Les Physiciens de Friedrich Dürrenmatt
(Die Physiker)
Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone , Théâtre et Poésie => Théâtre
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Glaçant
Le décor de cette pièce de théâtre est un asile de fous. Trois physiciens y sont enfermés ; l’un se prend pour Newton, le deuxième se prend pour Einstein et le troisième prétend avoir vu le roi Salomon. Durrenmatt a imaginé un jeu de masques où le fou n’est pas celui que l’on croit. Une brillante réflexion sur la responsabilité et le spectre de la bombe, avec une odeur de guerre froide. La découverte scientifique, arme de destruction massive ?
Extrait : « [Les physiciens] vivent chacun pour soi, enfermés dans leur monde imaginaire […], fous inoffensifs, dociles, faciles à mener et sans exigences. Bref, ils feraient des malades modèles, s’il ne s’était pas récemment produit quelque chose d’inquiétant, disons même d’atroce. Il y a trois mois, l’un d’eux a étranglé une infirmière, et voilà que le même fait vient de se reproduire. Si bien que la police se trouve une deuxième fois dans l’établissement.»
« Une histoire est pensée jusqu’au bout lorsqu’elle a pris la tournure la plus cruelle », écrit Durrenmatt. Effectivement, la fin est glaçante…
Les éditions
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Les physiciens [Texte imprimé] Friedrich Dürrenmatt version française de J.-P. Porret
de Dürrenmatt, Friedrich Porret, Jean-Pierre (Traducteur)
l'Âge d'homme / Poche suisse
ISBN : 9782755612721 ; 11,98 € ; 01/03/1990 ; 99 p. p. ; Poche
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Dürrenmatt était-il fou?
Critique de Nexttime (, Inscrite le 2 septembre 2010, 47 ans) - 2 novembre 2010
Comment s'appelle le premier assassin? Herbert G. Beutler. Oui, mais il se prend pour Newton. Mais non! Finalement, il pense être Einstein. Tu n'as rien compris! C'est un espion, sa véritable identité est Alec J. Kilton. Aaaaaaah! Et moi, quel est mon nom? C'est peut-être le lecteur qui finit par perdre la tête. Dürrenmatt voulait amener ses spectateurs à réfléchir. C’est réussi !
Sous une apparente légèreté, avec son brio pour la caricature et le grotesque, Dürrenmatt nous expose une vraie problématique : un chercheur est-il responsable de l’utilisation de ses découvertes, le tout sur fond de Guerre Froide. L’auteur laisse ses personnages s’empêtrer dans des situations absurdes, aller jusqu’au crime et leur donne l’illusion du choix : celui d’une sortie honorable.
Qu’ils sont satisfaits d’eux-mêmes, nos scientifiques, persuadés d’avoir pris la seule décision raisonnable. Ils n’ont pas « tué », ils ont « sacrifié » leurs infirmières pour préserver le monde. La pièce pourrait s’arrêter là. Mais c’est mal connaître notre Friedrich. Voilà qu’en quelques phrases, il balaie tout. C’en est presque jouissif.
Eux qui ne vivaient que pour la science, pour qui tout doit avoir un sens, réalisent qu’ils ont été manipulés, que leurs actes ont été vains. Le choix leur est désormais interdit.
Ne s’agirait-il pas de ce dénouement, « le pire possible », que l’auteur affectionnait tant ?...
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