Le Jugement de Salomon de Patrick Weiller
Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Policiers et thrillers
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A qui l'authentique tableau ?
Biro est un éditeur à découvrir, pour la qualité des livres proposés, mais aussi son originalité de présentation, la tranche et les pages noires du bouquin se mariant bien avec l'esprit de la collection "Art noir".
Avec "Le Jugement de Salomon", nous nous plongeons dans le milieu obscur des marchands d'art, des croûtes qui deviennent des toiles de maître, des salles de vente et de la course à l'échalote pour être le premier sur le bon coup. Et le bon coup, assurément, notre brocanteur-narrateur l'a flairé en feuilletant le catalogue d'une salle de vente de Montauban. Un tableau du XVIIe siècle attire son attention, l'intrigue même et le pousse à se rendre sur place, histoire d'être sûr de ce qu'il pense. Des recherches dans sa bibliothèque personnelle et celle du Louvre le confortent dans son idée, ce tableau pourrait bien être une oeuvre de... ha ben ça, je ne vais évidemment pas vous le dire, sinon je déflore une bonne partie du mystère du bouquin.
Une des facettes intéressantes de celui-ci, outre la plume agréable à lire de Patrick Weiller, est cette narration à double voix, la première nous entraînant sur les traces de ce brocanteur peut-être chanceux, l'autre nous menant dans l'Italie du XVIIe en compagnie d'artistes de renom, dans leur vie quotidienne, retraçant pour nous la genèse du tableau inconnu.
Le procédé fonctionne bien, par la taille équilibrée des chapitres, par cette manière de nous immerger au creux de deux histoires qui n'en font qu'une.
Rapidement, le lecteur s'attache à ce marchand d'art un brin naïf; on aimerait que le succès soit de son côté et dès lors, toutes les péripéties qui rythment le récit ne le rendent que plus prenant, parce qu'on les vit à travers lui. Jusqu'à la fin, toute en sobriété, pas de rebondissement inutile, juste un soupir. Et un brin de frustration aussi, en raison de son contenu.
C'est bien mené, plaisant. Pas un ouvrage dans lequel tension et suspense occupent toute la place, non. Il est davantage consacré aux états d'âme d'un homme amoureux d'art et de peinture, à la naissance d'une oeuvre qui demeurera longtemps secrète et aux zones d'ombres qui entourent ce tableau.
Une écriture nette, sans fioritures ou effets de manche. L'auteur cède le premier rôle à ses personnages et c'est tant mieux, ça n'en est que meilleur.
Les éditions
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Le jugement de Salomon [Texte imprimé], roman noir Patrick Weiller
de Weiller, Patrick
Biro éd. / ArtNoir
ISBN : 9782351190838 ; 3,37 € ; 26/08/2010 ; 185 p. ; Broché
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SUR LES TRACES DU CARAVAGE
Critique de Françoisseurel (, Inscrit le 29 novembre 2012, 91 ans) - 2 décembre 2012
Je ne sais si je suis le « lecteur idéal » ; ce qualificatif que Marcel Proust avait attribué d'emblée à Jacques Rivière en 1914 est beaucoup trop mythique pour ma petite personne.
Mais je suis probablement un lecteur d'autant plus attentif et passionné que je m’adonne en fin de compte assez rarement à une activité aussi dévorante.
Comme « la musique » pour Baudelaire, la lecture « me prend », parfois et non « souvent […] comme une mer ». La peinture aussi, surtout peut-être celle du Caravage. Et comment rentrer au port, après avoir été précipité sous le sabot levé du cheval de Saint Paul, en route pour Damas, ou après avoir voulu aider les bourreaux de Saint Pierre à redresser sa croix ?
Sans doute est-ce la première fois que je lis presque en même temps deux livres : celui de Patrick Weiller et "Tout l’œuvre peint du Caravage", auquel il recourt à plusieurs reprises et que j'ai retrouvé par un bienheureux hasard sur un rayon de ma bibliothèque, oublié depuis quarante ans : c’était comme si je savourais un bon vin entre deux bouchées de magret. Le journal du narrateur, entremêlé à celui d’Orazio Gentileschi, le père d’Artemisia, est bien mieux qu’un « polar » : c’est un roman initiatique, d’initiation aux grands maîtres de la peinture, qui nous conduit des églises baroques de Rome aux Offices de Florence et aux ventes provinciales.
Et que dire des « trous normands » tragi-comiques, comme la gourmandise d’un croissant chaud dégusté avant 6 h au buffet de la Gare de l’Est, ou la chute dans la cave du bistrot de Montauban, épisode tellement caravagesque, évovateur de ce pauvre Saul écartelé sous sa propre monture ?
Bon, je ne suis tout de même pas inconditionnel ! A mon goût, les événements se précipitent et se bousculent un peu trop vers la fin, comme s'il fallait à tout prix justifier pour la collection « Art noir » l'aspect policier du roman, qui n'est pas toujours de la meilleure venue.
Et puis, je déteste – mais l’auteur n’y est pour rien à coup sûr ! – la couverture, totalement inadaptée, où les rouges et les bruns chers au Caravage auraient dû dominer ; j'aurais bien vu un détail de la main d'Abraham s'emparant du couteau ou celle de Matthieu doutant de sa vocation... Les éditeurs ne comprennent quelquefois rien aux oeuvres qu'ils publient. Le texte de la 4e de couverture, médiocre, ajouterait de l’eau à mon moulin. Merci quand même à Biro d’avoir déniché et fait connaître ce premier roman, prometteur.
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