Vous avez dit métèque ? de Gabriel Matzneff

Vous avez dit métèque ? de Gabriel Matzneff

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances , Littérature => Francophone

Critiqué par Dirlandaise, le 4 septembre 2010 (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 68 ans)
La note : 10 étoiles
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La perfection est de ce monde

Je crois sincèrement que ce livre est parfait tant au niveau des textes choisis que de la qualité de l’édition. En fait, je le considère comme un chef-d’œuvre mais c’est une opinion toute personnelle. Si je n’avais qu’un livre à vous conseiller de Gabriel Matzneff, ce serait celui-ci. Enfin, je n’ai pas encore tout lu de lui mais je suis fort impressionnée par cet ouvrage de grande qualité. Il s’agit d’un recueil de cent huit articles écrits entre les années 1958 et 2007. Certains ont été rédigés pour la revue Combat, d’autres pour des journaux comme le Monde et l’Idiot international, certains pour des revues comme Le Figaro littéraire et la Revue des Deux Mondes. Nous retrouvons aussi des textes de conférences et d’allocutions et aussi un entretien avec Florent Georgesco.

On retrouve bien entendu tous les thèmes chers à l’écrivain. Vous les connaissez sans doute mais je vous les jette en vrac, spontanément comme ils me viennent à l’esprit : la mort, la vieillesse, le suicide, les mœurs, la création littéraire, la censure, la nostalgie du temps qui passe, la philosophie, l’art de vivre, Byron, Montherlant, Hergé, Pierre Boutang, Nathalie Rheims, Harry Potter, l’immigration, l’Église orthodoxe russe en France, la déchristianisation des masses soviétiques, l’orthodoxie face au monde moderne, Ségolène Royal, la Palestine, la question arménienne, la Grèce… je pourrais continuer mais je dois me limiter. Ah quelle richesse et quelle diversité de thèmes !

Parmi mes textes préférés, je voudrais souligner le très bel hommage à Montherlant intitulé « Montherlant, un compagnon de route » et aussi « Byron et ses fils spirituels », « Le Noël des enfants tristes » dont les dernières lignes sont renversantes de beauté, « Cette fragile luciole » et « De la mort » un texte paru dans le livre « 49 écrivains parlent de la mort » que j’avais déjà lu mais qui m’a émue encore autant que la première fois.

Toutes les facettes de la personnalité de l’écrivain sont présentes dans ces articles et conférences. Il y a le Matzneff ronchon qui déplore la bêtise des touristes français et américains à Venise, le Matzneff nostalgique qui se laisse aller à d’amères rêveries sur le passé (je crois que c’est celui que je préfère), le Matzneff amoureux de la vie, le Matzneff empreint de religiosité, le Matzneff qui refuse de vieillir et de mourir, le Matzneff épicurien, le Matzneff insolent et frondeur, le Matzneff amer et désabusé, le Matzneff adolescent qui fait ses premiers pas dans la littérature, le Matzneff un tantinet vantard et imbue de lui-même, le Matzneff optimiste malgré les épreuves de la vie, le Matzneff grand seigneur, le Matzneff érudit, le Matzneff généreux et attentif à ses lecteurs (ah là, il est sublime…), le Matzneff cabotin aimant la rigolade. Enfin c’est une liste qui n’a pratiquement pas de fin tellement la personnalité de l’homme est riche et d’une incroyable complexité.

Ce livre est vraiment complet et ce fut une expérience de lecture fort enrichissante tant au point de vue littéraire qu’humain. Je le quitte à regret car avec monsieur Matzneff, point d’ennui à l’horizon, que du bonheur !

« Nous sommes les enfants tristes d’un monde où personne n’habite. La foule se presse et nous bouscule, mais tous ces gens qui nous entourent ne sont qu’un désert affreux. Dans le ciel, brûle l’étoile de l’espérance, mais nous avons oublié le chemin de Bethléem et nos pas qui résonnent dans la nuit froide ne mènent nulle part. » (Le Noël des enfants tristes) – Ouf, c’est beau !

« Ce que j’aime, c’est la chair de l’Église, c’est l’Esprit qui se fait chair, c’est le mystère de l’Incarnation. J’aime entrer dans une église, faire mon signe de croix, allumer un cierge, le placer devant l’icône de la fête du jour, baiser l’icône, puis me plonger dans le fleuve liturgique, me laisser bercer par la beauté des chants, le hiératique ballet des prêtres, le parfum de l’encens, la sublimité des prières ; participer à la mystagogie de tout mon cœur, de tout mon corps par des signes de croix, des enclins, des prosternations ; enfin m’approcher du calice, communier au Corps et au Sang du Christ. » (Emplissons les églises !) »

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