Trois sucettes à la menthe de Robert Sabatier

Trois sucettes à la menthe de Robert Sabatier

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Jfp, le 2 octobre 2010 (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 76 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (23 206ème position).
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olivier chez les bourges

Où l'on retrouve Olivier, le poulbot déluré des "Allumettes suédoises". A la mort de sa mère, la mercière de la rue Labat, cet enfant de la rue se trouve brusquement plongé dans un univers bourgeois, celui de son oncle Henri et de sa tante Victoria, riches propriétaires d'un empire papetier. Le décalage est cruel, tant en ce qui concerne le langage que les "bonnes" manières, dont il n'a vraiment que faire. La très belle Victoria l'effraie un peu, par ses sempiternels rappels à l'ordre et son air compassé, mais tonton Henri s'avère vite un compagnon d'infortune, prêt à partager avec lui le goût de la vraie vie. Notre jeune héros va progressivement découvrir, au-delà des apparences, la véritable substance dont sont faits les êtres qui l'entourent et qui l'aiment malgré lui. Un beau roman initiatique, largement autobiographique, et une belle leçon de vie racontée dans une langue savoureuse. Les noms de marques et les slogans publicitaires (le bon vermifuge Lune...) émaillent le récit et lui donnent une touche de nostalgie.

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  Le roman d’Olivier

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Désuet, doux et mélancolique

7 étoiles

Critique de Fanou03 (*, Inscrit le 13 mars 2011, 49 ans) - 14 novembre 2017

Après le Paris des rues et des quartiers populaires dépeint avec tendresse dans Les Allumettes Suédoises, Robert Sabatier évoque cette fois-ci les milieux aisés et bourgeois : après la mort de sa mère, Olivier est en effet recueilli chez sa tante maternelle dont le mari, l'Oncle Henri, est un industriel travaillant dans le domaine du papier.

Même orphelin, Olivier se sentait très entouré dans sa rue Labat des Allumettes Suédoises, par ses camarades d’école ou par les personnalités du quartier. Ce n’est plus le cas dans la famille de sa tante, où règne une certaine étiquette et l’importance des bonnes manières. Aussi, c’est tout d’abord le sentiment de solitude et d’isolement qui prédomine dans un premier temps. Les liens affectifs entre le jeune garçon et sa famille peinent d’abord à se construire, à l’image des premiers chapitres où il est quelque peu laissé dans le désœuvrement.

Les livres, compagnons divertissants et fidèles, vont bien vite être un refuge pour le jeune garçon, une échappatoire à sa solitude. Cependant, petit à petit, de façon presque imperceptible, les relations entre Olivier, sa tante, son oncle et ses cousins vont évoluer, passant d’une indifférence polie à une affection qui certes ne s’épanche pas (ou si peu), mais bien réelle, et le sauvageon de la rue Labat va ainsi se fondre, sans renier son passé, dans son nouvel environnement, au fur et à mesure que les liens tissés avec les familiers de la maison vont se renforcer.

Comme dans les Allumettes Suédoises il serait bien vain de chercher une véritable intrigue dans Trois sucettes à la menthe: il s’agit avant tout d’un récit d’atmosphère, fait des péripéties du quotidien, et de la reconstitution d’une époque, celle des années d’avant la deuxième guerre mondiale. Robert Sabatier ne cache pas son plaisir à décrire les réclames de toutes sortes, à énumérer les produits et les marques de l'époque, ou bien encore à évoquer une énigmatique pâtisserie de ces années-là, le « Tom-Pouce au marasquin », pêché mignon d’Olivier. L’ambiance générale est baignée de mélancolie, celle de ce garçon arraché à sa vie d’avant, qui peine à trouver ses marques, mais qui comprend aussi, dans un passage poignant, que ses attaches avec son passé se délitent inéluctablement. Tout l’art délicat de Robert Sabatier est de contenir la révolte et la violence qui parfois envahissent Olivier, dans un style d’une grande douceur, tout en émotion retenue.

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