Glass basé sur les oeuvres de Jean Cocteau : Orphée (1993), La Belle et la Bête (1994) et Les Enfants terribles (1996).

C’est peut-être parce que je me suis blessée au pied, je devais garder le lit et rester confinée dans ma chambre, je suis certaine que j’ai plus connecté avec Paul que je ne l’aurais fait dans d’autres circonstances. Mais ce n’était pas assez. C’est triste parce que je me m’attendais à être emportée. J’ai aimé l’histoire en général, mais l’écriture ne m’interpelle pas.

Mais c’est encore un classique dans son genre. Je crois que ce livre doit être mieux en films ou au théâtre.

Fane a tout à fait raison

7 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 9 septembre 2006

J'ai relu ce livre pendant les vacances après une première lecture qui doit dater de trente-cinq ans environ.

Il est tout à fait exact qu'il ne s'agit pas ici de chercher des idées. L'intrigue fait un peu penser à celle d'une pièce de théâtre.

Ici tout est dans l'ambiance extraordinairement bien créée et décrite. La langue de Cocteau est belle et très précise pour décrire des choses qui, bien souvent, ne le sont pas.

La fin est terriblement théâtrale mais bon... Nous sommes ici dans un livre surréaliste et il est très réussi à ce point de vue.

Un classique du genre.

"Terrible"...

9 étoiles

Critique de Magdalili (Bordeaux, Inscrite le 24 décembre 2005, 40 ans) - 7 juillet 2006

Une histoire d'un lien fraternel conjugué à l'absolu, contée avec fureur et finesse par Jean Cocteau. Le huis-clos dans lequel sont enfermés les personnages est à la fois effrayant et effarant.

C'est une histoire sombre, mais qui met bien en lumière certains aspects de l'amour frère/sœur.

A relire pour réfléchir et pour «re»-sentir le plaisir procuré par l'écriture de Cocteau.

Beau comme une boule de neige...

8 étoiles

Critique de Lucien (, Inscrit le 13 mars 2001, 69 ans) - 27 août 2003

J'avais adoré ce roman à la première lecture. Cette histoire pleine de bruit et de fureur, cette histoire d'amour et de mort. Roman poétique? Poésie romanesque? Cocteau n'a jamais voulu différencier, lui qui parlait de "poésie de roman", "poésie de théâtre"... C'était toujours poésie, et de la plus haute espèce. Magnifique personnage d'Elisabeth qui tisse sa toile, araignée sublime, parmi les frêles mouchettes qui l'entourent. Magnifique histoire d'amour - presque incestueux - du frère et de la soeur. Et le poison... Et la neige...

Roman poétique ou poésie romancée ?

6 étoiles

Critique de Fane (Nancy, Inscrite le 28 mai 2003, 46 ans) - 26 août 2003

Blessé par une pierre dissimulée dans une boule de neige, Paul doit garder la chambre le temps de reprendre quelques forces mais il ne la quittera plus. C'est encore un enfant, mais délaissé par une mère malade, il est déjà livré à lui-même, gouverné par sa fantaisie et celle de sa soeur Élisabeth. Leur relation fusionnelle où haine et amour se confondent va les entraîner dans un huis clos à la fois insouciant et déchirant. A eux deux, ils vont transformer leur chambre en scène permanente et y jouer indéfiniment la comédie de l'enfance capricieuse. Comédie à peine troublée par la mort de la mère, qui les laisse libres de leur destin, libres d'explorer sans entraves leur univers imaginaire, libres de nier le monde réel, le monde des adultes, de la raison, qui semble ne jamais devoir les rattraper. Ni Gérard qui aime Elisabeth, ni Agathe qui aime Paul n'empêcheront le frère et la soeur de s'adorer, se déchirer et de devenir maîtres dans l’art de la manipulation et du culte de la fraternité. Ce livre ressemble plus à un long poème en prose qu'à un roman. Cocteau nous entraîne dans le monde de l'enfance impitoyable, marqué par le rêve, la folie et l'amour passionnel.
Il ne s'agit donc pas de chercher un quelconque message mais plutôt de se laisser submerger par les images et les émotions car la logique n'a ici aucun intérêt. Pourquoi ce Michaël prodigieusement riche épouse Elizabeth et s'en va aussitôt pour trois jours afin de laisser intacte la prêtresse de la chambre ? Il meurt tout de suite au volant de sa voiture pour laisser le fabuleux héritage, l'hôtel particulier et la liberté... Ces médecins qui entretiennent leurs malades, ces oncles à usines qui meurent juste au bon moment sont totalement invraisemblables. Mais si l'on se met à juger de la vraisemblance de l'intrigue, de la description du décor, de la vérité des dialogues, on passe à côté de ce roman tragique, surréaliste, presque fantastique.

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