Les jeunes filles de Henry de Montherlant
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Vous avez dit misogynie ?
Pierre Costals, écrivain de son état, aime la compagnie des femmes, cela ne fait aucun doute, mais il a une piètre opinion d’elles. Il répond à leurs lettres passionnées, uniquement quand il le souhaite ; à deux d’entre elles : Thérèse Pantevin qui se rebaptise en Marie Paradis et Andrée Hacquebaut qui habite Saint-Léonard ( Loiret ). Elles lui déclarent leurs flammes, souvent de façon bien maladroite, flammes qui se transforment en un incendie surtout de la part d’Andrée. Costals, lui papillonne ailleurs et est séduit par Solange : « sa conversation est plate comme un trottoir, et sa voix acidulée me fait mauvaise impression. Mais je suis attendri par ses petits pas de mule, quand elle marche à côté de moi « .
Malgré un avertissement sur deux des œuvres de Montherlant ( le cycle des jeunes filles, composé de quatre romans ) et de « La Rose des sables « , on sait que notre auteur apparaît, à la ville aussi, comme un sacré misogyne. Le roman est truffé de démonstrations – qu’il convient peut-être à relativiser, je vous en laisse seul juge, on pourra y trouver, par ailleurs, une tendance un peu trop machiste, pour notre époque … – sur le caractère peu accommodant de la moitié ( tout de même ! ) de l’humanité. En outre, il a des mots sévères, effroyables, sur le mariage et le couple ( dont acte ! ).
Voici un exemple de ce qu’il répond à Andrée : « J’ai une physiologie un peu particulière. Je ne désire : a) que des filles âgées de moins de vingt-deux ans ; b) que des filles passives, végétales ; c) que des personnes longues et minces, avec le cheveu couleur aile de corbeau ; vous voyez bien que vous n’êtes pas du tout dans les conditions requises. «
La lecture de ce roman m’avait déjà impressionné dans les années ‘ 70 et je suis ravi de l’avoir relu. Oups !
Les éditions
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Les Jeunes filles [Texte imprimé] Henry de Montherlant,...
de Montherlant, Henry de
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070368150 ; 6,90 € ; 12/07/1972 ; 219 p. ; Poche -
Les jeunes filles.
de Montherlant, Henry de
le Livre de poche
ISBN : B0000DO7HX ; 01/01/1961 ; Poche
Les livres liés
- Les jeunes filles
- Pitié pour les femmes
- Le démon du bien
- Les lépreuses
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Un livre sur l'amour selon les sexes quand il n'est pas partagé
Critique de Cédelor (Paris, Inscrit le 5 février 2010, 53 ans) - 7 mai 2019
Je ne connaissais Henry de Montherlant que de nom. Il était à une époque très connu. Il semble plutôt oublié aujourd’hui. Avec ce roman, j’ai découvert un auteur à la plume dense, fouillée, profonde, caustique, puissante, capable d’une grande diversité de style. Véritablement un auteur avec des facilités intellectuelles.
Ce livre qu’il a écrit, qui est le premier d’une série de quatre, est un peu bizarrement construit, mêlant échanges épistolaires, récits, carnets et narration classique. Il traite, selon moi, de la problématique des rapports hommes/femmes, un livre sur l’amour selon les sexes et sur ses douleurs quand il n’est pas partagé ou quand il est recherché, parfois désespérément. Tout le monde, à un moment ou un autre de son existence, a été dans cette recherche-là (ou y est encore !) Dans ce livre, l’homme a plutôt le beau rôle (celui d’un salaud, d’un misogyne, diront certains ?) et la femme (du moins certaines femmes) plutôt celui de victime, quoique ce soit à nuancer.
C’est l’histoire de jeunes femmes sans charmes particuliers, pauvres et provinciales qui entretiennent des relations par lettres avec Pierre Costals, un homme de la haute société, riche et célèbre, écrivain de grand talent (un double de Montherlant ? Celui-ci s’en défend dans une note en forme d’avertissement placée avant le début du roman). Dans ces relations épistolaires, elles expriment l’espoir de relations plus intimes, plus amoureuses, mais Costals (qui ne répond pas à toutes leurs lettres) ne s’y engage jamais, veut bien leur fournir quelque aide ou les conseiller mais sans vouloir jamais aller plus loin qu’elles l’auraient voulu. Lui désire plutôt les jeunes et jolies parisiennes, dans l’unique but de s’amuser, de profiter de la vie, en hédoniste convaincu. De là, des considérations sur l’amour qui sont échangées entre ces femmes et cet homme, plutôt intéressantes, parfois brouillonnes, mais qui me paraissent maintenant démodées, surannées, et même sexistes ! Dans le même temps, l’auteur y ajoute une analyse critique de l’état social du milieu riche de ce temps, dont le personnage principal, Costals, fait partie (et Montherlant aussi ?).
C’est suffisamment curieux et intéressant malgré l’aspect daté pour que je songe à en lire la suite, à commencer par « Pitié pour les femmes ».
Liaisons dangereuses, façon Belle Epoque
Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 51 ans) - 8 décembre 2018
Cynisme, ironie… cette description du libertinage et des rapports entre les sexes, partiellement sous forme épistolaire, n’est pas sans rappeler les liaisons dangereuses, et comme pour Laclos on a pu reprocher à Montherlant son ambiguïté, entre dénonciation et apologie.
Ceci étant, j’ai trouvé le livre assez ennuyeux…
Des rapports hommes-femmes
Critique de Vince92 (Zürich, Inscrit le 20 octobre 2008, 47 ans) - 19 avril 2018
Oui, Montherlant est tout cela et pourtant il n'a pas acquis la notoriété qui lui est due. Qui le lit aujourd'hui? Remplacé par des auteurs consensuels mais peu regardant sur le style qui est la littérature...sale époque tout de même qui juge à l'emporte-pièce.
La misogynie, puisqu'aujourd'hui c'est le principal grief qu'on fait à sa série des Jeunes filles, parlons-en. Qui des hommes ou des femmes sort grandi de ce roman? Les hommes, incarnés par Costals qui feint le détachement, s'amuse de ses conquêtes pour s'en moquer ensuite. Ou les femmes qui ont le courage de s'ouvrir, de se donner, de défier l'ordre social des années 20? Ce récit est bien plus complexe qu'on pourrait le supposer et je demande à tous les potentiels lecteurs de ne pas s'arrêter à cette lecture superficielle d'un roman bien plus complexe qu'on peut généralement le dire.
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